Je voudrais à présent écrire un texte plus sobre et plus sérieux pour rendre hommage à Patrick Saint-Éloi, chanteur de zouk guadeloupéen et ancien membre de Kassav', qui s'est éteint le 18 septembre dernier, à l'âge de 52 ans seulement.
Pour moi, c'est surtout l'auteur et interprète du tube West Indies, et du moins connu Hello Dous' qui nous a quittés, mais son oeuvre était nettement plus importante que ces deux seuls morceaux de musique zouk, évidemment. Mes amis qui s'y connaissent mieux sauront compléter cette ébauche de liste.
Hello Dous'
West Indies :
La Guadeloupe et les Antilles perdent une de leurs plus belles voix, et puis vraiment plus personne ne devrait mourir à 52 ans à peine de nos jours. Mais lui il aura eu la chance de réaliser ses rêves et bien qu'il s'en aille aujourd'hui, il n'est pas près de sombrer dans l'oubli.
Adieu Patrick, et merci.
samedi 25 septembre 2010
Hommage à Patrick
mardi 21 septembre 2010
À la découverte des Balkans
Énooooorme déception : en Serbie et dans le reste de la région, la pratique de l'anglais est très répandue ! Malgré ces débuts téléphoniques des plus prometteurs avec la hotline de la SNCF serbe, qui me laissaient en droit de me réjouir de la perspective d'un dépaysement linguistique total, je n'ai eu aucun ennui pour communiquer sur place, sauf bien sûr au guichet des ventes internationales de la gare de Belgrade lorsque j'ai acheté mon billet pour Sarajevo ("возна карта до Сарајева"). De toute évidence les monolingues grognons du pays bossent en masse dans les chemins de fer, et de préférence là où ils peuvent faciliter la vie aux voyageurs étrangers. Pour le reste, franchement, on voyage très bien dans les Balkans avec l'anglais... et aussi l'allemand.
Mais commençons plutôt par le commencement.
Au commencement, Dieu créa la terre et le ciel. "Que la lumière soit !" dit le Seigneur. Et la lumière fut.
Euh non, n'allons pas chercher si loin le Commencement, sinon ça va faire un peu long le texte.
Le commencement de mon périple balkanique, c'est mon arrivée sans encombre à l'aéroport international Nikola Tesla de Belgrade mardi 24 août. C'est l'après-midi et il fait 36°C à l'ombre. Après avoir retiré des milliers et des milliers de dinars (mais il y a une quinzaine d'années, j'aurais plutôt été milliardaire en dinars), pris le bus pour le centre-ville avec mon gros sac à dos, erré comme un désespéré pour trouver mon auberge de jeunesse qui finalement était à deux rues de la gare routière, je m'installe dans mon dortoir à huit lits et me rends compte que je suis dans une grande capitale européenne, très bruyante, très bordélique, très animée, mais assez oppressante, trop pour des vacances en tout cas. C'est un peu Madrid dans les Balkans. Et soudain, je ne me sens pas du tout en vacances, mais un peu comme si j'étais en déplacement professionnel dans une grande capitale européenne où je me retrouve tout seul, comme il m'arrive parfois, l'auberge de jeunesse délabrée en moins. Et là rien ne va plus. À l'auberge, je rencontre des Français coincés à Belgrade et ne pouvant pas rentrer en France pour cause de passeport égaré, qui me disent : "Va à Sarajevo, c'est petit, c'est joli, c'est vert et entouré de montagnes". Du coup je vais à la gare, située par bonheur juste à côté de l'auberge, je constate qu'il n'y a qu'un train par jour pour Sarajevo, qu'il part à 8h15 du matin et rallie Sarajevo en un temps record de neuf heures et trente minutes pour couvrir une distance d'environ 400 km (et pour le tarif imbattable de 17€)... Et là, c'est le doute : que faire ? est-ce que cela vaut le coup d'aller ainsi complètement dans l'inconnu ? D'accord Belgrade c'était déjà l'inconnu mais au moins j'avais un guide touristique assez épais que j'avais déjà bien lu. Je n'avais aucun programme particulier pour ces vacances et j'avais décidé d'improviser, mais à aucun moment je n'avais envisagé d'aller en Bosnie. J'avais envisagé la Serbie et peut-être le Monténégro ou la Macédoine. Après un début de soirée tout seul puis le reste de la soirée avec ces même Français, je décide, le lendemain matin à mon réveil à 6h30 de tenter l'aventure et de partir quand même pour Sarajevo séance tenante, et ce pour la simple et bonne raison que de parfaits inconnus m'en ont dit du bien. Je n'aurai donc quasiment rien vu de Belgrade, seulement éprouvé que oui, l'ambiance est géniale mais pas vraiment adéquate pour des vacances de découverte et d'aventure tout seul.
