C’est l’histoire trop banale d’un vieux couple qui ne se parle plus depuis dix ans. Pour remédier à cette situation sans issue, les deux époux décident d’aller consulter un grand psychologue spécialiste de ce problème. Après les avoir entendu exposer leur cas, alors que la consultation n’est pas encore terminée, le psy quitte la pièce et y revient avec une contrebasse. Il attaque alors un solo sur l’air de On Green Dolphin Street.
Au bout de quelques instants, le mari se tourne vers sa femme.
«Dis donc Fernande, on a pensé à verrouiller les portes de la voiture?
– Bien sûr Eugène, tu as fermé la porte et la clé a failli t’échapper des mains et tomber dans le caniveau, rappelle-toi.
– C’est ben vrai ça.
– Par contre, puisque nous sommes sortis, ce serait bien qu’on aille à la poissonnerie. J’ai vu qu’il y avait un arrivage d’espadon frais.
– Mmmh, de l’espadon ! Ça fait longtemps que tu ne m’en as pas fait, chérie.
– Évidemment ! Je ne vais pas te faire un court-bouillon d’espadon alors que tu ne me parles plus depuis toutes ces années !
– Mais justement, je me disais que c’est idiot de ne plus se parler à cause d’une histoire vieille de dix ans.
– C’est vrai Eugène. Tout ça pour une histoire de tarte trop cuite !»
Et ils parlent, parlent et parlent à n’en plus finir, mettant dix ans sur la table / comme on étale ses lettres au Scrabble, comme disait cet autre chanteur. Le psy termine son solo, conclut et pose sa contrebasse. Le couple, abasourdi, lui dit : «Mais c’est un miracle, on se parle! Comment avez-vous fait docteur?» Le psy répond : «Rien de plus facile: pendant les solos de contrebasse, tout le monde, absolument tout le monde parle!»
Eh oui, ceci était une blague de musicos, la première sur ce blog. Vous en voulez une autre ?
Quelle est la différence entre un violon et une contrebasse ?
La contrebasse brûle plus longtemps...
J’en ai trouvé encore quelques autres, mais elles sont toutes du même tonneau, et pas franchement à mourir de rire. Qu’est-ce qu’on rigole, chez les musiciens! Bref, en lisant ces petites blagounettes qui provoquent l’hilarité générale dans cet univers interlope, vous ne vous êtes probablement pas esclaffés grassement en vous tapant les cuisses, et n’avez pas renversé votre verre de beaujolais sur la jupe plissée de tante Suzette en reprenant votre souffle entre deux sanglots bouffons. Néanmoins, ces blagues ont indéniablement mis en relief un fait qui avait peut-être échappé à votre attention jusqu’ici : les contrebassistes sont de grands incompris, tant du public que de leurs confrères musiciens, et pendant un concert, on leur prête rarement attention, relégués qu’ils sont dans un recoin obscur de la scène, là où leur volumineux instrument attire le moins possible les regards.
Et pourtant, et pourtant... c’est bien pour écouter un contrebassiste que des centaines de personnes sont venues, de leur plein gré (supposé-je), au Jüdisches Museum de Berlin, près de Checkpoint Charlie. Dans le cadre du festival Sounds No Walls, Jazz & Jewish Culture, l’Israélien Avishai Cohen, star mondiale des contrebassistes, a fait vibrer un public berlinois qu’il n’avait pas revu depuis deux ans, et qui a surkiffé en silence, contrairement à ce que laisse croire la blague. Car les Allemands ne sont pas un public très démonstratif, du moins tant qu’ils sont sobres. Le musicien s’en est même étonné à un moment, nous lançant un “You’re so quiet... Cool” dont il était difficile de savoir s’il se réjouissait ou s’en désolait. Mais surtout, si l’on a écouté en silence, c’est bien sûr parce que quand Avishai Cohen et son trio jouent, on se tait et on écoute.
Le groupe présentait les morceaux de son tout nouvel album, Seven Seas, ainsi que des morceaux qu’ils n’ont pas encore enregistrés. Au programme de ce concert, des airs à la contrebasse, au piano et à la batterie, car c’est du jazz sans trompette ni saxophone, un jazz principalement instrumental, plutôt avare de ses paroles, donc assez inhabituel pour le profane que je suis. Mais lorsque le jazzman daignait donner de la voix, c’était surtout pour chanter des airs en ladino, une langue presque oubliée qui est à l’espagnol ce que le yiddish est à la langue allemande, et qu’il a héritée de sa famille.
