15 juillet, midi pile sur la Grande Boucle, de La Planche-des-Belles-Filles à Porc-en-Truie Porrentruy. J’ai choisi, pour illustrer le tout dernier thème de La Photo du Mois («La vie en vert», choisi par Dorydee), de vous narrer les détails navrants d’une petite mésaventure qui a traumatisé et laissé de lourdes séquelles psychologiques à l’amoureux de la nature que je suis, il y a trois ans presque jour pour jour.
Alors voilà. Les plus assidu(e)s d’entre vous sur ces pages le savent depuis bien longtemps: outre la tenue de ce blog, ma grande passion, dans la vie, c’est mon balcon fleuri. Il m’arrive parfois, sans exagération, de passer des heures entières à y contempler la fine dentelure des feuilles des dahlias, à y humer le parfum de mes fleurs, à y bichonner mes épices, à éliminer mauvaises herbes et brindilles sèches, où juste à m’y poser, satisfait, en compagnie d’un bon bouquin et de quelques bourdons chafouins et gourmands qui vonvonnent d’allégresse de pistil en pistil. Un vrai papy. Alors que je n’ai même pas encore fêté mes 32 29 25 21 ans! Heureusement que mon balcon est trop petit pour que je puisse y dormir, sinon j’y planterais assurément ma tente Quechua de temps à autre pour y passer une nuit à la belle étoile. En plus de mon balcon, j’ai également fleuri les quatre fenêtres de mon appartement berlinois, de sorte que je ne peux regarder au-dehors sans admirer mes jardinières où pousse une végétation aussi dense et luxuriante que dans l’enclos horticole de ma mère-grand aux Antilles. Cinq mois par an, je suis le roi Nabuchodonosor, furetant avec contentement dans ses jardins suspendus au-dessus de Friedrichshain, Babylone des temps modernes.
Votre dévoué chroniqueur lit son journal préféré et savoure un moment de bonheur sur son balcon |
Malheureusement, une vie de jardinier amateur n’est pas une sinécure. Les plantes, il faut les protéger et trouver le temps de s’en occuper. Et souvent, lorsque je rentre après quelques jours d’absence, ce qui m’arrive fréquemment, une mauvaise surprise m’attend. C’est ce qui s’est produit un jour de juillet 2009. J’étais installé dans la métropole teutonne depuis moins d’un an et, ayant emménagé deux mois plus tôt dans l’appartement que j’occupe encore aujourd’hui, je m’étais improvisé jardinier et apprenais sur le tas les rudiments du métier.
Un vendredi soir, je regagnais mes pénates au terme de quatre petits jours de voyage. Depuis quelques jours, les pies, et surtout les pigeons qui peuplent la cour intérieure de mon immeuble, avaient pris l’habitude, pour une raison que j’ignorais, de faire la nouba dans mes jardinières, les saccageant sans aucun égard pour mes efforts floraux. Le lundi précédent, au petit matin, juste avant mon départ, j’avais installé des défenses provisoires et bien précaires, une dérisoire ligne Maginot faite de baguettes japonaises, en attendant, pensais-je, régler la question une bonne fois pour toutes à mon retour de voyage. Aussi, en ce vendredi fatidique, ouvris-je la porte avec fébrilité et me précipitai-je dans ma cuisine, impatient de constater l’étendue des dégâts causés en mon absence, et de reprendre ma bataille contre les fâcheux colombidés. Je ne sais plus vraiment à quoi je m’attendais, ce soir-là, mais je suis sûr et certain que je ne m’attendais pas à trouver une palombe en train de «lounger» peinard sur ma menthe et mon basilic! Mon petit potager portatif, transformé en Club Med pour pigeons! Incroyable! Inacceptable!
Notez la présence des trois baguettes devant la ciboulette... Oui c’était mon système de défense anti-pigeons à l'époque. Très efficace! |
*** Note importante: Si vous êtes un amoureux des pigeons, je vous conseille très vivement de vous arrêter de lire tout de suite, car je crains fort que cette petite histoire ne s’achève pas sur un happy end. (Si c’était le cas, ce billet ne serait pas une «Tragédie aviaire». Ben voyons). Après avoir refermé votre navigateur internet, vous feriez mieux de vous rendre hic et nunc à l’hôpital psychiatrique le plus proche de chez vous, car franchement, quiconque a un minimum de sympathie pour les pigeons, ces volatiles gris, sales, puants, et complètement inutiles, devrait consulter un spécialiste au plus vite. Beuark. Vous étiez prévenus. ***
«Aaaaah! Non! Pas ça! Va-t-en! Va-t-en!» Je me rappelle très bien avoir poussé un cri de colère et d’exaspération. Je me précipitai vers la fenêtre, l’ouvrit en grand et hurlai encore comme un dément. Le gros ramier était impressionné, apeuré, terrorisé même. Mais il ne bougeait pas d’un millimètre. «Mais barre-toi sale bête!» tonnai-je, et je parvins enfin, à force de cris et de gesticulations de possédé, à chasser le colombidé, petit animal obstiné et, à mon grand étonnement, diablement courageux. Le squatteur s’enfuit à tire d’aile, laissant derrière lui la surprise du chef. Sur un lit fait de brindilles, de déchets végétaux, et des tiges souples et parfumées de ma menthe agonisante, trônaient, me dévisageaient, me narguaient, deux petits œufs à la coquille lisse, d’un blanc rosâtre immaculé.
Ô rage! Ô désespoir! Ô scélératesse ennemie! Révolté, écœuré, exaspéré par tant de fourberie animale, je retins un sanglot et faillis fondre en larmes. La pigeonne, qui n’était pas partie bien loin, me guettait avec anxiété depuis son perchoir d’observation stratégique, une branche toute proche du grand marronnier aux larges feuilles dentelées. Malgré la crainte que je lui inspirais, il était clair qu’elle n’avait pas l’intention de lâcher l’affaire.