Le mercredi matin, me voilà donc dans le train, parti à l'heure pile. C'est fou ce que c'est long un voyage de 9h30 quand on n'a pas la moindre idée de ce qui nous attend à destination. Non pas que je me sois ennuyé dans le train : ayant prévu des vacances tout seul, j'avais bien assez de quoi m'occuper pendant le voyage. Mais le truc c'est qu'une question lancinante me turlupinait régulièrement : "mais dans quelle galère me suis-je donc embarqué ?" Bien sûr, malgré tous ces doutes, j'étais bien content d'arriver enfin. Après une petite heure de flottement, le temps de m'extraire du quartier hideux de la gare, de me faire rembarrer avec mes milliers de dinars serbes, la monnaie la plus difficile à changer dans toute la Bosnie non-serbe (même la couronne islandaise, le quetzal guatémaltèque et le dollar zimbabwéen trouvent plus facilement preneur), de me résoudre à retirer quelques dizaines de Konvertibilna Marka (1 EUR = 2 KM), de trouver une auberge de jeunesse à l'arrache, car j'avais vraiment débarqué 100% à la fraîche, et de dénicher un plan de la ville, je fais une première balade dans la vieille ville sarajévienne et je suis instantanément conquis ! Oui, c'est mieux ici. D'ailleurs je vous recommande cette ville. Les gens sont sympas, les spécialités sont bonnes (et il n'y a pas l'ombre d'un McDonald's à la ronde), l'ambiance est relax, l'architecture est intéressante et très variée : juxtaposition d'une ville historique ottomane, la Baščaršija, d'un centre-ville germanique assez étendu construit par les Austro-hongrois, et bien sûr un peu plus loin la bonne vieille architecture socialiste dans toute sa splendeur. C'est assez difficile à décrire comme atmosphère : un mix de Marrakech (ou d'Istanbul, mais je ne connais pas encore), de Vienne et de... Grenoble ? Enfin bon, un mélange d'Orient, d'Europe plus ou moins slavo-germanique et de ville de montagne... Il y a des mosquées partout, des églises orthodoxes, des églises catholiques, peu esthétiques, et plein de monuments et d'immeubles historiques. Peu après le début de ma promenade, à la tombée de la nuit, une énorme déflagration ébranle la ville ! Mais personne ne court aux abris, c'est plutôt l'inverse qui se produit : en effet, ce n'est pas la guerre qui repart de plus belle, juste le feu d'artifice annonçant la rupture du jeûne en ce mois de ramadan. Et si les terrasses et les restaurants grouillaient déjà de monde bien avant cela (et du coup j'avais oublié que c'était ramadan), une invasion humaine en règle se produit après le feu d'artifice et on sent que c'est l'heure où les gens se lâchent.
Pendant les deux jours qui ont suivi, j'ai découvert Sarajevo et surtout ses environs vallonnés et verdoyants à un rythme tranquille car il faisait très chaud. À mon auberge, un couple de Polonais m'a convaincu d'aller voir Mostar. J'avais bien sûr entendu parler de Mostar mais pas prévu de faire le voyage juste pour voir un pont, même classé au patrimoine de l'UNESCO. Néanmoins ils ont achevé de me convaincre en me montrant des photos d'une cascade dans les environs de la ville. J'ai donc pris, vendredi matin à 7h05 tapantes, un train pour Mostar (trois heures de voyage, 5 € le billet, quoi, le prix d'un ticket de RER pour aller en zone 3-4 ou la moitié d'un ticket de London Underground), là aussi complètement à la fraîche, sans hébergement ni aucune connaissance de la ville, et avec juste pour idée de voir une cascade dont j'avais déjà oublié le nom... Arrivé à Mostar, le Ciel m'envoie un gars qui me propose une chambre. J'accepte immédiatement et lui demande s'il connaît les chutes de Zfjkldfkpice. "You mean Kravice, right?" "Yes, exactly!" La chance me sourit une nouvelle fois : son pote emmène justement un groupe aux chutes de Kravice. Il téléphone à son pote pour qu'ils m'attendent et c'est le début de deux super journées à Mostar et dans sa très belle région, l'Herzégovine. Je me suis baigné dans l'eau à 15°C du bassin dans lequel se déversent les chutes, dans l'eau à 12°C de la Neretva, la rivière bleu turquoise trop belle et trop transparente qui arrose Mostar (l'ennui c'était plutôt le courant assez puissant). Et que dire de la caverne d' "Ali Baba", la boîte locale où toute la jeunesse mostaroise en vue se retrouve le vendredi soir ? La musique n'était pas toujours au top mais le cadre est vraiment super, comme il se doit dans une vraie grotte, trop bien éclairée. Les Mostaroises sont "chagasses" comme on disait à l'école, et accompagnées d'hommes qui ne ressemblent à rien, comme dans beaucoup d'autres villes d'Europe de l'Est. Et l'Orangina coûte 1€. Deny, le djeuns chez qui j'habitais, était aussi serveur et m'a offert quatre coups à boire gratos, de la bière Sarajevska... Les gens, ils sont gentils et généreux là-bas.
Le samedi soir, nous sommes de retour à Sarajevo. "Nous", c'est Jochem, un des gars de mon groupe des chutes de Kravice, et moi. J'avais hésité entre faire une vraie boucle passant par le Monténégro pour revenir à Belgrade, ou revenir sur mes pas. L'ennui c'est que l'option "boucle" était de loin la plus longue, et mine de rien il ne me restait plus que trois jours de vacances. Je suis donc revenu sur mes pas avec Jochem, un Hollandais de 20 ans, déjà chauve et moyennement funky mais bon. C'est aussi peut-être le Bill Gates ou le Richard Branson de demain : s'il ne m'a pas pipeauté, il a quitté l'école à 16 ans, a monté sa boîte de je sais plus quoi dans l'informatique, et emploie euh je sais plus mais je crois trois ou cinq personnes plus âgées que lui. C'est sûr que même en vacances il devait bosser. Mais peut-être qu'il n'a pas 20 ans mais 38 ; il pourrait aussi bien les avoir. Bref, de retour à Sarajevo, nous atterrissons dans un auberge de jeunesse pourrie de chez pourrie ("Identico", à éviter si vous allez découvrir Sarajevo en mode backpacker). On y reste quand même et on va se balader un peu dans la ville où c'est la grosse méga teuf. Dans la Baščaršija et dans ses rues les plus animées, telles que Ćurčiluk Veliki, Ferhađija, Sarači et Kundurdžiluk (tout ça ce sont des noms turcs, avez-vous remarqué ?), c'est un incroyable vacarme d'une succession de bars et de musique à un niveau sonore à la limite du supportable. Là on se sent soudainement au coeur de l'Europe de l'Est, au vu de la gent féminine présente. Un bar sur deux passe le tube "We No Speak Americano" des Yolanda Be Cool. La fête ne fait que commencer et est sacrément prometteuse. Mais moi, crevé, passablement enrhumé à cause de mes baignades en eau froide, je m'écroule au lit, à 23h à peine.
