mardi 30 août 2011

Mode : Le look berlinois trendy de la mi-saison

Un OMNI (Olibrius Marcheur Non Identifié) à Friedrichshain,
sur la Grünberger Straße, cette semaine: top fashion!
Oui, je sais, vénérées Lectrices, c’est MAL, très mal, de photographier lâchement d’illus-tres inconnus sur lesquels j’ai jeté mon dévolu dans la rue, et d’en publier à leur insu les clichés les plus saugrenus pour vous donner un aperçu de ces sympathiques hurluberlus qui de visu n’ont rien fait d’incongru, à part peut-être organiser de pluvieux barbecues, ou se pro-mener fort singulièrement vêtus sur la grande avenue. Je suis confus ; le remords m’accable, me ronge, me tue.

«Malotru !» hurlent les unes, aucunement férues de ce hobby farfelu. Et les autres conspuent : «Vendu ! Faux-cul !» J’ai entendu le vacarme diffus de vos reproches éperdus, la cohue de vos protestations suraiguës : elles bourdonnent furieusement en un flux ininterrompu, telles ces essaims de guêpes têtues qui par milliers se sont abattues, sans pitié ni retenue, sur les promeneurs berlinois fort dépourvus, les tourmentant mordicus de leurs dards pointus, dès que le soleil daignait se montrer impromptu entre deux cumulonimbus et que l’envie leur prenait de profiter enfin de cet été archifoutu.

Turlututu, chères Lectrices assidues. Avant que vous ne me condamniez à être pendu ou à avaler une goulée de ciguë pour me punir de cette odieuse bévue envers ce dandy inconnu, j’avoue, toute honte bue, que j’ai tiqué sur la tenue que portait cet individu. Complètement l’hallu. Mais quand des olibrius s’affublent de pareils attributs pour se pavaner dans les rues, ils seraient sûrement déçus si leur atours superflus ne suscitaient pas de commentaires tous azimuts de la part des quidams aux idées préconçues et de tous ces fashion-ingénus qui ne s’habillent qu’en déjà-vu des supermarchés “U”. C’est que, dans la mode comme pour le Salut, il y a beaucoup d’appelés mais peu d’Élus.

Alors il n’est pas malvenu de railler ces audacieux m’as-tu-vu, de gribouiller des comptes-rendus peut-être un peu décousus sur leurs goûts biscornus, et d’espérer que les défroques ci-dessus ne seront jamais trop répandues dans l’absolu, et surtout, surtout, ne feront jamais consensus ! Et à défaut de vous avoir convaincues après avoir si longuement discouru, ô douces sœurs de Vénus, j’espère ne pas vous avoir déplu par mon petit laïus.

Allez, une petite dernière pour la route. Je vous assure, je culpabilise à fond...

dimanche 28 août 2011

An einem Sonntag im August... (billet cafardeux)

À Prenzlauer Berg, quartier général de la gentrification à tout crin et de la boboïtude triomphante à Berlin, si ce n’est dans le monde entier, on n’a que l’embarras du choix lorsque l’on souhaite se poser dans un bar branchouille et enfumé, une retraite tamisée à l’ambiance RDA vintage bien étudiée, où la peinture est perpétuellement écaillée sur les murs, et où le mobilier, forcément bancal et dépareillé, s’affaisse lourdement avec un soupir de fatigue sous le poids des ans et de notre postérieur, un de ces lieux où l’on peut déguster un chai latte ou un café galão après une journée de dur labeur, tout en se distrayant de ces silhouettes androgynes ébouriffées qui hantent le lieu en permanence, un Macbook air bien en évidence à côté du cendrier. En fait, c’est bien simple: dans le Kiez (le «tier-quar» en berlinois), il n’y a pratiquement que ce genre de tanières rétro pour se sustenter ou se rafraîchir le gosier. L’un de ces havres de sérénité au cadre chaleureux et au caractère désuet savamment cultivé est le café mystérieusement nommé An einem Sonntag im August, où le non fumeur peut s’installer en terrasse s’il n’a pas envie de «nourrir» ses poumons délicats en même temps qu’il sirote son café au lait, ou plutôt, son café groenlandais bio au lait de girafe albinos du Kilimandjaro.

La fameuse terrasse sur la Kastanienallee
Le café-bar est un local certes sympathique, mais n’a rien de franchement exceptionnel dans son environnement de la Kastanienallee (une espèce de rue Oberkampf berlinoise, mais en plus trendy, plus pentue et avec un tramway et nettement plus de poussettes), à part ce nom curieusement lyrique, dont je n’ai compris la signification que tout récemment. «Par un dimanche d’août» peut évoquer au profane que j’étais une anodine invitation à la paresse et au farniente sur une terrasse fleurie et ensoleillée, mais, traduite en allemand, et replacée dans son contexte berlinois, à deux pas du Mauerpark de surcroît, l’expression acquiert soudain une lourde connotation historique qui m’avait échappé tout ce temps. Car enfin, il ne s’agit pas de n’importe quel dimanche de n’importe quel mois d’août, voyons. Ce mois d’août, c’est celui de l’été 1961, et le dimanche, c’est bien sûr ce dimanche 13 août, lorsque les Berlinois qui n’étaient pas partis en vacances se réveillèrent pour trouver leur ville traîtreusement divisée par une frontière de barricades et de barbelés, une séparation précaire mais lourdement gardée et déjà verboten, et qui allait devenir le Mur de Berlin.