Passé le moment de pure rage haineuse, je commençai à me calmer. Mon pressentiment était le bon: ce maudit oiseau n’avait pas abandonné le nid. À peine avais-je tourné le dos qu’il était déjà revenu à son poste de couvaison, obéissant à un puissant instinct, vieux comme le monde, et condamnant mes herbes aromatiques à une mort lente, cruelle, toujours plus certaine, dans d’atroces souffrances. Que faire? Face au problème très concret qui m’était posé, je devais adopter une démarche pragmatique. Je passai en revue les options qui s’offraient à moi:
Solution n°1 — Colombophilie en cuisine
Oooooooooh! Un petit cui-cui! Comme c’est meugnooon! Je pourrais, bien sûr, me réjouir de ce voisinage à plumes, et me mettre en quatre pour que la petite famille de ramiers s’épanouisse au mieux à ma fenêtre. Pour leur simplifier les choses et éviter de stresser la maman pigeonne et sa petite couvée, je pourrais, par exemple, ne plus mettre les pieds dans ma cuisine pendant six semaines tiens? C’est-y pas une trop bonne idée? Que ne ferait-on pas pour protéger la vie qui s’épanouit, hein?!
Oooooooooh! Un petit cui-cui! Comme c’est meugnooon! Je pourrais, bien sûr, me réjouir de ce voisinage à plumes, et me mettre en quatre pour que la petite famille de ramiers s’épanouisse au mieux à ma fenêtre. Pour leur simplifier les choses et éviter de stresser la maman pigeonne et sa petite couvée, je pourrais, par exemple, ne plus mettre les pieds dans ma cuisine pendant six semaines tiens? C’est-y pas une trop bonne idée? Que ne ferait-on pas pour protéger la vie qui s’épanouit, hein?!
Solution n°2 — Spiderman à l’assaut du marronnier
Oooooooh! C’est meugnon tout plein, un petit cui-cui! Mais c’est beaucoup plus meugnon bien à sa place, par exemple dans l’immense marronnier haut comme l’immeuble où je vis, avec ses six mille branches et tout autant d’emplacements idoines pour la nidification... Et puis, dois-je vraiment sacrifier ma jardinière de menthe, de ciboulette et de basilic pour des satanés pigeons? Non, clairement pas. La solution: décrocher le nid et l’installer sur une branche du marronnier. À condition, bien sûr, de s’appeler Spiderman...
Oooooooh! C’est meugnon tout plein, un petit cui-cui! Mais c’est beaucoup plus meugnon bien à sa place, par exemple dans l’immense marronnier haut comme l’immeuble où je vis, avec ses six mille branches et tout autant d’emplacements idoines pour la nidification... Et puis, dois-je vraiment sacrifier ma jardinière de menthe, de ciboulette et de basilic pour des satanés pigeons? Non, clairement pas. La solution: décrocher le nid et l’installer sur une branche du marronnier. À condition, bien sûr, de s’appeler Spiderman...
Solution n°3 — On ne fait pas d’omelette...
Mmmmmh ! Lecker! Des œufs de pigeons ! De production biologique, par-dessus le marché ! Je dis banco. Oui, la vie qui éclot, tout ça, tout ça, c’est beau, c’est mignon, mais la nature est avant tout très très cruelle, et nous, humains, sommes les «apex-predators», au sommet de la chaîne alimentaire. Ainsi va le monde. Allez, assez d’états d’âme. Hm, hmmm, où ai-je donc mis ma poêle Tefal...?
Solution n°4 — Isaac Newton, si tu nous entends...
Un élevage de pigeons dans ma cuisine? Sûrement pas! Une «omelette» à base de deux petits œufs tous rabougris, qui ont déjà été couvés plusieurs jours? Bah! Très peu pour moi. En revanche, il n’est jamais trop tard pour faire une séance de TP de biologie, et tester si ces magnifiques coquilles couleur d’albâtre résisteraient à une chute du quatrième étage. Il s’agirait, bien sûr, d’une expérience rigoureusement scientifique, et rien d’autre. Évidemment. Parbleu!
Après avoir considéré ces quatre solutions (et après en avoir exclu d’autres, plus farfelues) (c’est fou tout ce qu’on peut envisager de faire avec des œufs de pigeons en fait, une fois qu’on se penche sérieusement sur la question) (je vous laisse imaginer) (bref), je décidai de m’accorder un ou deux jours de réflexion. Une décision aussi lourde de conséquences ne devrait pas être prise dans la précipitation, après tout. Je passai un weekend surréaliste: à chaque fois que je m’arrêtais dans ma cuisine, je ne pouvais pas m’empêcher d’espérer que la grosse palombe avait disparu avec sa maudite couvée, mais elle était toujours là. Dans des moments de folie, j’ouvrais la fenêtre et la délogeais sans ménagements, mais elle revenait toujours. Toujours. Toujours. Brave petite bête. Bien malgré moi, je commençais lentement à admirer sa courageuse abnégation.
Ce qui ne m’a pas empêché d’avoir une dispute particulièrement violente avec un «pote» écolo, qui ne comprenait pas que je puisse envisager une seule seconde de ne pas laisser les gentils oiseaux du bon Dieu vivre en paix à ma fenêtre, et que je ne sois pas en extase devant ce magnifique et émouvant spectacle du cycle de la vie. En fait, je devrais me considérer chanceux, privilégié même, que ces maudits volatiles aient élu domicile à ma fenêtre pour y faire crac-crac et fonder une famille de producteurs de guano... Mais bien sûûûr. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu.
Pour moi, c’était clair que je ne garderais pas le nid à la fenêtre de ma cuisine. Ma cuisinebordel. Trop dégueu. Avez-vous déjà vu un pigeonnier? Autrefois, il y en avait un chez ma tante agricultrice en Martinique, qui a toujours eu la main avec la volaille. Le mot «dégueu» est encore bien trop faible pour décrire la saleté, l’atroce insalubrité dans lesquelles se complaisent les pigeons. À côté, le poulailler paraissait très propre, presque aseptisé même, un peu comme si on comparait un bloc opératoire aux toilettes du service de gériatrie, en fait. Ma tante continue d’élever des poules, des canards, des pintades. Mais les pigeons, elle a laissé tomber: trop sale (sûrement). Bref, un nid de pigeons à ma fenêtre, pendant tout un été? C’est cela oui. Et pourquoi pas déménager en bordure d’un égout à ciel ouvert à Calcutta, tant qu’on y est?