Le dimanche matin, il fait un temps horrible. Il pleut des cordes et il fait froid. Je renonce à ma balade prévue sur le site olympique d'Igman (vous savez, Sarajevo 1984), qui paraît-il est vraiment super top à visiter en été, et procure en plus le frisson du danger : le site n'est pas encore déminé... Shit. Du coup, c'est journée un peu loose. Mais je quitte l'auberge pourrie et en trouve une vingt fois mieux dans la vieille ville, celle où je dormirai lors de mon prochain voyage à Sarajevo, la "Pansion Lion" (il n'y a pas de faute d'orthographe). Jochem aussi, qui avait payé d'avance trois nuits chez Identico, se trouve aussi une autre auberge, mais pas Lion car il a préféré chercher d'abord sur internet. Dans la journée, avec ce temps pourri, on visite le Tunnel de Sarajevo, ou le peu qu'il reste de ces 800 mètres creusés à main d'homme par l'armée bosniaque et les hommes valides pendant la guerre, et grâce auquel la population de la ville a pu survivre au plus long siège des 500 dernières années. C'était intéressant et effrayant d'imaginer à quel point cette tragédie est encore proche. On y a rencontré une Anglaise très cool, Kate, qui elle aussi voyageait seule. Prenant un café avec elle en terrasse après la visite, notre groupe grossit et devient une bande de cinq avec l'arrivée de Karoline, une Allemande ultra-bourge (et bien sûr, originaire du Baden-Württemberg) qui débarquait à Sarajevo pour commencer un stage à l'ambassade, et Maxim, un Ukraino-Allemand qui lui aussi voyageait seul dans la région et m'a carrément remotivé pour aller à la découverte des Carpathes. Après avoir constaté que vraiment tous les musées de la ville étaient fermés, il ne nous restait donc que les bars... Nous avons aussi visité la brasserie Sarajevska, un lieu très sympa où l'on boit et l'on mange bien. Notre serveur avait une tête toute ronde de tueur à gages, avec son costard, le crâne rasé, aucune pilosité faciale (même pas de sourcils), le visage rond, des yeux globuleux... mais il était franchement marrant avec son humour impertinent et ses remarques gentiment désobligeantes. Après une très bonne soirée qui a un peu compensé les déceptions de la journée, on s'est quitté tous les cinq, ne sachant pas si on se reverra un jour.
Le lundi matin, j'ai pris mon petit-déjeuner pour la troisième fois à ma librairie (?) préférée, qui faisait aussi café, sur Ćurčiluk Veliki. Les libraires, deux Bosniaques musulmanes très sympas, m'avaient déjà adopté et on causait toujours en allemand. Je leur ai fait mes adieux et j'ai appris à mes dépens qu'on ne tend pas la main à une femme voilée pendant le ramadan (ou alors, on ne lui tend pas la main tout court, ou alors on ne tend pas la main à un musulman ou à une musulmane en plein ramadan, ou alors, ou alors...). Ah, j'allais pas quitter mes nouvelles copines bosniaques sans une bonne gaffe pour la route ! On se reverra si je reviens à Sarajevo, inch'Allah. J'ai fait mes adieux aussi à Monela, la jeune patronne de la Pansion Lion, francophone parfaite au léger accent maghrébin, allez comprendre, et cette fois sans mettre les pieds dans le plat, étrangement. Et j'ai pris le train de 11h pour Belgrade (voz do Beograda). Au fait la SNCF bosniaque est très performante en langues étrangères, bien plus que les Železnice Srbije, mais délivre des billets de train remplis à la main par les guichetiers !!! Je comprends après coup à quel point j'avais été naïf de m'attendre le plus naturellement du monde à ce que tout soit informatisé et disponible sur internet.
Dans le train, je fais une autre expérience intéressante : ma voisine de compartiment, une musulmane bosniaque dans la cinquantaine, après avoir fumé cigarette sur cigarette car bien sûr tous les trains sont fumeurs, a entamé sans ambages la conversation ("Bist du muslim?") dès que nous nous sommes retrouvés seuls, et décidé de partager son déjeuner avec moi qui n'avais rien demandé et qui n'avais même pas faim ; je parle bien de déjeuner, à midi, en plein ramadan. On a partagé son ćevapi fait maison, et bavardé avec entrain dans un mauvais allemand (c'est vraiment la lingua franca en Europe de l'Est, trop content de la parler en fait). Elle m'a parlé de ses huit enfants qui vivent en France, en Allemagne, de son frère souffrant du cœur à qui elle va rendre visite en Croatie... Soucieux de ne pas gâcher ce moment inattendu de communion plus que surprenante, je n'ai pas pris de photos de ce repas. Mais bien sûr j'ai cassé l'ambiance à un moment, lorsque j'ai eu l'insolence de demander son nom à ma compagne de voyage... alors ça c'est pas le genre de questions qu'on a le droit de poser aux mamies bosniaques, ou j'ai dû enfreindre une quelconque règle de l'étiquette sociale bosniaque. Elle a tout de même fini par me pardonner mon impertinence avant de descendre à Vinkovci, en Croatie. Ces franchissements de frontières successifs ont été l'occasion pour moi de collectionner une belle série de tampons sur mon passeport et d'observer avec amusement comment dans ces nations balkaniques la police se comporte de manière encore assez intimidante. Au moins, sur le tronçon croate du trajet, des affiches présentes à chaque gare semblaient sensibiliser la police au problème de la korupcija, ce qui est plutôt rassurant.