Des touristes font mumuse devant une des nombreuses fresques débiles de l'East Side Gallery, le 28 août
Ah, le Mur. La tarte à la crème par excellence pour qui découvre Berlin. Pour beaucoup, il se résume aux «gardes» costumés de Checkpoint Charlie avec l’immanquable You are Leaving the American Sector, et aux fresques bariolées de l’East Side Gallery, dont beaucoup ont été remplacées en 2009 pour fêter le vingtième “Mauerfalljubiläum” et n’ont désormais un rapport que très ténu avec le schmilblick, et devant lesquelles des milliers de touristes font les marioles et prennent des photos qui se retrouvent illico sur Facebook. À la vue de cet incessant spectacle disneylandien et de ces œuvres d’art douteuses qui servent bien plus à assurer l’auto-promotion d’artistes plus ou moins inconnus qu’à inviter à la réflexion et à évoquer l’histoire, le Mur a bien vite fini d’exercer sur moi la fascination qu’il suscite auprès des touristes: Berlin, en gros, est une ville divisée en deux moitiés par une attraction touristique kitsch à souhait qui serpente à travers ses rues.

Bernauer Straße, Gedenkstätte Berliner Mauer
Il a donc fallu que la ville commémore ce mois-ci le cinquantième anniversaire de l’érection du fameux Mur pour que je m’y intéresse à nouveau. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance, puisque le jour J, ce samedi 13 août, nous avions le choix entre des commémorations barbantes tout en allemand, le Slutwalk pour nous distraire, et toutes ces activités estivales redevenues enfin possibles grâce au retour inespéré du soleil. Après une énième partie de beach volley, je me suis enfin décidé à visiter le Mémorial du Mur de la Bernauer Straße, à proximité immédiate, et que j’avais invariablement snobé jusqu’ici, préférant l’abandonner aux touristes. Et pourtant, quel contraste saisissant avec les clowneries vides de sens de l’East Side Gallery! Sur 200 ou 300 mètres, la Gedenkstätte Berliner Mauer s’étire le long de la Bernauer Straße, entre le mur intérieur et le mur extérieur qui constituaient la fameuse «barrière de protection antifasciste» construite par la RDA. Entre les deux, sur l’ancien no man’s land devenu pelouse verdoyante à l’herbe grasse en cet été pluvieux, force photos des années de la division de la ville, des dizaines de couronnes de fleurs déposées principalement par les partis politiques (allez savoir pourquoi), et le plus émouvant: des portraits des victimes du Mur, ces 136 Allemands de l’Est qui ont perdu la vie en tentant de franchir cette frontière ignominieuse. Un portrait, un nom, une date de naissance et une date de mort. La même association répétée une bonne centaine de fois (parfois, il n’y a pas de photo). Tous ces visages, le plus souvent souriants et heureux, ces courageux entêtés qui n’ont pas voulu se soumettre à la dictature, ces projets d’évasion échoués, ces souffrances et ces jeunes vies brisées, cela impose l’humilité et force le respect.


Sur ce mur, il y a deux portraits de garçons. Les trouverez-vous? Il s'agit de Lothar Schleusener, 13 ans, le plus jeune fugitif assassiné en 1966 par les gardiens du Mur, et d'Andreas Senk, 6 ans, tombé accidentellement dans la Spree et n'ayant pas pu être secouru, puisque sauter dans le fleuve, même pour sauver un enfant de la noyade, revenait à signer son arrêt de mort par fusillade.


Ida Siekmann

Ida Siekmann est morte 9 jours après l’apparition des premiers barbelés sur les trottoirs de sa rue, en fait, juste devant la porte de son immeuble, le 22 août 1961. C’était la veille de son 59ème anniversaire. Du coup, elle est l’une des rares victimes du Mur âgées de plus de 30 ans, et surtout, cela fait d’elle la toute première d’une longue et morbide litanie de ce que le Parti allait qualifier pudiquement de «tragiques accidents», selon un art consommé de l’euphémisme pervers. Dans son cas, il s’agissait vraiment d’un accident, puisqu’elle s’est mortellement blessée en sautant de son appartement situé sur la Bernauer Straße, et dont la fenêtre donnait directement sur Berlin-Ouest. Les pompiers ouest-berlinois l’ont immédiatement secourue, mais il n’y avait plus rien à faire. Elle était déjà décédée en arrivant à l’hôpital, dans cette moitié de la ville qu’elle avait tant voulue rallier. Par la suite, les autorités est-allemandes allaient condamner ou démolir les immeubles trop proches du Mur comme celui ou vivait Ida.