Deux jours passèrent ainsi. Le dimanche arriva. Et avec lui, la solutionfinale. Eurêka! Voici le plan que j’avais arrêté, en plusieurs étapes:
1) Avec une infinité de précautions, enlever le nid de ma jardinière, et installer temporairement cette dernière sur mon balcon, côté rue. Mes pauvres herbes seraient alors sauvées, ce qui était mon objectif n°1.
2) Mettre le nid dans cette boîte à chaussures en carton que je venais de retrouver.
3.a) Si la pigeonne ne revenait plus, tant pis -> et puis, le problème était réglé !
3.b) Si elle s’intéressait encore au nid, alors je transporterais la boîte à chaussures, avec sa pigeonneuse couvée, dans la cour intérieure, puis je devrais escalader le marronnier afin d’installer le nid en sécurité sur une branche basse et pas trop difficle d’accès. Oui, pour ces satanés pigeons, j’avais décidé de jouer à Spiderman! J’avais prévu, pour cela, de m’aider d’une échelle, et de la petite cabane en bois dans laquelle se trouvaient les bennes à ordures multicolores de la copropriété. Tout cela me semblait jouable, raisonnable, et limitant au maximum le facteur de souffrance animale (et la mienne) (et celle de mes plantes chéries).
4) Et voilà ! Plus de pigeons à ma fenêtre. Je pourrais enfin profiter de la vie. Et demon Lebensraum ma cuisine.
Le dimanche après-midi, je mis mon plan à exécution. Une fois de plus, je chassai l’importune de son nid, et comme d’habitude elle alla m’observer sur son perchoir stratégique. Les amis, avez-vous déjà vu pleurer un pigeon? Oh, il ne pleure pas à chaudes larmes, certes, mais l’expression de détresse infinie, de désespoir qui se lisait sur sa petite tête d’oiseau, m’a brisé le cœur, lorsqu’il m’a vu manipuler son nid. Son œil était lourd de reproches, d’accusations. Sans me laisser attendrir par cette attaque imprévue de sentimentalité animale, je poursuivis mon œuvre avec détermination. Ôter toutes ces brindilles sans ratiboiser ce qu’il me restait de basilic et de menthe fut une tâche bien plus ardue que ce que j’avais imaginé, mais au bout de quelques minutes, mes plantes aromatiques étaient en sécurité, et le nid, au même endroit, mais dans un support en carton. La pigeonne était encore là, m’observait, éplorée sur son perchoir, se demandait ce qui se passait. Parfait. Il était donc temps de passer à la phase 3.b) du plan.
J’empoignai alors la boîte (nouvelle scène de désespoir pigeonnesque), descendis les quatre étages en marchant sur des œufs (au sens figuré hélas), et arrivai dans la cour intérieure en sifflotant bruyamment, espérant ainsi que le pigeon n’ait pas perdu ma trace. Malheureusement pour moi, je n’étais pas seul dans la cour: mon voisin en fauteuil roulant, locataire de l’appartement au rez-de-chaussée, prenait l’air dehors, et buvait un verre de vin blanc en galante compagnie. Devant les deux tourtereaux (hum, hum), un petit terrier gambadait et reniflait le sol, de-ci de-là. Le trio m’observa avec une sorte d’intérêt amusé et goguenard, tandis que je tentais de garder contenance dans mon opération Spiderman. Avez-vous déjà essayé de rester digne devant des inconnus tandis que vous grimpez aux arbres avec un nid de pigeon sous le bras? C’est une expérience pour le moins intéressante à faire, une fois, dans votre vie...
Quelques minutes plus tard, j’étais revenu dans ma cuisine, satisfait du déroulement des opérations. Hélas, trois fois hélas, cette abrutie de pigeonne était encore là, à ma fenêtre, à chercher son nid, qui plus est, avec cet air de profonde détresse oiselière qui, je vous jure, attendrirait le plus inhumain d’entre vous... Putain de bordel de féchié de merde. Elle n’avait strictement rien compris à l’opération, cette conne, restait plantée là, à me lancer des regards accusateurs. «Où est mon nid? Où sont mes œufs? Qu’as-tu fait de mes petits?». J’essayai de lui expliquer la situation: «En bas! Il est en bas, ton nid! Là!». J’avais beau siffler, gesticuler, lui parler, pointer dans la direction, rien n’y faisait. La légendaire stupidité du maudit volatile me tenait en échec. Que celui qui a déjà essayé de communiquer avec un pigeon (et réussi) me jette la première pierre! Cette aventure devenait proprement surréaliste.
Qu’ai-je donc décidé de faire, chers amis? Lâcher l’affaire? Abandonner la couvée à son sort, sur le marronnier, tandis qu’à ma fenêtre un ramier se morfondait de chagrin? C’est mal me connaître!
En dépit du bon sens, je redescendis dans la cour et allai récupérer ma boîte de chaussures, sous le regard toujours plus intrigué de mes voisins du rez-de-chaussée, qui n’avaient pas quitté leur poste d’observation, à l’ombre du marronnier. Défait par la stupide bête à plumes, humilié devant mes congénaires humains, je regagnai ma cuisine avec la précieuse couvée, et déposai la boîte sur le rebord de ma fenêtre. Pour amadouer cet abruti de volatile et mettre toutes les chances de mon côté, j’avais même disposé des miettes de pain à côté de la boîte. Étais-je parti pour me lancer, bien malgré moi, dans un élevage de pigeons? Je ne crois pas. Pour moi, c’était une solution temporaire, en attendant de trouver mieux. Toujours est-il que le destin ne m’a pas laissé le temps de répondre à cette question. Au bout de deux minutes, la pigeonne était revenue au nid! Elle picorait gaiement les miettes de pain, puis, comblée de bonheur maternel, se posa sur le bord de la boîte à chaussures...
Isaac Newton, Isaac Newton... Nous entends-tu? Est-ce toi qui est venu te pencher à ma fenêtre en ce dimanche de juillet?
Je vis la scène comme au ralenti. Sous le poids de la lourde palombe, la boîte pencha, un peu, puis beaucoup, puis dangereusement. Et bascula dans le vide, emportant avec elle sa précieuse cargaison de vie. La pigeonne s’envola, mais c’était trop tard. Adieu, veau, vache, cochon, couvée!