De mon côté, enfin arrivé à Belgrade, je me suis trouvé un petit hôtel à l'arrache sur la rue du roi Pierre 1er, pas une auberge puisque j'avais toujours des milliers de dinars à dépenser, puis je suis allé dîner seul à une taverne que m'avait recommandée un ami qui a habité quelques années à Belgrade, le Café "?", qui s'appelle vraiment "?" depuis que l'église orthodoxe l'a menacé d'un procès à cause du nom jugé blasphématoire qu'il portait précédemment. C'était délicieux, une vraie ambiance slave, il y avait un violoniste qui jouait des airs mélancoliques et entraînants à la fois, et un joyeux brouhaha dans la salle. Je quitte le Café "?", repu et satisfait, et m'apprête à faire un peu la fête dans cette capitale noctambule... mais un déluge s'abat sur la ville et disperse la population. Je rentre à mon hôtel, trempé, et je squatte le lobby en compagnie de Milica, une expatriée serbe qui a fait souche en Norvège. On passe un bon moment, puis je vais me coucher.
Le mardi, dernier jour à Belgrade, je visite le parc Kalemegdan et la forteresse qui a donné son nom à la ville (Beograd = la forteresse blanche) avec une super vue sur le confluent de la Save et du Danube. Et puis je pars, n'ayant toujours pas vu grand chose de la ville, malheureusement.
Ah, une dernière petite chose que je pourrais relever : à Belgrade, on m'a beaucoup dévisagé dans les rues. Sans aucune hostilité apparente, mais c'était assez pénible par moment. J'en ai parlé à ces Français rencontrés à l'auberge Central Station dès le premier soir mais eux n'ont pas eu cette impression. Sur la grande rue piétonne Kneza Miloša, des enfants sont même venus m'aborder dans un tourbillon de rires, et avant que j'aie le temps de vraiment réagir ils se sont pris en photo avec moi... J'en ai conclu que mon apparence physique détonnait pas mal dans le paysage urbain.
Voilà le récit de ce séjour mémorable mais bien trop court dans une région qui gagne à être connue !
Vozna karta do Sarajeva |
Mais commençons plutôt par le commencement.
Au commencement, Dieu créa la terre et le ciel. "Que la lumière soit !" dit le Seigneur. Et la lumière fut.
Euh non, n'allons pas chercher si loin le Commencement, sinon ça va faire un peu long le texte.
Le commencement de mon périple balkanique, c'est mon arrivée sans encombre à l'aéroport international Nikola Tesla de Belgrade mardi 24 août. C'est l'après-midi et il fait 36°C à l'ombre. Après avoir retiré des milliers et des milliers de dinars (mais il y a une quinzaine d'années, j'aurais plutôt été milliardaire en dinars), pris le bus pour le centre-ville avec mon gros sac à dos, erré comme un désespéré pour trouver mon auberge de jeunesse qui finalement était à deux rues de la gare routière, je m'installe dans mon dortoir à huit lits et me rends compte que je suis dans une grande capitale européenne, très bruyante, très bordélique, très animée, mais assez oppressante, trop pour des vacances en tout cas. C'est un peu Madrid dans les Balkans. Et soudain, je ne me sens pas du tout en vacances, mais un peu comme si j'étais en déplacement professionnel dans une grande capitale européenne où je me retrouve tout seul, comme il m'arrive parfois, l'auberge de jeunesse délabrée en moins. Et là rien ne va plus. À l'auberge, je rencontre des Français coincés à Belgrade et ne pouvant pas rentrer en France pour cause de passeport égaré, qui me disent : "Va à Sarajevo, c'est petit, c'est joli, c'est vert et entouré de montagnes". Du coup je vais à la gare, située par bonheur juste à côté de l'auberge, je constate qu'il n'y a qu'un train par jour pour Sarajevo, qu'il part à 8h15 du matin et rallie Sarajevo en un temps record de neuf heures et trente minutes pour couvrir une distance d'environ 400 km (et pour le tarif imbattable de 17€)... Et là, c'est le doute : que faire ? est-ce que cela vaut le coup d'aller ainsi complètement dans l'inconnu ? D'accord Belgrade c'était déjà l'inconnu mais au moins j'avais un guide touristique assez épais que j'avais déjà bien lu. Je n'avais aucun programme particulier pour ces vacances et j'avais décidé d'improviser, mais à aucun moment je n'avais envisagé d'aller en Bosnie. J'avais envisagé la Serbie et peut-être le Monténégro ou la Macédoine. Après un début de soirée tout seul puis le reste de la soirée avec ces même Français, je décide, le lendemain matin à mon réveil à 6h30 de tenter l'aventure et de partir quand même pour Sarajevo séance tenante, et ce pour la simple et bonne raison que de parfaits inconnus m'en ont dit du bien. Je n'aurai donc quasiment rien vu de Belgrade, seulement éprouvé que oui, l'ambiance est géniale mais pas vraiment adéquate pour des vacances de découverte et d'aventure tout seul.