Le visage d'Ida Siekmann, et par transparence, les immeubles de la Bernauer Straße où elle a habité et où elle est morte. Est-ce son immeuble que l'on voit derriére?

Günter Litfin

C’est triste à dire mais, parmi les 136 martyrs du Mur tout comme dans n’importe quel groupe de gens, il y a les illustres inconnus, les “nobods” en quelque sorte, et les grandes stars dont tout le monde connaît le nom. Günter Litfin est de cette deuxième catégorie, et j’avais même déjà entendu son nom à plusieurs reprises. Sans doute se serait-il volontiers passé d’une telle célébrité et ne demandait-il qu’à poursuivre une existence banale, sans faire de vagues et sans passer à la postérité. Mais l’honneur que confère son statut de tout premier fugitif abattu par les garde-frontière est-allemands, le 24 août 1961 en plein après-midi, devant des dizaines de témoins, alors qu’il traversait à la nage le canal situé entre la Charité (à l’est) et la gare qui s’appelle aujourd’hui Hauptbahnhof (côté ouest), a fait de ce jeune tailleur de 24 ans seulement une icône. Sa famille endeuillée a créé un monument à sa mémoire, près de l’endroit où il a succombé.

Günter Litfin: jeune, beau gosse, talentueux, courageux, mort.

Peter Fechter

Autre victime au nom resté célèbre, Peter Fechter n’avait que 18 ans lorsqu’il est tombé, le 17 août 1962, soit un an après la division de la ville. Les circonstances particulièrement inhumaines de son exécution ont traumatisé les esprits, au point d’en faire une victime emblématique. Sa tentative d’évasion, suicidaire et désespérée, en plein après-midi et aux abords immédiats de Checkpoint Charlie, s’est soldée par un échec pour lui, alors que son compagnon de fuite, Helmut, en est réchappé miraculeusement sous une pluie de balles. Peter n’a pas eu cette chance. Grièvement blessé, il s’est écroulé dans le no man’s land entre les deux clôtures, il a hurlé de douleur pendant une heure et s’est vidé de son sang à la vue de tous. Personne n’est venu à son secours: ni les policiers ouest-berlinois qui ne pouvaient risquer leur propre vie, ni les soldats américains à proximité immédiate, qui ne voulaient pas s’immiscer dans ces «affaires purement allemandes» et envenimer davantage la situation explosive de cet été 1962, ni bien sûr, les soldats est-allemands, lâches complices d’un régime criminel et meurtrier. L’adolescent a donc agonisé ainsi en public, jusqu’au trépas. Une stèle l’honore aujourd’hui, à l’endroit où il est tombé, sur la Zimmerstraße.

Peter Fechter: je connaissais le nom mais pas le visage. C'est la jeunesse de ses traits qui a attiré mon attention.

Dorit Schmiel

Ce qui m’a attiré vers le portrait de Dorit Schmiel, c’est la jeunesse et la fraîcheur de cette frimousse féminine sur un mur de visages très majoritairement masculins, et cette pose rieuse et insouciante «à la Anne Frank». Le nom ne me disait rien, et je ne connaissais rien à l’histoire de cette couturière de vingt ans dont la vie s’est arrêtée une nuit d’hiver, en février 1962. Elle aussi a tenté de fuir avec un groupe d’amis, dans les brumes solitaires du nord du quartier de Pankow, à Rosenthal. Ce soir-là, personne n’a réussi à passer la frontière, car les fugitifs, apeurés, se sont arrêtés net après les premiers coups de feu, certains d’entre eux blessés, d’autres non. Seule Dorit n’a pas pu se relever, blessée mortellement à l’estomac. Une ambulance s’est hâtée lentement pour la secourir, mais quand elle est arrivée à l’hôpital, c’était déjà trop tard. Tous ses compagnons de fuite ont été jugés et lourdement condamnés à des peines de prison pour leur tentative d’évasion.

Le sourire radieux de Dorit Schmiel

C’est certain que le Mémorial de Bernauer Straße est nettement moins rigolo que l’East Side Gallery, mais les deux se complètent à merveille: le cirque et la cohue touristique cheap d’un côté, la dignité de la mémoire des victimes et le sobre rappel des faits de l’autre. Encore que, parfois, des fausses notes gâchent la solennité du lieu, et la digne retenue déserte elle aussi ce mémorial, comme par exemple lorsque le parti d’extrême gauche Die Linke, héritier de la SED au pouvoir pendant 40 ans en RDA, se joint lui aussi à la foule des organisations qui ont rendu hommage aux victimes. Forcément, cela fait tache, et certains ne cachent pas leur indignation. Vingt ans après la réunification allemande, la colère est encore vive.

Le parti Die Linke a laissé une couronne de fleurs à la mémoire des victimes.
Un peu comme sur Facebook, les réactions ne se font pas attendre.
Les assassins n'ont aucun scrupule! Honte à vous! C'est le ton des messages laissés près de la gerbe.

