mercredi 15 décembre 2010

El Costo de la Vida

J'ai un air de merengue dans la tête. Un "Ohrwurm" comme disent les Allemands : une chanson qui me trotte dans la tête, m'obsède et ne veut pas s'en aller. Cet air, c'est El Costo de la vida, de l'immense chanteur dominicain Juan Luis Guerra, célèbre dans toute la Caraïbe, l'Amérique latine et sûrement bien au-delà. Je m'abstiendrai de faire des commentaires si certains d'entre vous ne connaissent pas, promis.




Si j'ai cet air festif en tête, ce n'est pas à cause des soirées salsa à la Kulturbrauerei que je me suis promis de tester avec mes collègues, et auxquelles je ne suis toujours pas allé. C'est à cause de l'expérience que je viens de vivre au Mesón Madrid Jabugo I. J'y suis retourné ce soir sur les coups de 23h (après l'avoir découvert un soir par hasard cet été), affamé et vaguement inquiet d'y trouver porte close. Alléluia, c'est l'Espagne après tout, et même un soir de semaine, par une froide nuit de décembre, dans un quartier pas particulièrement vivant de Madrid, on entre au restaurant à 23h et le deuxième service vient à peine de commencer. Je me suis senti bête d'avoir été inquiet. ¡Viva España! Le Mesón Jabugo est un restaurant assez connu dans le quartier de Tetuán, qui sert des spécialités de charcuterie espagnole. Il pourrait tirer son nom du jamón de Jabugo, un des grands jambons ibériques, chers comme des grands vins, mais je n'en sais trop rien en fait. Au menu, rien que des choses super saines : chorizo frit dit "jabuguito", solomillo (une sorte d'escalope de porc vraiment bonne), œufs au plat, frites, un poivron, frit bien entendu, et 20 centilitres d'huile d'olive au fond de l'assiette. Et bam ! 5.000 calories dans ta face ! Ah, avec un verre de Rioja por favor. Après un tel festin hautement diététique, me sentant satisfait mais un peu lourd, j'ai décidé de commander un dessert.

– Nous avons du flan, du pudding, de la crème brûlée, du gâteau au chocolat, du pain perdu caramélisé, de la tarte au caramel, du gâteau de patate douce, des enclumes au sucre glace et la spécialité de la maison : des galettes d'argile caramélisées avec un coulis de cerises.
– Vous auriez quelque chose de, euh... léger ? À base de fruits par exemple ?
– Ah non désolé.
– C'est bien dommage.
– Si vous insistez, on peut vous donner une pomme ou une poire.
– Parfait, une pomme s'il vous plaît !




J'ai donc reçu ma pomme, bien servie, bien présentée. Puis, étant enfin prêt à m'en aller : la cuenta por favor. Et là, c'est le drame.




4,75 € la pomme !!! Priceless, comme dirait monsieur Mastercard. Le prix de deux döner kebab, ou d'un brunch dans certains établissements de Kreuzberg ! Et dire qu'en Syrie je payais 0,50 € pour un kilo de mandarines fraîches...

– D'où vient la pomme ?
– Elles sont produites dans la région.
– Ah OK.
– Elle était bonne, hein ?
– Oh oui, très bonne. Mais assez chère aussi non ?
Ay, sí señor.

Jambons de Jabugo

Alors voilà, comme l'a si bien chanté Juan Luis, ou comme il aurait pu le chanter en de telles circonstances :

El costo de la vida sube otra vez
El [euro] que baja, ya ni se ve
Y las [manzanas] no se pueden comer
Ni una libra de arroz, ni una cuarta de café

5 commentaires:

  1. Diesen "Ohrwurm" gibt es in meinem Land auf YouTube leider nicht.

    Ich tröste mich mit 6 Bio-Äpfeln für 3 Euro.

    N. :)

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  2. Ach YouTube en Allemagne c'est vraiment nul ! OK j'ai mis une vidéo de Dailymotion à la place...

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  3. allez dans un restaurant qui tu te faisais tant envie pour commander une.... pomme. boing boing
    Du même acabit que d'aller en Martinique et commander une...banane !
    ah au moins on se marre bien avec ton blog.
    loic

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  4. Mais cher Loïc, tu ferais moins le malin si tu avais dîné comme moi avant le dessert. La pomme, c'était une nécessité vitale !
    Content que tu te marres néanmoins :-)

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  5. Deutschland bedankt sich :)

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Un petit bonjour ?

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