vendredi 9 novembre 2012

Petites phrases mythiques en politique allemande (1)

«Vous n’avez pas le monopole du cœur»
«Casse toi, pauv’ con!»
«Do you want me to go back to my plane and go back to France?»
«Qui vient sur la Grande Muraille conquiert la bravitude»
«Responsable mais pas coupable»

Si vous êtes français (une tare congénitale que je soupçonne d’être encore plus répandue, parmi les assidus de ces pages, que l’intolérance au lactose. Ou que les allergies aux acariens. Ou même l’herpès. Hum, euh, bon, oui voilà quoi. Bref, nous sommes plus ou moins entre froggies ici, c’est évident) il y a de fortes chances, chers amis grenouilles, que vous ayez immédiatement reconnu ces petites phrases que nous devons à des politiciens pris au dépourvu, des mots d’esprit improvisés qui ont gagné leur place dans la mémoire collective de la «Grande Nation», pour employer le vocable préféré et passablement agaçant de la presse allemande lorsqu’elle évoque notre illustre pays. Dans de nombreux cas, lesdites petites phrases à la spontanéité désarmante, ont carrément détrôné moult slogans et maintes formules soigneusement écrites et prononcées avec pompe et solennité lors de cérémonies officielles, et se sont immiscées à divers degrés dans le langage quotidien.

Eh bien voyez-vous, à ce petit jeu les politiciens allemands ne sont pas en reste, et eux aussi ont su, tour à tour, amuser la galerie à leurs dépens, ou alors semer le trouble et la consternation parmi leurs contemporains (ou leurs descendants) par des formules lapidaires qui ont frappé les esprits pour longtemps. Je me sens d’humeur à rédiger un billet façon «Karambolage» cette semaine. Alors voici donc, sans plus tarder, un court florilège des petites phrases restées dans la légende de la politique teutonne, avec un petit «p».

Frappons fort pour ouvrir comme il sied cette compilation de citations mémorables que nous ont légué les plus éminentes huiles teutonnes. Nous sommes en 1962, en république du Liberia, devant un parterre de dignitaires endimanchés, un bel aréopage ; le Président fédéral allemand d’alors, Heinrich Lübke, sur son pupitre perché, leur tint à peu près ce langage :

„Sehr geehrte Damen und Herren, liebe Neger!“  

« Chères Mesdames, chers Messieurs, chers Nègres »



Emportés dans le tourbillon des indépendances, les empires coloniaux se désintègrent à vue d’œil, et les chancelleries européennes s’efforcent, pour la première fois, de traiter d’égal à égal les nations nouvellement émancipées d’Afrique et d’Asie. Le moins que l’on puisse dire, pourtant, c’est que pour certains hommes politiques, la tâche est plus ardue qu’il n’y paraît... Le bon côté des choses, c’est que sans cette entrée en matière aux relents savoureusement tintinaucongoesques, nul ne se souviendrait encore, à ce jour, d’une obscure visite officielle d’un Bundespräsident quasiment oublié, il y a cinq décennies, dans une minuscule république d’Afrique de l’Ouest qui compte pour peanuts. Die Liberiarede («le discours au Liberia») du président Lübke, ou à tout le moins l’introduction d’icelle, est passée à la postérité comme l’un des fiascos les plus désopilants de la diplomatie teutonne après-guerre.

Le Präsident Lübke: un comédien proche de son public.
Crédit photo
Malheureusement, pour célèbre et cocasse que soit cette anecdote, son authenticité est impossible à prouver: il est probable, à mon grand désarroi, qu’elle ne soit qu’une légende urbaine. Il y a dix ans, cet article publié dans Die Zeit ans a tenté de remettre les pendules à l’heure et de blanchir (si l’on peut dire) la mémoire bien malmenée du deuxième président de l’histoire de la RFA, dont les mânes en avaient assez de provoquer l’hilarité chez les nouvelles générations gavées de multikulti et de politiquement correct. Hélas, c’est trop tard, Herr Lübke, beaucoup trop tard pour brouiller les pistes et vous refaire une virginité depuis l’au-delà. En plus, pour ne rien arranger, et comme pour apporter de l’eau au moulin des convaincus de l’authenticité historique du désastre de la Liberiarede, une autre gaffe du même ordre commise par l’ancien Président fédéral est amplement attestée, scrupuleusement documentée et sa véracité ne fait, elle, pas l’ombre d’un doute: peu après la légendaire visite au Liberia qui se serait ouverte, ou peut-être pas, sur un «N-word» de première classe, le Bundespräsident, désormais en goguette dans la capitale malgache, avait alors commencé un discours en l’honneur de ses hôtes, le président Tsiranana et son épouse, saluant avec un enthousiasme obséquieux „sehr geehrter Herr Präsident, sehr geehrte Frau Tananarive“ («cher Monsieur le Président, chère Madame Tananarive»). Au cours de la même allocution, le Präsident qui, malgré les apparences, était sobre ce soir-là, avait également conseillé aux Malgaches, avec la sagesse débonnaire de l’homme blanc plein de bonnes intentions envers les gentils sauvages, «d’apprendre à devenir propres».

Bref, on peut penser tout le mal que l’on veut du «discours de Dakar» de Nicolas Sarkozy en 2007, mais avouez qu’à côté de ces perles du président Lübke, les poncifs douteux de la tristement célèbre allocution rédigée par Henri Guaino, passent presque pour du Lévi-Strauss. Euh, bon, n’exagérons quand même pas. Mais disons que Sarko était moins pire.

