mercredi 29 février 2012

Ron Galella, «Boulet Extraordinaire» à la galerie C/O

À la fête de mon vingt-quatrième anniversaire, il y a quelques semaines, certains de mes amis ont cotisé pour m’offrir un pass d’un an pour la galerie C/O, ce grand espace dédié à l’art photographique au cœur du Mitte gentrifié à mort et d’ailleurs en sursis d’éviction depuis deux ans. «Super cadeau ! Merci les amis», m’exclamai-je, aux anges, bondissant de joie et de vodka. Mais il m’a suffit d’une seule utilisation pour comprendre, horrifié, que ce fabuleux cadeau était en réalité un baiser de Judas.

La galerie C/O sur Oranienburgerstraße à la fin février 2012 : le lieu où je risque de passer une bonne partie de mon temps libre pendant les 366 jours et 366 nuits à venir.

Car enfin, je ne sais pas si vous imaginez l’horreur en fait : pendant les 366 jours à venir, je vais être capable de me rendre aussi souvent que je veux à la galerie C/O, pour y passer des heures d’affilée, ou tout bêtement juste pour revenir admirer une photo que je n’avais pas bien vue lors de ma dernière visite (l’avant-veille), et tout ça pour pas un rond ! (Jusqu’à une époque récente, je devais m’acquitter de la somme de 10€ pour pénétrer dans ce sanctuaire.) L’énorme fan de la célèbre galerie que je suis, qui vous a déjà gratifié, non pas d’un article, ni même de deux, mais en fait de trois billets dans ces pages, risque d’y passer beeaaaaauuucoup de temps dans les douze prochains mois. J’imagine sans mal ce que diront mes «amis» d’ici quelques semaines :

«Tiens, t’as vu le Berliniquais dernièrement ? Ça fait un bail qu’il n’a pas donné signe de vie.
– Je crois qu’il est au C/O.
– Ah bon ? Encore ? Il y était déjà le weekend dernier quand nous étions tous à la plage !
– Oh bah tu sais, il y passe sa vie maintenant...
– Franchement, c’était trop une bonne idée qu’on lui offre ce cadeau ! Il nous fout une paix royale depuis trois mois. Je n’aurais jamais osé imaginer que le plan fonctionnerait aussi bien.
– Yep. Quel plan machiavélique ! C’était une idée de génie ce pass annuel. Prost! 
– Prost!»

Bref, les masques tombent. Quoi qu’il en soit, je profite à fond de mon abonnement : le weekend dernier, j’ai passé pas moins de quatre heures à la galerie (en deux fois), pour admirer la double expo qui s’y tenait jusqu’à dimanche dernier. Et vous aussi, vous allez bien morfler en profiter, car qui dit double expo dit bien sûr double billet de blog en perspective !

La première exposition, qui avait pour prétexte la Berlinale, était consacrée à l’«œuvre» de l’un des pionniers de la photographie de paparazzis, le photojournaliste américain Ron Galella, né dans le Bronx de parents immigrés italiens en 1931. N’étant pas particulièrement friand du culte des pipoles à la sauce Gala ou «Fan de...», le sujet ne m’intéressait pas énormément a priori. Seulement voilà, c’était gratuit, gratos, zéro euro, juste le prix d’un sourire, just free, δωρεάν, gratuito, kostenlos, معجبين, гратуит, フリー, ücretsiz, miễn phí, ללא תשלום, rhad ac am ddim, digoust chouchenn, 免費... alors j’y suis allé, pardi ! Capisce ? Eh ouais, j’suis comme ça moi : c’est gratuit, alors je me pose pas de questions et j’y vais. Par exemple, si vous voulez me rendre accro à l’héroïne, z’avez qu’à m’en refiler gratos et je vous présente séance tenante ma plus belle veine.

Mais reprenons. L’exposition, à laquelle je me suis rendu sans grande conviction, m’a fait tout de même fait découvrir un profil hors du commun et, en montrant ces clichés qui ont alimenté la presse à scandales pendant des décennies, invite les visiteurs à la réflexion sur l’un des nombreux travers du culte des célébrités et de notre société obsédée par l’image.

