mercredi 30 mars 2011

Les mensonges de l'industrie du nucléaire enfin mis à nu


Dresde aussi est anti-nucléaire
Et si nous parlions nucléaire ? Aïe. En voilà un sujet épineux, explosif même, de ce côté-ci du Rhin. Pour faire simple, dans un débat qui ne devrait pas l'être, le nucléaire, les Allemands n'aiment pas et n'en veulent pas, un point c'est tout. Tant pis si cela implique de recourir massivement aux énergies fossiles. Tant pis si l'arrêt soudain des centrales fait courir au pays le risque de coupures d'électricité massives. Tant pis si l'Allemagne est cernée de puissances nucléarisées jusqu'à la moelle, et qu'en cas de nouvelle catastrophe dans un pays proche, les chances que le nuage radioactif s'arrête aux frontières et épargne miraculeusement l'Allemagne, comme cela a été le cas en France avec Tchernobyl bien entendu, sont quasi-nulles. Toute une nation a une réaction épidermique qui se résume en trois mots omniprésents : Atomkraft? Nein Danke!

La question est extrêmement sérieuse, et des carrières politiques sont en train de se construire, ou de se briser, sous nos yeux ébahis. La CDU d'Angela Merkel enchaîne les revers électoraux dans tous les scrutins régionaux car, malgré sa spectaculaire volte-face anti-nucléaire consécutive à la catastrophe de Fukushima, les électeurs ne lui accordent plus la moindre crédibilité en la matière, et je dirais qu'ils ont raison. Elle s'est complètement grillée, Angela. Alors, plus que jamais, la théorie du chaos se vérifie : un tsunami dans le nord du Japon met brutalement fin à 58 ans de règne de la CDU en Bade-Wurtemberg, dans le sud de l'Allemagne. Même Les Simpsons en font les frais : la chaîne allemande Pro7 a décidé de censurer les épisodes où l'usine de Mr. Burns connaît quelques pépins. Oui, l'heure est grave.

Alors, comment y voir clair dans l'hystérie ambiante ? Qui croire ? Doit-on se coller un autocollant "Atomkraft? Nein Danke!" sur le front ou sur son profil Facebook parce que c'est in ? Doit-on se rabibocher avec tous les tyrans pétroliers pour s'assurer un répit de quelques décennies de tout-pétrole ? Ou doit-on plutôt écouter les arguments biaisés du lobby pro-nucléaire, qui nous promet une énergie "propre", des centrales quasi-indestructibles, des déchets faciles à balayer sous le tapis et des nuages radioactifs respectueux des frontières ?

Hélas, ce n'est pas aux Chroniques Berliniquaises qu'on obtiendra la réponse à toutes ces questions angoissantes. En revanche, je veux bien pointer du doigt un gros mensonge, encore un, du lobby du nucléaire :

Avec Vattenfall, je carbure au charbon, au nucléaire et je me shoote
aux semis-marathons
Dimanche prochain, Berlin se met à l'heure de son semi-marathon. Le géant énergétique Vattenfall, synonyme en Allemagne d'énergies "sales" (charbon, gaz ET nucléaire, belle performance), en est le principal sponsor, car l'argent n'a pas d'odeur après tout. Et que nous promet Vattenfall ici ? "21,0975 km d'exaltation", d'euphorie, de délice... C'est écrit, là. Alors, cher monsieur Vattenfall, je ne sais pas si tu as participé à beaucoup de semis-marathons dans ta vie, mais j'ai fait un sondage rapide autour de moi, et 100% des trois personnes interrogées sont catégoriques : la course à pied en ville est un passe-temps mortellement ennuyeux, et un semi-marathon, c'est 21 kilomètres de souffrance sur le bitume, deux heures de pur masochisme partagé avec 20.000 inconnus, pour quelques minutes de bonheur lorsque le cauchemar est fini. Je parle en connaissance de cause : je suis un multi-récidiviste, et mes amis aussi. Étrangement, aucun de nous n'est particulièrement "exalté" par la course, et n'arbore de larges sourires à la "Nach Paris, août 1914". Ce baratin est aussi éloigné de la vérité que de dire que le plutonium détecté autour de Fukushima ne pose pas de risque pour la santé. C'est beaucoup moins grave, certes, mais c'est faux. Et lorsque le mensonge est de mise même sur un sujet aussi trivial, on est en droit de se méfier de l'argumentaire de ces entreprises sur des questions plus délicates, dès lors que la santé de millions de personnes est en jeu.

Voilà, c'était ma maigre contribution au débat. J'ai juste dit "bouh, Vattenfall est un fieffé menteur", en quelque sorte. Vous êtes bien avancés. Et je vais maintenant me coucher, car ce n'est pas en me privant de sommeil que j'augmenterai mes chances pour les 21 kilomètres de Hochgefühl dimanche matin.

mardi 29 mars 2011

Flâneries printanières à Paris


Aéroport de Roissy Charles de Gaulle : la Patrie accueille à bras ouverts ses enfants prodigues. "Bienvenue en France !" L'émigré de retour, pour une visite forcément trop brève, écrase furtivement une larme d'émotion sur sa joue, laisse passer les derniers passagers débarqués de son avion en provenance de l'étranger, afin de baiser le sol parfumé de son beau Pays à l'abri de leurs regards. Le patriotisme trop démonstratif en public, il vaut mieux laisser ça pour la coupe du monde de foot (avant le premier match des Bleus en tout cas...). Même les acariens de la moquette du terminal 2F m'ont paru particulièrement affectueux et fraternels. Quoi qu'il en soit, ils ne m'ont refilé aucune maladie ou allergie, et je leur en sais gré.



Gare RER "Aéroport de Roissy-Charles de Gaulle 2 TGV". On se sent tellement vite chez soi à Paris. Un inconnu m'accoste dans le RER, insinue que je suis son "cousin" et s'enquiert de savoir si j'ai une cigarette. Dans quelle autre ville au monde, moins de quinze minutes après avoir débarqué, rencontrerais-je ainsi un proche parent manifestement perdu de vue, qui voudrait me confisquer mes cigarettes afin de m'empêcher de fumer ? En l'occurrence, ce cousin bienfaiteur en a été pour ses frais, puisque je ne fume pas.

Dans le métro : je me rappelle encore les pubs que j'entendais à la radio, à Paris, vers 1999-2000 : "Wall Street Institute, c'est 6 centres à Paris, Wall Street Institute, 0-800-300-000". Depuis cette époque lointaine où je n'avais même pas d'adresse e-mail, le nombre d'antennes de l'Institut de la Rue du Mur a augmenté de manière phénoménale, au point d'être sur le point de dépasser le nombre de McDo dans la ville, semble-t-il à vue de nez. Quant aux affiches publicitaires pour Wall Street Institute dans le métro, elles sont devenues aussi omniprésentes que les musiciens roms et font désormais partie du paysage. Pourtant, malgré une telle prolifération, mes amis étrangers continuent de soutenir qu'ils ont du mal à communiquer en anglais avec les Français qu'ils rencontrent. Comment est-ce possible si tout Paris apprend le "Wall Street English" ? Soit mes amis mentent, soit il y a encore du pain sur la planche. Au passage, je me suis toujours demandé comment ils font, au Wall Street Institute, pour se targuer de "97% de Succès, Résultats Garantis Par Contrat", avec leur manie agaçante de mettre des majuscules partout, à l'américaine. Est-ce à dire que les 3% qui échouent, une constante invariable depuis que le monde est monde est que le Wall Street Institute en fait partie, avaient prévu leur échec par contrat eux aussi ?