«Scheiße! Mes voisins!» Je me précipitai à la fenêtre, et regardai prudemment dans la cour: ils étaient encore là, mes deux tourtereaux, en contrebas, à deux mètres de l’épave du nid qui gisait sur le sol. Les œufs n’étaient pas tombés bien loin, mais ils ne les avaient pas reçus sur la tête, et ils étaient donc toujours assis au même endroit, leur conversation et leur apéritif dominical pas le moins du monde perturbés par la catastrophe qui venait de se produire. Ils continuaient de roucouler (ahem) tendrement, épanouis, enivrés et heureux.
La pigeonne, elle, avait complètement disparu. Cette fois-ci, elle avait parfaitement compris où son nid avait atterri, hein... Pas besoin de lui faire un dessin cette fois. Je ne la revis plus une seule fois de l’année.
Une heure après la dégringolade fatale, je devais absolument sortir. Je me résolus à descendre, et à retourner dans la cour intérieure pour récupérer mon vélo. Les voisins étaient encore là. Pour donner le change, je ramassai l’amas de paille et la boîte, allai jeter le tout à la poubelle. Le tout avec aplomb, et en essayant d’éviter leur regard pour qu’ils m’épargnent leurs commentaires ou leurs sarcasmes. Mais la compagne du monsieur en fauteuil roulant me fit alors, sur un ton détaché et cavalier qui montrait à quel point elle ignorait tout du calvaire psychologique que j’endurais depuis deux jours, cette déclaration laconique, que je n’ai jamais, jamais, jamais oubliée depuis:
Épilogue:
Depuis cet épisode de sinistre mémoire, j’ai appris à protéger mes plantes contre les oiseaux. Mais presque chaque année, il m’arrive encore des déboires glauques causés par les pigeons ou les pies (côté cour) et les hirondelles (sur mon balcon, côté rue), et/ou la progéniture morte ou mourante d’icelles. Les années suivantes, la pigeonne (ou sa sœur jumelle) est revenue faire son nid, ne vous inquiétez pas. Certes, pas à ma fenêtre, tout de même, mais presque. Et là encore, il y aurait une très longue histoire à raconter. À croire que la gent ailée, à Friedrichshain, n’est vraiment pas douée pour élever ses petits. Mais je crois que cela suffit pour cette fois.
Bref, vive la vie en vert !
Toute la communauté de La Photo du Mois a planché sur le sujet. Allez faire un petit tour chez les amis...
Mmmmmh ! Lecker! Des œufs de pigeons ! De production biologique, par-dessus le marché ! Je dis banco. Oui, la vie qui éclot, tout ça, tout ça, c’est beau, c’est mignon, mais la nature est avant tout très très cruelle, et nous, humains, sommes les «apex-predators», au sommet de la chaîne alimentaire. Ainsi va le monde. Allez, assez d’états d’âme. Hm, hmmm, où ai-je donc mis ma poêle Tefal...?
Solution n°4 — Isaac Newton, si tu nous entends...
Un élevage de pigeons dans ma cuisine? Sûrement pas! Une «omelette» à base de deux petits œufs tous rabougris, qui ont déjà été couvés plusieurs jours? Bah! Très peu pour moi. En revanche, il n’est jamais trop tard pour faire une séance de TP de biologie, et tester si ces magnifiques coquilles couleur d’albâtre résisteraient à une chute du quatrième étage. Il s’agirait, bien sûr, d’une expérience rigoureusement scientifique, et rien d’autre. Évidemment. Parbleu!
La vie en vert à Friedrichshain |
Ce qui ne m’a pas empêché d’avoir une dispute particulièrement violente avec un «pote» écolo, qui ne comprenait pas que je puisse envisager une seule seconde de ne pas laisser les gentils oiseaux du bon Dieu vivre en paix à ma fenêtre, et que je ne sois pas en extase devant ce magnifique et émouvant spectacle du cycle de la vie. En fait, je devrais me considérer chanceux, privilégié même, que ces maudits volatiles aient élu domicile à ma fenêtre pour y faire crac-crac et fonder une famille de producteurs de guano... Mais bien sûûûr. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu.
Pour moi, c’était clair que je ne garderais pas le nid à la fenêtre de ma cuisine. Ma cuisine
Deux jours passèrent ainsi. Le dimanche arriva. Et avec lui, la solution
1) Avec une infinité de précautions, enlever le nid de ma jardinière, et installer temporairement cette dernière sur mon balcon, côté rue. Mes pauvres herbes seraient alors sauvées, ce qui était mon objectif n°1.
2) Mettre le nid dans cette boîte à chaussures en carton que je venais de retrouver.
3.a) Si la pigeonne ne revenait plus, tant pis -> et puis, le problème était réglé !
3.b) Si elle s’intéressait encore au nid, alors je transporterais la boîte à chaussures, avec sa pigeonneuse couvée, dans la cour intérieure, puis je devrais escalader le marronnier afin d’installer le nid en sécurité sur une branche basse et pas trop difficle d’accès. Oui, pour ces satanés pigeons, j’avais décidé de jouer à Spiderman! J’avais prévu, pour cela, de m’aider d’une échelle, et de la petite cabane en bois dans laquelle se trouvaient les bennes à ordures multicolores de la copropriété. Tout cela me semblait jouable, raisonnable, et limitant au maximum le facteur de souffrance animale (et la mienne) (et celle de mes plantes chéries).
4) Et voilà ! Plus de pigeons à ma fenêtre. Je pourrais enfin profiter de la vie. Et de
Friedrichshain, le 15 juillet 2012 |
J’empoignai alors la boîte (nouvelle scène de désespoir pigeonnesque), descendis les quatre étages en marchant sur des œufs (au sens figuré hélas), et arrivai dans la cour intérieure en sifflotant bruyamment, espérant ainsi que le pigeon n’ait pas perdu ma trace. Malheureusement pour moi, je n’étais pas seul dans la cour: mon voisin en fauteuil roulant, locataire de l’appartement au rez-de-chaussée, prenait l’air dehors, et buvait un verre de vin blanc en galante compagnie. Devant les deux tourtereaux (hum, hum), un petit terrier gambadait et reniflait le sol, de-ci de-là. Le trio m’observa avec une sorte d’intérêt amusé et goguenard, tandis que je tentais de garder contenance dans mon opération Spiderman. Avez-vous déjà essayé de rester digne devant des inconnus tandis que vous grimpez aux arbres avec un nid de pigeon sous le bras? C’est une expérience pour le moins intéressante à faire, une fois, dans votre vie...