Galella pourchasse (littéralement) Jackie Kennedy Onassis sur Madison Avenue à New York, en octobre 1971. Auteur inconnu. Ne vous méprenez pas sur l'apparente nonchalance affichée par la veuve du président...

L’expo s’intitulait “Ron Galella – Paparazzo Extraordinaire”, le glorieux sobriquet attribué par le magazine Newsweek à l’envahissant photographe, et proposait jusqu’à dimanche dernier (oui, maintenant c’est trop tard) 130 photos de célébrités, prises des années 1960 aux années 80, le tout en noir et blanc. Des photos de stars quoi : acteurs et actrices, chanteurs et musiciens, artistes, de Liz Taylor au sommet de sa gloire à un Salvador Dalí vieillissant, des têtes couronnées, des mannequins et autres personnalités, parfois photographiés clairement avec leur accord, souvent manifestant sans équivoque leur agacement face à l’importun. Quel est donc l’intérêt de tout ceci, demanderez-vous ?

John Lennon et May Pang à la première d'une pièce de théâtre au Beacon Theater, en novembre 1974
Euh, eh bien, j’aurais bien du mal à répondre à cette question. Il est clair que la plupart des photos ressemblaient à des clichés de paparazzis, et n’auraient qu’un intérêt visuel ou artistique limité, si on n’y reconnaissait pas quelque célébrité dans une situation tout à fait banale... mais c’était très intéressant de se plonger pour une heure ou deux dans un univers qui m’est complètement étranger. Et puis, au risque de me répéter, il y avait cet élément de réflexion sous-jacent : qui se sert de qui, entre le paparazzi et la star à qui l’on vole des moment de sa vie privée ? 
« Si quelqu’un dit “Pas de photos !”, alors j’essaie de ne plus en prendre. Mais avant qu’il ne le dise, j’en prendrai autant que possible. Ce sont les règles du jeu ».
C’est en ces termes que s’exprime Ron Galella, vieux routier de la profession. Pourtant, à en juger par le calvaire qu’il a fait subir à la veuve du président Kennedy et à ses enfants dans les années 70, il semblerait qu’il ait interprété ces «règles du jeu » avec beaucoup de liberté. À moins que toute l’importance de son propos soit dans le «j’essaie de ne plus en prendre».

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«Oh, encore vous ? Je vous croyais en prison», dit-elle froidement en apercevant le visage bien trop familier de l’intrus. L’exposition consacrait une salle tout entière aux déboires de Jackie Bouvier-Kennedy-Onassis avec le paparazzi qui avait développé pour elle une obsession presque maladive, et pouvait passer des heures à la guetter dans les rues de New York, à Central Park, au restaurant, au spectacle, devant la salle de cinéma où elle venait d’entrer... Il s’est caché derrière des porte-manteaux, s’est affublé de postiches, s’est déguisé en père Noël, juste pour pouvoir mitrailler Jackie et ses enfants avec son téléobjectif. En 1972, à l’issue d’un procès intenté par la veuve du président, une injonction d’éloignement lui interdit de s’approcher à moins de 50 yards de Jackie Onassis, et à moins de 75 yards de ses enfants. Ce qui n’a pas empêché les tabloïds de s’étendre sur cette «most co-dependent celeb-paparazzi ever».

Le sourire quelque peu figé de Jackie Kennedy face à l'homme qu'elle croyait en prison,
avril 1976 au Palace Theater

Lorsque, un soir de 1977, Ron Galella prit en photo Mick Jagger à l’arrière d’une limousine avec le mannequin Jerry Hall, le cri en direction de l’objectif montrait son indignation face à la meute de photographes qui s’apprêtaient à révéler au public un moment de l’intimité du chanteur, qui ne s’était pas encore officiellement séparé de sa femme Bianca mais prenait du bon temps avec une autre. La presse à scandale donna un petit coup de pouce au couple en déliquescence et précipita la rupture. Pourtant, nous disent les organisateurs de l’exposition, la star semble prendre la pose devant l’objectif : son geste de colère semble adressé au public qui verra la photo. En fait, cette confrontation entre le paparazzi et la star devient une sorte de rituel, un acte théâtralisé où chacun connaît son rôle et sait comment il doit se comporter face à l’autre.