(La morale de cette histoire c’est que je ne comprends pas pourquoi l’Allemagne s’entête à ne pas abolir la fonction soi-disant protocolaire de Bundespräsident, vu le passif que les inaugurateurs de chrysanthèmes teutons ont commencé à cumuler avant même que l’encre du traité de création de la RFA n’ait eu le temps de sécher sur le papier. C’est ce que l’on appelle une figure déshonorifique.)

Mais trêve de digression, et poursuivons plutôt avec notre Große Anthologie der legendären Politiker-Zitaten. (Vous avez tout compris ? Bravo ! L’allemand, c’est trop facile en fait.)

1. Les nominés dans la catégorie «Casse toi, pauv’ con!»

Vous trouviez que sous Sarkozy le débat politique hexagonal manquait de courtoisie? Baste, quelle hérésie. À ceux frappés d’amnésie, sachez qu’il existe en Teutonie des politiciens au langage particulièrement fleuri, devenus célèbres pour leurs impitoyables lazzi, leur faconde pleine de poésie. Morceaux choisis.

„Mit Verlaub, Herr Präsident, Sie sind ein Arschloch!“ 

« Sauf votre respect, Monsieur le Président, vous êtes un enculé (*) ! »

Joschka Fischer est le plus populaire des politiciens
allemands. On comprend mieux pourquoi.
Comment insulter un Président d’Assemblée tout en observant scrupuleusement les règles élémentaires de l’étiquette parlementaire, à savoir, employer le vouvoiement en toute circonstance et désigner l’illustre objet de votre juvénile courroux par son titre officiel, avec la déférence qui sied à son rang? En octobre 1984, un jeune et fringant député écologiste fraîchement élu au Bundestag, Joschka Fischer, 36 ans, le pantalon moulant et la mèche au vent, résolvait avec brio cette quadrature du cercle oratoire lors d’un échange verbal houleux opposant trois députés Verts et turbulents au vice-président de du Bundestag, en pleine polémique ayant trait à une sombre affaire de versements de pots-de-vin à plusieurs partis politiques. Sans surprise, le vice-président, Richard Stücklen, un ancien du parti national-socialiste devenu cadre de la CSU en un simple battement de cil en 1945, ne goûta guère cet accès de familiarité : deux des trois députés des Grünen impliqués dans l’altercation, dont Fischer, furent immédiatement exclus de la séance de travail. Réintégré à l’hémicycle le lendemain, le fougueux écolo dut présenter ses plus plates excuses au vice-président et copier cent fois «je ne traiterai pas d’Arschloch les Vice-Présidents ex-nazis du Bundestag» en heure de colle. En parallèle, le scandale de corruption prit de l’ampleur, et un député FDP, éclaboussé par le scandale, se voyait contraint à la démission.

(*) Je me dois de préciser quun lecteur signale en commentaire que ma traduction d«Arschloch» n’est peut-être pas la meilleure... À vous d’en juger.

„Diese Frau XY“

« Cette Madame XY »

Madame XY devant le parlement de Hesse
Entre Andrea Ypsilanti, présidente de la branche régionale de la SPD dans le land de Hesse et située sur l’aile gauche du parti social-démocrate, et le chancelier d’alors, Gerhard Schröder, qui bataille ferme pour faire passer les douloureuses réformes libérales de son «Agenda 2010», le torchon brûle méchamment. L’animosité entre les deux apparatchiks est si forte que le Bundeskanzler n’hésite pas à manifester ouvertement son mépris pour sa cadette en présence de cette dernière, ou carrément à quitter la salle, dès lors que celle-ci doit prendre la parole. Et pour enfoncer le clou, le chancelier, en malotru fini, se met à affubler la présidente régionale du sobriquet de Frau XY, cruel jeu de mots sur la prononciation du nom grec de la députée (la lettre Y s’appelle «ypsilon» dans la langue de Goethe), sachant que l’expression «XY-Frau» désigne en allemand une une forme de transsexualité, histoire de pimenter la pique de sous-entendus délicieusement potaches. Malheureusement pour Andrea Ypsilanti, née Dill (avant de se marier, elle s’appelait donc «Mademoiselle Aneth»), le surnom peu flatteur a fait mouche dans les médias, et continue d’être employé encore à ce jour.


„Ja seid Ihr denn verrückt geworden? Nur die dümmsten Kälber wählen ihre Metzger selber.“

« Mais vous êtes devenus fous ou quoi ? Il faut vraiment que vous soyez une bande de veaux abrutis pour voter pour vos propres bouchers ! »

Le 13 août 2005, un politicien allemand de premier plan s’est adressé à des électeurs, allemands eux aussi, en ces termes d’une exquise courtoisie. Mais oui, chers amis grenouilles, n’allez pas croire que nos hommes politiques hexagonaux ont le monopole de la goujaterie. De ce côté-ci du Rhin, il y a pire. Bien pire. Mais là, je fais juste un peu de teasing. Nous reviendrons à nos moutons «veaux abrutis» dans quelques paragraphes, promis.

2. Les nominés dans la catégorie «Notre route est droite, mais la pente est forte» 

En Allemagne aussi, un petit nombre de politiciens se sont spécialisés dans les aphorismes sibyllins, dans les maximes vertigineusement bancales, et ont légué à la postérité de savoureuses déclarations à forte teneur raffarinesque.


Wer Visionen hat, sollte zum Arzt gehen!“ 

« Ceux qui ont des visions feraient mieux d’aller voir un médecin ».

