mercredi 3 juillet 2013

Un mois à Berlin : mai 2013

Le nombre riquiqui de commentaires à mon grand article signalant le come-back en fanfare des Chroniques Berliniquaises tend à prouver qu’il est plus facile de maintenir en vie un héros africain nonagénaire à l’article de la mort que de redonner vie à un blog fait de zéros et de uns après seulement 6 mois d’agonie... Mais qu’à cela ne tienne, je ne compte pas me laisser abattre pour si peu. Vos chroniques préférées reprendront d’ici peu la place qui leur revient de droit dans la blogosphère mondiale. N’est-ce pas ? Hein, n’est-ce pas ? Vous allez revenir, hein, dites, chères Vahinés ? Allez quoi siouplééééé. Bref, voici donc, après quelques mois d’absence, le retour de nos rétrospectives « Un mois à Berlin ». Je vous prépare mai et juin 2013 d’un coup, et laisse tomber tout l’automne et l’hiver... tant pis pour cette fois, mais ce n’est que partie remise ! J’espère que les puristes de la photographie parmi vous me pardonneront l’irruption de photos instagrammées dans la rubrique. Toutes vos protestations et vos fatwas contre ces applis pour hipsters sans talent sont les bienvenues.

1er mai - Le festival MyFest est de retour à Kreuzberg, avec la même mission que chaque année : bannir la violence des rues de ce quartier lassé de cette curieuse «tradition» d’émeutes de groupes extrémistes de gauche, qui ont gâché la fête du 1er mai pendant plus de vingt ans. Dans les rues, les mamas turques coiffés de fichus en satin côtoient la jeunesse berlinoise avide de beats et les étudiants Erasmousse en quête de frisson teuton, l’électro en plein air joue des coudes avec le reggae... On a beau dire que le Multikulti est mort, il suffit de passer quelques heures dans les rues voisines de Kottbusser Tor un premier mai pour se convaincre du contraire.

samedi 29 juin 2013

Petites phrases mythiques en politique allemande (2)

Chers amis lecteurs, chères Vahinés orphelines de vos chroniques autrefois préférées, contrairement aux apparences, contrairement à Nelson Mandela, ce blog n’est pas encore mouru. Ah, on me souffle dans l’oreillette que Mandela non plus n’a pas encore cassé sa pipe. Vous en êtes sûr cher Monsieur? Pourtant j’aurais juré que... Bon, si vous le dites. Bref. Pour fêter le retour des Chroniques Berliniquaises en fanfare dans la blogosphère mondiale, et pour faire écho à la remise du grand prix de l’humour politique décerné cette semaine à Gérard Longuet, voici la suite de ma sélection de petites phrases mythiques de la politique allemande, que je vous avais promise en novembre dernier, il y a seulement sept (!) mois. Car, comme dit le proverbe de chez moi : Two présé pa ka fè jou ouvè. Mais trêve de bavardages. Voici sans plus tarder la suite du palmarès.
 
3. Les nominés dans la catégorie «Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent»

Ach, l’Allemagne, paradis de l’intégrité dans la fonction publique, parangon de vertu et de bonne gouvernance où les ministres démissionnent comme un seul homme  en moins de temps qu’il ne faut pour dire «plagiat», où les présidents en exercice sont impitoyablement démis de leurs fonctions juste parce qu’ils ont oublié de signaler aux juges qu’ils ont des amis riches... Droiture, honnêteté et vérité sont les trois mamelles de la nation teutonne, nous jurent, la main sur le cœur, les hommes politiques. Oui, trois mamelles, et alors? La preuve par quatre.

„Putin ist ein lupenreiner Demokrat.“  

 

« Poutine est un impeccable démocrate. »

Gerhard et Vladimir, les «impeccables cyniques»
selon le magazine Focus, en mars 2012
La vie est cruelle. En réalité, le 23 novembre 2004, en direct sur la chaîne ARD, le chancelier Gerhard Schröder, dont les malicieuses saillies ont déjà alimenté le premier volet de cette petite compilation maison, n’a pas réellement prononcé ces mots qui lui sont attribués, cette formule désormais gravée ad vitam aeternam dans le marbre de la psyché teutonne. Ses mots à lui sont en réalité : «Je le crois, et je suis convaincu qu’il l’est», en réponse au présentateur télé Reinhold Beckmann qui lui demandait s’il considérait Vladimir Poutine comme un lupenreiner Demokrat (un «impeccable démocrate»).

