dimanche 5 juin 2011

Beauté de Berlin : la Spree couleur de feu

La sécheresse assoiffe cruellement notre belle France, et l'Allemagne sa voisine, alanguie de chaleur, vient de connaître son printemps le plus sec et le plus ensoleillé depuis le début des relevés à la fin du XIXème siècle. Le citadin berlinois, pour peu qu'il prenne bien soin de ses plantes sur le balcon (deux jours d'inattention et c'est le carnage !) et dès lors qu'il s'acquitte d'une pensée compatissante pour les pauvres agriculteurs qui souffrent, il n'a pas à se plaindre de ce beau début d'été, sec et muy caliente.

Si l'on me demande quelle période de l'année je préfère à Berlin, je réponds sans hésiter : le mois de juin bien sûr ! Au bureau, rares sont ceux qui ont vraiment la tête au travail. Les heures de la journée s'égrènent dans une torpeur ensoleillée qui n'a rien à envier à la douceur de vivre méditerranéenne ; et après s'être gorgé l'épiderme d'ultra-violets, l'on se réfugie volontiers à l'ombre des tilleuls qui nous aspergent délicatement de leur mystérieuse sève gluante, presque comme les brumisateurs des terrasses parisiennes, mais en version 100% naturelle cette fois. Et en parlant des heures de la journée, comme elles sont nombreuses ! Les noctambules qui dansent “jusqu'à l'aube” voient arriver cette dernière dès 3h30 du matin, ce qui tout de même rend la performance un tantinet moins impressionnante. Le soir, c'est le moment d'admirer les plus beaux couchers de soleil de l'année sur la Spree, puisqu'il finit sa course, à cette période, dans l'axe du fleuve, du moins si on l'observe depuis les quartiers en amont du centre (comme Kreuzberg, Friedrichshain ou Treptow). Les rougeoiements de la Spree sont le prélude à l'interminable crépuscule estival, qui s'étire et se prolonge à n'en plus finir, bleu et clair, tantôt tiède et indolent, tantôt bien plus frais et indéniablement “nordique”. Malheur à l'imprudent qui s'est laissé duper par la chaleur diurne et s'est risqué à sortir sans sa veste pour la soirée!

J'ai tant de choses à raconter sur ce blog que je suis sûr que beaucoup de projets d'articles resteront en l'état, mais pour mon 100ème billet aux Chroniques (oui, le 100ème !), faisons une pause pleine de beauté et de sérénité. Mes lectrices les plus attentives auront fini par comprendre que j'adore passer mes soirées à admirer le coucher du soleil, et il n'y a pas à dire, à Berlin je suis gâté. Et lorsque la Spree resplendit et reflète la chaude lumière du couchant, je suis loin d'être le seul qui interrompe sa course à vélo pour s'imprégner du spectacle et en prendre quelques photos souvenirs. Je suis en retard, comme toujours, mais mes amis attendront bien cinq minutes de plus...

Samedi 28 mai à 20h20 - Vu de la Spree depuis l'Elsenbrücke entre les quartiers est-berlinois de Friedrichshain et Treptow. L'étrange sculpture que l'on voit s'appelle Molecule Man, et les trous font peut-être partie de l'oeuvre, mais servent surtout à ce que la sculpture monumentale résiste au vent !

Samedi 28 mai à 20h22 - Croisière crépusculaire et tentative de zoom sur le Molecule Man. Bon c'est plutôt loupé.

Le mercredi 1er juin à 21h12 - Un peu en aval, sur l'Oberbaumbrücke, entre Kreuzberg (ouest) et Friedrichshain (est)

Au même moment, avec un zoom un peu plus puissant

11 commentaires:

  1. Joli ce 100ème billet sur la Spree
    Je pensais le boycotter et puis finalement je prends des risques sous l'orage parisien
    Pour encourager une plume poétique
    plus fréquente et vraiment plaisante...avec les mots de Mr Hugo.


    "Oh ! contemplez le ciel ! et dès qu'a fui le jour,
    En tout temps, en tout lieu, d'un ineffable amour,
    Regardez à travers ses voiles ;
    Un mystère est au fond de leur grave beauté,
    L'hiver, quand ils sont noirs comme un linceul, l'été,
    Quand la nuit les brode d'étoiles" (extraits de Soleils couchants)

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  2. Merci pour cette prise de risques, chère Ank. Tu me scotches avec tes citations ! En effet il en dit de belles choses sur un soleil couchant, ce sacré Victor !