L'auberge "Central Station" à Belgrade, Karadjordjeva 87. Moche mais très sympa |
Le mercredi matin, me voilà donc dans le train, parti à l'heure pile. C'est fou ce que c'est long un voyage de 9h30 quand on n'a pas la moindre idée de ce qui nous attend à destination. Non pas que je me sois ennuyé dans le train : ayant prévu des vacances tout seul, j'avais bien assez de quoi m'occuper pendant le voyage. Mais le truc c'est qu'une question lancinante me turlupinait régulièrement : "mais dans quelle galère me suis-je donc embarqué ?" Bien sûr, malgré tous ces doutes, j'étais bien content d'arriver enfin. Après une petite heure de flottement, le temps de m'extraire du quartier hideux de la gare, de me faire rembarrer avec mes milliers de dinars serbes, la monnaie la plus difficile à changer dans toute la Bosnie non-serbe (même la couronne islandaise, le quetzal guatémaltèque et le dollar zimbabwéen trouvent plus facilement preneur), de me résoudre à retirer quelques dizaines de Konvertibilna Marka (1 EUR = 2 KM), de trouver une auberge de jeunesse à l'arrache, car j'avais vraiment débarqué 100% à la fraîche, et de dénicher un plan de la ville, je fais une première balade dans la vieille ville sarajévienne et je suis instantanément conquis ! Oui, c'est mieux ici. D'ailleurs je vous recommande cette ville. Les gens sont sympas, les spécialités sont bonnes (et il n'y a pas l'ombre d'un McDonald's à la ronde), l'ambiance est relax, l'architecture est intéressante et très variée : juxtaposition d'une ville historique ottomane, la Baščaršija, d'un centre-ville germanique assez étendu construit par les Austro-hongrois, et bien sûr un peu plus loin la bonne vieille architecture socialiste dans toute sa splendeur. C'est assez difficile à décrire comme atmosphère : un mix de Marrakech (ou d'Istanbul, mais je ne connais pas encore), de Vienne et de... Grenoble ? Enfin bon, un mélange d'Orient, d'Europe plus ou moins slavo-germanique et de ville de montagne... Il y a des mosquées partout, des églises orthodoxes, des églises catholiques, peu esthétiques, et plein de monuments et d'immeubles historiques. Peu après le début de ma promenade, à la tombée de la nuit, une énorme déflagration ébranle la ville ! Mais personne ne court aux abris, c'est plutôt l'inverse qui se produit : en effet, ce n'est pas la guerre qui repart de plus belle, juste le feu d'artifice annonçant la rupture du jeûne en ce mois de ramadan. Et si les terrasses et les restaurants grouillaient déjà de monde bien avant cela (et du coup j'avais oublié que c'était ramadan), une invasion humaine en règle se produit après le feu d'artifice et on sent que c'est l'heure où les gens se lâchent.
La rue Ćurčiluk Mali peu avant l'heure de la rupture du jeûne |
L'avenue du Maréchal Tito. Un dicteur plutôt sympa. |
Le samedi soir, nous sommes de retour à Sarajevo. "Nous", c'est Jochem, un des gars de mon groupe des chutes de Kravice, et moi. J'avais hésité entre faire une vraie boucle passant par le Monténégro pour revenir à Belgrade, ou revenir sur mes pas. L'ennui c'est que l'option "boucle" était de loin la plus longue, et mine de rien il ne me restait plus que trois jours de vacances. Je suis donc revenu sur mes pas avec Jochem, un Hollandais de 20 ans, déjà chauve et moyennement funky mais bon. C'est aussi peut-être le Bill Gates ou le Richard Branson de demain : s'il ne m'a pas pipeauté, il a quitté l'école à 16 ans, a monté sa boîte de je sais plus quoi dans l'informatique, et emploie euh je sais plus mais je crois trois ou cinq personnes plus âgées que lui. C'est sûr que même en vacances il devait bosser. Mais peut-être qu'il n'a pas 20 ans mais 38 ; il pourrait aussi bien les avoir. Bref, de retour à Sarajevo, nous atterrissons dans un auberge de jeunesse pourrie de chez pourrie ("Identico", à éviter si vous allez découvrir Sarajevo en mode backpacker). On y reste quand même et on va se balader un peu dans la ville où c'est la grosse méga teuf. Dans la Baščaršija et dans ses rues les plus animées, telles que Ćurčiluk Veliki, Ferhađija, Sarači et Kundurdžiluk (tout ça ce sont des noms turcs, avez-vous remarqué ?), c'est un incroyable vacarme d'une succession de bars et de musique à un niveau sonore à la limite du supportable. Là on se sent soudainement au coeur de l'Europe de l'Est, au vu de la gent féminine présente. Un bar sur deux passe le tube "We No Speak Americano" des Yolanda Be Cool. La fête ne fait que commencer et est sacrément prometteuse. Mais moi, crevé, passablement enrhumé à cause de mes baignades en eau froide, je m'écroule au lit, à 23h à peine.