Mick Jagger et sa petite amie, le mannequin Jerry Hall, devant la galerie Mizuno en janvier 1983, ne sont pas très contents, enfin, surtout Mick. Et encore...

Les organisateurs de l’exposition poursuivent le raisonnement, et expliquent que cet accord tacite entre la star et le paparazzi est connu sous le nom de “give and take. Les deux adoptent une attitude ambiguë, évoluant entre le spontané et le délibéré, entre l’invitation et l’hostilité. Ils sont à la fois partenaires et adversaires dans le même jeu. Les stars oscillent constamment entre leur volonté de cacher leur vie privée et une propension à en dévoiler des pans entiers, et cette ambivalence est au centre de l’œuvre de Galella. Voilà voilà, on se couchera moins bête ce soir.

Assurément, Salvador Dalí, par exemple, n’a pas l’air particulièrement irrité à la vue du photographe.

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Au fil de l’exposition, le visiteur apprend également que l’opiniâtre paparazzi a parfois payé le prix de son obstination : Marlon Brando, passablement agacé par l’irruption de l’indésirable, lui a démoli la mâchoire. Galella y laissa cinq dents... Qui disait qu’il  n’y avait pas de sot métier déjà ? Toutefois, Ron Galella obtint d’importants dommages et intérêts au tribunal. Nous voilà rassurés.

Bruce Springsteen à la sortie d'un concert de Sting à Madison Square Garden en août 1988.
"What are you doing here, Ron?" a-t-il demandé au paparazzi.

L’expo s’achève en rappelant au visiteur qu’à l’heure du numérique et d’internet, vraiment tout le monde peut devenir un paparazzi et vendre ses clichés (tiens, voilà qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, moi qui songeais justement à une reconversion professionnelle...). Par conséquent, ce genre à part du photojournalisme n’est plus franchement lucratif (zut alors, mon rêve d’avenir est brisé dans l’œuf) et n’est plus en mesure de produire des talents et de voir émerger des photographes aussi célèbres que Ron Galella : ses photo sont donc élevés au rang de documents «uniques et historiques». Amen !

La métamorphose de Michael Jackson au fil des ans :

1. Michael (18 ans) et Janet Jackson (10 ans) en janvier 1977 à la remise de l’American Music Award à Santa Monica.

2. Michael Jackson un an plus tard à l’Université de Californie.

3. Huit ans plus tard, en novembre 1986, au Botanical Garden du Bronx.


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Une chose est sûre, c’est que je suis admiratif de la ténacité de Ron Galella, et de cet entêtement dont il a fait preuve pendant ces trois décennies de traque solitaire, appareil photo en main, malgré l’indifférence avec laquelle il était accueilli, quand ce n’était pas de l’hostilité, voire des coups. Quelque part, pour faire ce boulot pendant si longtemps, avec une telle passion et une telle application, il faut être un peu fêlé. Mais, dans le fond, ceux qui émergent du lot ne le sont-ils pas tous quelque part ?

Laissons le mot de la fin à Sophia Loren, accompagnée de son mari, Carlo Ponti, et de son décolleté légendaire, au dîner de gala qui suivit la première de Dr. Jivago de David Lean, en décembre 1965 : «Ses yeux ! s’extasiait-elle à propos du regard de braise d’Omar Sharif, la vedette du film, ce qui explique sa curieuse expression sur la photo. Avant, je croyais que les Italiens avaient les plus beaux yeux du monde, mais maintenant je sais que les Égyptiens en ont d’encore plus beaux !»