Le printemps est déjà là, au boulevard Arago, le 5 mars. Trois semaines plus tard, Berlin attend toujours ses premières fleurs... Mais elles ne devraient plus tarder !



Un bref instant de quiétude est toujours bon à prendre, à la rue du Prévôt. On arrive à s'imaginer que l'on est transporté dans le Paris du temps des Fermiers Généraux, si l'on parvient à faire abstraction de l'incessant vacarme motorisé de la rue de Rivoli juste dans notre dos.



Juste à la sortie du métro Saint-Paul : un gentil buraliste nous informe par avance, en pesant ses mots, qu'il ne faut pas le confondre avec l'office du tourisme. C'est sûr que tous ces touristes qui demandent leur chemin, c'est insupportable. Ah les Parigots grincheux ! Ils valent parfois leur pesant de berliner Schnauze. Cette inclinaison à envoyer naturellement balader les gens doit être un trait de caractère inné aux rejetons des capitales, développé après des siècles de sélection darwinienne dans l'univers impitoyable et inhumain des grandes villes.



Comme je disais plus haut, j'ai fait cette promenade printanière début mars. À l'époque, il était tout à fait normal de s'extasier devant la moindre fleur. Ici, la rue Charlemagne. En fait je viens tout juste d'apercevoir le même type de buisson en fleurs à côté de la gare d'Ostbahnhof. Il y a aussi trois crocus et deux narcisses qui se battent en duel au Volkspark Friedrichshain. Ça arrive, ça arrive !



Métro Les Gobelins. Je n'en peux PLUS de ces bouches de métro inutiles où l'on ne peut entrer que si on s'est préalablement "muni de billets" ! Il semblerait que, depuis que je ne vis plus à Paris et n'ai plus de Pass Navigo, je tombe en permanence sur ses entrées de station qui ne servent à rien, et où je me fais refouler plus sûrement qu'à la porte du Berghain. Quand la RATP se décidera-t-elle enfin à installer des automates à tous les accès des stations du métro ?



Un ciel bas et gris, une ligne de tram, un grand boulevard froid et venteux, des entrepôts, du béton à perte de vue, de grandes barres d'immeubles broyeuses d'âmes. Friedrichshain ? Non. Reinickendorf ? Sûrement pas. Marzahn ? Non plus : le boulevard Masséna, juste à la sortie du métro Porte d'Ivry. Quand on arrive de Berlin, on apprécie différemment la laideur urbaine.



Un parc interdit aux chiens ! Pauvres bêtes. Le peuple canin de Paris devrait se révolter afin de gagner les mêmes libertés que ses homologues berlinois...



Un instant de répit à la Cité de Trévise. Il y a encore des recoins où l'on goûte un peu de solitude comme dans les rues calmes de Berlin.



Pont Marie. Dis, Wowi, ça te dirait pas de faire construire d'aussi chouettes ponts à Berlin, par exemple au-dessus du Landwehrkanal ou autour de la Museumsinsel ? Tu pourrais inclure cette proposition dans ton programme électoral, et qui sait, peut-être aurais-tu une chance face à Renate Künast lors du scrutin en septembre. Ne viens pas pleurer quand tu ne seras pas réélu...



Expo Christian Dior au Bon Marché. Cet établissement porte l'un des noms les plus ironiques et mensongers de l'histoire de l'humanité, ex æquo avec la République Populaire Démocratique de Corée (du Nord s'entend). Mais bien que je n'aime guère les magasins, le shopping et encore moins le lèche-vitrines, je me suis laissé aller à lorgner longuement les produits de luxe que je ne suis pas près de m'offrir. À la recherche d'un cadeau pour un mariage, j'ai admiré pendant de longues minutes, avec la ferveur d'un fétichiste, des chaussures à talons de hauteurs vertigineuses et de prix stratosphériques. Si les mêmes existaient pour hommes, Sarkozy pourrait les porter et regarder Michael Jordan droit dans les yeux. J'ai lu quelque part que les chaussures à talons aiguilles sont les corsets du XXIème siècle ; la comparaison est loin d'être exagérée quand on prête l'oreille aux souffrances de certaines lorsqu'elles chaussent leurs voluptueuses échasses. Mais que ne feraient ces dames pour être belles !

Au moment où je prenais cette photo (et beaucoup d'autres au Bon Marché), au début du mois, la maison Dior était dans la tourmente, John Galliano était démasqué comme réincarnation d'Hitler, des vidéos de cette improbable interview de Françoise Dior se répandaient sur le net pour enfoncer le clou et convaincre les derniers incrédules avec l'argument ultime ("chez Dior, c'est tous des nazis, la preuve"), et le Tribunal Correctionnel de Paris était donc prestement désigné comme le lieu où se tiendra le prochain procès de Nuremberg, le 12 mai prochain. Gageons que le félon à l'œil torve sera condamné à une peine symbolique et que de tristes sires de l'UMP lui dérouleront aussitôt le tapis rouge pour défendre la "liberté d'expression" et grappiller encore quelques voix pétainistes à peu de frais (simplement en piétinant la justice, en fait) comme ils ont fait avec Zemmour. Mais mon petit doigt me dit que non : l'antisémitisme de grand-papa, c'est vraiment très grave et ça ne fait plus gagner de voix. Quel loser ce Galliano ! Il aurait pu faire une mauvaise blague sur "les noirs et les Arabes" par exemple, et tout serait vite rentré dans l'ordre. En plus il se serait fait plein de nouveaux copains et aurait été promu héraut de la liberté d'expression contre le poison de la "bien-pensance". Bouh le nul. Allez, poubelle. Pour revenir à la robe, plus précisément une "robe de tulle de soie, printemps-été 2004" (oui, j'ai pris des notes), la question qui me taraudait était : c'est joli, mais combien de fois ces robes sont-elles portées ? J'avoue, je n'y entends pas grand chose à la haute couture.

À propos de mode, GQ France, avec Jean Rochefort en couverture, nous interpelle, se demande sur les panneaux d'affichage si nous sommes "si mal sapés" et promet "la vérité sur le style français". Cher Monsieur GQ, j'ignorais que les Français étaient mal habillés et je ne sais pas ce que tu entends par là, car je n'ai pas succombé à ton titre racoleur, ni acheté ton numéro. Cependant, quand tu auras fini de t'occuper des Franchouillards mal fagotés, pourras-tu te pencher sur le chevet des Allemands et de leurs habitudes vestimentaires qui font mal aux yeux ? Il y a vraiment une urgence humanitaire.

Les Berlinois doivent attendre jusqu'à la mi-mai avant de voir arriver les premières fraises de Werder sur les étals. Partant de ce constat, je n'ai pas pu résister à l'appel des premières garriguettes de l'année, à 21,90€ le kilo à la rue St-Antoine ! Une jolie fortune, mais ces fraises précoces ont tenu leurs promesses.