Autre temps, autre moeurs: le chancelier Helmut Schmidt
et son inséparable cigarette. Crédit photo.
Helmut Schmidt, alors chancelier SPD de la Bundesrepublik, prononça cette phrase choc lors de la campagne électorale de 1980, à l’issue de laquelle il se vit réélire face à son rival, Franz-Josef Strauß de la CSU. Chose étonnante: même si cette saillie est demeurée célèbre, personne dans tout le pays ne peut dire dans quel contexte exactement elle a été prononcée. Pas même l’intéressé qui, en 2009, confirma par écrit qu’il était bien l’auteur de cette célèbre pique, mais déclara ne plus se souvenir à qui il s’était adressé ni dans quel contexte précisément ces mots lui étaient venus, sauf, prit-il la peine de préciser, qu’il «ne visait pas Willy Brandt». Eh bien nous voilà bien avancés. La signification exacte de cette phrase restera donc probablement obscure jusqu’à la fin des temps. Ma foi, la politique avant l’avènement des médias sociaux, à cette époque lointaine où les hashtags n’existaient pas pour encore pour nous permettre de disséquer et de propager ad nauseam chaque raclement de gorge des politiciens en vue, c’était tout de même autre chose.


„Kinder kriegen die Leute sowieso.“

«De toute façon, les gens feront toujours des enfants».

L'idéal familial teuton, c'est pas piqué des hannetons:
Magda et Joseph Goebbels entourés de leurs 6 rejetons
Tiens, à propos de «visions», celle-ci n’est plutôt pas mal, dans un contexte allemand de dénatalité chronique et de démographie à l’agonie depuis quatre décennies : la dernière fois que l’Allemagne a recensé plus de naissances que de décès sur son territoire, c’était en 1971... Et année après année, la crise des berceaux s’aggrave. Pourtant, les Teutonnes n’ont pas toujours été aussi notoirement frileuses de l’utérus réticentes à procréer. En 1957, à l’époque du «miracle économique» d’après-guerre, il en allait tout autrement. La RFA, pays jeune, dynamique, optimiste, apaisé, euphorique, affichait une vigoureuse natalité, et importait de la main-d’œuvre méditerranéenne par trains entiers pour faire tourner ses usines. Le sexe faible  La gent féminine était intrinsèquement vouée à rester au bercail et à élever la nombreuse marmaille, plutôt que de rejoindre le marché du travail. Intégrer les Hausfrauen au monde de l’entreprise? À Dieu ne plaise pareille hérésie!

Dans ce contexte, alors que la jeune (et dynamique, et optimiste, etc.) République Fédérale d’Allemagne s’apprêtait à introduire le système de retraite par répartition, fondé sur le bel et noble principe de la solidarité entre générations en vertu duquel, comme en France, les actifs financent par leurs cotisations mensuelles les pensions versées aux retraités, quelques rares voix s’étaient élevées pour suggérer timidement que ce Generationsvertrag («contrat entre générations») ne serait durable qu’à condition que la population active continue d’augmenter, et avec elle, le nombre de cotisants. Bah, leur répondit avec désinvolture le chancelier Konrad Adenauer, balayant d’un revers de la main les inquiétudes de ces empêcheurs de légiférer en rond et leur clouant le bec par sa repartie empreinte du bon sens de la bourgeoisie rhénane, «de toute façon, les gens feront toujours des enfants».

Visionnaire de chez visionnaire, on vous dit. D’ailleurs, à propos d’enfants justement...


„Wir müssen den Kindern mehr Deutsch lernen“

« Il faut que les enfants “apprendent” plus d’allemand ».

Edmund Stoiber lors de son 70ème anniversaire, en 2011
Le champion toutes catégories de la raffarinade teutonne, c’est sans aucun doute l’ancien ministre-président de Bavière, Edmund Stoiber. Après plus de 40 ans de carrière politique, dont quatorze années, entre 1993 et 2007, à présider aux destinées de la grande et riche région alpine, sans compter deux bonnes décennies au cœur des instances dirigeantes de la très conservatrice CSU, le plus puissant parti du Freistaat Bayern, ce n’est pas exagérer que de dire que le Dr Stoiber est une grosse pointure de la vie politique allemande. Malheureusement, le gentil papy un peu réac à l’accent chantant du sud (la Bavière, en gros, c’est un peu le Midi teuton, le pastis et les cigales en moins) est aussi un piètre orateur. La longévité politique du Dr Stoiber a eu pour effet collatéral de multiplier les occasions pour lui de se prendre les pieds dans le tapis, avec une constance perverse, et de préférence à portée des micros et dans le champ des caméras. D’ailleurs, il existe de nombreuses compilations de ses plus savoureuses citations sur internet. Ma préférée, „Wir mussen den Kindern mehr Deutsch lernen“, assenée à une assistance médusée lors du traditionnel Politischer Aschermittwoch (réunion politique du Mercredi des Cendres) de février 2002, est une jolie perle d’humour involontaire, mais il y en a beaucoup d’autres.

Mot à mot, la phrase se traduirait par «Nous devons apprendre plus d’allemand aux enfants». Une petite explication s’impose pour les non germanophones : en appelant de ses vœux, par cette incantation plutôt bénigne, à plus d’éducation, plus de langue allemande, plus de Leitkultur (la «culture dominante» teutonne, son dada), Papy Mumund a réussi à faire une énorme faute de grammaire, du genre que même moi j’arriverais à éviter à l’aise, même après huit shots de Jägermeister. En effet, en allemand correct, il aurait fallu dire den Kindern mehr Deutsch beibringen ou peut-être lehren ou alors à la rigueur unterrichten, tous trois voulant dire «enseigner». Lernen, c’est «apprendre» dans le sens d’«étudier». C’est un peu comme en anglais où to teach et to learn ne sont pas du tout interchangeables. Une erreur aussi atroce au milieu d’une déclaration tonitruante sur l’enseignement de l’allemand aux enfants, c’est tout bonnement du génie. À rapprocher du désormais inoubliable “Is our children learning?” de George W. Bush. Bref, fail,  re-fail et dix de der Fail, Herr Stoiber.