C’était donc un trio atypique à bien des égards que nous avons écouté ce vendredi au Musée juif, un trio qui faisait la part belle à la contrebasse, mais aussi à la batterie, grâce à l’incroyable talent du jeune Amir Bresler, 21 ans à peine et déjà parti à la conquête du monde... Ah, de jeunes blancs-becs surdoués de cet acabit, c’est vraiment tout ce dont j’avais besoin pour rechuter de plus belle en pleine mid-life crisis. Cependant, le talent de ce petit jeunot a fait l’unanimité au Musée juif. Le public berlinois s’est même laissé aller, par moments, à exprimer presque bruyamment son enthousiasme, et après les improvisations les plus inattendues et les solos les plus déchaînés, nous étions tous hors d’haleine, aussi bien le public confortablement installé que les musiciens échevelés sur scène.
Bref, à écouter s’il passe près de chez vous ! J’ai préféré profiter du concert plutôt que de filmer, alors voyez ici cette vidéo Youtube du morceau intitulé Dreaming:
– C’est ben vrai ça.
– Par contre, puisque nous sommes sortis, ce serait bien qu’on aille à la poissonnerie. J’ai vu qu’il y avait un arrivage d’espadon frais.
– Mmmh, de l’espadon ! Ça fait longtemps que tu ne m’en as pas fait, chérie.
– Évidemment ! Je ne vais pas te faire un court-bouillon d’espadon alors que tu ne me parles plus depuis toutes ces années !
– Mais justement, je me disais que c’est idiot de ne plus se parler à cause d’une histoire vieille de dix ans.
– C’est vrai Eugène. Tout ça pour une histoire de tarte trop cuite !»
Et ils parlent, parlent et parlent à n’en plus finir, mettant dix ans sur la table / comme on étale ses lettres au Scrabble, comme disait cet autre chanteur. Le psy termine son solo, conclut et pose sa contrebasse. Le couple, abasourdi, lui dit : «Mais c’est un miracle, on se parle! Comment avez-vous fait docteur?» Le psy répond : «Rien de plus facile: pendant les solos de contrebasse, tout le monde, absolument tout le monde parle!»
Eh oui, ceci était une blague de musicos, la première sur ce blog. Vous en voulez une autre ?
Quelle est la différence entre un violon et une contrebasse ?
La contrebasse brûle plus longtemps...
Avishai Cohen, star de la contrebasse |
J’en ai trouvé encore quelques autres, mais elles sont toutes du même tonneau, et pas franchement à mourir de rire. Qu’est-ce qu’on rigole, chez les musiciens! Bref, en lisant ces petites blagounettes qui provoquent l’hilarité générale dans cet univers interlope, vous ne vous êtes probablement pas esclaffés grassement en vous tapant les cuisses, et n’avez pas renversé votre verre de beaujolais sur la jupe plissée de tante Suzette en reprenant votre souffle entre deux sanglots bouffons. Néanmoins, ces blagues ont indéniablement mis en relief un fait qui avait peut-être échappé à votre attention jusqu’ici : les contrebassistes sont de grands incompris, tant du public que de leurs confrères musiciens, et pendant un concert, on leur prête rarement attention, relégués qu’ils sont dans un recoin obscur de la scène, là où leur volumineux instrument attire le moins possible les regards.
Le trio d'Avishai Cohen au Musée juif de Berlin |
Le groupe présentait les morceaux de son tout nouvel album, Seven Seas, ainsi que des morceaux qu’ils n’ont pas encore enregistrés. Au programme de ce concert, des airs à la contrebasse, au piano et à la batterie, car c’est du jazz sans trompette ni saxophone, un jazz principalement instrumental, plutôt avare de ses paroles, donc assez inhabituel pour le profane que je suis. Mais lorsque le jazzman daignait donner de la voix, c’était surtout pour chanter des airs en ladino, une langue presque oubliée qui est à l’espagnol ce que le yiddish est à la langue allemande, et qu’il a héritée de sa famille.