J'espère ne pas vous avoir ennuyé avec ces banalités, mais lorsqu'on revient à Paris après y avoir vécu près de dix ans, chaque petite chose, chaque instant, est pratiquement une madeleine de Proust !

vendredi 25 mars 2011

10.001 petits clics

Une fois n'est pas coutume, je me fends de deux billets le même jour aux Chroniques. Ce n'est pas tous les jours que je me donne cette peine et heureusement, car j'ai une vie, ou du moins j'aspire à en avoir une... Mais aujourd'hui, je fête le 10.000ème clic sur mon blog ! Yay ! Une bonne raison de faire la fête ce weekend. Cet événement s'est produit vers 18 heures ce soir, après un peu plus de six mois d'existence des Chroniques Berliniquaises

10.001 clics !

Merci à vous mes fidèles lecteurs et lectrices, j'espère que vous aimez ce que vous lisez ici en général. Et un grand merci à celles et ceux qui lisent vraiment régulièrement et me donnent parfois des conseils. Au cours des quelques six mois et deux semaines écoulés, les 71 billets que j'ai publiés vous ont inspiré 182 commentaires, soit une petite moyenne de 2,6 commentaires par post. Pas encore de quoi pavoiser, mais ça viendra peut-être, avec le temps. Surtout que les 182 commentaires en question incluent, bien évidemment, les miens, qui en représentent presque la moitié ! Héhé.

D'autres chiffres, si vous pouvez le supporter (désolé, j'ai une formation d'économiste et j'ai toujours aimé les maths à l'école...) : vous êtes à 57% basés en France, et pour 21%, en Allemagne. Mais comme vous pouvez le voir sur la carte ci-dessous, où chaque drapeau symbolise un pays où quelqu'un s'est connecté au moins une fois à mon blog depuis décembre, j'ai déjà reçu des visiteurs de 52 pays et des cinq continents ! Évidemment, dans certains cas ce ne sont pas des lecteurs réguliers. Attention, les noms sur la carte indiquent juste les pays suffisamment grands pour afficher le nom sur la carte à cette échelle...

52 pays ! Il y a aussi la Polynésie Française, mais c'était trop compliqué de la faire apparaître à cette échelle...

Allez, juste pour le plaisir, le top 10 des pays de provenance des visiteurs de ce blog est :
1. France  (57%)
2. Allemagne (21%)
3. Belgique (7%)
4. États-Unis (3%)
5. Canada (2,5%)
6. Suisse (2%)
7. Royaume-Uni (1%)
8. Martinique (1%)
9. Pays-Bas (1%)
10. Mexique (grâce à Sarko, Florence Cassez a le wifi dans sa cellule) (1%)

Les trois billets qui ont reçu, et de loin, le plus de clics, sont ma rétrospective de l'année 2010, mon compte-rendu de réveillon à Berlin et un article un peu paresseux sur l'enterrement d'une star du flamenco. Il se trouve qu'Enrique et Estrella Morente sont célèbres, alors fatalement, le fait d'en parler attire des visiteurs, mais pas forcément de "vrais" lecteurs.

Par ici les mecs ! À 20.000 j'enlève le haut...
À vue de nez, j'ai un lectorat très majoritairement féminin. Alors, à l'avenir, dois-je plus d'articles orientés "Elle" pour consolider ma présence sur ce marché, ou plutôt tenter maladroitement de rééquilibrer tout ça en parlant foot, bagnoles et en mettant plus de photos de bimbos allemandes blondes à forte poitrine et de beautés des îles à la chute de reins avantageuse ??? J'hésite encore :-)

(Ceci était le premier smiley dans un billet de mon blog, mais ce n'est pas un post normal, donc pardonnez-moi)

Ah, bien sûr, 10.000 clics ce n'est pas la même chose que 10.000 visiteurs, évidemment. Mais c'est de bon augure quand même de franchir ce seuil. 

Bon weekend à tous chères lectrices, chers lecteurs, fidèles ou simples curieux/ses de passage, et à bientôt sur les Chroniques !

Cologne Q&A

Parlez-moi de Cologne. Je veux tout savoir !
Bigre ! Vaste programme. Par où commencer ?

Par exemple, dites-moi où se trouve Cologne, ce sera un bon début.
Entre Berlin et Paris, mais bien plus près de cette dernière, sur les rives du Rhin.

Ah, le Rhin, ce fleuve majestueux, qui incarne à lui seul deux mille ans d'âme germanique, et a été célébré merveilleusement et chanté divinement dans Die Lorelei et L'Or du Rhin !
Oui, ça c'est pour les poètes romantiques dans l'âme, à la sauce Heinrich Heine. Mais de nos jours, au rythme où les navires chimiquiers font naufrage dans son cours tumultueux et y déversent leurs cargaisons de saletés, les nymphes germaniques du bon vieux temps des Nibelungen doivent être complètement radioactives et/ou rongées par les acides divers. Ceci dit, il est toujours de bon ton, par beau temps, de braver les courants et la pollution ambiante pour une baignade estivale tonifiante dans le fleuve, sur les plages de Rodenkirchen, non loin du centre de Cologne.

Vue des restes de la vieille ville et du Rhin depuis un clocher de la Cathédrale
Ah bon, les gens se baignent dans le Rhin ? Ils sont pas un peu mabouls ???
On parle bien des Allemands : plus rien ne devrait vous étonner, mon pauvre ami. Il y a même un camping à côté, si vous voulez tout savoir. Les Flots Bleus, c'est complètement has been.

Et après le bain, ils se rincent et se parfument à l'eau de Cologne, c'est ça ?
Ach, vous n'avez guère tardé à l'amener, ce cliché usé ! Mais tout en finesse tout de même, bravo. En effet, l'élixir parfumé inventé à Cologne par un immigré italien colle à l'image de la ville depuis 250 ans, dans le reste du monde. Mais localement, il y a des liquides autrement plus importants aux yeux de la population.

Les eaux sacrées du Rhin, dans lesquelles les pieux habitants font ablutions rituelles et sacrifices sanglants comme les Indiens dans le Gange ?
Absolument ! Du moins, s'ils sont de religion hindoue. Mais le Colognais moyen est vaguement catholique, et voue surtout un culte immodéré à sa bière locale, la kölsch, produite par millions de litres dans des dizaines de brasseries différentes dans la région !

Des dizaines de brasseries ? Diantre, on doit y perdre la tête au milieu de toutes ces saveurs !
Que nenni, elles ont toutes le même goût, la même robe blonde, le même pétillant léger qu'elles perdent au bout de vingt minutes si vous ne buvez pas assez vite. Mais n'allez pas le dire à vos amis de Cologne si vous ne voulez pas les blesser dans leur amour-propre. Le Colognais qui se respecte est fier de sa bière. Pour les grandes marques, buvez une Früh ou une Gaffel, et vous aurez fait le tour de la question. Par ailleurs, faites-en bonne provision car vous aurez du mal à en trouver au-delà des terres rhénanes. C'est que ca s'exporte mal ce truc.

Une louve romaine sur la Komödienstraße
Vous êtes bien sévère, mon ami. Avec ses quatre pauv' brasseries qui se battent en duel, Berlin fait pâle figure !
Oh, je suis bien d'accord avec vous ; rendons à César ce qui appartient à César. D'ailleurs, à propos de César : Cologne, fondée par les Romains sous le nom de Colonia Agrippina, est  l'une des plus anciennes villes d'Allemagne et met à Berlin plus de 1.200 ans d'histoire dans les dents. Elle s'enorgueillit de nombreuses traditions multiséculaires, en plus de ses brasseries. Les vestiges romains ne sont pas le moindre des motifs de fierté pour les habitants. Cologne : 2 - Berlin : 0.