Allez, pour le plaisir, et hors concours, voici quelques uns des dérapages les plus truculents de l’ancien Ministerpräsident Edmund Stoiber.

„Das entscheiden immer noch die Wahlmänner und Wahlmännerinnen.“
« La décision appartient désormais aux Grands Électeurs et aux Grandes Électeuses. »

Un accès de lucidité lors de l’élection présidentielle américaine de 2004. Je trouve ce petit écart de langage nettement plus drôle en allemand car franchement, Männerinnen comme féminin de Männer, au lieu du banal Frauen, c’est inventif en diable. Et puis on ne fait pas d’hommelettes sans castrer... euh. Bon. Bref. Où en étions-nous ? La suite s’il vous plaît.

http://www.handelsblatt.com/images/stoiber/4663846/3-format3.jpg
La question qui est sur toutes les lèvres :
Herr Stoiber a-t-il un penchant pour la dive chopine ?
„Wir sind das Land, das am wenigsten Arbeitsplätze abbaut. Wir sind Schlusslicht im Abbau der Arbeitsplätze.“
« Nous sommes la région qui détruit le moins d’emplois. Nous sommes lanterne rouge en matière de destruction d’emplois ».

À l’approche du scrutin régional de 2002, Edmund Stoiber, en pleine campagne pour sa réélection, soulignait en ces termes, avec un enthousiasme exalté, le dynamisme économique de la Bavière dans un contexte national plutôt morose. La formule semble bancale, mais il est vrai, après tout, que les derniers seront les premiers. Quoi de plus naturel pour un politicien bavarois que de rappeler le message de l’Évangile ?

„Wenn heute eine Familie ein Kind bekommt, eine Frau mit ihrem Mann oder umgekehrt, wenn ein Kind zur Familie kommt...“
« Quand une famille vient d’avoir un enfant — une femme avec son mari, ou inversement —, quand la famille s’agrandit... »

Euh... allô ? Manifestement, lorsque le gentil Papy bavarois, grand amateur de bière et de chapeaux à la Guillaume Tell, se met à parler politique familiale, il voit des bébés Évian de partout et en perd son latin. Comme c’est mignon. Mais n’allez pas vous faire une fausse idée de ce monsieur sur la foi d’une déclaration larmoyante et d’une diction hasardeuse et désarmante. Le vrai Stoiber, quand il s’énerve (et encore, le plus souvent c’est sans provocation), il dit plus volontiers des choses comme ça:

„Ich akzeptiere nicht, dass der Osten bestimmt, wer in Deutschland Kanzler wird. Die Frustrierten dürfen nicht über Deutschlands Zukunft bestimmen.“
« Je n’accepte pas que les Länder de l’Est désignent le prochain chancelier allemand. Les aigris ne doivent pas pouvoir décider de l’avenir de l’Allemagne ! »

Petite leçon de démocratie (et d’unité nationale) à la Stoiber, en pleine campagne électorale, le 4 août 2005, juste avant l’élection générale qui allait voir Angela Merkel accéder au poste de chancelière. Quinze ans après la réunification, Papy Réac venait alors de s’énerver tout rouge contre les Länder de l’Est, ces terres de perdition peuplées de «frustrés» coupables des pires horreurs, notamment d’accorder jusqu’à 35% de leurs suffrages «aux politiciens les plus minables, Gregor Gysi et Oskar Lafontaine» (die größten politischen Versager, Gysi und Lafontaine), dixit Stoiber. Lorsque l’inévitable polémique éclata, l’impayable Edmund tenta de désamorcer la situation en jurant, la main sur le cœur, que les «aigris» en question étaient, bien entendu, MM. Gysi et Lafontaine, les dirigeants du parti de gauche PDS (devenu Die Linke par la suite). Haha. Hoho. Mais bien sûûûûûûr... Pas convaincus pour un sou, les citoyens des régions de l’Est réclamèrent des excuses en bonne et due forme, parce que bon, hein, se faire traiter d’aigris comme ça par un président de Région, ce n’est pas gentil-gentil même si dans le fond Stoiber n’avait pas complètement tort. Ils ont été servis en beauté, nos amis les Ossis encore plus aigris. Voici les humbles paroles de contrition qu’ils obtinrent de Papy Réac, décidément au top du top de sa forme en cet été 2005 : «Mais vous êtes devenus fous ou quoi ? Il faut vraiment que vous soyez une bande de veaux abrutis pour voter pour vos propres bouchers !». Euh... comment dit-on «faute avouée, à moitié pardonnée» en allemand ?