Lys, marguerites, etc. Juin 2011 |
Qu’ai-je donc décidé de faire, chers amis? Lâcher l’affaire? Abandonner la couvée à son sort, sur le marronnier, tandis qu’à ma fenêtre un ramier se morfondait de chagrin? C’est mal me connaître!
En dépit du bon sens, je redescendis dans la cour et allai récupérer ma boîte de chaussures, sous le regard toujours plus intrigué de mes voisins du rez-de-chaussée, qui n’avaient pas quitté leur poste d’observation, à l’ombre du marronnier. Défait par la stupide bête à plumes, humilié devant mes congénaires humains, je regagnai ma cuisine avec la précieuse couvée, et déposai la boîte sur le rebord de ma fenêtre. Pour amadouer cet abruti de volatile et mettre toutes les chances de mon côté, j’avais même disposé des miettes de pain à côté de la boîte. Étais-je parti pour me lancer, bien malgré moi, dans un élevage de pigeons? Je ne crois pas. Pour moi, c’était une solution temporaire, en attendant de trouver mieux. Toujours est-il que le destin ne m’a pas laissé le temps de répondre à cette question. Au bout de deux minutes, la pigeonne était revenue au nid! Elle picorait gaiement les miettes de pain, puis, comblée de bonheur maternel, se posa sur le bord de la boîte à chaussures...
Hortensias, juillet 2012 |
Je vis la scène comme au ralenti. Sous le poids de la lourde palombe, la boîte pencha, un peu, puis beaucoup, puis dangereusement. Et bascula dans le vide, emportant avec elle sa précieuse cargaison de vie. La pigeonne s’envola, mais c’était trop tard. Adieu, veau, vache, cochon, couvée!
«Scheiße! Mes voisins!» Je me précipitai à la fenêtre, et regardai prudemment dans la cour: ils étaient encore là, mes deux tourtereaux, en contrebas, à deux mètres de l’épave du nid qui gisait sur le sol. Les œufs n’étaient pas tombés bien loin, mais ils ne les avaient pas reçus sur la tête, et ils étaient donc toujours assis au même endroit, leur conversation et leur apéritif dominical pas le moins du monde perturbés par la catastrophe qui venait de se produire. Ils continuaient de roucouler (ahem) tendrement, épanouis, enivrés et heureux.
La pigeonne, elle, avait complètement disparu. Cette fois-ci, elle avait parfaitement compris où son nid avait atterri, hein... Pas besoin de lui faire un dessin cette fois. Je ne la revis plus une seule fois de l’année.
Une heure après la dégringolade fatale, je devais absolument sortir. Je me résolus à descendre, et à retourner dans la cour intérieure pour récupérer mon vélo. Les voisins étaient encore là. Pour donner le change, je ramassai l’amas de paille et la boîte, allai jeter le tout à la poubelle. Le tout avec aplomb, et en essayant d’éviter leur regard pour qu’ils m’épargnent leurs commentaires ou leurs sarcasmes. Mais la compagne du monsieur en fauteuil roulant me fit alors, sur un ton détaché et cavalier qui montrait à quel point elle ignorait tout du calvaire psychologique que j’endurais depuis deux jours, cette déclaration laconique, que je n’ai jamais, jamais, jamais oubliée depuis:
“Der Hund hat sich die kaputten Eier aufgefressen”. («Le chien a boulotté les œufs écrasés»).Le clébard en question, une sorte de petit terrier blanc et brun au beau pelage ras, m’observait avec intérêt, l’œil gourmand, remuant avec enthousiasme son petit moignon de queue. De toute évidence, il avait flairé l’odeur des œufs de pigeons dans ma direction, et il s’attendait à ce que je plonge ma main dans ma besace et lui lance quelque friandise goûtue, sans doute. Brave toutou, pensai-je, consterné et amusé à la fois, grâce à toi, cette affreuse tragédie aviaire se termine sur une note cruellement humoristique!
Dahlias, juillet 2012 |
Pigeonne et pigeonneau, le retour: Juin 2011 dans mon immeuble à Berlin |
Bref, vive la vie en vert !
Toute la communauté de La Photo du Mois a planché sur le sujet. Allez faire un petit tour chez les amis...
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Juillet 2012: il n'y a pas à dire, mes plantes se portent mieux en l'absence de pigeons! |
Hahahahahahaha, ça faisait longtemps que j'avais pas autant ri, espèce d'assassin sans coeur! J'vais appeler la SPA de Berlin, tiens, et leur raconter ces horreurs! Et quand les Allemands disent que tous les immigrants sont des criminels, ils n'ont pas complètement tort, hein :P (PS. Magnifiques fleurs! Moi j'ai des soucis avec mes fraisiers et mes rosiers cette année...)
RépondreSupprimerTiens, je ne sais pas si les pigeons sont "protégés" à Berlin ou s'ils sont considérés comme nuisibles comme à Paris. On dirait qu'il y en a moins ici. C'est pas impossible car, l'environnement étant nettement plus "sauvage" ici qu'en région parisienne, les pigeons ont des prédateurs! Quoi qu'il en soit, le nature est cruelle et impitoyable. J'ai ma conscience avec moi: je me suis donné du mal avec ces satanés pigeons!
SupprimerMoi aussi j'ai quelques ennuis avec les fraisiers cette année. Bizarre hein... d'habitude ce sont des plantes tellement faciles à faire pousser. Quant au basilic, il est bien maintenant, mais il m'a donné beaucoup de fil à retordre au printemps. C'est bien, les années se suivent et ne se ressemblent pas, et puis c'est ainsi qu'on apprend!
JM, Je préfère tes pigeons à mes escargots. :-)
RépondreSupprimer@ Victoria: oui, sans doute, c'est plus "intéressant" comme animal, mais éthiquement c'est nettement plus difficle à "gérer" que des escargots!!!
SupprimerHeureusement, comme je vis au 4ème étage, je n'ai pas encore eu d'invasion d'escargots... Les oisillons morts qui tombent dans mes fleurs, ça me suffit amplement! :-s
Vert au balcon !
RépondreSupprimerBien, bien !
C'est très joli chez toi avec toutes ces plantes sur tes fenêtres :)
RépondreSupprimerMa grand mère adorait les pigeons... en gelée !
