mardi 30 juillet 2013

Chronique Martiniquaise (8) : Le français ensoleillé de Martinique — Première partie

En Martinique, on parle le créole qui, comme chacun sait, est la langue maternelle d’une bonne partie de la population. Comparé à d’autres langues régionales de France comme le breton ou l’occitan, le kréyòl martiniquais se porte plutôt bien, n’ayant pas encore été expédié au purgatoire des langues moribondes par les coups de boutoir d’une République  vengeresse qui se veut centralisatrice et uniformisante et n’a eu de cesse de terroriser des générations entières d’écoliers afin d’éradiquer définitivement les «patois», dans une absurde bataille contre les cultures régionales.

Mais, bien entendu, les Martiniquais parlent aussi le français, langue de l’éducation, des médias, du commerce et de la République. Comme dans d’autres régions de France et dans les autres territoires de la Francophonie, le français parlé (et écrit) en Martinique compte un certain nombre de savoureux particularismes locaux que les autochtones emploient fréquemment, sans se douter un instant que ces régionalismes sont souvent inconnus au-delà des rivages ensoleillés de leur île. Jusqu’au jour funeste où l’étudiant martiniquais à Paris ou à Bordeaux demande le plus naturellement du monde un «sachet» ou une «timbale» à un commerçant, et ne reçoit pour toute réponse que des yeux de merlan frit (puis une «gentille» remarque sur son accent). Hein? Comment? On cause pas pareil? Eh bien non, pas tout à fait.

jeudi 18 juillet 2013

Un mois à Berlin : juin 2013

Aïe bon Dieu Seigneur la Vierge Marie, juillet est déjà presque terminé et je n’ai toujours pas achevé mon billet sur les temps forts en images de mon mois de juin à Berlin. Alors pressons, zack zack.

3 juin - Au cinéma des Hackesche Höfe, à Mitte, c’est la première en Allemagne du film sénégalais La Pirogue. Le réalisateur, Moussa Touré, est dans la salle et répond aux questions d’un public avide de réponses sur ces jeunes prêts à tout risquer pour s’embarquer dans de frêles embarcations pour assouvir leurs rêves d’Europe. Aidé par son interprète et ami, le réalisateur livre aux spectateurs franco-allemands sa vision d’artiste, d’Africain et de citoyen du monde sur les problèmes soulevés par son film.

mercredi 10 juillet 2013

On a testé : Steglitz vaut bien une messe

Le lieu : Berlin-Steglitz, 52°N, 13°E, 73.000 habitants dont un millier de Porsche.
La date : le soir de la fête de Pâques grecque orthodoxe, le 4 mai.

Ce samedi-là, j’avais naïvement accepté d’accompagner Mr Bonsoir et quelques amies au fin fond de Steglitz, un quartier ouest-berlinois plutôt cossu et complètement excentré de la Hauptstadt, à environ quatre heures et demi de métro de Friedrichshain, un bout du monde où jusqu’ici je ne m’étais jamais aventuré. En vérité je vous le dis, fidèles Lecteurs : depuis les toits de Friedrichshain, on voit la Lune, mais on ne voit pas Steglitz. Je dis ça, je dis rien. Le but avoué de notre expédition était, tenez-vous bien, d’assister à une messe de Pâques grecque orthodoxe. Un samedi soir, à minuit par-dessus le marché, à l’heure où tout Berlinois bien dans ses Birkenstock Converse préfère écumer les bars bruyants des quartiers hype plutôt que de s’infliger le silence des bénitiers en simili-marbre... Qu’étais-je donc allé faire dans cette galère ?

Un pèlerin allume des cierges dans une église grecque orthodoxe. Pas à Steglitz, certes, mais à Jérusalem. Mais bon vous voyez l'idée. De toute façon, depuis Friedrichshain, c'est le même temps de voyage.

vendredi 5 juillet 2013

L’expo World Press Photo 2013 à la Willy-Brandt-Haus

Micah Albert (États-Unis), 1er prix dans la catégorie «Thèmes contemporains / Photos simples»
Dans la décharge géante à ciel ouvert de Dandora, en banlieue de Nairobi, une femme s'accorde une pause dans sa longue journée de collecte de déchets potentiellement réutilisables (et potentiellement dangereux). Selon le commentaire du photographe, elle a avoué aimer feuilleter les livres qui lui tombent sous la main, même des catalogues de machinerie industrielle. La décharge aurait dû fermer en 1990, puis en 2001, mais est toujours en activité. Près de 10.000 Kényans y survivent quotidiennement de la collecte de détritus, mettant leur santé en péril pour gagner une misère.

La semaine dernière, ma prof d’allemand a eu une chouette idée: délocaliser notre cours hebdomadaire de langue teutonne dans le hall lumineux, spacieux et anguleux de la Willy-Brandt-Haus, au lieu de l’habituelle geôle exiguë et dépourvue de fenêtres où, à l’abri des regards indiscrets, elle nous accable en continu de Modalverben, de Dativ-Präpositionen et autres Konjunktiv II in passivem Nebensatz, et fait claquer comme une cravache les trennbare Präfixe («auf! hinzu! nach!») dans l’air confiné du cachot, sur fond de tubes rock de Wir Sind Helden à 88 décibels. Afin de mieux masquer les hurlements d’épouvante et de sanglots de douleur de sa classe terrorisée et meurtrie.

mercredi 3 juillet 2013

Un mois à Berlin : mai 2013

Le nombre riquiqui de commentaires à mon grand article signalant le come-back en fanfare des Chroniques Berliniquaises tend à prouver qu’il est plus facile de maintenir en vie un héros africain nonagénaire à l’article de la mort que de redonner vie à un blog fait de zéros et de uns après seulement 6 mois d’agonie... Mais qu’à cela ne tienne, je ne compte pas me laisser abattre pour si peu. Vos chroniques préférées reprendront d’ici peu la place qui leur revient de droit dans la blogosphère mondiale. N’est-ce pas ? Hein, n’est-ce pas ? Vous allez revenir, hein, dites, chères Vahinés ? Allez quoi siouplééééé. Bref, voici donc, après quelques mois d’absence, le retour de nos rétrospectives « Un mois à Berlin ». Je vous prépare mai et juin 2013 d’un coup, et laisse tomber tout l’automne et l’hiver... tant pis pour cette fois, mais ce n’est que partie remise ! J’espère que les puristes de la photographie parmi vous me pardonneront l’irruption de photos instagrammées dans la rubrique. Toutes vos protestations et vos fatwas contre ces applis pour hipsters sans talent sont les bienvenues.

1er mai - Le festival MyFest est de retour à Kreuzberg, avec la même mission que chaque année : bannir la violence des rues de ce quartier lassé de cette curieuse «tradition» d’émeutes de groupes extrémistes de gauche, qui ont gâché la fête du 1er mai pendant plus de vingt ans. Dans les rues, les mamas turques coiffés de fichus en satin côtoient la jeunesse berlinoise avide de beats et les étudiants Erasmousse en quête de frisson teuton, l’électro en plein air joue des coudes avec le reggae... On a beau dire que le Multikulti est mort, il suffit de passer quelques heures dans les rues voisines de Kottbusser Tor un premier mai pour se convaincre du contraire.
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