Le dimanche matin, il fait un temps horrible. Il pleut des cordes et il fait froid. Je renonce à ma balade prévue sur le site olympique d'Igman (vous savez, Sarajevo 1984), qui paraît-il est vraiment super top à visiter en été, et procure en plus le frisson du danger : le site n'est pas encore déminé... Shit. Du coup, c'est journée un peu loose. Mais je quitte l'auberge pourrie et en trouve une vingt fois mieux dans la vieille ville, celle où je dormirai lors de mon prochain voyage à Sarajevo, la "Pansion Lion" (il n'y a pas de faute d'orthographe). Jochem aussi, qui avait payé d'avance trois nuits chez Identico, se trouve aussi une autre auberge, mais pas Lion car il a préféré chercher d'abord sur internet. Dans la journée, avec ce temps pourri, on visite le Tunnel de Sarajevo, ou le peu qu'il reste de ces 800 mètres creusés à main d'homme par l'armée bosniaque et les hommes valides pendant la guerre, et grâce auquel la population de la ville a pu survivre au plus long siège des 500 dernières années. C'était intéressant et effrayant d'imaginer à quel point cette tragédie est encore proche. On y a rencontré une Anglaise très cool, Kate, qui elle aussi voyageait seule. Prenant un café avec elle en terrasse après la visite, notre groupe grossit et devient une bande de cinq avec l'arrivée de Karoline, une Allemande ultra-bourge (et bien sûr, originaire du Baden-Württemberg) qui débarquait à Sarajevo pour commencer un stage à l'ambassade, et Maxim, un Ukraino-Allemand qui lui aussi voyageait seul dans la région et m'a carrément remotivé pour aller à la découverte des Carpathes. Après avoir constaté que vraiment tous les musées de la ville étaient fermés, il ne nous restait donc que les bars... Nous avons aussi visité la brasserie Sarajevska, un lieu très sympa où l'on boit et l'on mange bien. Notre serveur avait une tête toute ronde de tueur à gages, avec son costard, le crâne rasé, aucune pilosité faciale (même pas de sourcils), le visage rond, des yeux globuleux... mais il était franchement marrant avec son humour impertinent et ses remarques gentiment désobligeantes. Après une très bonne soirée qui a un peu compensé les déceptions de la journée, on s'est quitté tous les cinq, ne sachant pas si on se reverra un jour.
Joyeuse troupe à la brasserie Sarajevska |
Le lundi matin, j'ai pris mon petit-déjeuner pour la troisième fois à ma librairie (?) préférée, qui faisait aussi café, sur Ćurčiluk Veliki. Les libraires, deux Bosniaques musulmanes très sympas, m'avaient déjà adopté et on causait toujours en allemand. Je leur ai fait mes adieux et j'ai appris à mes dépens qu'on ne tend pas la main à une femme voilée pendant le ramadan (ou alors, on ne lui tend pas la main tout court, ou alors on ne tend pas la main à un musulman ou à une musulmane en plein ramadan, ou alors, ou alors...). Ah, j'allais pas quitter mes nouvelles copines bosniaques sans une bonne gaffe pour la route ! On se reverra si je reviens à Sarajevo, inch'Allah. J'ai fait mes adieux aussi à Monela, la jeune patronne de la Pansion Lion, francophone parfaite au léger accent maghrébin, allez comprendre, et cette fois sans mettre les pieds dans le plat, étrangement. Et j'ai pris le train de 11h pour Belgrade (voz do Beograda). Au fait la SNCF bosniaque est très performante en langues étrangères, bien plus que les Železnice Srbije, mais délivre des billets de train remplis à la main par les guichetiers !!! Je comprends après coup à quel point j'avais été naïf de m'attendre le plus naturellement du monde à ce que tout soit informatisé et disponible sur internet.
Dans le train, je fais une autre expérience intéressante : ma voisine de compartiment, une musulmane bosniaque dans la cinquantaine, après avoir fumé cigarette sur cigarette car bien sûr tous les trains sont fumeurs, a entamé sans ambages la conversation ("Bist du muslim?") dès que nous nous sommes retrouvés seuls, et décidé de partager son déjeuner avec moi qui n'avais rien demandé et qui n'avais même pas faim ; je parle bien de déjeuner, à midi, en plein ramadan. On a partagé son ćevapi fait maison, et bavardé avec entrain dans un mauvais allemand (c'est vraiment la lingua franca en Europe de l'Est, trop content de la parler en fait). Elle m'a parlé de ses huit enfants qui vivent en France, en Allemagne, de son frère souffrant du cœur à qui elle va rendre visite en Croatie... Soucieux de ne pas gâcher ce moment inattendu de communion plus que surprenante, je n'ai pas pris de photos de ce repas. Mais bien sûr j'ai cassé l'ambiance à un moment, lorsque j'ai eu l'insolence de demander son nom à ma compagne de voyage... alors ça c'est pas le genre de questions qu'on a le droit de poser aux mamies bosniaques, ou j'ai dû enfreindre une quelconque règle de l'étiquette sociale bosniaque. Elle a tout de même fini par me pardonner mon impertinence avant de descendre à Vinkovci, en Croatie. Ces franchissements de frontières successifs ont été l'occasion pour moi de collectionner une belle série de tampons sur mon passeport et d'observer avec amusement comment dans ces nations balkaniques la police se comporte de manière encore assez intimidante. Au moins, sur le tronçon croate du trajet, des affiches présentes à chaque gare semblaient sensibiliser la police au problème de la korupcija, ce qui est plutôt rassurant.