La verrière du patio du Musée juif un certain soir d'été |
C’était donc un trio atypique à bien des égards que nous avons écouté ce vendredi au Musée juif, un trio qui faisait la part belle à la contrebasse, mais aussi à la batterie, grâce à l’incroyable talent du jeune Amir Bresler, 21 ans à peine et déjà parti à la conquête du monde... Ah, de jeunes blancs-becs surdoués de cet acabit, c’est vraiment tout ce dont j’avais besoin pour rechuter de plus belle en pleine mid-life crisis. Cependant, le talent de ce petit jeunot a fait l’unanimité au Musée juif. Le public berlinois s’est même laissé aller, par moments, à exprimer presque bruyamment son enthousiasme, et après les improvisations les plus inattendues et les solos les plus déchaînés, nous étions tous hors d’haleine, aussi bien le public confortablement installé que les musiciens échevelés sur scène.
Bref, à écouter s’il passe près de chez vous ! J’ai préféré profiter du concert plutôt que de filmer, alors voyez ici cette vidéo Youtube du morceau intitulé Dreaming:
Tu me diras que c'est déplacé, mais je le trouve assez sexy, Avishai Cohen.
RépondreSupprimerPersonellement, la contrebasse, c'est mon instrument préféré. J'adore les musiciens, mais je trouve leurs blagues nulles, surtout ceux qui font du funk. C'est bien connu, un musicien, c'est sexy quand ça se tait et ça joue.
Voilà, je raconte des trucs fascinants dans tes commentaires. C'est que je suis toute à la joie de mon retour proche à Berlin.
Ah, eh bien j'irai explorer l'univers vaseux de l'humour des musiciens funk, tu m'as donné l'eau à la bouche !
RépondreSupprimerSinon moi aussi j'ai toujours trouvé ça fascinant comme instrument la contrebasse, cet énorme caisse qui produit des sons si graves et avec laquelle on peut jouer tant de choses différentes malgré tout... enfin sans trop monter dans les aigus. J'ai oublié de préciser dans l'article comment c'était fou cette manière qu'Avishai Cohen avait de faire corps avec son instrument, on aurait dit parfois qu'il dansait avec une cavalière complice et rebelle à la fois. Très intéressant à voir sur scène. Malheureusement dans l'empressement de finir l'article après 8 jours de silence sur le blog, j'ai oublié d'en parler...
Bonne journée et bon retour sur Berlin ! On n'a pas les 35°C parisiens mais 28°C c'est bien assez chaud, et puis aller piquer une tête dans l'eau claire et fraîche du Liepnitzsee après le boulot, ça vaut un peu mieux que de suer sur un Vélib ou dans le RER pour un semblant de fraîcheur dans la foule au bord du Canal St-Martin... Enfin, à chacun son truc :-)
oui c'est dommage de ne pas avoir évoqué l'aspect physique du jeu d'Avishai Cohen, un vrai corps à corps avec son instrument;
RépondreSupprimermais aussi l'énergie et le vrai talent de ces 3 musiciens qui redonne la pêche au plus grand déprimé; le pianiste Shai Maestro quitte bientôt la bande d'ailleurs.
Et puis surtout, ce qui est très appréciable c'est le savant mélange des genres qu'ils opèrent: classique (il reprend souvent à sa sauce des études de Bach), musique arabe, espagnol, jazz...ce qui rend cette musique populaire et accessible à tous; pas un jazz prétentieux et intellectuel.
J'adore et c'est cool d'avoir écrit sur lui
Ouais mais bon, la prochaine fois qu'il y a un concert comme ça, tu peux le dire AVANT, pas après? Parce que moi, quand je regarde le programme des concerts de Berlin, j'abandonne vite, il y a trop de choix, donc j'aimerais bien qu'on me donne quelques conseils!
RépondreSupprimerPour la midlife crisis, je ne peux que t'exprimer ma solidarité... au moins t'as un boulot, toi, c'est déjà ça!
Héhé, JvH, j'aimerais bien pouvoir tout raconter avant mais je ne suis pas médium et je parle des concerts que j'ai vécus... je vois qu'il y a parmi mes lectrices des expertes incollables sur le sujet, qui pourraient écrire beaucoup bien avant le concert (n'est-ce pas Laure?) mais pour moi c'est pas gagné du tout !!
RépondreSupprimerNous sommes donc solidaires dans la crise ! Bon, effectivement c'est bien d'avoir un boulot ! Et une adorable petite fille, c'est pas bien ??? Et une deuxième en route en plus ?