La couronne de fleurs déposée par la SPD n'a pas déclenché un tel torrent d'invectives. On apprend ici que ce sont 1613 personnes en tout qui ont péri en tentant de fuir la RDA. Côté positif: il y a eu tout de même 5045 évasions réussies pendant les 28 années d'existence du Mur, principalement pendant les premières années.

Le mémorial débute à la Gartenstraße
De nombreuses photos des trois décennies de division physique de la ville de Berlin nous replongent dans l'ambiance. Le panneau dit: "Fin du secteur français - Route barrée par le Mur de la Honte"
Curieusement, les partis d'extrême droite ont brillé par leur absence. Exception notable: le nouveau parti au positionnement populiste Die Freiheit, qui cherche encore à se faire un nom.
Mur de lamentations

mercredi 24 août 2011

Kubus Berghain

Cette semaine, chères midinettes berlinoises, vous aurez la possibilité, si le cœur vous en dit entre deux orages, de découvrir le Berghain, ce célèbre temple de la musique électro-techno-bourrine qu’il n’est plus nécessaire de présenter (même si un blog concurrent le fait très bien ici), comme vous ne l’avez probablement jamais vu jusqu’à ce jour: pas de file d’attente de 500 mètres de long pour y accéder, pas de meutes de noctambules titubants, aux traits tirés et au look Jacquouille la Fripouille ou Cro-Magnon ou n’importe lequel des derniers canons de la mode agréés par la maison, pas de stress et encore moins de cerbère patibulaire à peau de lézard à l’entrée, pas d’obligation de vous séparer de vos amis en petits groupes dont la moitié restera sur le carreau, pas de sélection arbitraire, selon des critères plus opaques que les finances de Liliane Bettencourt, entre les heureux Élus de la Nuit berlinoise et le tout-venant pas assez cool et jugé indigne de fouler de son pas gauche et disgracieux le dance-floor le plus sélect du monde, pas de fouille intrusive ni de confiscation de votre appareil photo, pas de barbus musclés tout de cuir (dé)vêtus se trémoussant lascivement dans la pénombre stroboscopée, et d’ailleurs, pas de musique, ou si peu. En fait, on pourrait presque y venir en famille. Le lieu est pour ainsi dire méconnaissable, et pour cause: une manifestation à vocation artistique s’y tient en ce moment, l’exposition «Kubus - Alle Worker’s Pearls».

L'entrée de l'expo Kubus
Une expo dans une disco, voilà qui en soi n’a pas grand chose de surprenant à Berlin, cette métropole à l’histoire tourmentée qui adore détourner les bâtiments de leur fonction initiale ou habituelle: par exemple, on a bien métamorphosé une gare ferroviaire, le Hamburger Bahnhof, en galerie d’art, et une station de métro, Schlesisches Tor, en discothèque (quoiqu’éphémère), alors pour que la boucle soit bouclée, il ne manquait plus que la transformation d’une boîte de nuit en galerie d’art!

L’intérêt de l’exposition, si l’on peut dire, c’est que les œuvres exposées sont le produit du génie artistique torturé des employés du Berghain. Et oui! Car, qu’on se le dise, de la redoutable équipe de videurs au vendeur de glaces (je n’ai pas halluciné, dites, j’ai bien vu un marchand de glaces là dedans?!), des barmen aux préposés aux vestiaires, des responsables de la technique aux valeureux nettoyeurs des toilettes et des back-rooms qui doivent vraiment en voir de toutes les couleurs, c’est en fait toute une armada d’artistes méconnus qui s’affaire autour de nous, danseurs éperdus, trop hagards pour prêter attention à tout ce talent artistique (autre que musical bien sûr) qui prospère devant nos yeux hallucinés.

Allez, venez dire bonjour à tonton Sven les enfants
L’expo Alle Workers’ Pearls répare donc enfin cette injustice et révèle au public ignorant ce qu’il aurait dû savoir depuis des lustres. Que par exemple Sven Marquardt, le fameux videur au visage reptilien à force d’être tatoué, sans doute l’homme le plus haï de Berlin (bien plus encore que Thilo Sarrazin), est aussi photographe. Une de ses œuvres est exposée en grand format dans la grande salle Kubus. Des satyres, tiens donc. Une quarantaine d’«artistes» exposent dans ce grand espace aux volumes d’usine. Le résultat: une collection souvent bizarre, parfois intéressante, drôle par moments, parfois franchement mauvaise, et souvent provocante, se laisse donc admirer cette semaine jusqu’à vendredi soir, pour la modique somme de zéro euro TTC. C’est touchant tous ces artistes en herbe. Mais reconnaissons que certains d’entre eux ont vraiment du talent, sinon, ils se contenteraient d’écrire un blog! Si vous avez de la chance, vous vous retrouverez au milieu d’une faune interlope et débraillée, presque aussi intéressante à admirer que les œuvres exposées!