De mon côté, enfin arrivé à Belgrade, je me suis trouvé un petit hôtel à l'arrache sur la rue du roi Pierre 1er, pas une auberge puisque j'avais toujours des milliers de dinars à dépenser, puis je suis allé dîner seul à une taverne que m'avait recommandée un ami qui a habité quelques années à Belgrade, le Café "?", qui s'appelle vraiment "?" depuis que l'église orthodoxe l'a menacé d'un procès à cause du nom jugé blasphématoire qu'il portait précédemment. C'était délicieux, une vraie ambiance slave, il y avait un violoniste qui jouait des airs mélancoliques et entraînants à la fois, et un joyeux brouhaha dans la salle. Je quitte le Café "?", repu et satisfait, et m'apprête à faire un peu la fête dans cette capitale noctambule... mais un déluge s'abat sur la ville et disperse la population. Je rentre à mon hôtel, trempé, et je squatte le lobby en compagnie de Milica, une expatriée serbe qui a fait souche en Norvège. On passe un bon moment, puis je vais me coucher.
Le mardi, dernier jour à Belgrade, je visite le parc Kalemegdan et la forteresse qui a donné son nom à la ville (Beograd = la forteresse blanche) avec une super vue sur le confluent de la Save et du Danube. Et puis je pars, n'ayant toujours pas vu grand chose de la ville, malheureusement.
Ah, une dernière petite chose que je pourrais relever : à Belgrade, on m'a beaucoup dévisagé dans les rues. Sans aucune hostilité apparente, mais c'était assez pénible par moment. J'en ai parlé à ces Français rencontrés à l'auberge Central Station dès le premier soir mais eux n'ont pas eu cette impression. Sur la grande rue piétonne Kneza Miloša, des enfants sont même venus m'aborder dans un tourbillon de rires, et avant que j'aie le temps de vraiment réagir ils se sont pris en photo avec moi... J'en ai conclu que mon apparence physique détonnait pas mal dans le paysage urbain.
Le Danube (en brun) dévore la Save (en bleu) |
La Forteresse Blanche |
50 milliards de dinars yougoslaves de 1993 ! Cette coupure valait 62,50 Deutschemark le 11 décembre, 13,50 DM le 15 décembre et 0,05 DM avant le nouvel an... |
Voilà le récit de ce séjour mémorable mais bien trop court dans une région qui gagne à être connue !
La fontaine Sebilj de Sarajevo : la légende dit que celui qui a bu de son eau y reviendra. Et bien sûr j'en ai bu... |
mercredi 8 septembre 2010
Lost in Google-Traduction
Cet été, j'ai décidé de faire original pour mes vacances et de partir pour Belgrade, une ville dont j'avais entendu très peu de choses, mais le peu d'échos que j'avais reçus étaient positifs : ville sympa où l'on sort beaucoup, et où la fête ne s'arrête pour ainsi dire jamais. Et puis l'attrait d'une destination peu connue et à l'écart des circuits touristiques avait son importance.
Et elle raccroche, tout simplement.
Re-répondeur, re-"operater", re-"null"
Et elle raccroche.
Re-répondeur, re-"operater", re-"null".
Tout ceci pour finalement opter pour l'avion, car en fin de compte c'est trop la galère ces trains : je n'allais quand même pas filer mon numéro de carte bleue à une Serbe inconnue au téléphone ! Et puis sept heures de train, ajoutées à la durée du voyage pour arriver à Budapest depuis ma métropole d'Europe du nord, c'est sacrément long.
Mais cette expérience m'a permis de comprendre qu'une fois sur place je pourrai sûrement me faire une ou plusieurs escapade(s) dans la région pour un tarif imbattable ! Et puis cette petite mise en bouche facilitée par Google Traductions m'a donné hâte de me frotter à cette culture inconnue !
Pas de photo pour cette fois, à part cette capture d'écran du site international des "Serbian Railways", qui laissait pourtant largement croire à la possibilité de s'en sortir avec moins de difficulté...
J'ai longtemps hésité entre le train et l'avion. Encore trois semaines avant mon départ, je n'étais toujours pas fixé. Histoire de me décider, je regarde les billets sur internet. Hélas ! impossible d'acheter en ligne un billet pour une destination au-delà de Budapest ! J'essaye TGV-Europe.com, le site de la CFF suisse, le site des l'ÖBB autrichienne, le site de la Deutsche Bahn, le site d'Interrail... mais personne ne peut me renseigner sur le prix. En fait, je finis par comprendre que dans ces pays de l'Est, il est impossible d'acheter les billets de train sur internet ; le saviez-vous ?
Après une longue recherche, je me rends à l'évidence : la seule solution est d'appeler les sociétés ferroviaires locales. Je tente d'abord ma chance avec la "SCNF hongroise" pour connaître le prix du billet, mais personne ne répond... Ma dernière planche de salut est donc la SNCF serbe. Je compose le numéro indiqué sur leur site pour les ventes internationales. Là, à ma grande surprise, je dois affronter un répondeur en serbe, où bien sûr je ne comprends rien, mais j'écoute attentivement, au cas où. Et à la toute dernière phrase, j'entends "operater" et "null", et je compose donc le zéro pour parler à un opérateur, en espérant avoir pigé le truc.
Une Opératrice, en serbe : "SNCF serbe, bonjour. Bravo, vous avez franchi le premier obstacle, mais vous ne perdez rien pour attendre." (traduction approximative)
Moi : "Hello! Do you speak English?"
Opératrice : "No"
Et elle raccroche, tout simplement.
Là je suis très surpris. Je me demande si c'est de l'impolitesse, un rejet de tout ce qui est anglo-saxon à cause du Kosovo et des bombardements de l'OTAN, ou juste une telle impossibilité de communiquer en anglais qu'elle était limitée à "no" et à raccrocher. Sans me laisser démonter, je retente ma chance en me disant qu'à tous les coups les effectifs pléthoriques de la SNCF serbe me permettront de tomber cette fois sur un interlocuteur dévoué, diligent, et parfaitement bilingue.
