jeudi 27 janvier 2011

Hibernation


Les Chroniques Berliniquaises ont quelque peu tourné au ralenti ces derniers jours. Même si ce relâchement est, je le concède, tout à fait inexcusable et suffit largement à excuser le torrent de protestations de lecteurs furibards réclamant hic et nunc, et pas toujours dans le langage le plus affable, le remboursement intégral de leur abonnement à ce blog éminemment gratuit ainsi que des sommes conséquentes en réparation du préjudice moral subi, il y avait tout de même une raison expliquant cette situation navrante : j'hiberne. 


Ach, ce n'est pas facile de tenir le rythme en cette période où chaque petite chose demande un surcroît considérable d'énergie. En l'occurrence, j'arrive tout de même à jongler entre le boulot et les diverses activités sociales et culturelles berlinoises, et même à faire un peu de sport. Mais quand j'ai fini, je rentre chez moi et m'écroule misérablement, m'endormant avant d'avoir aligné deux paragraphes sur mon blog en jachère, alors qu'il n'y a pas si longtemps j'enchaînais direct avec une séance d'écriture nocturne entre minuit et 3 heures du matin. En ces temps bénis, j'avais sacrément la patate. Je ne sais pas s'il en est de même pour vous, chers lecteurs qui comme moi grelottez.

Ceci dit, j'ai trouvé à m'occuper par une activité hivernale un peu plus décoiffante que des soirées en position fœtale sur mon divan, prostré sous un plaid Ikea : le ski en Germanie. Eh oui, on en vient presque à l'oublier, mais les moonboots n'ont pas été conçus uniquement pour arpenter d'un pas circonspect les rues berlinoises verglacées. Partant de ce constat, et résolu à ne pas subir passivement le froid et la glace, j'ai fait une escapade à la montagne avec ce qu'il convient d'appeler "les Erasmus professionnels berlinois" de mes fréquentations, c'est-à-dire ce groupe d'expats / immigrés (le débat n'est pas clos) aux horizons divers qui peuplent mon quotidien, et qui, bien qu'ils aient fini leurs études depuis quelques années, mènent un train de vie en tout point semblable à Romain Duris et ses acolytes de l'Auberge espagnole. Destination : Reit im Winkl, bourgade bavaroise de quelques centaines d'âmes à 1km de la frontière autrichienne, et à sept heures de route de Berlin, tout en bas, tout au sud.


Que dire de cette expérience ? Steven, notre collègue canadien qui a failli avoir des ennuis avec la police car il n'avait pas son permis de séjour, était aux anges : il allait enfin découvrir le ski "en Europe", voir si les Alpes étaient "différentes, plus pentues par exemple", et si la neige "plus neigeuse". Ma foi, j'ai oublié de faire le bilan avec lui. À mon humble avis, le ski sur le domaine transfrontalier germano-autrichien de Steinplatte, ça ressemble comme deux gouttes d'eau au ski en France, à part quelques petites spécificités telles que le bonheur des pistes presque vides, les télésièges chauffés, la langue majoritaire parlée sur place (l'allemand ? Que nenni. Là-bas on parle en yodels et en dialectes montagnards bavaro-tyroliens chantants pour les locaux, et on communique en langue des signes pour les envahisseurs), la musique ringarde qui accompagne nécessairement toute soirée "après-ski" (prononcée "aprèschi") digne de ce nom, ainsi que les spécialités culinaires, au nombre desquelles ne figure aucun plat à base de fromage, pour mon plus grand bonheur. Je ne compte plus mes vacances à la montagne gâchées par l'indigeste trinité raclette-tartiflette-fondue. Oui, je l'avoue : j'ai fui la France à cause de ses fromages, le saviez-vous ? Alors à Reit im Winkl, de la saucisse et de bons plats de gibier à la place de ces "festins" moisis, malodorants et dégoulinants, voilà qui n'est pas pour me déplaire !

Le reste, ce sont de petites choses finalement, comme par exemple des "détails de l'histoire", pour plagier le propos d'un illustre politicien français qui ne se sentirait pas trop dépaysé en cette paisible contrée. Attention, le premier qui tend le bras en avant a perdu ! À regret, nous n'avons pas pris le temps d'aller visiter le célèbre "nid d'aigle" de Berchtesgaden, tout proche, ayant préféré les pistes à l'histoire.

Pour les fadas d'archéologie et les amateurs de frissons, la station Steinplatte abrite également un mystérieux "Triassic Park" :

Malheureusement pour nous, les dinosaures au sang froid hibernent eux aussi, et ne sont de la partie qu'en été. Cela aurait pourtant pu être tout à fait inoubliable, une descente à skis avec des velociraptors à nos trousses ! Le soleil a été de la partie, la bonne neige aussi, bref, en fin de compte un weekend au ski tout ce qu'il y a de plus normal. L'inconvénient majeur est d'avoir dû passer plus de temps en voiture que sur les pistes. Trop nuls ces Prussiens, d'avoir construit leur capitale aussi loin des Alpes, je vous jure !


Mais maintenant que j'ai enfin récupéré de cette folle expédition, de mon retour chez moi lundi à 3 heures du matin et d'une semaine trop remplie, je vais pouvoir reprendre une activité normale aux Chroniques. Merci pour votre patience et à très bientôt !

Vue sur la vallée

Vue du chalet le matin


Vue du chalet le soir

2 commentaires:

  1. Les photos sont très belles comme souvent!
    et le texte, à l'instar des autres billets de janvier est densément bien écrit!
    je vote pour plus de détails, plus de descriptions, plus de sensations relatées...et si c'est au détriment du nombre de posts mensuels, tant mieux!
    Elle était comment cette neige????

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  2. Ravie de te lire à nouveau Sophie C. ! Merci pour tes encouragements. Oh la neige était ma foi poudreuse, fluide, vraiment parfaite pour le ski. Un vrai bonheur !

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Un petit bonjour ?

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