Oui j'ai compris que tu es un jardinier d'appartement hors pair, donc ce sont des compliments venant d'un connaisseur: ça a plus de poids :-)
SupprimerJe n'ai pas de souvenir d'avoir jamais mangé du pigeon, mais il est possible que j'aie déjà fait cette expérience sans m'en souvenir. S'ils étaient si bons que ça comme casse-croûte, je suis sûr qu'on en verrait beaucoup moins dans les villes... En gelée, c'est peut-être la solution!
Quand j'habitai à Paris un couple de pigeon avait niché aussi sur mon balcon.Je ne suis donc pas la seule à avoir connu cette mésaventure.
RépondreSupprimerAh bon? Énorme! Évidemment ce genre de péripéties doit être plutôt courant je suppose, chez les citadins. Vous n'êtes pas seule, Frangi, rassurez-vous! :-)
SupprimerEt alors, quelle solution (finale) (hum, hum) avez-vous adoptée? Colombophilie? Spiderman? Omelette? Isaac Newton?
Les années se suivent et ne se ressemblent pas et c'est ainsi qu'on apprend!
RépondreSupprimerQue feras-tu donc pour la prochaine couvée? Ecouteras-tu la sagesse de ton pote écolo? Testeras-tu les oeufs brouillés? Te laisseras-tu séduire par la maternité? Parce que force est de reconnaître, en l'occurrence,(une fois n'est pas coutume) que la berlinoise a bien plus belle allure que la parisienne (je me fie notamment à ton avant-dernière photo)....: et ça c'est un argument de poids qui mériterait que tu testes autre chose qu'une banale boîte à chaussure!
Euh... comment dire... jusqu'ici, justement, j'ai fait usage de cette expérience acquise dans la douleur pour éviter par tous les moyens qu'il y ait une "prochaine couvée"! Et je compte bien faire en sorte pour que cela continue ainsi!! :-)
SupprimerDonc pour l'instant, la question ne se pose pas. Pourvu que ça dure!
Aha, quelle histoire ! Pauvre pigeonne, elle qui croyait avoir trouvé l'endroit parfait pour couver ses petits...
RépondreSupprimerN'empêche, je me suis bien marrée en lisant ton récit !
C'est clair que sur le coup j'ai été un peu triste pour la pigeonne (mais surtout SOULAGÉ que ça se soit fini ainsi, sans que j'aie quoi que ce soit à me reprocher), mais les années suivantes j'ai constaté que les pigeons et les hirondelles qui habitent dans mon voisinage immédiat sont vraiment des boulets en matière d'élevage de leur progéniture. Si j'avais laissé faire, que se serait-il passé? Les œufs auraient éclot, deux pigeonneaux seraient nés, auraient commencé à grandir... puis seraient tombés du nid, allant s'écraser dans la cour. Et ce, après avoir détruit mes plantes et fait des saletés partout. Je le sais car c'est ce qui s'est passé les années suivantes (notamment avec ceux que j'ai photographiés en 2011). Génial!! Tout ça parce ma jardinière est un support beaucoup trop "plat" pour abriter le nid. Les petits doivent pouvoir se déplacer sans courir le risque de tomber dans le vide, il faut un emplacement avec une cavité.
SupprimerComme quoi, sans le vouloir (bien au contraire), j'ai appris des tas de choses en matière d'élevage de pigeons... Mais les "pauvres pigeons", eux, n'apprennent pas! Alors tant pis, la nature est cruelle avec eux, et c'est tant pis pour eux.
J'aime autant le texte que les photos ! trop drôle... j'ai cru à l'omelette, au pigeon au petit pois (beurk) et puis non... juste une chute de tous ces oeufs...
RépondreSupprimerBonne soirée
Annick
Merci d'être passée ! Apparemment, selon au moins deux commentateurs, j'ai loupé l'occasion de faire un sacré festin! Gloups! Beurk, comme tu dis
Supprimer:-)
Bonne soirée à toi aussi !
Si tout le monde fait aussi long et avec autant de photos il va falloir transformer La photo du mois en Les photos du trimestre pour qu'on ait le temps de lire, de savourer et de rire.
RépondreSupprimerEn gelée, rôti ou à la casserole, c'est très bon les pigeons, n'hésite pas la prochaine fois.
Oui j'ai le sentiment d'avoir un peu dépassé les bornes (*penaud*). J'ai pas mal hésité entre d'abord mettre juste une photo pour un post "Photo du mois" classique, puis faire autre billet où je détaille la mésaventure aviaire, mais finalement j'ai tout fait en même temps pour ne pas casser la narration (ce qui m'a valu de poster avec 12 heures de retard d'ailleurs...).
SupprimerMerci pour le bon tuyaux. J'y songerai "la prochaine fois" (Dieu nous en garde...) et chercherai sur Google de bons tuyaux pour zigouiller un pigeon en appartement sans que ça pisse le sang partout!
:-D
Bonne soirée!
Excellent! Je compatis d'autant plus que chez nous à Schöneberg, on a aussi une cour intérieure avec pies et pigeons, et des hirondelles côté rue. Est-ce le standard berlinois?
RépondreSupprimerPar contre, ce qui est moins standard, c'est le soir où un jeune pigeonneau con (pléonasme?) et maladroit a explosé la vitre de notre débarras (authentique): gros bruit de verre cassé, battements d'ailes affolés, grande frayeur chez les humains. Il était coincé entre les deux fenêtres, modèle avant-guerre. J'ai réussi à le libérer (pas facile, il semblait penser que j'entamais la première étape du pigeonneau aux petits pois) et il n'est jamais revenu. Explication du vitrier: "Ouais, les vitres doivent dater de juste après la guerre, on faisait mince pour économiser le verre."
Bravo pour votre prose et pour les fleurs et les herbes!
Marrant ça... peut-être est-ce la configuration des «Altbauwohnungen» berlinoises qui favorise cette combinaison pies/pigeons sur cour et hirondelles sur rue... ou alors peut-être effectivement est-ce le résultat d'une codification volontaire et froidement planifiée de la faune «sauvage» dans l'environnement berlinois. Mystère!
