mardi 19 juillet 2011

Mal aux poignets


Allons, allons, chères Vahinés à la peau tannée au soleil estival, qualliez-vous donc imaginer là ? Vous faites fausse route. Revenu à Berlin il y a 24 heures à peine, je m’étais promis de rentrer sagement à la maison ce soir afin d’écrire avec l’ardeur renouvelée du chevalier qui retrouve sa mie après de longues année à guerroyer contre les infidèles en Terre sainte.

Las, après une journée à en baver devant des tableaux Excel plus arides encore que les mornes plaines de Judée, j
’ai préféré m’en aller retrouver mes copains autour d’une bière rafraîchissante, et surtout, d’un Kicker. Ainsi nomme-t-on le baby-foot par ici, comme je vous le disais déjà il y a quelques semaines, car je radote de plus en plus. Comme nous autres les Français, les Allemands ont inventé de toutes pièces un anglicisme bancal pour désigner ce que les Anglais nomment prosaïquement table-football et les Américains, nettement plus germanophiles, “foosball”, et la boucle est bouclée...

La preuve par l'image.
Encore joyeux anniversaire, Stefan!
Alors voilà. Trois heures de Kicker plus tard, suivies de près d’une heure de vélo, j’ai les poignets meurtris. Mes potes berlinois m’ont bien fait rire: Stefan (*), qui a fêté son anniversaire pendant ma semaine bretonne, a reçu comme cadeau... des bandelettes souples en caoutchouc antidérapant, accompagnées d’une bande adhésive, dont l’unique fonction est de momifier les poignées du baby-foot et de permettre une meilleure préhension pendant le jeu. Le fin du fin? Elles sont même réutilisables! Oui, car vous comprenez, à force, on se fait mal aux mimines sur ces poignées toutes dures en plastoc. Stefan, comblé par ce cadeau providentiel, nous en a bien entendu fait profiter, ce qui nous a permis de jouer encore plus longtemps que d’habitude et de nous meurtrir les poignets, car pour les poignets, nous n’avons pas encore la parade. Ah, ces sacrés Allemands et leur pragmatisme à toute épreuve ! Du coup, pour mon prochain anniversaire, je me demande s’ils m’offriront une chouette ampoule E27 à basse consommation ou un antivol pour mon vélo. Ou alors une tringle à rideaux peut-être...

Je persifle, mais ils sont tout de même sympas mes potes, car quand je leur demande: «Dites, les gars, vous m’autorisez à photographier cette scène pour mon blog afin que je prouve à la face du monde que les Allemands ne sont vraiment pas des gens normaux?», ils disent oui sans hésiter... Je vais donc cesser de railler ce peuple d’incompris pour ce soir. 

Attention: l'abus d'Allemagne est dangereux
pour votre santé.
Alors que j’écrivais ces lignes, j’ai scotché devant une émission que je ne connaissais pas encore jusqu’à ce soir: “Puschel TV” est présentée sur la chaîne Das Erste par le Français Alfons (de son vrai nom, Emmanuel Peterfalvi), une sorte de Lagaf’en survêt’ orange qui régale le public teuton de son accent à couper à l’Opinel et de blagues à mourir de rire, comme par exemple: «Le dimanche, les Allemands lavent leur bagnole, les Français, leurs enfants, et les Suisses, leur argent», que je viens d’entendre en direct. Gloups. Hurlements de rire, public en délire, standing ovation. 

Tout compte fait, peut-être devrais-je prendre garde à ne pas trop m’intégrer à mon pays d’accueil? Le jour où vous me surprendrez à prononcer de si douteux aphorismes en public, chères Vahinés, soyez gentilles: prévenez l’ambassade et organisez mon rapatriement d’urgence, avant qu’il ne soit trop tard et que je ne me mette à déclarer, comme cet impayable Alfons, que les Allemands ont «beaucoup plus d’humour» que les Français.

(*) Le prénom a été changé, comme d'hab.

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