samedi 30 octobre 2010

Les Ambassades Levantines - Épilogue

Comment, je ne vous l'ai pas dit ? L'ambassade de Syrie a fini par m'accorder mon visa ! Bien sûr, ça ne s'est pas fait sans une ultime espièglerie de la part des services consulaires. Le jour J de l'émission du précieux document, j'ai reçu un coup de fil d'un fonctionnaire tout alarmé, m'expliquant qu'ils se sont trompés dans le prix du visa, et que je ne devais pas payer 16€ mais bel et bien 60€. Je devais effectuer un virement au plus vite et leur envoyer par fax la copie de l'attestation de virement. Est-ce que je peux l'envoyer par e-mail ?, me suis-je enquis. Non, uniquement par fax. Et puis je pouvais revenir le récupérer ce lundi, entre 14 et 15 heures.

Sacrés fonctionnaires syriens : ce sont eux qui se sont trompés grossièrement mais n'allez pas compter sur eux pour essayer de me faciliter les choses cinq minutes. Néanmoins, j'ai tout de même eu droit à des excuses, ce qui n'est déjà pas mal. J'ai suivi les instructions qu'ils m'ont données, et lundi je me suis enfui du bureau pour être à l'ambassade à l'heure convenue.

Dans la pièce, le président El-Assad présidait par effigie interposée. Mais cette fois le portrait, non, les portraits (car il y en a deux en fait, un dans chaque pièce ouverte au public, comme j'ai pu remarquer lundi) affichaient un sourire paternel et bienveillant. La Syrie consentait enfin à m'ouvrir ses portes bien gardées. Sans plus de cérémonie, le fonctionnaire m'a remis mon passeport qui contient désormais un beau visa syrien. J'ai réprimé une soudaine impulsion de crier "Vive la république arabe syrienne, vive le parti Baas et longue vie au président El-Assad, Lumière de l'Orient !" et de me jeter à plat ventre pour baiser les pieds du préposé.

http://static.guim.co.uk/sys-images/Guardian/Pix/pictures/2009/2/17/1234890745571/Bashar-al-Assad-President-001.jpg

J'ai montré ma gratitude en remerciant avec dignité le fonctionnaire courtois qui s'exprimait dans un bon français. Et puis je suis sorti dans une belle après-midi d'automne. Dehors, dans une chaude lumière dorée, les cloches des églises sonnaient à toute volée, le vent d'octobre faisait tourbillonner, non pas des feuilles mortes crades mais des pétales de roses et des fleurs de jasmin au parfum exquis, et apportait d'orient la faible rumeur de l'appel du muezzin perché, à 3.000 km par-delà les mers, tout en haut du minaret de la grande mosquée omeyyade de Damas.

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