SupprimerUne vitre explosée par un pigeonneau? Qui s'en sort indemne??? Bigre, le Made in Germany n'est pas toujours à la hauteur de sa réputation, après-guerre ou pas après guerre (genre l'excuse facile)!! J'espère que vous morflez pas trop en terme d'isolation...
Décidément le pigeon aux petits pois semble remporter beaucoup de suffrages. Il faudra vraiment que je goûte ça un jour, histoire de ne pas mourir idiot — mais après avoir acheté de la volaille chez le boucher bien sûr, pas avec un pigeon de ma cour intérieure égorgé à mains nues dans mon évier :-)
Merci pour votre visite et votre commentaire!
Variante toute fraîche (si j'ose dire) de ce matin: le merleau (y a ça aussi à Friedrichshain?) pas encore "flügge", comme on dit si bien en allemand, bref, le jeune morveux qui fout le bordel mais qui assume pas: atterrissage (en mon absence) dans la chambre (qu'agrémente un petit balcon-avec-plantes-pas-aussi-belles-que-les-vôtres), dont la fenêtre est généralement ouverte pour aérer et maintenir le contact avec la nature... Erreur à éviter à tout prix en ce moment: le contact avec la nature a été plutôt salissant, un petit merle qui apprend à voler c'est plus dangereux qu'un ado sur jet-ski.
SupprimerRésultat des courses: j'ai réussi à le remettre sur le balcon, d'où il faudra bien qu'il se débrouille pour redescendre ou que sa maman vienne le chercher, il ne me reste plus qu'à nettoyer la chambre et le lit.
Putain d'oiseaux!
Précision: le pigeonneau était "Made in Germany" lui aussi! Et côté isolation, effectivement, ça craint. En revanche, c'est très joli, les vieilles vitres, comme le verre "coule" au fil des ans, ça fait plein de reflet bizarres. Et au coucher du soleil, je vous raconte pas...
SupprimerJe connaissais pas le mot "flügge", j'avais compris le sens dans votre phrase mais j'ai quand même vérifié sur leo.org...
SupprimerDécidément vous n'avez pas trop de chance avec votre voisinage à plumes, vous non plus. Moi j'ai eu l'hirondelle pas encore tout à fait "flügge" sur mon balcon que j'ai sauvée de la noyade dans une jardinière que j'avais vidée de son terreau et qui s'était remplie d'eau de pluie... Enfin, je l'ai "sauvée" mais vue la trajectoire qu'elle a prise après son "envol", je ne suis pas sûr qu'elle soit allée bien loin :-(
Et cette année, ma mésaventure la plus glauque c'était, à un retour de voyage, de trouver une espèce de boursouflure qui avait "poussé" sous mon hortensia. J'ai cru que c'était un champignon et ai empoigné la chose à mains nues... à ce moment-là, j'ai découvert que c'était un oisillon mort (et encore complètement nu) tombé de je ne sais où. J'ai eu un haut-le-cœur tellement violent que j'ai failli rendre mes trois derniers repas!!! J'en ai eu des vertiges pendant au moins 2 jours... Rien que d'y penser, je me sens défaillir. Donc on va arrêter là.
Bref, je sais pas moi, mais les oiseaux, quelle plaie!!!
Sinon oui je connais cet effet fenêtres dont vous parlez, je trouve cela sympa aussi.
Merci d'avoir partagé votre "vécu" et schönes Wochenende!
:-)
Je n'aurais pas pris autant de précautions que toi: par dessus bord immédiatement et piques partout pour ne pas que ça se reproduise! Et uniquement parce que je ne possède pas d'armes... Mais c'est parce que les pigeons et moi c'est une longue histoire...
RépondreSupprimerC'était ma première grosse mésaventure avec les pigeons, E. (enfin, à part, bien entendu, le coup du guano tombé du ciel pile sur la chemise blanche immaculée le matin de bonne heure, bien sûr, mais ça c'est tellement normal de la part d'un pigeon que ça compte pas), j'étais encore jeune, naïf, impressionnable, idéaliste... depuis, comme je disais à Cara plus haut, j'ai appris que ça ne sert strictement à rien de se donner autant de mal. Après, je sais pas ce que je ferais si cela devait se reproduire, malgré mes précautions.
SupprimerEn tout cas, moi aussi j'ai appris à hérisser mes jardinières de piques en bois comme un malade pour dissuader les oiseaux. Tant pis pour l'esthétique, du moment que ça marche! Je touche du bois pour que ça continue... Sur la dernière photo on ne voit pas bien les piques en bois car mes plantes (basilic, ciboulette, menthe et surtout mélisse) ont tellement bien poussé que le buisson touffu qu'elles forment a absorbé les piques.
Bonne fin de vacances!
Merci pour ce récit digne de meilleurs scenarios hollywoodiens! Du suspense, de l'angoisse, des cascades, de l'amour...et du talent! Bravo!
RépondreSupprimerFin tragique effectivement... Mais je pense que j'aurais pas fait mieux ! mdr :-)
RépondreSupprimerMerci pour cette histoire
Oh la la !!! Merciiii pour ce bon moment de lecture !!
RépondreSupprimerEt pourtant, que j'aime les oiseaux !! (enfin bon, les pigeons pas trop)
C'est vrai que tu as de bien jolies jardinières ! Bravooo !
Hilarante ton histoire... et j'avoue que je n'aime pas beaucoup les pigeons non plus... et très beau balcon !
RépondreSupprimerJ'adore ton histoire ! heureusement qu'Olivier l'a signalée sur FB...
RépondreSupprimercela me rappelle un compagnon qui avait ramené une plante de la Vallée de la Mort en avion, avec les racines dans un coton d'eau.
Il a installé la plante à une fenêtre dans une jardinière. Elle avait un jolie forme ronde comme un nid.. et bien sûr, on y a trouvé une pigeonne qui n'était pas du désert, qui nous regardait l'air courroucé quand nous ouvrions la fenêtre, bien installée sur la superbe plante du désert !
Alors, vous avez fait quoi?
SupprimerOn a beau être un ami des bêtes, lorsque le «support» du nid est une plante rare et/ou exotique, il est tout à fait normal de faire passer au second plan la question de la souffrance animale. Surtout quand l'«animal» en question n'est qu'un banal pigeon!
:-)
Comme quoi, dès qu'un humain intervient dans la nature, c'est toujours une catastrophe. Le diction du jour : l'enfer est pavé de bonnes intentions.