Une cité aussi ancienne doit être passionnante à visiter ! Quels sont les principaux monuments, les attractions-phares ? La liste doit être longue ! Je suis tout ouïe.

Hélas ! Le glorieux passé de Cologne ne se reflète guère dans son architecture, puisqu'il n'en restait que des cendres fumantes en 1945. La quatrième ville du pays est donc d'architecture essentiellement moderne, moche et grise à pleurer. Même Rotterdam est bien plus intéressante. Ses dalles de béton des années 60, conçues sans la moindre once d'inventivité, s'étalent hideusement autour d'une immense cathédrale : cette structure gothique gigantesque était à peu près le seul bâtiment encore debout après la guerre.

Ah, il reste donc bien des vestiges du passé ! Mais comment la cathédrale a-t-elle réussi à tenir le coup ?
Il y a deux explications possibles à un tel miracle. D'abord, sachez que ses constructeurs ont mis la bagatelle de 600 ans pour l'achever ! La réputation d'efficacité teutonne a durablement souffert de ce flop de proportions monumentales. L'affront n'a été lavé qu'à la fin des travaux, lorsque la cathédrale, une fois terminée, est devenue, pour quelques années, la plus haute construction au monde. Et bien entendu, la solidité de l'édifice a été largement démontrée par l'épreuve du feu, faisant taire à jamais les dernières moqueries. Soit, ils ont mis plus d'un demi-millénaire à construire cette cathédrale, mais le résultat, c'est du solide !

OK. Ça fait une explication. Et la deuxième ? 
Il pourrait vraiment s'agir d'un miracle ! Après tout, la cathédrale de Cologne abrite, selon la légende, les reliques des Rois Mages. C'est pour leur donner une demeure digne de ce nom que l'on a entrepris la construction de cette cathédrale mégalomaniaque au milieu du Moyen-Âge. 


Les Rois Mages ? C'est cela oui. Et moi je suis Liz Taylor, tant qu'on y est !
Vérité ou imposture, c'est la version officielle depuis plus de mille ans, alors il ne vous reste qu'à vivre avec, que vous le vouliez ou non. Cela ne changera rien au fait que la ville arbore fièrement trois couronnes sur ses armoiries, pour rappeler à la face du monde quelles précieuses reliques elle recèle dans sa crypte. Après tout, ces reliques ont fait la fortune de la ville : on venait de fort loin, et nombreux, en pèlerinage, pour admirer le fémur de Balthazar et se prosterner devant les gencives momifiées de Melchior.

Ils sont gonflés ces gens ! Et les petits bitonios sous les couronnes, c'est quoi au juste ? Des crottes de nez de Rois Mages ? 
Arrêtez avec votre persiflage, voyons ! Attention, là nous touchons au cœur même de l'identité de Cologne. La médisance gratuite n'est plus de mise. Ces onze flammes sont les larmes de Sainte-Ursule, la Sainte-Geneviève locale. Selon une légende tenace, elle aurait été occise par les Huns, aux ordres d'Attila, qui auraient également zigouillé pas moins de onze mille vierges. Ce sacrifice n'aura pas été vain puisqu'il aura permis de sauver la ville, ou quelque chose comme ça... Depuis ce bain de sang de triste mémoire, le nombre 11 a une valeur quasi-mythologique pour les Colognais, presque comme le 8 pour les Chinois.

Dans la nef de la Cathédrale
Ben voyons. Quand des gens, bons catholiques ou pas, sont capables de garder leur sérieux en racontant de telles histoires à dormir debout, on est enclin à ne pas prendre tout ce qu'ils disent pour parole d'évangile !
Amen !

Vous disiez quelque chose en rapport avec l'identité de Cologne et le nombre 11...
Oui, vous m'avez grossièrement interrompu, espèce de rustre. Le 11 novembre, lorsque la France célèbre l'armistice, et l'Allemagne vit un jour comme un autre, Cologne est en fête !

Ah bon ? Ils fêtent l'armistice eux aussi ?
Vous n'y êtes pas du tout. Ces onze larmes sont si importantes que le 11/11, à 11h11, c'est le début du Karneval !

Le Carnaval en novembre ? Voilà qui est pour le moins curieux !
C'est juste le coup d'envoi des festivités. Ensuite, il y a une trêve pendant les fêtes de Noël. Puis le carnaval, le vrai, reprend ses droits pour toute une semaine de débauche, en février ou en mars.

Donc en fait, à Cologne, l'hiver n'est qu'une succession de fêtes. C'est pas bête ! Et comment on le célèbre, ce carnaval ?
Je ne vous le fais pas dire. Le carnaval commence dans les rues de Cologne un jeudi, vous l'aurez deviné, à 11h11, par une beuverie monstre et des escadrons de la mort constitués de groupes de femmes déguisées et déterminées à couper aux ciseaux la cravate de tout homme qu'elles croisent sur leur chemin. Mais les hommes, à qui on ne la fait pas, évitent de porter une cravate en ce jour de la Weiberfastnacht. Ils portent plutôt des costumes farfelus. Le vendredi, il ne se passe pas grand chose à part une cuite générale. Les plus téméraires vont au Medizinerball, une soirée géante organisée à l'origine par les étudiants en médecine, avec des concerts et plusieurs salles de danse. Le samedi, soûlerie collective et défilé du Geisterzug. Le dimanche, bacchanale dans les rues et dans les bars, et quelques défilés de groupes dans les rues. Mais l'autre grand moment du carnaval à part sont lancement le jeudi, c'est le "lundi des roses" : c'est au Rosenmontag, qu'a lieu la parade officielle, de dizaines de chars savamment décorés, sous les yeux ébahis d'un public soûl et titubant, qui, soulagé, brûle son effigie du carnaval le mardi, pour se débarrasser de tous les péchés commis pendant ces jours de débauche.

Dites donc, pour résumer, c'est juste une soûlerie géante sur plusieurs jours !
Vous schématisez : cela va bien plus loin. Il y a de la recherche dans les costumes, et tout le monde est déguisé, et c'est vraiment toute la ville qui communie dans le péché. Et puis, il y a surtout la musique. Beaucoup de musique ! Le carnaval de Cologne, c'est comme Rio, mais sans la samba, sans les beautés brésiliennes en strass et en plumes, sans la plage et avec trente degrés de moins.... bon j'ai peut-être mal choisi ma comparaison.

En effet, car je ne suis pas plus avancé. Il y a de la bonne musique, disiez-vous.
Hé là, pas si vite ! J'ai dit qu'il y avait beaucoup de musique, mais je ne me suis pas avancé à dire que c'était de la bonne musique... À vrai dire, la musique est plutôt mauvaise, objectivement. Des dizaines et des dizaines de chansons font partie du répertoire de la musique du carnaval local. Les chansons traditionnelles sont de la Marschmusik, des marches militaires, souvenirs d'une époque pas si lointaine où les Allemands ne dansaient dans les rues qu'au son de la musique martiale. La plus connue de ce type s'intitule fort à propos Et Trömmelche, "Un petit tambour". Les chansons plus récentes sont de la grosse variété à quatre temps bien marqués, et qui fait peur. Les refrains, entonnés en chœur par des milliers de fêtards enivrés, font penser à des chansons paillardes, mais les paroles sont en général tout ce qu'il y a d'innocent.