En tout cas, en matière de décolleté plongeant, à l’époque d’avant Photoshop de surcroît, on n’a toujours pas fait mieux, pas même Omar Sharif...

dimanche 26 février 2012

Boire et/ou conduire en Teutonie

Chers amis, c’est dimanche soir et le moral est au plus bas. Dans quelques heures, il faudra bien s’attaquer à une nouvelle semaine de boulot. Pour ne rien arranger, je vous ai fichu le cafard ce weekend avec mon billet de ce vendredi : tels que je vous connais, vous avez passé votre samedi et votre dimanche prostrés en position fœtale dans un coin de votre chambre, un couteau de cuisine à la main, sursautant à chaque bruit dans le voisinage, et n’avez pas mis le nez dehors de peur qu’un néo-nazi ne se jette sur vous et ne vous crématorise au lance-flammes en s’esclaffant : “Happy Holocaust! Ha! Ha! Ha!” dans la minute, si jamais vous osiez franchir le seuil de votre maison.

Bref, il est peut-être temps de parler de choses un brin plus réjouissantes, histoire de commencer la semaine du bon pied après ces graves discussions. L’alcool au volant tiens. Ça c’est un sujet fendard. Surtout à Friedrichshain, mon quartier de Berlin. Voyez plutôt :

vendredi 24 février 2012

Arbeit. Familie. Heimat.

À tort ou à raison, les Français sont connus pour être de beaux parleurs, à tous les sens du terme : ils affectionnent les belles idées et les concepts généraux, ils raffolent de grands débats, surtout s’ils donnent lieu à de belles joutes verbales à la rhétorique affûtée, agrémentées de quelques bons mots assenés à l’adversaire comme des banderilles. Ils glosent volontiers, à l’infini, sur l’idée en vogue du moment, si abstraite soit-elle, uniquement parce que la réflexion est passionnante, et le débat bien plus captivant que les questions bassement terre-à-terre dont la sphère politique devrait avant tout se préoccuper. Vient ensuite un moment où le public finit par se lasser de la discussion, et se passionne pour un nouveau débat, tout aussi philosophique que le précédent. 

À tort ou à raison, les Allemands, eux, sont perçus comme un peuple qui goûte moins les grands mots et préfère l’action. Les grands idéaux, les dissertations enflammées et les débats stériles, ça va cinq minutes, pour cette nation industrieuse, plus portée sur le résultat que sur la longue palabre. Au bout d’un moment, il faut bien siffler la fin de la récré, s’efforcer à prendre une décision, la plus pragmatique possible bien entendu, puis mettre les mains dans le cambouis afin de résoudre le problème identifié. On reconnaît bien là la redoutable efficacité teutonne.

lundi 20 février 2012

«Le millier ! Le millier ! Le millier !»

Chers toutes et tous, après quelques heures d’hésitation sur cette question brûlante, j’ai décidé de me jeter à l’eau et de vous annoncer, en me rengorgeant de fierté, que nous avons franchi ensemble la barre des 1000 commentaires postés sur les Chroniques Berliniquaises ! Wouééééé ! Mille millions de mille sabords !

Depuis la rédaction du 1000ème commentaire, un président européen a déjà démissionné...


vendredi 17 février 2012

Breaking news: Wulff jette l’éponge

Voilà, c’est fait. Après deux mois d’incroyable psychodrame, Christian Wulff, l’actuel président de la République Fédérale d’Allemagne, en poste depuis la démission du Bundespräsident Horst Köhler en mai 2010, démissionne à son tour.

"Le faux Président" - une des nombreuses couvertures très critiques
consacrées au Bundespräsident Wulff ces dernières semaines.
Deux démissions du chef de l’État allemand en moins de deux ans : la république de Weimar est-elle de retour ? On espère que non, même si forcément vu de loin cela fait désordre... Ces deux abdications ont néanmoins très peu de choses en commun : le président Köhler, figure populaire très respectée, avait pris de court la nation et la classe politique en renonçant à ses fonctions sur fond de désaccord à propos de l’intervention de l’armée allemande en Afghanistan. En revanche, pour l’ex-président Wulff, cela sentait le roussi depuis Noël.

mercredi 15 février 2012

Février : Rêve d’horizons lointains

Hé, mais c’est déjà le 15 février ! Comme tous les mois, le même jour, à midi heure de Paris, c’est le moment de découvrir la Photo du Mois. Le thème proposé pour ce mois-ci n’a pas été très facile. Il fallait soumettre une photo avec pour sujet «Mon rêve serait...»