La Même Opératrice : "SNCFovitch Srbija bonjourovka"
Moi : "Hello! Do you speak English? Sprechen Sie deutsch?"
Opératrice : "No, no, no!"
Et elle raccroche.
L'espace d'une seconde, humilié et vaincu, je me dis qu'il est hors de question que j'aille mettre les pieds dans un pays de relous pareils. Puis, j'ai un éclair de génie : Google Traductions ! Bon l'ennui c'est que le serbe s'écrit en alphabet cyrillique, mais quitte à faire des approximations, autant traduire mes questions en croate, qui s'écrit en alphabet latin, bien plus facile à lire.
Re-répondeur, re-"operater", re-"null".
La Même Opératrice (en fait il y a une seule opératrice dans ce pays) : "SNCFovitch Srbija bonjourovka"
Moi : "Dobar dan, ja bih rezervirati karte vlakom od Budimpešte do Beograda. Koliko to košta?" (Bonjour, je voudrais un billet de train de Budapest à Belgrade. Combien ça coûte ?)
Opératrice : "Можемо само да продајемо карте возом од Београда до Будимпеште, а не обрнуто. Кошта петнаест евра. У ствари, ви знате да разговарате као кретен? Ја стварно уживати говорим супер брзе Српски, знајући да ви не разумете! Ха! Ха! Ха! Ха! Ха!!!! Гнарк, гнарк гнарк!! Муахахахахахахаxааааaaaа!!"
Ah bah ouais, Google Translate ne fait pas la traduction simultanée des réponses orales en serbe. Dommage hein.
Moi : "Moment! Moment! Traduktor, traduktor..." "Polako molim, teško je razumjeti" (lentement s'il vous plaît, c'est difficile à comprendre)
Elle : "Тешко, тешко, тешко!" (dur, dur, dur !)
Je vous épargne la suite ; au bout de cinq minutes d'un dialogue d'anthologie où je lui demandais d'épeler ses réponses lettre par lettre, j'ai fini par avoir la certitude qu'un Budapest-Belgrade en train le 24 août coûte 15€ pour sept heures de voyage... une broutille quoi !
Tout ceci pour finalement opter pour l'avion, car en fin de compte c'est trop la galère ces trains : je n'allais quand même pas filer mon numéro de carte bleue à une Serbe inconnue au téléphone ! Et puis sept heures de train, ajoutées à la durée du voyage pour arriver à Budapest depuis ma métropole d'Europe du nord, c'est sacrément long.
Mais cette expérience m'a permis de comprendre qu'une fois sur place je pourrai sûrement me faire une ou plusieurs escapade(s) dans la région pour un tarif imbattable ! Et puis cette petite mise en bouche facilitée par Google Traductions m'a donné hâte de me frotter à cette culture inconnue !
Pas de photo pour cette fois, à part cette capture d'écran du site international des "Serbian Railways", qui laissait pourtant largement croire à la possibilité de s'en sortir avec moins de difficulté...
dimanche 5 septembre 2010
Un Antillais en Allemagne
Je suis un Antillais de 29 ans qui a quitté son île il y a douze ans, vivant maintenant dans une grande métropole européenne après dix années à Paris interrompues par deux séjours de quelques mois dans d'autres capitales.
Me voilà donc installé depuis deux ans dans une grande ville d'Europe du nord et je crois avoir des choses à partager avec vous.
Je suppose qu'au fil du temps et à mesure que j'écrirai, mon origine exacte et ma ville d'adoption seront de plus en plus faciles à deviner et même carrément évidents, surtout si mes amis commentent mes posts, mais pour l'instant ça m'amuse de ne rien en dévoiler. On verra bien combien de temps le mystère durera.
=> Mise à jour du 27 octobre 2010 : C'est bon j'ai vendu la mèche. L'île, c'est la MARTINIQUE et la grande ville d'Europe du Nord, c'est BERLIN :-)
En tout cas, une chose est sûre, et qui n'échappe que rarement à la perspicacité des personnes que je rencontre ou fréquente, c'est que j'ai quitté un petit coin de paradis pour m'exiler sous des cieux moins cléments...
Voici à quoi ressemble la vue du balcon, chez mes parents, en gros toute l'année :
Me voilà donc installé depuis deux ans dans une grande ville d'Europe du nord et je crois avoir des choses à partager avec vous.
Je suppose qu'au fil du temps et à mesure que j'écrirai, mon origine exacte et ma ville d'adoption seront de plus en plus faciles à deviner et même carrément évidents, surtout si mes amis commentent mes posts, mais pour l'instant ça m'amuse de ne rien en dévoiler. On verra bien combien de temps le mystère durera.
=> Mise à jour du 27 octobre 2010 : C'est bon j'ai vendu la mèche. L'île, c'est la MARTINIQUE et la grande ville d'Europe du Nord, c'est BERLIN :-)
En tout cas, une chose est sûre, et qui n'échappe que rarement à la perspicacité des personnes que je rencontre ou fréquente, c'est que j'ai quitté un petit coin de paradis pour m'exiler sous des cieux moins cléments...
Voici à quoi ressemble la vue du balcon, chez mes parents, en gros toute l'année :
Photo prise un matin de décembre 2008 |
Et voici à quoi ressemble la vue de mon balcon (à Berlin), plusieurs mois par an - allez, deux mois "seulement", mais c'est déjà plusieurs :
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Ma foi, il n'y a pas à dire : je suis tout l'inverse d'un réfugié climatique !
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