Musique dans les rues de Cologne : dimanche 6 mars

Ah vraiment ? Que chantent-ils alors ?
La joie de vivre. L'amitié. L'amour. La beauté de leur ville, dont ils répètent à l'infini que c'est le meilleur endroit sur terre. Leurs traditions. Leur dévotion éternelle envers le FC Köln. La fête. Parfois des bêtises sans queue ni tête. C'est une manière très saine de faire la fête. En cinq fois au carnaval de Cologne, je n'ai jamais vu de bagarre. Et Dieu sait si les gens boivent, pourtant.

Dit comme ça, ça n'a pas l'air si mal. Quelques chansons à recommander tout particulièrement ?
Et comment ! Le grand classique, c'est bien entendu Viva Colonia, dont le refrain dit en gros : "Nous aimons la vie, l'amour et la joie, nous croyons en Dieu et avons toujours soif." Le débat est posé sans ambiguïté ! Puis, on vibre d'émotion et les trémolos emplissent nos voix lorsque nous chantons Mer stonn zo dir FC Kölle : "nous te jurons fidélité, nous te soutenons ô FC Cologne". Le patriotisme de clocher atteint son paroxysme, et les larmes nous emplissent les yeux, lorsque nous enchaînons avec Hey Kölle, du bes a Jeföhl : "Hey Kölle, toi ma ville où j'ai grandi, baignée par le Rhin. Tu es une ville qui a un cœur et une âme. Hey Kölle, tu es un sentiment."

"Nous" ? 
Oui, bon, c'est une joie assez communicative. Il suffit de faire du yaourt avec le refrain, et au bout de la troisième chanson, vous avez vraiment l'impression de faire partie de la tribu. Les Colognais vous incluent de bon cœur dans leur fête. Ils sont en cela sans doute un peu plus ouverts que les Berlinois. Une fois que vous vous êtes enivrés de nationalisme provincial, vous pouvez ensuite vous lâcher avec des chansons bien plus triviales, comme Echte Fründe, ("les vrais amis, ça reste ensemble"), ou même Poppe, Kaate, Danze, dat kannste, qui veut dire, de manière passablement vulgaire, "niquer, jouer aux cartes et danser, tu peux le faire". Vous pouvez aussi chanter la nostalgie des belles années dont le souvenir vous fait monter les larmes aux yeux (Superjeile Zick), ou alors vous moquer gentiment de la France, tiens.

Assez ! Assez ! Il suffit ! C'est vraiment très mauvais. En plus je ne comprends rien aux paroles !
Je vous avais prévenu. Mais l'idée, c'est de persévérer, jusqu'à arriver au moment où vous connaissez quelques chansons par cœur, ou du moins le refrain. Vous pouvez alors les chanter à tue-tête, douze fois dans la même soirée, avec vos amis Colognais ravis de vous voir vous intégrer aussi bien. Quelques litres de kölsch , ça aide aussi. Quant aux paroles, c'est normal que vous ne les compreniez pas : les chansons sont en dialecte local.

Heureusement, cela ne dure qu'une semaine par an !
Oui, le carnaval ne dure qu'une semaine. L'ennui, c'est qu'à longueur d'année, les Colognais écoutent la même musique en boucle. En plein mois de juillet, les groupes vedettes tels que Bläck Fööss ou De Höhner font salle comble, et chantent, encore et encore, les même chansons, devant un public en transe. C'est fou ! Il faut dire que ces groupes ont près de 40 ans d'existence, et le chanteur des Höhner arbore, fier comme Artaban, une coupe "mullet" de fort belle facture doublée d'une 'stache à faire pâlir d'envie le chancelier Bismarck. Cela vaut le déplacement.

En fin de compte, je ne sais pas si j'ai vraiment envie de découvrir Cologne.
C'est très spécial. Mais ça change agréablement de Berlin, de temps en temps. Il paraît que les Allemands les plus souriants et les plus enjoués, c'est en Rhénanie que vous les trouverez. À force de se l'entendre répéter, on finit par le croire. Allez, ne nous quittons pas sans un Bützche pour la route, tout de même !

Et c'est quoi, je vous prie ?
Un bisou de carnaval sur la bouche. Bützche !

Hé là ! Bas les pattes ! On n'a pas gardé les cochons ensemble.
Ah, Cologne, c'est pas gagné pour vous...

Bläck Fööss chante "Frankreich, Frankreich" - 1985

mardi 22 mars 2011

Monde cruel

C'est peut-être à cela qu'on mesure le bonheur d'un peuple : quand les Libyens sont assaillis par les chars de Kadhafi et les bombes des Occidentaux, quand les Japonais ont la terre qui se dérobe sous leurs pieds, la mer qui dévore leurs villes, le froid et la neige qui transissent les survivants, et bien entendu une catastrophe nucléaire pour couronner le tout, quand les Haïtiens n'ont plus de maisons, mais ont le choléra à la place, bref, quand le monde entier ne semble être qu'une vallée de larmes et un creuset de malheurs, Berlin pleure Knut son nounours vedette, mort brutalement sur scène, devant les caméras et des centaines d'admirateurs choqués et éplorés, comme seuls y parviennent les plus grands d'entre les grands, tels Molière, Martin Luther King, John Kennedy ou encore Ayrton Senna. 



C'est sûr que c'est un bien triste événement que le décès d'un plantigrade de quatre ans à peine alors qu'il aurait pu vivre encore trente années de plus. C'est sûr que Berlin aime passionnément les ours depuis des siècles : entre les armoiries de la ville, les trophées d'or et d'argent de la Berlinale, l'équipe locale de hockey sur glace (les Berliner Eisbär), et la mascotte du zoo de Berlin, il y a une remarquable constance. C'est sûr qu'il était meugnon tout plein, bébé Knut. Mais l'ourson tellement craquant qui a éclipsé le Bouba de notre enfance était rapidement devenu un très gros animal aux pattes puissantes, aux dents acérées. Lui faire des bisous et des câlins n'était plus au programme depuis bien longtemps : ouf, Bouba, lui, est toujours aussi gentil.

Knut et son gardien
Et voilà qu'il a trépassé, comme ça, d'un coup, d'un seul, deux ans après son gardien, Thomas Dörflein, surnommé Knuts Papa par les tabloïds. Il flotte autour de Knut comme un parfum de tragédie. Les employés du zoo de Berlin, qui à l'époque ne se sont pas ménagés pour sauver le bébé Knut et ont bravé les critiques acerbes des écologistes, sont sans doute les plus sincèrement attristés. Le zoo de Berlin, lui, enterre surtout la poule aux œufs d'or, grâce à laquelle il a battu tous ses records de fréquentation en 150 ans, et la rumeur dit qu'il érigera un monument à la mémoire de sa lucrative mascotte... Les journaux, eux, devront désormais trouver autre chose pour vendre leurs feuilles de choux, et arrêter de nous faire croire que nous devrions vraiment nous intéresser aux amours orageuses de Knut et de Gianna sa "petite amie" de 300 kilos.

Alors adieu petit Knut. J'espère que tu as retrouvé ton "père adoptif" Thomas au paradis des ours, et qu'il te chantera à nouveau du Elvis pour t'endormir. Et pour nous la vraie vie continue, avec ses bons moments et ses malheurs, qui en général sont tout de même un peu plus tragiques.