Tonton Sven fait de la photo, vous avez vu?
Sven Marquardt, sans titre, 2010
Sarah Schönfeld, "Walk The Line", 2011
Ecstasy sur négatif photographique (et pourquoi pas, hein???)
Les hauts volumes du Kubus sont vraiment difficiles à photographier...
Sympa: une série de diapos dont je n'ai pas noté le nom.

Deux badauds au style qui déchire sa mère admirent les deux oeuvres sans titre de Gunnar Neumann.
Là, sur le mur, c'est un cercle à la peinture marronnasse sur de la toile, et au sol, c'est un autre cercle, filmé cette fois, avec des cloportes grouillants qui en sortent. Sans doute une allégorie symbolisant les fêtards que Sven Marquardt refoule à l'entrée du Berghain, ou quelque chose comme ça...
Cette sculpture de Peter Knoch, représentant des babouins faisant de l'aviron dans une espèce de jungle, s'intitule fort justement "Afrika". C'est sûr que ce nom est plus seyant que "Spreewald" pour une scène de ce type.
Denise Palma Ferrante, "Audio Installation Performance", 2009
Certains intrépides se sont hasardés à se mettre les écouteurs.
La haute pile de chaussettes sales sur le sol m'en a malheureusement dissuadé.

Bondy Boy, "Arbeit Macht Frau", 2005
LOL, Bondy Boy, LOL.

Adel Zabel, détail de la sculpture "Des Berghains Haus - Meister Mischkes Waschplatz", 2008.
("La maison Berghain, le lavoir de Maître Mischke"). Sur le miroir: "les basses, ça rend heureux".
Il n'y a pas que les basses, serais-je tenté de dire!!
Sarah Schönfeld, "Walk The Line", 2011
Héroïne sur négatif photographique. Non mais et alors, bande de bourgeois bien-pensants?

J'ai oublié de noter le nom de l'oeuvre, mais je crois que ça se passe de commentaires...

Martina Minette Dreier, "Messages from the Gods", 2011, "In der Löwengrube", 2008
Voilà, voilà. Une expo à voir si vous avez du temps d’ici à vendredi et vous trouvez du côté de Friedrichshain. Sinon, rendez-vous sur la piste de danse un de ces quatre, comme d’habitude!

Le pays le moins drôle du monde :-(

L’Allemagne, ce n’était déjà pas un pays franchement riant. Alors quand son plus grand humoriste s’éteint, elle reprend sa place de pays le moins drôle du monde. Quelle coïncidence, j’en parlais il y a seulement quelques jours, loin de me douter que la fin était si proche... une prémonition?

L’un de mes sketches préférés, car c’est l’un des premiers dont j’ai pu saisir l’humour, à l’époque où mon niveau de langue ne me permettait guère mieux...



Adieu Herr Loriot, et merci de m’avoir fait rire dans votre langue, que j’ai trouvée belle et drôle grâce à vous.


lundi 22 août 2011

U-Bahnhof Schlesisches Tor

Chères Vahinés haletantes sous le soleil caniculaire, je sais que je vous ai quelque peu négligées ces derniers jours. La culpabilité me ronge et le remords m’obsède, au point d’en perdre l’appétit et la joie de vivre, et de voir chacune de mes nuits hantée de cauchemars angoissants et récurrents, où un groupe de Lectrices mécontentes se masse furieusement à ma porte. Armées de talons aiguilles, de rouleaux à pâtisserie, de pics à glace et de toutes sortes d’objets contondants, parfois juste avec leurs dents, elles attaquent alors la poignée et les gonds, leur portant des coups d’une rare sauvagerie; elles viennent facilement à bout de ces dispositifs, protections dérisoires face à leur détermination acharnée. La porte cède avec fracas, et mes assaillantes déchaînées déferlent dans mon appartement vandalisé comme une masse chevelue et stridente. Terrorisé, acculé, je n’ai guère que le temps de me cacher dans une armoire branlante avant d’être découvert, que des mains aux ongles écarlates ne se saisissent violemment de moi et me... euh... hum, hum. Bref, des cauchemars éminemment cauchemardesques qui, je l’espère, vous feront comprendre l’étendue de mon trouble et vous inspireront la clémence. 

Mais surtout, j’ai l’excuse absolue, celle qui, je le sais, suffira pour que vous me pardonniez tout, et même plus encore: c’est que le beau temps est arrivé à Berlin cette semaine! Qu’il est bon d’avoir chaud, de s’enduire de crème solaire avant d’aller faire du sport, de se mettre à nouveau en short, de traîner dans les parcs et de s’attarder aux terrasses des cafés, de déjeuner sur un balcon où l’on s’est remis à arroser les fleurs, d’aller nager au lac pour l’une des dernières fois sans doute, avant l’arrivée de l’automne... En un mot, nous disposons tout juste de quelques jours pour profiter de l’été, et nous comptons bien en tirer parti!