RépondreSupprimerQue l'enfer soit pavé de bonnes intentions, je suis bien d'accord avec toi. Que les humains soient un désastre pour leur environnement en général, je te suis à 100%...
SupprimerAprès, je sais pas s'il faut être tirer une conclusion aussi négative et radicale à partir de ce cas particulier et bien anecdotique... La ville, et a fortiori une grande ville de 3,5 millions d'habitants, n'est pas "la nature". Et pourtant Berlin est l'une des capitales européennes les plus "sauvages". On y trouve plein d'espèces animales qui y prospèrent et dont la population augmente: des sangliers, des renards, des chevreuils, tout plein d'oiseaux, et même des castors, qui recolonisent les plans d'eaux de la ville surtout grâce à un gros coup de pouce des écologistes. (Au passage, les castors, c'est mignon mais ça peut faire pas mal de dégâts dans un écosystème, mais évidemment, rien à voir avec les dégâts causés par l'homme, tant en échelle qu'en gravité bien sûr...).
Les pigeons des villes sont ce que l'on appelle une espèce "commensale", c'est-à-dire des animaux qui tirent parti de la proximité des hommes sans que les humains y trouvent un avantage particulier (il ne se trouvera pas grand monde pour me contredire ici), un peu comme les rats... Donc bref, une couvée de pigeons perdue, c'est une petite tragédie isolée mais bien peu de choses dans la vue d'ensemble.
Surtout que, vue la localisation du nid, les petits pigeonneaux allaient forcément tomber dans le vide bien avant de savoir voler, comme je disais précédemment à Cara... La sélection naturelle, ça marche s'applique aussi aux pigeons pas fichus de nidifier au bon endroit!!!
J'adoreeeeee. Eco convaincue mais anti-pigeon tout aussi convaincue ;)
RépondreSupprimerJe te tire mon chapeau, car moi il ne m'a fallu que 1 minute pour me débarrasser du nid qu'une pigeonne avait installée sur le rebord de ma fenêtre. Je n'ai jamais eu d'état d'âme.
Quel merveilleux conteur tu fais !
RépondreSupprimerSur la place Jemaa el Fnaa de Marrakech, tu aurais un succès fou.
Et quelle chute !
Tiens, je n'avais pas pensé à cette éventualité pour ma reconversion professionnelle, mais c'est une idée très intéressante! Je suis allé 2 fois à Jemaa el Fna et j'ai trouvé cet endroit vraiment magique! Les Mille et une Nuits en vrai de vrai. Alors, il ne me reste plus qu'à apprendre l'arabe marocain et bien sûr le berbère "schleha" local et puis hop! Le tour sera joué :-)
SupprimerMerci pour ce commentaire enthousiaste en tout cas!
Ça ferait un chouette court-métrage à la "Lola rennt", avec plusieurs fins possibles et quelques dessins (pour les âmes sensibles...). À quand le film des aventures berliniquaises? ;-)
RépondreSupprimerHé! Super idée! Malheureusement je n'ai aucun talent de réalisation, mais peut-être certains de mes amis qui "touchent" avec une caméra seraient intéressés!
SupprimerEt si cela ne les botte pas, je devrais déposer les droits quelque part pour être sûr qu'on me pique pas le concept!!
:-D
(Mine de rien, c'est une suggestion très tentante...)
Je ne sais ce que je préfère dans ton récit : montée à l'arbre récupérer la boîte, la chute, ta mauvaise conscience...
RépondreSupprimerExcellent !
@ La Papote, Skipi, Krn, Pilisi, Lhise, Lucile, Testinaute... Merci à toutes et à tous d'avoir lu jusqu'au bout et laissé un petit commentaire sympa!
RépondreSupprimer:-)
Ouf ! Excellent récit, j'ai bien ri ! Il manque juste les photos de la chute :)
RépondreSupprimerAh bon? Quels mots de la chute?
SupprimerMerci pour cette réaction positive en tout cas :-)
Très bon :) J'ai eu le soucis il y'a quelques mois sur un balcon parisien. Les pigeons en question (il était deux à se relayer, c'est t'y pas mignon) avaient négligemment jeté quatre brindilles sur le béton en guise de nid... Moins classe. Sachant que ces dépotoirs volants reviennent pondre sur leur lieu de naissance, on a fortement hésité entre l'omelette et l'option Isaac Newton. Au final les oeufs ont disparu, probablement l'ouvrage du concierge. Ouf !
RépondreSupprimerJe comprends votre soulagement Marie! C'est toujours nettement plus simple (et meilleur pour notre conscience) quand un autre se charge du sale boulot à notre place! Dans mon cas, ce fut la pigeonne elle-même :-)
SupprimerMerci pour votre visite en tout cas, et bon weekend d'été!
Bravo, tu as réussi à me faire pouffer de rire devant mon ordi! Super article! Je te soupçonne quand même d'avoir fait exprès de mettre cette boite en équilibre précaire sur ta fenêtre...
RépondreSupprimerUne féministe extrêmement moderne
Non, vraiment pas fait exprès. Bien sûr a posteriori on se demande comment diable n'ai-je pas pensé que c'était un emplacement instable... peut-être était-ce simplement un "acte manqué": je me suis persuadé de vouloir bien faire mais en réalité j'ai involontairement tout fait pour que la couvée connaisse une triste fin... peut-être bien, en fait.
Supprimertu es un martiniquais à Berlin, je suis une calédonienne en Savoie, et avec un balcon fleurie... et quel récit dis donc!!!!
RépondreSupprimerL'Outre-Mer en force! :-)
SupprimerFoutus pigeons! Si au moins c'était une jolie mésange!!! Bravo pour le combat remporté :-)
RépondreSupprimerTu as l'art de la narration et de la photographie : natürlich
RépondreSupprimerTu es maudit par le sort de ces volatiles qui polluent les bâtiments historiques, les voitures et nos balcons. J'ai pas tout cela, mais j'aime les oiseaux. Quant aux pigeons, bah ! sur mon blog, j'ai un jour mis un panneau pris à Bruxelles, dans une des 19 communes, à la place du nom il y était écrit : Défense de donner à manger aux pigeons. mdr !!!
Un joli balcon que tu as :) J'aimerais bien un pareil tient !