Pour ceux d'entre vous qui ne peuvent pas faire leur deuil et redemandent du Knut, consolez-vous : le Berliner Morgenpost vous offre un magnifique diaporama de 144 photos !

jeudi 17 mars 2011

Semaine spéciale Allemagne dans The Guardian


L'élégance berlinoise vue par The Guardian
Cette semaine, The Guardian, grand quotidien de centre-gauche, modérément europhile (à l'échelle britannique du moins), et accessoirement un de mes sites d'informations préférés, a décidé d'éclairer son lectorat anglo-saxon un peu trop insulaire sur les réalités allemandes. Le chapitre New Europe: Germany est le premier volet d'une série plus générale consacrée à l'Europe, cette grande inconnue. Je ne saurais dire pourquoi la série commence avec une semaine consacrée à l'Allemagne plutôt qu'à notre Belle France, qui normalement aurait dû occuper la place qui lui revient, en haut du pavé : sûrement une énième manifestation de la perfidie et de la jalousie de ces félons d'Anglais, mais après tout, pourquoi pas l'Allemagne en effet. Pour les Français qui vivent chez les Teutons, ou simplement intéressés par l'Allemagne, ce regard britannique n'est pas inintéressant, loin s'en faut. Il y a déjà un bon paquet d'articles publiés depuis dimanche, sur des thèmes très variés, et vu le rythme infernal auquel de nouveaux articles sont publiés chaque jour, on risque l'indigestion d'ici à la fin de la semaine. Voici, en vrac :

- un article assez humoristique qui présente le pays pour l'observateur insulaire, qui comportait tout de même quelques clichés et autres grossières erreurs ; elles ont été corrigées depuis, les clichés sont restés ;
- les quelques tartes à la crème habituelles qui subsisteront tant qu'il existera une Allemagne : la Stasi, le sens de l'humour, l'inévitable mention de la guerre, et quelques autres ;
- une diatribe venimeuse contre deux aberrations dangeureuses pour l'Allemagne, écrite par un représentant du patronat germanique : l'Euro et les écoles maternelles gratuites (ah bon) ;
- un résumé de la question de l'intégration des allemands d'origine immigrée et un énième résumé de l'affaire Sarrazin ;
- une colonne du chef des Verts, un Cem Özdemir confiant et conquérant ;
- un grand nombre d'articles qui vantent le renouveau économique et industriel germanique, après deux décennies de stagnation post-réunification, et une analogie entre la Bavière et la "silicon valley" ;
- un constat sur l'invasion hallucinante de vrais et faux anglicismes dans la langue allemande ;
- un article et un diaporama consacrés au "Berlin Street Style" ;
- toute une batterie d'articles évoquant, de manière inégale, à peu près tous les thèmes du moment, de la désindustrialisation dans les villes moyennes d'ex-RDA à la "problématique" de l'abolition des frais de scolarité à l'université, des éoliennes aux politiques natalistes de la dernière chance pour inciter les Teutons à enfin procréer un peu, de la fin du service militaire au FC St Pauli de Hambourg, du phénomène Schlager aux prouesses du contructeur BMW...

Petit film sur le FC St Pauli

- la culture n'est bien sûr pas laissée pour compte, avec un passage en revue des livres les plus vendus, des méditations intriguées sur le théâtre, un article assez paresseux sur le cinéma allemand, un survol rapide des artistes en vue, histoire de vous assurer de mourir moins bête en l'espace de cinq minutes.
- il y a même une recette pour préparer "the perfect apple strudel" !

Perfect apple strudel


Une véritable mine d'informations en anglais. Bonne lecture en attendant la française à partir de lundi !


mercredi 16 mars 2011

Mauerpark : Vous chantiez ? Eh bien dansez maintenant !

Joe Hatchiban, sémillant coursier irlandais de 37 ans, du moins si l'on en croit son profil sur Youtube, tient le haut du pavé depuis deux ans à Mauerpark avec son Bearpit Karaoke. Mais force est de constater que la grand-messe dominicale de la Fosse aux ours est avant tout une attraction touristique, où les Berlinois de souche (au nombre desquels j'ai la présomption de me compter, mais oui mais oui) sont en minorité face à la marée d'envahisseurs étrangers, une situation déplorable qui préfigure clairement les scénarios apocalyptiques du best-seller Deutschland schafft sich ab, dans lequel un visionnaire nommé Thilo Sarrazin décrit une Allemagne humiliée et soumise à des corps étrangers au génome corrompu. Mais le pire reste encore à venir : le stade Friedrich-Ludwig Jahn attenant au parc serait sur le point d'être transformé en mosquée, ses hauts pylônes d'éclairage, en minarets. La charia à Mauerpark (prochainement "Moscheepark"), c'est pour après-demain. Karaokeuses du dimanche, toutes à vos burqas !

Mais je m'égare. Bien sûr, les Berlinois tiennent à leur Mauerpark et s'y précipitent tout autant que les touristes honnis, dès que la température le permet. Et ils utilisent à fond les potentialités de cette cour de récréation pour adultes, géante et arborée. Lorsque ma voisine, Janne, et moi avons fini par nous lasser du karaoké, nous avons décidé de récupérer nos vélos laissés à l'entrée du parc et de regagner sagement nos pénates, à Friedrichshain. Mauerpark en a décidé autrement. En descendant la colline, nous avons aperçu un attroupement et, curieux, sommes allés voir ce qui se passait. C'était la fête, tout simplement ! Deux DJs avaient improvisé une table de mixage, installé deux platines pour vinyles, une déco des plus rudimentaires (et déjà des œufs de Pâques), une boule à facettes suspendue à une canne, tout à fait superflue puisque le soleil de l'après-midi brillait encore largement, et nous étions comme en soirée électro, mais en plein jour !



Bien entendu, quand on vit à Berlin, ce genre de surprise n'est plus une nouveauté, et j'avais déjà vu des "open-air discos" à deux ou trois reprises à Mauerpark. Néanmoins, on ne s'y attend pas forcément dès la mi-mars, alors que nous sommes tout juste en train de sortir de notre longue hibernation. Quoi qu'il en soit, cet avant-goût de printemps nous a fait un bien fou ! La chose peut-être la plus étonnante de cet épisode inattendu, c'était de voir à quel point tous ces gens souriaient. Des Berlinois qui sourient en dansant, qui sourient aux inconnus autour d'eux ! Rien que pour vivre cela, nous avons bien fait d'oublier nos vélos, de poser nos vestes en boule sous la table et de nous mettre à danser avec les autres. J'espère ne pas être trop naïf en ne mettant pas ces sourires et cette bonne humeur générale uniquement sur le compte des drogues à l'odeur aisément reconnaissable qui embaumaient l'atmosphère.



Un parc, de l'électro, de la bière, de la drogue, et des fêtards pourtant de tels accoutrements qu'on les croirait déguisés (mais on sait bien sûr qu'il n'en est rien : en bons Berlinois, ils sont habillés de manière "décalée" et "créative" ) : les ingrédients d'un été réussi à Berlin étaient déjà réunis au Mauerpark. Le plus plaisant était l'élément de surprise. D'ailleurs, ayant bien cherché sur internet, je n'ai trouvé aucune mention de cette fête. Je ne pourrai donc pas dire si elle était entièrement improvisée, mais s'il y a eu un mot d'ordre, il n'a pas été lancé sur internet.