Après ce rare éclair de sincérité en prime-time, l’habile politicien a bien sûr tenté de nuancer son propos et de noyer le poisson pendant encore une bonne minute de considérations alambiquées sur les progrès considérables de la démocratie en Russie après des décennies de dictature communiste. Mais le mal était déjà fait : ce qui avait été dit ne pouvait plus être dédit, et l’ancien chancelier D’ailleurs, les excellentes relations personnelles que Schröder et Poutine ont continué à entretenir jusqu’à présent, bien trop cordiales et vénales aux yeux de la majorité des commentateurs politiques allemands, ne sont pas de nature à faire oublier cette citation de l’ancien chancelier. D’ailleurs, à l’issue de l’élection présidentielle russe de mars 2012 qui vit le retour de Poutine à la tête de l’État dans des circonstances controversées, Schröder était le premier à manifester son soutien à son ami Vladimir Vladimirovitch, et n’a eu de cesse de répéter à qui voulait l’entendre, contre les vents du scepticisme et les marées de ricaneries que oui, Poutine était bel et bien un vrai démocrate. Sacré Gégé, on ne l’en fera pas démordre.

lundi 15 avril 2013

Avril : «Weex ak Ñuul» (*)

15 avril, midi pile à Pontault-Combault, c’est déjà l'heure de la Photo du Mois. Le thème d'avril a été choisi par E. du blog Histoires Deux..., éminent membre de la communauté et fidèle lectrice des Chroniques Berliniquaises. Par conséquent, je ne pouvais pas me permettre de snober son sujet !

Et E. nous a bien gâtés, avec son thème : «Du blanc et du noir, mais pas de noir et blanc». Le sujet m'a donné plus de fil à retordre que je l'avais imaginé.

vendredi 12 avril 2013

Dakar : du sable et des couleurs (et d’autres trucs aussi)

Amis Lecteurs, chères Vahinés, on vous ment, on vous trompe, on vous roule dans la farine. En ces temps où les révélations fracassantes et les désillusions profondes se succèdent, même votre blogueur préféré doit vous avouer qu'il vous a lui aussi caché la vérité. Le salaud, l'ordure.

L'heure est donc venue de faire tomber les masques : depuis octobre dernier, je tiens, en cachette de vous, furtivement, dupliciteusement, cahuzaquement, un deuxième blog. À la fin de l'été dernier, l'idée m'est venue de participer à la deuxième édition du concours Mondoblog, une plateforme de blogs francophones du monde entier, en forme de compétition, organisée et encadrée par Radio France Internationale, imitant ainsi Manon de Génération Berlin. Après quelques hésitations, j'ai donc ouvert et commencé à écrire un deuxième blog, que j'ai nommé, foudroyé par un rare éclair d'inspiration, « Ich bin ein Berlinoir » (ha, ha, ha). D'ailleurs, c'est un peu exagéré de dire que « j'écris » un deuxième blog, puisque jusqu'ici j'ai un peu triché (furtivement, dupliciteusement, etc., etc.) et me suis contenté de recycler paresseusement des billets déjà publiés dans les Chroniques Berliniquaises. Cela explique d'ailleurs pourquoi je n'ai même pas jugé nécessaire de vous parler de mon blog clandestin, que visitent jusqu'ici principalement les autres blogueurs du réseau Mondoblog.

samedi 16 mars 2013

Cassez ce Mur que je ne saurais voir

13 juillet 2008 : lors d’un Bürgerentscheid (une sorte de référendum local) organisé après des années de polémique, les habitants du district berlinois de Friedrichshain-Kreuzberg rejetaient à 87% le projet «Mediaspree», un programme ambitieux, voire limite mégalomaniaque, de privatisation à tout crin des rives de la Spree et de bétonnage débridé des nombreuses friches urbaines qui avaient vu fleurir, après la chute du Mur de Berlin, toute une scène culturelle et festive «alternative» au fil de l’eau. L’enfilade de boîtes de nuit, de Strandbars («bars-plages»), de parcs, de promenades et de terrains vagues en bordure de rivière, le long du tracé du Mur, était devenue un élément important du cadre de vie des riverains et des Berlinois dans leur ensemble, et attirait chaque année un nombre croissant de touristes européens. Ainsi, par le vote de l’été 2008, la population locale avait clairement signifié son opposition catégorique à la poursuite de la construction de bureaux, d’hôtels, de centres commerciaux et d’appartements haut de gamme sur les quais de la Spree à Friedrichshain et à Kreuzberg.

1er mars 2013 : près de cinq ans après le vote populaire, les autorités de la capitale allemande, qui depuis la réunification n’ont de cesse de transformer Berlin, au grand dam de ses habitants, en une sorte de Dubaï clinquant et sans âme, n’ont tenu aucun compte de l’avis de la population exprimé sans ambiguïté en 2008. Après tout, les terrains avaient déjà été vendus dès les années 90, se défend la municipalité. Ainsi, malgré quelques empêcheurs de tourner en rond, le projet Mediaspree a pu continuer à se concrétiser sans encombre majeure, davantage contrarié par les lointains remous de la crise financière que par l’opposition massive de la population. Les Berlinois, impuissants, ont vu disparaître quelques uns des espaces de liberté et de création les plus emblématiques du secteur : le Bar 25, la plage du Kiki Blofeld ou le club Maria am Ostbahnhof pour ne citer qu’eux, tandis que le Yaam, sauvé de justesse, demeure sur le fil du rasoir. Mais en ce 1er mars, le coup de pioche de trop a été donné : les promoteurs immobiliers ont entrepris, avec la bénédiction des instances dirigeantes, de démolir une portion de l’East Side Gallery afin de débuter les travaux de construction d’un pont piétonnier mais surtout, et c’est là le principal point d’achoppement, d’un immeuble résidentiel de grand standing, une tour de 15 étages où des appartements somptueux seront proposés à la vente pour des prix atteignant jusqu’à 7800 euros le mètre carré ! Ce n’est jamais que trois fois le prix du marché actuel, dans un arrondissement où le revenu net médian des ménages s’élève à 1400 euros par mois.