La belle affaire ! Et bien mon rêve à moi serait de passer beaucoup moins de temps devant des tableaux Excel qui ne servent à rien. Je partirais à la découverte de contrées lointaines ; je pourrais, comme Ulysse, faire de beaux voyages, ou comme cestuy-là qui conquit la toison, et puis m’en retourner, plein d’usage et raison, vivre entre mes parents le reste de mon âge.

La photo ci-dessous a été prise dans l’Atlas marocain, non loin d’un tout petit village berbère dont j’ai oublié le nom, à une journée de marche de la légendaire station de ski d’Oukaïmeden. 

mardi 14 février 2012

Beauté de Brrrrlin : Plaisir inéglaglable

Vous avez un peu froid ? Sans doute un peu moins maintenant, certes, mais quand même, juste pour me faire plaisir on va faire semblant de croire que c’est encore la Sibérie dehors, histoire d’être gentils avec moi chers Lecteurs et Lectrices, allez quoi... en plus c’est la St-Valentin aujourd’hui, raison de plus d’être sympas... Bref, voici sans plus attendre une vingtaine de bonnes raisons de surkiffer l’hiver à Berlin. Si après ça vous n’êtes pas convertis aux vertus de l’âge de glace, je ne peux rien pour vous... 



Lever de soleil sur la Spree entre Friedrichshain et Kreuzberg


 0°C –– Parce que ces nuits qui n’en finissent plus, ces journées ridiculement courtes où il fait un temps à ne pas mettre un Martiniquais dehors, c’est l’excuse parfaite pour faire ma loque tout le weekend durant. Pourquoi diable franchirais-je le seuil de mon appartement douillet ? Pour avoir le loisir d’admirer la riche palette de gris dans le ciel ? Pour écouter le concert de toux et d’éternuements et attraper la Schweinegrippe à mon tour ? Pour déraper sur les trottoirs ? Pour bousiller mes semelles sur ces ridicules gravillons anti-glisse ? L’hiver, c’est le moment où je me fais volontiers casanier et profite à fond de mon petit chez-moi.

dimanche 12 février 2012

Patin

«Hey Janne, ce serait trop chanmé quon aille faire du patin à glace ! Cest super, il y a tout plein de lacs gelés ! On pourrait aller à la Rummelsburger Bucht, derrière Ostkreuz. C’est parfait pour faire une grande balade sur une immense surface gelée en toute sécurité !
– Oui mais il faut des patins pour ça. Je suppose qu’ils n’en louent pas là-bas ? Ce n’est pas comme à la patinoire.
– Oui il faut ses propres patins. Tu n’en as pas ?
– Si, mais chez mes parents, à Utrecht.
– Oh non !
 Et si.
 Bah j’sais pas, moi. Rachètes-en !
 No way

«Hey Pierre, tu as des patins, histoire qu’on aille ensemble au lac ce weekend ? C’est mille fois mieux qu’à la patinoire !
– Je voudrais bien, mais ils sont chez mes parents, à Lausanne.
– Oh non, t’es lourd !»

jeudi 9 février 2012

Humour de plombier berlinois

Il y a quelques semaines, juste que le froid polaire, pardon, le «temps très agréable» ne congèle Berlin, j’ai eu un petit ennui de chaudière chez moi. Certes, il n’y avait pas de quoi paniquer, mais me retrouver sans chauffage ni eau chaude à la mi-janvier à Berlin, juste avant une dégringolade des températures qui s’annonçait déjà avec certitude, n’était pas une perspective réjouissante.