En fait on ne voit pas très bien sur la photo, mais ça dansait à fond
La nuit dernière, vers 2h du matin, j’étais déjà sagement sur le chemin du retour après un samedi bien rempli suivi d’une soirée en demi-teinte, histoire de pouvoir me réveiller tôt ce matin et utiliser à bon escient les heures de soleil qui étaient prévues pour dimanche qui s’annonçait estival. Et là, dans la station de métro Schlesisches Tor, un coin de Kreuzberg connu pour ses enfilades de bars et de kebabs, je tombe sur une de ces scènes que j’ai vraiment beaucoup de mal à imaginer à Paris ou ailleurs, du typiquement berlinois: à l’endroit où l’escalier d’accès aux quais se divise vers les deux directions opposées, un DJ a installé des platines rudimentaires et improvisé une discothèque de fortune. Un petit groupe de fêtards, constitué en grande partie de Nord-Américains qui n’ont probablement pas encore atteint l’âge légal pour picoler dans leur pays, se trémousse frénétiquement et surjoue la bonne humeur. Ah que c’est cool, la «Berlin nightlife» que leur a vanté leur guide touristique!

Ici, vous voyez peut-être que les gens dansent: il y a des bras en l'air!
Je me rappelle une époque, quand j’étais encore tout nouveau dans la capitale teutonne, où une telle scène m’aurait sans doute grandement impressionné et empli de satisfaction à l’idée de vivre dans la capitale la plus in d’Europe. Mais maintenant, après trois ans de Berlin au compteur, je suis capable d’assister à une telle scène avec détachement, et un mélange d’amusement indifférent et de vague désapprobation devant tant d’overcoolitude assénée bruyamment et de manière similaire de semaine en semaine. Wouaouh, des djeunz qui font la fête dans une station de métro qui pue le kebab et le vomi, das ist hammergeil! Allez, c’était tout de même une distraction intéressante et inhabituelle, et les douze minutes d’attente du métro n’en sont passées que plus vite. Je me suis engouffré dans mon train jaune pendant que des enceintes hurlaient «Smack My Bitch Up» quelques mètres plus bas, sans jeter un dernier regard vers ces singuliers noctambules, et en me demandant s’il était possible que ces DJs soient en fait employés par l’office du tourisme berlinois pour faire vivre le stéréotype. Ce serait drôlement cynique, et pourtant cela ne me paraît même pas impossible.

Liebnitzsee, commune de Wandlitz, dans le Brandebourg, dimanche après-midi. Le soleil nous a lâchés, une fois de plus, mais les adolescents s'amusent comme des fous malgré tout dans l'eau très fraîche.


Dimanche n’a certes pas été aussi ensoleillé que prévu, et la déception se lisait sur nombre de visages bien trop pâlichons pour la saison. Mais il n’y a pas à se plaindre, quand on sait d’où l’on vient! J’ai tout plein de trucs à raconter, comme d’habitude. J’espère m’en sortir et trouver le temps de finir les autres billets! À très bientôt donc, chères Lectrices. Il se fait tard, mais j’hésite à aller me coucher, de peur de refaire ce même cauchemar terrifiant...

Karl-Marx-Allee, jeudi 18 août vers 20h. Mon avenue préférée (ici, vue là où elle est laide) a retrouvé ses couleurs. 

La méga teuf trop cool dans le U-Bahn avec le son tout de même!

mercredi 17 août 2011

Beauté de Berlin: Spreepark im Plänterwald



Au cœur de Berlin-Est, sur les rivages de la Spree du quartier d’Alt-Treptow, une friche urbaine abandonnée, où la nature reprend progressivement ses droits, surprend le visiteur par ses airs de ville fantôme qui se serait vidée soudainement de ses habitants, un environnement de solitude et de décrépitude post-humaine qui rappelle le New York déserté et rendu à la vie sauvage dans lequel vivote un Will Smith solitaire et traqué dans I am Legend. Heureusement, au milieu de cette prolifération végétale chaotique et de cette anarchie de structures corrodées, il n’y a ni fauves, ni bêtes humaines à craindre. Du moins, pour l’instant. Mais qui sait vraiment quelles créatures sauvages y rôdent? J’ai aperçu un renard détalant devant moi, sur la Karl-Marx-Allee la semaine dernière, alors dans les recoins profonds du Treptower Park, mieux vaut ne pas trop fantasmer sur la faune sauvage qui se tapit sous les plaques de métal rouillé...

Le Spreepark a une histoire longue et mouvementée, comme chaque mètre carré de territoire berlinois évidemment. Fondé à l’époque de la RDA, à la fin des années 1960, sous le nom nettement plus socialiste de «Kulturpark Plänterwald», le site a été privatisé à la réunification sous le nom de Spreepark, par lequel on le désigne encore aujourd’hui. Après une faillite retentissante en 2001, de spectaculaires saisies de cocaïne dissimulée dans la structure d’un manège,  une fuite rocambolesque vers le Pérou, l’emprisonnement de l’ancien propriétaire et l’échec de tous les plans de reprise présentés pendant la décennie, le parc est toujours à l’abandon. La grande roue ne tourne plus depuis 2001, mais elle est toujours là, à rouiller à l’air libre. On l’aperçoit de loin au-dessus de la cime des arbres, à Friedrichshain ou à Treptow.