Bientôt à la place du Mur : le Burj al-Berlin, nouveau soleil dans la capitale.
(Capture d'écran du site de Living Levels)

vendredi 15 mars 2013

Mars : «Le savoir est une arme»

15 mars, midi pile à Neauphle-le-Château, c’est le grand retour de La Photo du Mois ! Je me suis laissé recruter par Dr. CaSo pour participer en ce mois d’hiver tardif, puisque c’est à elle que revenait le privilège de choisir le thème de mars. Et que ne refuse-t-on pas à la grande, l’illustre Dr. CaSo, n’est-ce pas ? En bon professeur universitaire, incorrigible intello, elle n’a pas pu s’empêcher de poser une colle à la communauté de blogueurs : «Savoir». J’ai bien vite regretté de m’être laissé embarquer dans cette galère, ayant toutes les peines du monde à trouver l’inspiration pour ce qui me paraît bien plus être un sujet à traiter par une volumineuse dissertation que par une simple photo.

lundi 11 février 2013

Famille traditionnelle antillaise ou «mariage pour tous»?

Depuis quelques jours, le débat sur le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, un débat que les Antillais suivaient jusqu’ici de loin, avec peut-être un brin d’incrédulité et de dégoût, a pris en Martinique une dimension toute particulière. En effet, le 30 janvier, le député divers-gauche de la deuxième circonscription de la Martinique et maire de la commune de Sainte-Marie (19.000 habitants) a pris la parole à l’Assemblée Nationale et a proclamé haut et fort son rejet ferme de ce projet de mariage homosexuel et son intention de voter contre, bien qu’il ait jusqu’ici, souligne-t-il, «soutenu tous les projets et engagements de la Gauche». Le discours, visionné des centaines de milliers de fois sur Internet, et amplement relayé sur la plupart des médias opposés au «mariage pour tous», a fait date dans ce débat, résonnant bien au-delà des rivages ensoleillés baignés d’eau turquoise où tout ce qui a trait aux Antilles reste habituellement confiné, dans l’indifférence générale des médias et de nos compatriotes hexagonaux. Du moins est-ce le sentiment qui prévaut en Martinique et en Guadeloupe.

Le député Bruno Nestor Azérot le 30 janvier à l'Assemblée
Mais cette fois, c’est différent. Un tribun antillais a pris la parole et, ô surprise, toute la France a écouté. Dans une harangue combative, le député-maire Bruno Nestor Azérot a martelé que la quasi-totalité de la population d’Outre-Mer est «opposée à ce projet», et que «les valeurs sur lesquelles reposent les sociétés ultramarines», nos «valeurs fondamentales», étaient menacées par l’ouverture du mariage aux couples homosexuels. «Ce texte ne donne pas une liberté supplémentaire, il fragilise le délicat édifice sur lequel se sont construites nos sociétés antillaises et guyanaise après l’abolition de l’esclavage», a-t-il ajouté, avant d’interpeller l’Hémicycle sur une question plus grave, plus existentielle, presque apocalyptique : «la famille, pivot de notre société [...], va-t-elle exploser au sens littéral du terme ?»

mercredi 6 février 2013

Banalité de l’absurde à Hébron

Imaginez qu’un beau jour, un investisseur fortuné se présente tout sourire au seuil de votre maison et, se dispensant des politesses d’usage, vous propose, sans passer par quatre chemins, de racheter votre logis. Son prix ? Allez, soyons généreux d’emblée, afin d’expédier l’affaire : un million de dollars pour le terrain et le bâti, cela vous conviendrait-il, cher Monsieur ? À la louche, ça fait une bonne dizaine de fois la valeur totale de votre propriété sur le marché. Affaire entendue ?

Vous déclinez l’offre, poliment mais fermement, et éconduisez l’importun.

Un Palestinien prend congé de ses visiteurs devant la porte de sa maison sur la rue Shuhada, à Hébron

Désarçonné par ce refus inattendu, l’investisseur vous quitte l’air marri, mais qu’à cela ne tienne, il ne tarde pas à revenir à la charge, quelques temps après, avec des arguments bien plus convaincants : saisissez cette chance de faire une très bonne affaire, cher ami. Est-ce que dix millions sauront vous faire changer d’avis, peut-être ?

Nan.

Allons, allons, vous êtes un dur à cuire, c’est ça ? Soit. Mais le richissime investisseur est déterminé. C’est un homme d’affaires aguerri après tout : il est venu à bout d’adversaires bien plus coriaces qu’un plouc comme vous avec votre bicoque insignifiante dans un trou paumé. Vingt millions ? Ce n’est jamais que deux-cent fois le prix normal de votre baraque, souligne-t-il avec le ton professionnellement enjoué et passablement condescendant d’un vendeur d’aspirateurs. À prendre ou à laisser, mon brave. Ne soyez donc pas têtu comme une bourrique.

Hors de question.
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