La nuit a fini par tomber ; dans le ciel, le Fernsehturm et la lune se sont illuminés ; plus près de nos têtes, une modeste lampe de bureau Ikea s'est vu confier la délicate mission de donner à la boule à facettes tout son éclat. Le résultat n'était pas des plus convaincants, mais ce n'était pas bien important. La fête ne faisait en réalité que commencer, et l'euphorie grandissait encore de manière perceptible. "On reste ?? On reste !!" Janne et moi décidons de profiter au maximum de cette fête aux allures de flash-mob. 

Mais soudain, tout s'arrête ! Il est 18h30, et la police s'invite, fait arrêter immédiatement la musique malgré les protestations générales, contrôle longuement les papiers des DJs (je n'ai pas vus les policiers dégainer leurs scanners magiques comme en Bavière). On  a beau scander "Musik! Musik!", l'affaire est entendue. Quel genre d'individu appelle la police parce que "des jeunes" jouent de la musique à 300 mètres de leurs fenêtres, un dimanche à 18 heures, je ne saurais pas le dire. Des gens qui écoutent de la musique, dansent et surtout sourient, quelle horreur !


Ma voisine et moi décidons que cette fois il est temps de rentrer, plutôt que de nous éterniser sur place à attendre l'issue des négociations. De toute façon, Mauerpark nous avait déjà offert un dimanche plein de surprises, qui a largement dépassé nos attentes. Le printemps arrive : chouette ! nous allons enfin pouvoir arrêter d'être des adultes et recommencer à vivre comme des adolescents attardés pendant les six mois à venir !

lundi 14 mars 2011

Mauerpark : Chassez le Bobo, il revient au galop


Attention, ce billet va débuter sur une révélation absolument fracassante : Berlin a été autrefois divisé par un mur, ou encore une "barrière de protection anti-fasciste", en terminologie officielle socialiste. Je vais me faire un café le temps de vous laisser digérer cette nouvelle renversante et je reviens... Me revoici, bien requinqué. Ah, ça fait du bien ! En réalité, ce n'était pas un mur qui entourait Berlin-Ouest et isolait entièrement le secteur allié de la RDA environnante et de Berlin-Est, mais deux murs parallèles, séparés d'un no-man's land de quelques centaines de mètres de large, un territoire hostile, dégagé de tout obstacle visible, surveillé en permanence par des garde-frontière postés sur leurs miradors, qui tiraient sans sommation sur toute silhouette furtive hâtant le pas sur la terre meuble et fraîchement ratissée pour révéler toute trace de pas ; ce corridor inhospitalier a donc très vite été surnommé, à juste titre, der Todesstreifen, la "piste de la mort".

Drôle de prestation... Wes, exhibitionniste originaire de New-York
Près de 50 ans après la construction du Mur, et deux décennies après sa destruction et la réunification de la ville, plus rien ne subsiste du no-man's land, qui a complètement disparu sous le béton de la reconstruction et a laissé la place à des rues, des places et des maisons, en fait, tout ce qui constitue une ville normale. Complètement disparu ? Hé là, pas si vite : aux confins du quartier est-berlinois de Prenzlauer Berg et de son voisin ouest-berlinois de Wedding, le Todesstreifen a laissé la place à un parc, une étroite bande de verdure qui, chaque dimanche ensoleillé depuis les années 1990, grouille de vie comme aucun autre endroit dans la capitale. Pour trouver quel nom donner à ce modeste rectangle vert de quelques hectares, on n'est pas allé chercher midi à quatorze heures : vous êtes au "parc du Mur", le Mauerpark. À l'est, une portion de Mur, longue de trente mètres, attire les curieux et surtout quelques dizaines de passionnés de graffitis, Sisyphes modernes qui taguent sans relâche leurs créations à la bombe, recouvrant en quelques heures les fresques réalisées quelques jours plus tôt à peine par d'autres tagueurs, et sachant que les leurs subiront le même sort dans les jours qui suivent. À l'ouest, un grand marché aux puces bien achalandé est l'occasion de faire se promener en observant, mi amusé, mi incrédule, l'extravagant bric-à-brac des brocanteurs du cru et parfois de faire de bonnes affaires. Entre les deux, de vastes pelouses à l'herbe ratatinée permettent à chacun de se détendre comme il l'entend, et de laisser libre cours à ses passions : on y croise des jongleurs, des musiciens, des danseurs, des basketteurs, des coiffeurs qui vous coupent les cheveux en public, des joueurs de frisbee, des Berlinois et des touristes, et toutes sortes de badauds.

Les tags du Mauerpark : c'est un peu le rocher de Sisyphe.
Mais l'une des attractions phares du Mauerpark, c'est le "Bearpit Karaoke". Chaque dimanche depuis le printemps 2009, un Irlandais passionné et un peu fou, et dont le nom pourrait être japonais, mais en fait non, j'ai nommé Joe Hatchiban, assure le spectacle à Mauerpark. Le principe est fort simple : une scène en plein air, des gradins en forme d'amphithéâtre, un vélo, un ordinateur portable, des enceintes, et quelques centaines de fichiers musicaux en format mp3, version karaoké, et bien sûr des chanteurs amateurs de talent très divers. La mayonnaise a très vite pris, et le show aux très modestes débuts est vite devenu l'un des symboles de la douceur de vivre à Berlin à la belle saison, et attire des centaines de visiteurs qui viennent encourager (et parfois, se moquer gentiment) des quelques dizaines d'intrépides qui se dévouent courageusement pour pousser la chansonnette en public.

Mur et balançoire à Mauerpark
Il y a malheureusement une période de l'année où Joe et ses amateurs de karaoké sont bien obligés de se taire: l'hiver bien sûr. De novembre à mars, même les crooners les plus fanatiques, qu'ils viennent d'Irlande, d'Allemagne ou du Groenland, n'ont plus envie de passer quatre heures assis dehors à écouter des quadragénaires imiter Barbra Streisand d'une voix éraillée, même si c'est gratuit. Au cours de l'hiver 2009-2010, la question était sur toutes les lèvres : le Bearpit Karaoke reviendra-t-il à Mauerpark au printemps prochain ? La chose n'était pas assurée d'avance, dans cette capitale du temporaire, où rien ne semble devoir durer plus de quelques mois, quelques années tout au plus. L'existence même du Mauerpark est menacée, d'ailleurs : ah les investisseurs, la gentrification, toujours la même rengaine ! Cette fois-ci pour changer, la réponse a été positive : les jours se sont allongés, la glace a fondu, les jonquilles sont sorties de terre, et l'hirondelle Hatchiban est revenue faire son nid, avec son cortège de gazouilleurs, à la "fosse aux ours". Le Bearpit Karaoke entamait sa deuxième saison en fanfare !




Dimanche 13 mars 2011 : il semblerait qu'une tradition soit en train de naître. Pour la troisième année, Berlin dit adieu à l'hiver et salue l'arrivée du printemps en chanson à Mauerpark. Et par chance, j'étais là, revenant par hasard d'un café à proximité et ayant décidé d'y humer l'air printanier. L'herbe est encore brune et rabougrie, les arbres sont encore dénudés, squelettiques, mais le printemps est bien là, dans l'air, dans le ciel, sur nos vestes que nous portons au bras, et sur nos visages. Et surtout, sur le podium de Joe Hatchiban. Au passage, pendant l'hiver, le susmentionné podium a été décoré ; des Berlinois désœuvrés y ont peint le message suivant, très certainement à l'attention du public : Yuppies Jagen, que l'on pourrait traduire par "La chasse aux Bobos est ouverte". Eh bien les bobos berlinois et étrangers présents n'ont pas eu l'air de s'en formaliser !