Pourtant, bien que l’herbe folle ait envahi tous les manèges dont la peinture continue de s’écailler dans l’indifférence générale, le parc d’attraction est encore ouvert au public. Par exemple, il se visite plusieurs fois par semaine, pour un tour de deux heures en compagnie d’un guide expérimenté, contre paiement de 15€ par personne, soit quasiment le prix d’un billet d’entrée lors de la dernière année d’activité (29 DM). Gloups, c’est pas donné. Vous pouvez aussi y pénétrer en resquillant, à la faveur des nombreuses brèches dans la clôture, à vos risques et périls bien sûr! Ou alors, vous pouvez profiter des quelques événements à vocation festive ou culturelle organisés par le collectif du Spreepark pendant la belle saison, une occasion qui permet en général de faire la fête en plein air dans un cadre insolite et relativement inaccessible, malgré son étendue et sa localisation, proche du centre de la capitale. À essayer absolument!



J’ai adoré l’endroit mais il ne m’inspire rien de particulièrement original ou drôle à raconter. J’ai vraiment essayé, pourtant. Alors on se contentera d’images cette fois, histoire de faire une pause au milieu de toute l’actualité brûlante de ce mois d’août. Merci à Janne et à Brigitte pour les photos de cette belle soirée!










En fait ici, on devrait lire "Schatzinsel", l'île au trésor. Mais il n'y avait pas assez de recul pour tout prendre en photo!







lundi 15 août 2011

Schlampenmarsch! (Berlin SlutWalk)

Vous connaissez sûrement l’histoire, chères Lectrices, curieuses de tout et informées comme vous l’êtes. Par une froide journée de janvier, au plus fort de l’hiver canadien, un commissaire de police de Toronto (allez, un peu de name-dropping que diable: il s’appelait Michael Sanguinetti) apprenait la vie à un groupe d’étudiant(e)s en fac de droit et leur prodiguait bienveillamment quelques conseils de bon aloi pour les aider à veiller à leur sécurité personnelle dans un monde hostile et plein de dangers.
“Écoutez, on ne va pas tourner autour du pot pendant 107 ans, pérora le chef-poulet avec sagacité devant un parterre acquis à son autorité. Je ne suis pas censé m’exprimer ainsi, à ce qu’on m’a déjà dit, mais franchement, les femmes devraient éviter de s’habiller comme des salopes afin de ne pas s’attirer d’ennuis.”
L’histoire ne nous dit pas combien d’étudiantes étaient fringuées comme des pioutes dans l’assistance, mais on peut subodorer, sans trop prendre de risques, qu’en plein mois de janvier en Ontario, l’étudiante moyenne se pointe en amphi, chastement vêtue d’un string léopard et avec deux petits triangles de tissu qui cachent pudiquement ses tétons pris de roideur dans le frimas hivernal. Normal quoi... Sans oublier bien sûr un bonnet, des moufles et des Moonboots tout de même, pour les grandes frileuses, les jours où le mercure s’effondre pour de bon. Quoi qu’il en soit, le commissaire Sanguinetti, magnifique spécimen de «violeur compréhensif» (tout compte fait, ça n’a rien de nouveau et ça ne vient pas de sortir), passera donc à la postérité pour avoir déclenché un torrent de protestations que personne n’avait vu venir, et pour être à l’origine, bien contre son gré, d’un nouveau sport qui fait fureur dans toutes les capitales à travers le monde. Ainsi, après la randoboue des rivages venteux de la Mer du Nord, voici la randopouffe, dernière lubie à la mode dans nos impitoyables jungles urbaines. Et aussi sûrement que le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut provoquer une tornade au Texas, un aphorisme plein de sagesse prononcé devant trois pèlerins au Canada a déclenché, ce samedi, un défilé de bas résilles et de seins nus dans les rues de Berlin.

Un petit groupe de SlutWalkeuses, en route vers le défilé, croise bruyamment le chemin de votre dévoué chroniqueur médusé, samedi midi, dans les rues de Friedrichshain.

