vendredi 30 août 2013

Élections au Bundestag : la guerre des “Plakate”

Plusil que trois semaines avant les élections législatives en Allemagne. Le suspense est à son comble. Qui l’emportera: Angie ou bien Frau Merkel? Ou alors peut-être tout simplement Angela Merkel? La CDU recueillera-t-elle 41 ou 42% des suffrages? Une petite pointe à 43% est-elle possible? À l’issue du scrutin, aura-t-on une grande coalition avec la SPD, ou alors une Große Koalition? Tous les paris sont ouverts. Les scénarios les plus fous sont envisageables. Les bookmakers sont extatiques. Youpi.

Comme c’est vendredi et qu’il fait beau, je vous fais, amis lecteurs, un petit billet un peu paresseux avec peu de mots et un maximum de photos sur la guerre des Wahlplakate qui fait rage dans les rues de Berlin, ou l’art de parodier les affiches électorales qui prolifèrent sur la voie publique. Il y a plusieurs angles d’approche.

1. Exprimer une opinion contraire directement sur l’affiche


Dans ce cas de figure, des quidams barbouillent les affiches pour y souligner les évidentes contradictions entre les promesses électorales et le bilan de gouvernement des partis concernés. C’est une méthode de protestation intelligente, mais malheureusement, rarement drôle.

Sur la Karl-Marx-Allee, à Friedrichshain, cette affiche grand format de la CDU de Mme Merkel proclame, avec un cynisme assumé: «Chaque famille est unique, et nous tient à cœur». Un électeur à qui on ne la fait pas a donc répondu à même le support: «C’est pour ça que vous avez supprimé l’allocation parentale aux chômeurs?»

On attend toujours une réponse de l’affiche aux questions de l’accusation.



Les partis d’opposition en prennent aussi pour leur grade. Après tout, jusqu’en 2005, la SPD et les Verts étaient au pouvoir. Bien que les Allemands soient le peuple le plus vieux d’Europe et que 20% des électeurs teutons soient âgés de 70 ans ou plus (une statistique un peu flippante tout de même), ils ne sont pas encore tous atteints d’Alzheimer, et certains se souviennent, avec amertume, des mesures prises par la dernière coalition de gauche.

Lorsque les Verts étaient au pouvoir pour la dernière fois, on a eu:
- des bombes sur les civils à Belgrade,
- des exportations d'armes à un niveau record,
- des interventions de l'armée allemande dans le monde entier,
- des acquis sociaux rognés avec l'Agenda 2010 et les lois Hartz IV
- des frais médicaux supplémentaires,
- la libéralisation des marchés financiers,
- la réduction des impôts pour les plus hauts salaires, etc.

2. Révéler des messages subliminaux


Ici, la critique est certes un peu moins constructive, mais déjà nettement plus poilante. Jusqu’ici, à ma connaissance, ce sont les affiches de la CDU qui ont le plus morflé. Remarquez, il y a de quoi.

L’original : «Le succès ensemble», ici devant la gare d’Ostbahnhof, à Friedrichshain.


La parodie, très intéressante puisqu’ici l’exercice a consisté simplement à effacer quelques lettres judicieusement choisies. Einsam reich veut dire «Riche (et) solitaire». Parodie vue cette semaine sur la Warschauer Straße.


Une autre variante, un poil moins subtile, est possible. Celle-là je l’ai trouvée sur le Net. Bon, évidemment, une parodie de ce genre ferait «Führer» dans les rues d’Athènes ou de Lisbonne. À Berlin, peut-être un peu moins...

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L'original
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La parodie : “Mein Reich”. Ouh là...

3. Tourner en dérision l’atroce rimaillerie xénophobe de la NPD


La NPD, en plus de s’être fendue d’un film de campagne qui a fait un énorme bide cette semaine, a quelque peu renouvelé son stock d’affiches. En plus de son désormais célèbre «Guten Heimflug» des précédentes campagnes électorales, le parti d’extrême-droite nostalgique du IIIème Reich a sorti des imprimeries fascisantes une collection d’affiches au design quelque peu modernisé. Mais ne vous y laissez pas prendre, le message n’a pas changé d’un poil (de moustache)(du Führer).

L’original : «Des sous pour Mamie, pas pour les Roms et les Sintis !»



La parodie : «Paye-toi un coma éthylique avec l’argent de Mamie !»

Une traduction alternative, qui est moins fidèle à l’original mais qui rime : «Je me saoule à la bière avec l’argent de Grand-Mère !» L’idée c’est que les néo-nazis ont, à ce qu’il paraît, un penchant très prononcé pour la dive bouteille.

Sauf dich ins Koma”, sur l’Oberbaumbrücke

Et pour finir, mon préféré. L’original : «Oui à Maria, non à la charia»


La parodie : «Oui aux (réfugiés) syriens, non aux saluts hitlériens !» La référence aux Syriens est très certainement un clin d’œil au dernier coup d’éclat de la NPD, qui s’est illustrée la semaine dernière en organisant des manifestations très médiatisées contre l’ouverture d’un centre d’accueil de familles de réfugiés en provenance de Syrie dans le quartier ouvrier est-berlinois de Hellersdorf. C’est une réponse vraiment bien trouvée, et la rime est très belle. Oui, car Syrer se prononce à peu près «Zureur», au cas où vous ne le saviez pas...Ça vous en bouche un coin, hein ?

“Syrer statt Führer”, vu aujourd’hui sur l’Oberbaumbrücke. Excellent!

Au moment où j’écris ces lignes, ces affiches n’ont toujours pas été répertoriées par Google, et la recherche de “Syrer statt Führer ne donne aucun résultat satisfaisant. Suis-je vraiment le premier à parler de ces parodies sur tout internet ? J’ose à peine y croire.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Je reste sur le qui-vive pour repérer les prochaines petites perles. Bon weekend à tous !

4 commentaires:

  1. J'aime le "sauf dich ins Koma", ils ont de l'imagination :p

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    Réponses
    1. Il n'y a que comme cela que l'on peut "débattre" avec ce genre de partis. Leurs arguments sont tellement fantaisistes que l'humour est la seule réponse.

      :-)

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  2. Non, certes :-)

    Bienvenu sur ces pages à nouveau ! Vous m'avez manqué, cher Alain.

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Un petit bonjour ?

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