;-)
mouais, je ne cacherai pas à tes autres lectrices que j'étais au concert que tu racontes, et c'est déconcertant de savoir que tu y étais...effectivement si tu l'avais dis on aurait pu enfin se rencontrer!:-)
RépondreSupprimerc'est un truc que je t'avais déjà suggéré: mettre un agenda des meanifestations culturelles à Berlin (et en Martinique....je n'ose plus trop en parler parce que t'en parles presque plus, alors que le concept était intéressant)
Ah oui dis donc chère Laure, étais-tu dans ce groupe de Français que j'ai fui car franchement les Français à Berlin ça commence à bien faire ?
RépondreSupprimerIl est vrai que j'ai complètement oublié ta suggestion qui n'était pas du tout une mauvaise idée... tu sais sur un blog qu'on écrit sur les heures de loisir, c'est pas du tout facile de faire tout ce qu'on aimerait faire, si bien sur le fond que la forme... on peut parfois perdre des 1/2 journées sur des petits détails débiles, tiens par exemple j'ai remarqué que mon lien vers la page Facebook du blog a sauté, tout simplement parce que ces gentils abrutis de Facebook ont décidé de changer l'interface et de récolter encore davantage d'informations sur les créateurs de pages Facebook, il m'a fallu pas mal de temps pour reconstituer un truc moins bien que ce que j'avais avant... et plein de petits trucs. Alors bon, l'agenda culturel, ça se tente, mais ça ne viendra pas tout de suite malheureusement. Et pour la Martinique... tu as vu que ces dernières semaines j'arrivais à peine à écrire une fois par semaine alors dans l'immédiat en effet la Martinique, où je ne suis pas revenu depuis déjà un an et demi, m'inspire moins de billets que mon expérience à Berlin.
non très cher j'étais une française en solo et je déteste fréquenter des français lorsque je me déplace dans les grandes ville (j'ai fait un très court passage chez les teutons...pour Avishai je te le concède); par ailleurs, je suis du genre discrète mais j'ai pris pas mal de photos d'Avishai à la fin du concert, et j'étais côté gauche, dos à la scène...plus de détails?
RépondreSupprimeret toi tu étais en solo à ce concert?
parce qu'en général lorsque tu relates tes expériences concerts t'es souvent accompagné de collègues ou autres et tu en changes les noms (ça marque)
Enfin bref, oui je suppose tout ça, je bosse aussi et j'imagine que ce n'est pas simple... il n'empêche que tu pourrais peut -être prendre le temps de faire les choses prioritaires.. l'agenda je trouve que ça en fait partie..et puis t'es pas obligé de te justifier... je ne fais que donner mon avis de lectrice: point barre.
J'étais avec Jasmine*, une visiteuse, fan d'Avishai qui me l'a fait découvrir et persuadé de rentrer précipitamment d'une manifestation sportive, et accessoirement une lectrice assidue :-)
RépondreSupprimerC'est super que les lectrices donnent leur avis. Je sais que je ne suis pas obligé de me justifier mais je le fais quand il y a des raisons évidentes. Peut-être que pour moi l'agenda culturel n'est donc que moyennement prioritaire vu que j'ai à peine le temps d'écrire, mais c'est bien de remettre cette idée sur le tapis.
* Prénom changé ;-)
principalement une visiteuse et accessoirement une lectrice assidue, c'est bien ça?
RépondreSupprimeret bien, c'est pas mal quand les langues se délient...enfin...je saurais en tirer les conséquences comme une grande!
Euh, je ne suis pas sûr d'avoir bien compris, mais je n'avais pas pour idée de faire une description précise de Jasmine juste avec deux qualificatifs, ce serait quelque peu réducteur.
RépondreSupprimerhttp://www.jmberlin.de/main/EN/02-Events/01-Cultural-Summer/01-jazzGarden.php
RépondreSupprimerCe Trio est à découvrir ABSOLUMENT le 1er juillet prochain!
L'occasion de faire une autre (meilleure) chronique musicale et d'égayer la vie de tes vahinés!
Merci pour le bon tuyau! Tu y seras?
SupprimerMais, si je ne m'abuse, le 1er juillet sera le soir de la finale de la coupe d'Europe de foot... Oups le dilemme!!!
Je compte sur ta future chronique pour me le vivre en différé...
RépondreSupprimerPas de dilemme possible: le concert est à 11h (am)et en plus c'est gratuit!!!
je t'incite car je les ai déjà vus 3 fois sur scène et à chaque fois c'est de plus en plus lourd!