Et pourtant, Herr Stoiber est un homme de dialogue, de consensus. C’est lui-même qui le dit, sans fards ni faux-semblants :

Ich bin Anhänger der Konsensgesellschaft. Ich möchte im Konsens, so weit das nur geht, mit den widerstrebenden Interessen in Deutschland Lösungen miterzwingen.“
« Je suis partisan du consensus. Je voudrais, dans la mesure du possible, de manière consensuelle, imposer des solutions à toutes les parties prenantes en Allemagne. »

Trop fort, le Doktor Stoiber, voilà qu’il sait s’y prendre pour «imposer le consensus». Il a dû s’inspirer de la réplique culte de Jésus II, le Retour : «Vous allez vous aimer les uns les autres, bordel de merde ?» Je ne vois que cela comme explication qui tienne la route. Mais revenons à cette campagne électorale de l’été 2005, qui s’acheva, de manière relativement inattendue, par l’élection d’Angela Merkel. Et bien voyez-vous :

„Demnächst wird die Gleichstellungsrichtlinie erzwingen, dass der nächste Bundeskanzler eine Frau wird.“
« Au train où vont les choses, on sera bientôt obligé d’élire une femme au poste de Chancelier pour respecter la parité. »

Ainsi s’émouvait l’ineffable Dr Stoiber devant des journalistes de Die Zeit, en janvier 2000, il y a seulement douze ans. On imagine le rictus de dégoût ironique courbant ses lèvres et le frisson d’horreur secouant ses omoplates à la simple évocation d’une telle aberration, sortie tout droit des pires scénarios de science-fiction. Une femme ?! Dieu nous garde d’une telle absurdité, avait-il dû prier, en son for intérieur. Et seulement cinq ans plus tard, Dieu le Père, vieille canaille facétieuse, exauça le pire des cauchemars de Papy Réac. Les voies du Seigneur sont impénétrables : rien que pour embêter Edmund Stoiber, il a placé une femme à la tête de l’Allemagne...

Allez, une petite dernière pour la route :

„Wenn ich über steuer- und erbrechtliche Anerkennung von homosexuellen Paaren diskutiere, dann kann ich gleich über Teufelsanbetung diskutieren.“
« Lorsque je parlerai de régularisation fiscale et d’héritage pour les couples homosexuels, eh bien ma foi je serai prêt à parler d’adoration satanique. »

Charmant, ne trouvez-vous pas ? À la décharge de Papy Réac, en 1991, de tels bons mots en pleine conférence de presse passaient encore comme une lettre à la poste. La politique, c’était mieux avant, n’est-il pas ? Ah, comme on les regrette, ces temps bénis où l’on pouvait être misogyne et homophobe sans subir les foudres de l’indignation automatique des cadors de la bien-pensance...

Chronik der Woche
De toute évidence, l'élocution n'est pas l'unique point faible de Papy Stoiber, d'après le journal conservateur Die Welt

Voilà, chères Vahinés, chers amis lecteurs, c’est tout pour aujourd’hui. Je crois que j’en ai assez des inepties de Papy Réac, et vous aussi je suppose. (Et si d’aventure vous en voulez plus, allez donc voir , , ou encore et . La liste est quasi infinie. Et dire qu’un tel abîme de connerie a gouverné la Bavière pendant 14 ans, il y a là de quoi se poser un paquet de questions...)

En deuxième partie de ce florilège des petits phrases de politiciens allemands (que j’essaierai de faire moins longue que la première), je vous présenterai les nominés dans les deux dernières catégories :

« Les promesses nengagent que ceux qui les écoutent »

et, bien entendu, car nous sommes en Allemagne après tout,

« Les Auvergnats, quand il n’y en a qu’un, ça va... » 

Cela promet d’être gratiné. En attendant, bonne fin de semaine et à très bientôt sur ces pages !

Votre dévoué chroniqueur, presque de retour.

37 commentaires:

  1. Hahaha, je sais où se trouve Ypsilanti, c'est juste à côté de chez ma frangine dans le Michigan :D

    A part ça, depuis que je vis en pays anglophones (donc depuis 17 ans je crois), j'ai beaucoup de mal à accepter l'utilisation "d'apprendre" pour "enseigner" en français, à cause de la distinction très claire, en effet, entre teach et learn. Sont fous ces francophones ;)

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    1. L'une des raisons pour lesquelles je mets tellement de temps à écrire chacun de mes articles, c'est que dès que je rencontre un nom ou une histoire que je ne connaissais pas, je pousse à fond mes recherches là-dessus... Bonjour le temps perdu! Wikipedia is NOT your friend. En tout cas, j'ai découvert qu'Ypsilanti est le nom d'une familles d'aristocrates "phanariotes", c'est-à-dire grecs de Constantinople. Comme un grand nombre de villes américaines, "Ypsilanti, Michigan" a dû être fondée par des colons provenant d'une ville en particulier, un peu comme "Berlin, New Hampshire", "Berlin, Kentucky" et la vingtaine d'autres Berlins un peu partout à travers le pays...

      Sinon, sur "apprendre" et "enseigner", je suis très à l'aise avec cette confusion... Il y a plein d'expressions où cela sonnerait beaucoup moins bien avec "enseigner". Comment ne pas dire "je vais vous apprendre à me manquer de respect, espèce de gredin"? Avec "enseigner"... mmmh... ça coince. Mais bon, à chacun ses "pet peeves" en français. Moi, je crois que je refuserai toujours d'employer les nouveaux féminins en "eure", mais au moins j'ai fini par accepter qu'ils ne disparaîtront plus du paysage, et à me résigner à assister, impuissant, à leur propagation dans l'usage courant. Bon courage pour ton combat en faveur d'«enseigner»!

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    2. Ah c'est intéressant l'affaire d'Ypsilanti, merci :) C'est sûr que quand on est curieux, on peut se perdre dans wikipedia et autres dictionnaires et sites internet pendant des heures! Oh, mon combat n'en est pas un, comme je parle très rarement français et encore plus rarement d'enseignement en français, c'est rare que le problème se présente :) Par contre je suis cheffE de mon département et j'y tiens!