    Je suis sur mon balcon, entouré de fleurs, éclairé à la lumière de la bougie... c'est magique ! L'orage, chez nous, c'est pour demain paraît-il. Alors pour l'instant je profite encore un peu et je fais durer au maximum mon weekend de l'Ascension :-)

    Bonne semaine !

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  3. Bravo pour les 100 billets, et moi aussi je savoure le mois de juin berlinois... quel pied!!! Ce n'est pas seulement le climat, c'est aussi qu'ici tout est fait pour en profiter au maximum: biergarten, parcs, lacs, terrasses avec chaises-longues...

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  4. Petite pause heureuse de l'après-midi....elles sont magnifiques ces photos!
    Et j'attends patiemment (tout à vient à point à qui sait attendre pas vrai?) les prochains 100 autres billets car j'ai eu beaucoup de plaisir à lire ceux-ci.

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  5. Bonjour!

    Non, non, non je ne peux pas lire ce billet, ni regarder ces photos. Tu me tortures. Je hais Paris quand je vois ça. Je veux rentrer à la maison chez mes Teutons!

    (je regarde les billets d'avion sur Momondo là...)

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  6. Merci à toutes pour vos encouragements !

    JvH (dont je connais maintenant le prénom grâce à quelqu'un d'autre, héhé!!), en effet je suis bien d'accord que la même météo sans les lacs et les parcs pour en profiter, ce serait bien dommage.

    Andrea, oui j'espère bien avoir la ressource et l'énergie pour écrire une autre centaine de billets.

    Manon, je compatis pleinement avec ton accès d'Ostalgie, mais s'il ne s'agit que couchers de soleil, tu peux voir quelque chose de sympa depuis le Pont des Arts ou l'esplanade des Invalides, non ? Par une belle journée d'été, c'est un substitut de Spree ma foi acceptable, après tout il y a pire que Paris pour prendre des photos tout de même :-)

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  7. Bonjour,

    Non, Paris c'est pourri. Je connais par cœur, ça m'ennuie autant qu'un plat de nouilles sans beurre.

    Je veux mon Berlin.

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  8. Je te trouve bien sévère. Pense à ce poème de François Villon, dont la vie a inspiré une pièce de théâtre qui se joue dans les petites salles de Friedrichshain (Die Lebensbeichte des F. Villon) et que j'aimerais bien voir un de ces 4, maintenant que je me sens cap' d'essayer à nouveau le théâtre en allemand.

    BALLADE DES FEMMES DE PARIS

    Quoy qu'on tient belles langagieres
    Florentines, Veniciennes,
    Assez pour estre messagieres,
    Et mesmement les anciennes;
    Mais, soient Lombardes, Rommaines,
    Genevoises, à mes perilz,
    Pimontoises, Savoisiennes,
    Il n'est bon bec que de Paris.

    De tres beau parler tiennent chayeres,
    Se dit-on, les Neapolitaines,
    Et sont tres bonnes caquetieres
    Allemandes et Pruciennes ;
    Soient Grecques, Egipciennes,
    De Hongrie ou d'autre pays,
    Espaignolles ou Castellaines,
    Il n'est bon bec que de Paris.

    Brettes, Suysses, n'y sçavent gueres,
    Gasconnes, n'aussi Toulousaines ;
    De Petit Pont deux harangieres
    Les concluront; et les Lorraines,
    Engloises et Calaisiennes,
    - Ay je beaucoup de lieux compris ? -
    Picardes de Valenciennes ;
    Il n'est bon bec que de Paris.

    Prince, aux dames Parisiennes
    De beau parler donne le pris ;
    Quoy qu'on die d'Italiennes,
    Il n'est bon bec que de Paris.

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  9. Un fort joli blog.

    Gonzague, "Neuköllnais" d'adoption.

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  10. Wouaouh ! UN lecteur HOMME ! ça valait largement le coup de persévérer jusqu'au 100ème billet !

    Mais tout compte fait c'est pas plus mal d'être lu par de douces vahinés...

    :-)

    Merci cher Gonzague et bien le bonjour à Neukölln !

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  11. Les commentaires sont très dithyrambiques quand même...ok ils sont un peu mérités.
    Moi j'attends les prochains et le prochain en particulier!
    tchuss

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Un petit bonjour ?

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