Ce matin-là, exceptionnellement, j’ai fait l’impasse totale sur la douche. J’ai pourtant fait un petit essai... et puis non. Se doucher avec une eau glaciale dans une salle de bains même pas chauffée, c’était au-dessus de mes forces. La journée commençait sous les meilleurs auspices qui soient.

mardi 7 février 2012

Les gentlemen arnaqueurs (teutons) du web

Vous connaissez sûrement lescroquerie «à la nigériane» : sans doute avez-vous le plaisir de recevoir régulièrement de mystérieux courriels provenant  de cette riche veuve ivoirienne à l’article de la mort, ou de tel homme d’affaires anglo-togolais, qui, pour une raison qui vous échappe, vous annoncent à brûle-pourpoint qu’ils sont à la recherche d’un légataire universel et, parmi les milliards d’humains vivant sur Terre, souhaitent vous transmettre leur colossale fortune, sans doute parce que vous êtes foncièrement gentil. Ils vous supplient instamment de bien vouloir accepter quelques millions de dollars, mais étrangement, ils ont besoin que vous leur avanciez des fonds substantiels avant de pouvoir nager dans les pièces d’or comme l’Onc’ Picsou. Je ne connais pas la suite de l’histoire car je n’ai jamais répondu à ces e-mails, même si c’est malpoli, car je flaire un attrape-couillon. Peut-être suis-je bêtement paranoïaque et ai-je vraiment laissé filer de fabuleuses richesses ? Je préfère ne pas savoir.

Une fleur vénéneuse pisse se cache dans ce champ de coquelicots...
Saurez-vous la démasquer ?
Vous connaissiez peut-être aussi les dangers des arnaques «à la russe»: Ekaterina, infirmière au regard de braise et à la chevelure de feu, vit chez ses parents sur les rives de la Volga (ou mieux, du fleuve Amour) et est passionnée de violon et de longues balades à cheval, et en lingerie fine, sur la steppe infinie. Elle tombe éperdument «amoureuse» d’un Occidental chauve et bedonnant au bout de trois e-mails enfiévrés, et convainc son Roméo de lui envoyer des sommes d’argent de plus en plus importantes pour toutes sortes de raisons : achats de billets d’avion, obtention du moultipass visa pour des voyages toujours annulés au dernier moment, réparation de la Lada de la famille, coût élevé des communications téléphoniques, hospitalisation d’une vieille mère sénile à la clinique gériatrique de Komsomolsk-sur-l’Amour, etc., jusqu’au moment où les finances du Dom Juan de Bondoufle ne suffisent plus à satisfaire les demandes de sa belle, qui s’en va alors plumer un autre pigeon tourtereau. Bref, vous saviez tout cela.

Soit.

Mais connaissiez-vous l’arnaque à l’allemande ? Oui ? Non ? Alors je m’en vais vous raconter comment cela se passe. C’est une sacrée fumisterie. Évidemment, si vous connaissez le principe, vous avez le droit de lire quand même, hein.

jeudi 2 février 2012

Jeudi, un ami qui vous veut du bien

Il y a quelques trucs que j’aime bien avec l’hiver berlinois. D’abord, tout le monde adooooore s’en plaindre. C’est tout simplement obligatoire : il fait froid, il fait moche, il fait moche et froid. Donc on se plaint. Quand il ne fait pas si froid que ça, eh bien c’est précisément cela le problème : il ne fait pas froid, donc ce n’est pas normal, donc tout le monde se plaint de plus belle de ne pas avoir un «vrai» hiver (et moi aussi, pour le coup). Et puis il fait nuit tôt, c’est glauque. Donc on se plaint. Puis, soudain, il fait re-froid, et la chute des températures déclenche mathématiquement un accroissement de l’intensité des lamentations  : aïe, aïe, aïe, qu’est-ce que ça caille, ouille, ouille, ouille, on se pèle les c... euh..., les cubitus, on se pèle les cubitus «sich die Ellenbogenbeine abschälen»c’est une vieille expression brandebourgeoise, vous ne saviez pas ? Pour ceux qui me croient pas et qui rigolent, c’est pas plus crétin que «il gèle à pierre fendre» comme dicton, d’abord. Bon. Hum, hum. Pardon, j’ai perdu le fil. Où en étais-je déjà ?
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