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    3. Il semblerait que le terme fasse débat. Même les Québécois ne sont pas encore conquis par les appas de "cheffe" : http://www.noslangues-ourlanguages.gc.ca/bien-well/fra-eng/grammaire-grammar/chef-fra.html.

      Les Belges, eux sont sur le point de sauter le pas si on en croit cet article d'il y a tout juste 2 jours: http://www.lesoir.be/116476/article/actualite/belgique/2012-11-09/chef-est-en-passe-devenir-cheffe

      Moi je trouve pas ça folichon, "cheffe", mais Mozilla Firefox ne détecte pas de faute d'orthographe, tandis qu'il souligne furieusement "chèfe", que je trouve bien plus joli. Va savoir!

      :-)

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  2. La France avait un champion toutes catégories dans ce domaine, c'était Georges Frèche, entre les harkis traités de "sous-hommes", Fabius à qui il trouvait une "tronche pas catholique" et l'équipe de France de foot qui était composée de trop de "blacks", il est difficile de trouver la pire. J'allais oublier "Moi je fais campagne auprès des cons".

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    1. Ah, le regretté Georges Frêche! C'est vrai que lui aussi, c'était un as du verbe assassin. «Je fais campagne auprès des cons», ma foi, ça me laisse coi...

      Quel dommage qu'il nous ait quitté si tôt: maintenant que Stoiber a plus de temps libre, il aurait pu affronter Frêche dans une joute verbale franco-allemande. Une telle "battle" (pour parler jeune) aurait pu entrer dans la légende!

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  3. Youhouhou, The Berliniquais is back !

    Il est imbattable, ce Stoiber...

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    1. Trop cool que toutes les Vahinés n'aient pas encore déserté ce blog pendant la période de vaches maigres :-) Merci d'être revenue si vite!

      Oui, Stoiber, c'est un sacré OVNI de la politique allemande. Mais la Bavière semble en avoir un bon paquet sous le coude, de "talents" de cet acabit... Est-ce la gouaille méridionale qui se manifeste ainsi en terre teutonne?

      Bon weekend!

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  4. Excellent! Stoiber est une classe à lui seul. Ses légendaires prises de bec avec la langue de Goethe sont des perles, tournant à l'absurde des points de vues réactionnaires encore présents dans une grande partie de la société allemande.
    Ceci dit, il en existe un certain nombre, moins chargés politiquement et tout aussi délectables. L'incroyable 10mn Transrapid
    http://www.youtube.com/watch?v=f7TboWvVERU
    ou encore l'execution des fleurs du jardin.
    http://www.youtube.com/watch?v=Lhc_2crQL8U
    ou enfin le Problembär.

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  5. Encore une fois mon précédent commentaire fut zappé par l'opération identification Blogger. Grrrrrrrrr.
    Ceci dit, excellent! Stoiber est une classe à lui seul en ce qui concerne les prises de bec avec la langue de Goethe, tournant par là même à l'absurde des positions très réactionnaires encore bien présentes dans la société allemande.
    Il en existe cependant de moins chargées politiquement et pourtant très délectables. Le légendaire 10mn Transrapid, "Steigen sie im Hauptbahnhof"
    http://www.youtube.com/watch?v=f7TboWvVERU
    ou encore l'execution de fleurs de jardin
    http://www.youtube.com/watch?v=Lhc_2crQL8U
    ou bien le fameux Problembär, die Glohdernde Lut (sic), Ronalidinao Ronaldo etc.

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    1. @ Sdrapeau - En fait tous tes commentaires sont passés... mais bizarrement, en spam. Désolé, je n'y peux rien...

      Avant, je pouvais voir que j'avais des commentaire spam, mais plus maintenant. Comme j'ai viré les "captchas", du coup je me fais bombarder de spams maintenant, au rythme d'un par jour.

      Bref, pour revenir à Stoiber: justement il y a un problème qui m'empêche d'apprécier ses trouvailles les plus absurdes et les plus géniales: la langue. Haha. Je suis encore trop mauvais en allemand pour les comprendre toutes. La „Transrapid-Rede“ (que j'ai lue et visionnée au moins 10 fois pendant la préparation de ce billet) me passe complètement au-dessus de la tête. Ah bon, il manque un verbe ici ou là? Ah bon, les phrases sont complètement dépourvues de syntaxe? Vu que c'est à peu près comme cela que je m'exprime en allemand, le comique de la chose m'échappe complètement! Pareil pour la „Gludernde Lot / Glodernde Lud“ ou je sais pas quoi... Rien capté. Je ne sais toujours pas quelle est l'expression exacte et ce qu'elle veut dire.

      Son „eine Blume hinrichten“, j'ai trouvé ça mignon et je l'aurais volontiers inclus dans l'article, mais à un moment il faut faire des choix. Il y en a tellement, des citations absurdes de Stoiber, que ce n'était pas possible de les mettre toutes. C'est bien à contre-cœur que je me suis résigné à ne pas inclure „Nur, meine Damen und Herren, wir haben leider nicht überall so kluge Bevölkerungsteile wie in Bayern“ dans le texte, parce que ça aussi c'est du grand art.