Bref, en un mot comme en cent, la «marche des Salopes», la SlutWalk comme on l’appelle désormais dans le monde entier, a déferlé massivement sur les rives de la Spree ce samedi! Enfin, «déferlé massivement» est peut-être une légère exagération, n’allez pas vous imaginer une marée de blondes Walkyries en petite tenue envahissant la capitale d’un pas conquérant et toisant furieusement chaque mâle qu’elles rencontraient sur leur passage: «elles» n’étaient, selon la presse, pas plus de 1.800 à arpenter le pavé, dans des tenues souvent délibérément provocantes. Une paille, quand on mesure cela aux centaines de milliers de gens qui se réunissent pour assister au «CSD» (la Gay Pride version allemande, un spectacle que l’on vient admirer en famille à Berlin) ou au Karneval der Kulturen à la Pentecôte. Le succès a donc été en demi-teinte pour les Sluts berlinoises en si l’on se contente de regarder les chiffres, mais l’opération fut en fait une réussite éclatante pour le mouvement au vu de la couverture médiatique, intense et globalement favorable, dont les manifestantes ont bénéficié, alors qu’il y avait tout de même un concurrent de taille pour occuper l’espace médiatique en ce samedi 13 août, avec la commémoration de la construction du Mur de Berlin, débutée exactement 50 ans plus tôt. Et elle s’est bien régalée, la presse, il n’y a pas à dire! Je décerne ma palme perso au tabloïd Berliner Kurier pour son diaporama tout en nuances intitulé Schlampenalarm in Berlin, soit dans notre belle langue, «Alerte aux salopes à Berlin». Gloups! Allez, je leur pique une photo de leur article, histoire de donner le ton: Berlin restera toujours Berlin!

Une participante berlinoise présente
en exclusivité la première robe de
mariée complètement invisible
Made in Hogwarts
Je n’ai pas eu la chance de faire partie des quelques hommes qui sont allés se rincer l’œil pépère à la manif’ soutenir les revendications légitimes de la gent féminine, n’ayant appris que bien trop tard que la manifestation allait avoir lieu: je suis tombé nez à nez avec un petit groupe de Berlinoises samedi midi; elles étaient habillées tout à fait «normalement» (au sens friedrichshainien du terme, c’est-à-dire avec un goût bien particulier, caractérisé par... son absence), et ce qui m’a mis la puce à l’oreille, ce sont les pancartes qu’elles portaient, plutôt que leur accoutrement tout sauf remarquable dans le Kiez ou je vis. Évidemment, c’est bien ma chance, ça: les seules «salopes» que je croise sur mon chemin portent des bottes, des bas noirs, une veste, et, comble de l’horreur, un pantalon!!! Même pas un talon aiguille à se mettre sous la dent, pas même une ch’tite jupe... M’est avis qu’il y en a à qui on a mal expliqué le concept de slut, non mais j’vous jure.

Ayant un programme bien rempli pour ce samedi où le soleil brillait enfin généreusement, je ne les ai pas suivies et les ai laissées s’éloigner, le cœur lourd. Il paraît que c’était sympa. Mais maintenant, alors que j’écris ces lignes, une question me turlupine: pourquoi ces SlutWalks simultanées à Berlin, à Munich et Hambourg? Certes, le viol est un problème universel et doit être combattu partout. Mais au pays où le naturisme, désigné sous le vocable apaisant de Freikörperkultur («la culture du corps libre»), a pignon sur rue, et où chacune semble avoir la liberté de se fringuer (ou pas) absolument bon lui semble et de bronzer nue au parc en pleine ville si cela lui chante, je ne suis pas sûr que les Allemandes soient vraiment concernées au premier chef par cette saillie malavisée du commissaire Sanguinetti, qui a mis involontairement le feu aux poudres et n’a cessé par la suite de battre sa coulpe et d’implorer pardon aux femmes, en se flagellant, pieds nus dans la crotte, chemise de crin sur les épaules.

Qui a dit que la Berlinoise n'était pas sexy, hein?
À la rigueur, elle n'a pas assez vu le soleil cet été...
En fait, en Allemagne, nombre de femmes étrangères, et parmi elles les Françaises, se plaignent du manque d’audace des hommes, du cru trop indifférents pour les regarder, trop distants pour les aborder, trop réservés pour les draguer. Parfois, même les Allemandes se joignent à ce concert de lamentations des amantes délaissées. Je me rappelle ce dîner avec deux amies israéliennes qui, après seulement quelques mois à Berlin, se languissaient, non pas du chaud soleil méditerranéen, mais avant tout de la drague permanente à laquelle elles étaient soumises, là-bas au pays, dès qu’elles mettaient le nez dehors, et qui leur manquait cruellement dans cet environnement teuton où la séduction se fait rare sur le pavé. Et il n’y a tout simplement pas assez de mâles français, de lovers israéliens ou de ténébreux Ritals enamourés pour satisfaire la demande... Pourtant, nous faisons de notre mieux! Avis aux candidats à l’émigration? Allez, il se fait tard, et je ne dis pas qu’il y a davantage de viols dans les pays où les hommes sont plus entreprenants, cependant j’ai comme l’impression que les femmes berlinoises ne souffrent pas d’un excès d’attention de la part des hommes, mais principalement du problème inverse.

Peut-être certaines me contrediront-elles sur ce point, mais quoi qu’il en soit, remercions encore Michael Sanguinetti: jamais jusqu’ici la parole d’un seul homme n’avait précipité des milliers de femmes en colère, et à moitié nues, dans les rues du monde entier. Total respect, monsieur le commissaire!
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