Deux prestations diamétralement opposées dans cette vidéo :
"Amazing Grace" a cappella puis du break dance. Tout ceci est
tout à fait inhabituel au Bearpit Karaoke.

J'aime bien le Bearpit Karaoke, comme la plupart des Berlinois et des visiteurs du Mauerpark. L'ambiance est détendue. Les gradins bondés font face au soleil de l'après-midi. De courageux individus se succèdent devant Joe-Nikos Aliagas et interprètent leur chanson préférée. Quelques uns sont vraiment doués d'une voix exceptionnelle, beaucoup chantent juste et assurent le minimum, certains se lâchent sur le podium et misent tout sur le jeu de scène pour pallier les limitations de leur talent pour le chant, et quelques uns sont franchement mauvais : ils sont gentiment moqués, mais largement encouragés par un public complaisant et peu exigeant. Ouf, ce n'est pas Deutschland sucht den Superstar, la version locale de La Nouvelle Star ! Il y a absolument de tout. Selon le jour, la fournée peut être plutôt ratée, ou particulièrement réussie, et quand je viens avec mes amis, je me lasse habituellement au bout d'une demi-heure. Mais pas aujourd'hui.

Vue dégagée depuis les gradins
Pour le premier spectacle de la saison, la promotion de chanteurs était excellente. Il y a bien eu quelques couacs, c'est inévitable, mais il semblerait que les bons chanteurs de la ville, impatients de donner à nouveau de la voix à Mauerpark après la longue interruption hivernale, se soient donné rendez-vous pour ouvrir la troisième saison en beauté. J'ai appris qu'après les galères de l'hiver dernier, Joe a trouvé un logis pour hiberner : un bar de Mitte. Mais je doute fort que l'ambiance ait pu y être comparable. Le Bearpit Karaoke sans Mauerpark, c'est aussi crédible et authentique que la tour Eiffel à Las Vegas. Hatchiban-san, ce drôle de loulou qui se consacre sans faille à son sacerdoce, chaque dimanche, malgré les questions évidentes que tout le monde se pose à propos des coûts et bénéfices (oui, c'est gratuit), a ponctué, comme à son habitude, les prestations des chanteurs de gentils encouragements ou de moqueries sarcastiques. La seule chose que je ne l'ai pas encore vu faire, c'est de dire "c'est horrible, vous chantez mal", même si parfois il doit le penser très fort. Mais il a besoin de chanteurs, bons ou mauvais, alors ce serait une mauvaise idée de les humilier en public ! Au contraire, il salue toujours les stars éphémères, et n'oublie jamais de les remercier. Et trouve toujours une ou deux plaisanteries moqueuses, car il reste un perfide Anglo-saxon, ne l'oublions pas. L'objet de ses moqueries d'aujourd'hui était un groupe de jeunes Espagnoles, qu'il a rangées dans la catégorie de ces participants typiques qu'il nomme "giggling schoolgirls", "les collégiennes qui rient bêtement", une véritable plaie au Bearpit Karaoke, semble-t-il. Il faut dire que celles qui sont passées aujourd'hui correspondaient bien au profil, et Hatchiban, féroce, répétait à l'envi, raillant leur accent, from "Espain". Qu'à cela ne tienne, les écolières espagnoles nous ont interprété une Macarena calamiteuse, mais ont réussi à enflammer le public malgré tout, après tout de même deux minutes et trente secondes durant lesquelles elles ont dû se sentir très seules au monde...

Regardez à partir de 2'30 pour voir quelque chose d'intéressant...

Les prestations mémorables de ce premier karaoké de la saison ont inclus le strip-tease d'un New-Yorkais prénommé Wes tandis qu'il interprétait une chanson dont j'ai oublié le nom (je corrigerai cette section si le nom me revient). C'était la meilleure prestation du jour, et bien sûr, celle que je n'ai pas filmée ! Peu après, son amie Laureen nous a chanté un I Will Survive de fort belle tenue, tandis que Wes filmait et faisait le pitre autour. Diana de Serbie nous a fredonné un I Will Always Love You de Whitney Houston, ma foi sans y laisser trop de plumes, sauf peut-être sur les aigus les plus haut perchés.

À 2'20, on voit Joe qui vient faire la quête, et récolter quelques piécettes.

Wes l'exhibitionniste est chaleureusement applaudi par le public

Rikke, une Danoise replète, aurait mieux fait de rester au lit ce matin plutôt que de s'improviser chanteuse, et Tina, la Hollandaise si rousse que Joe était sûr d'avoir rencontré une compatriote, et a insisté aussi lourdement que certains Arabes me prenant pour un des leurs (pour ne rien arranger, elle était habillée de vert, ce qui lui a permis de nous rappeler que c'est la St-Patrick cette semaine), a trébuché sur du Tina Turner justement. Mais la rousse Tina était vraiment à fond, chantant à tue-tête et sautillant comme sous sa douche, et son plaisir de chanter sa chanson préférée était vraiment communicatif, malgré les nombreuses fausses notes que nous lui avons pardonnées de bonne grâce...

Du Tina Turner comme sous la douche !

Il y a eu Ignazio le Sicilien, que Joe s'entêtait à appeler "Nacho", il y a eu Cristóbal le Chilien qui a chanté "New York, New York"... à Berlin. Il y a eu les Anglaises imitant particulièrement le Foundation de Kate Nash, aidées par l'accent londonien. Et bien entendu, il y a eu Detlev, l'une des grandes stars du Bearpit Karaoke : ce vieil Allemand aux airs de Père Noël est là chaque dimanche, aussi assidu que Joe Hatchiban lui-même, et interprète avec virtuosité, toujours le même titre, "Mein Leben", la version allemande du My Way de Sinatra. Ceux qui assistent au spectacle pour la toute première fois ne peuvent pas s'empêcher de rire à la vue de ce barbu sorti tout droit d'un film, qui commence à fredonner, quelque peu maladroitement, le premier couplet de cet air archi-connu. Mais très vite, il fait taire les railleries.


Sinatra I : Cristóbal le Chilien


Sinatra II : Detlev chante Mein Leben, comme chaque dimanche.


Le Bearpit Karaoke, c'est vraiment un morceau de comédie humaine, et c'est l'assurance de passer un bien beau dimanche après-midi de printemps, même si les fleurs ne sont pas encore écloses. Mais mon récit n'est pas encore terminé. Car si vous avez bien suivi, vous m'avez entendu parler d'Irlandais, de Siciliens, de Hollandaises, d'Anglaises, d'Espagnoles, de Serbes, de Chiliens, de Danoises, et très peu d'Allemands, à l'exception notable de Detlev Sinatra. Est-ce à dire que les Berlinois ont déserté leur Mauerpark et abandonné aux touristes ce morceau du Todesstreifen qui les a tant fait souffrir ? Ce serait une lourde erreur de le croire, mais je vais d'abord faire dodo. La suite cette semaine, dans Mauerpark : Vous chantiez ? Eh bien dansez maintenant !

Allez, pour finir, offrons-nous une dernière vue de Mauerpark au soleil de cet après-midi de début de printemps.
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