      Merci d'être passé et d'avoir tant insisté pour poster un commentaire!! :-)

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    2. Grandiose!
      Pour avoir vécu de nombreuses années en Bavière, je ne peux songer à ce brave Edmund sans verser une larme*. Et dire que le voilà parti à Bruxelles pour courber les concombres... Ce sont vraiment les meilleurs qui partent (cf. Oettinger dans un autre commentaire). Et sans vouloir te vexer, cher Berliniquais, je doute que la syntaxe des tes phrases allemandes ait ne serait-ce que 50% du potentiel comique de celles de Stoiber. À moins que tu ne travailles ton accent bavarois. En fait, c'est le syndrome du grand-grec ou du palé bwodé: on veut bien parler et on se plante. Je n'insiste pas, je prvowque un tollé à chaque fois que je compare les Bavarois et les Antillais...

      *Enfin pas trop non plus, c'est quand même lui qui a parlé de "durchrasste Gesellschaft". Nettement moins subtil que le bruit et l'odeur. Ils sont pas comme nous, j'vous dis!

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    3. Et le pire, c'est qu'on se dit "Il est bourré, c'est pas possible" alors qu'il est de notoriété publique que les grandes chopes qu'il vidait goulument sous les chapiteaux étaient remplies d'eau...

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  6. Enfin! On commençait à languir...
    Bravo pour ce florilège et pour les traductions, parfois libres, mais toujours élégantes (juste un truc: "Arschloch", c'est quand même plutôt "connard" ou "salop(ard)" que "enculé").
    Bravo aussi pour les tentatives de parallèles franco-allemands. Pas toujours facile, mais tu* t'en tires bien. Tu vois quelqu'un pour Helmut Schmidt (fumeur invétéré, 90 ans passés, très sûr de lui et esprit encore vif comme à 20 ans)? Au fait, pour les visions, une interprétation est qu'on lui reprochait, notamment à la gauche du SPD, de ne pas avoir de vision globale, de "grand dessein", en quelque sorte (comme Fabius l'a sorti à propos de Rocard, si je me souviens bien). D'où sa réponse de pragmatique pur beurre. Steinbrück est souvent considéré comme son fils spirituel. Il fume moins, mais pour l'arrogance et l'intellect brillant, il y a de ça.
    Bonne continuation et après ton triomphe radiophonique, dis-nous quand tu passes à Karambolage :-)

    * Il me semble qu'on se vouvoyait, mais je me permets cette liberté (licence internautique).

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    1. Halte là, cher Monsieur, comme vous y allez ! Nous n'avons pas lancé de pierres dans le même manguier ! (nou pa voyé wòch adan menm pyé mango, c'est la manière antillaise de dire «nous n'avons pas gardé les cochons ensemble»).

      :-) Non je rigole. Je crois que je n'aurais même pas remarqué.

      Pour Arschloch, je veux bien te croire, mais c'est quoi la subtilité alors? C'est moins grave et «insultant»? Je ne sais pas si cela fait une grosse différence, que d'interpeller le vice-Président du Bundestag, et de dire «connard» plutôt qu' «enculé» pour faire plus «light»... Mais bon y'a débat :-)

      Pour Helmut Schmidt je pourrais éventuellement proposer feu Antoine Pinay, même si je ne fais pas vraiment partie de la génération de Français qui l'a connu pendant son heure de gloire. Un peu comme pour Helmut Schmidt d'ailleurs.

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    2. Au fait, merci d'avoir précisé le contexte de la citation d'Helmut Schmidt! Comment sais-tu cela? J'ai cherché longuement sur internet et n'ai rien trouvé, à part ce site où il semble dire, justement, qu'il ne se souvient pas dans quel contexte précis il a été inspiré de sortir cette réplique cinglante... Le travail de recherche et de documentation prend au moins le triple du temps que je mets à écrire ce genre de billets.

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    3. Euh... comment sais-je cela? Ben, euh, pasqu'il me semble avoir entendu quelque part (non, pas de référence) que la gauche du SPD n'aimait pas trop le côté pragmatico-pragmatique d'Helmut. Tiens au fait, c'est marrant, les chanceliers allemands s'appellent Helmut et les présidents français François: depuis 1949, 24 ans de Helmut (38%) et entre 1958 et 2017, 19 ans de François (32%, en anticipant un peu). C'est fou, non? Ça m'étonne qu'aucune université américaine n'ait publié d'étude sur la question.
      Alors comme ça les Antillais jettent des wòch dans les pieds-mangos... C'est du propre!

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    4. Je m'étais déjà fait la remarque, toutefois sans aller jusqu'à calculer les statistiques :-)

      Et pour couronner le tout, on a failli avoir un François à la tête de l'UMP ; maintenant on a Jean-François... Président de la République de 2017 à 2022 ? Dieu nous en garde !!!

      :-)

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  7. Au fait, à propos de Goebbels et d'Ossis, un 9 novembre, il y en aurait des choses à écrire... Idée pour une future note? Comparaison franco-allemande des dates à fort potentiel de conflit mémoriel?

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    1. Oui, merci pour la suggestion. J'y pense chaque 9 novembre, mais du coup bah c'est trop tard: il faut bien sûr y penser AVANT, afin d'être prêt le jour J... Il faudrait que je m'y attelle aujourd'hui et comme ça je serai prêt pour le 9 novembre 2013 :-)

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  8. Et le "ze yes needs ze no to win... against ze no" alors ?

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    1. Héhé, c'est vrai ça... en Allemagne il y aussi quelques cas de politiciens qui se sont complètement ridiculisés en s'essayant à l'anglais (I'm looking at you, Guido Westerwelle)... Je ne sais pas si j'en ferai une catégorie entière. En tout cas j'ai parlé des "raffarinades", ce qui recouvre aussi "ze yes needsze no to win against ze no" :-)

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    2. Ah oui il y a le mot "raffarinade" dans ton texte donc techniquement tu as raison. Bon, et le "si vous ajoutez à cela le bruiiiiit et l'odeuuuur..." alors ?
      Je pense que avec la droite décomplexée de Copé qui nous pend au nez, on risque d'en avoir d'autres des phrases mythiques dans le futur...

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    3. Super article pour un retour qui s'est (beaucoup) fait attendre!
      Héhé! Dans la même catégorie "GuidoWesterwelléenne" (.....mais aussi pour me consoler des moqueries de mes petits camarades allemands qui s'amusent à imiter l'accent 'franchouillard' des petits français s'essayant à l'anglais)

      http://www.youtube.com/watch?v=1OSEj8qYHJw

      c'est tout mignon non?

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    4. Auweia! Ça fait mal aux oreilles. J'avais déjà entendu parler de ces exploits, mais je n'avais jamais vu la vidéo. Je ne sais pas quelle partie était la plus géniale. Ça fait de la peine pour ce pauvre Herr Oettinger, et pour le public aussi d'ailleurs :-)

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  9. Chouette il est reviendu!!! Et avec du bon du très bon. Mais moi quand même mon préféré dans le style bon enfant ça reste Jean-Pierre El Gringo. J'ai même appris l'autre jour à mes enfants ce qu'était une raffarinade et je te promets que sur "Il est curieux de constater en France que les veuves vivent plus longtemps que leurs maris" ils n'ont pas voulu me croire!!! Freche etait pas mal non plus mais lui c'est quand même plus toxique.

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    1. Je te félicite, E., pour ta perpétuation de ces traditions orales qui bientôt feront partie du socle de la culture populaire française :-)

      Sur le coup des veuves, il est très bon, mais en fait quand on veut vraiment comprendre la phrase de la manière la plus littérale, une veuve ne vit pas forcément plus longtemps que son défunt mari, elle lui survit, évidemment, mais cela ne veut pas dire qu'elle atteindra forcément un plus grand âge que le mari (c'est comme cela que je comprends "vivre plus longtemps")... Après je ne sais pas si je coupe trop les cheveux en 4 juste pour donner raison à Raffarin... Vaste, et prodigieusement inutile débat, disons. Je me demande ce qu'il avait bien voulu dire pour énoncer une telle maxime.

      Contrairement à George Frèche, Raffarin ne s'est pas illustré par son attitude méprisante envers le peuple, même si c'est à lui que nous devons l'expression "la France d'en bas"

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  10. Ha ha ha, ils sont fous ces allemands! (Ça rassure, y'a des fous partout, hein!) :D

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    1. T'inquiète, nos amis les Allemands que j'aime bien quand même sont capables du meilleur tout autant que du pire... Comme tout le monde en fait.

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  11. Super, le Berliniquais est de retour !
    Merci beaucoup pour cet excellent article, tu trouves toujours des idées de sujets incroyables ! Grâce à toi, on apprend en s'amusant, oh que c'est beau ce que j'écris, je vais peut-être me lancer dans une carrière politique ... ; )

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    1. Presque revenu seulement. Mais quel plaisir de voir que le lectorat revient aussi :-)

      Eh bien bon courage pour tes débuts en politique !

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  12. Finalement, ils ne sont pas pire que le maire de Champignac. :)

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    1. Mmmmh... rien n'est moins sûr... Stoiber, en matière de logorrhée, a fait bien pire que ce que j'ai exposé dans l'article. L'ennui, c'est que c'est tellement "verbalement diarrhéique" (si tu me passes l'expression) qu'il faut vraiment parler super bien l'allemand pour apprécier l'absence de queue et de tête de ces allocutions restées célèbres. Je suis encore loin d'approcher ce niveau, et en plus, commenter le propos en français, cela risquait d'être lourdingue.

      Je te renvoie au commentaire de sdrapeau.

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  13. Bonjour!
    Je viens de tomber sur cet article (et j'en ai ensuite profiter pour découvrir d'autres articles du blog), et franchement: merci!! T'es photos et articles sont splendides, drôles, spirituelles!!
    J'y reconnais bien "mon" Berlin qui a bercé (mais aussi bouleversé) mon enfance et mon adolescence! Ayant quitté ma Teutonie natale pour la France il y a 6 ans, et ne pouvant pas dans ma Heimat pour Noël cette année, ces photos et articles me réchauffent le coeur ^^
    Bravo aussi pour l'anthologie des conneries verbales de nos politiques!! Ton niveau d'allemand m'a l'air très élevé vu comment t'as bien saisi le sens la la langue de bois politique! Stoiber reste un véritable guignol de la vie politique allemande, même si parfois, en l'entendant, je me dis bien: Ich kann gar nicht so viel essen, wie ich kotzen möchte ^^

    Bonne continuation à Berlin!! "Profite" du froid hivernale :)

    Anja

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    1. Bonjour et bienvenue Anja! Merci pour ta visite et tes compliments. Mon niveau d'allemand est encore assez moyen mais j'ai la volonté de continuer à m'améliorer :-)

      C'est pas mal cette petite phrase que t'inspire Stoiber. J'avais jamais entendu ça (ou peut-être que si, mais alors j'avais pas compris^^)... Je la ressortirai à l'occasion :-)

      Bon, je survis à l'hiver teuton pour l'instant. Frohe Weihnachten!

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  14. To win, the yes needs the no, to win against the no, no?

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    1. Certes, Nono! Il y a des équivalents allemands à cela. Le ministre des Affaires Étrangères, Guido Westerwelle, est spécialiste en la matière...

      J'espère finir le billet numéro deux bientôt!

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Un petit bonjour ?

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