mercredi 2 novembre 2011

Fêtes traditionnelles ici et ailleurs (et une injustice flagrante)

Contrairement à la France aux longues traditions centralisatrices, et qui a inscrit la notion d’égalité dans sa devise il y a déjà fort longtemps, en Allemagne, le nombre de jours fériés varie considérablement d’une région à l’autre: en général, les Länder catholiques du sud et de l’ouest du pays sont les plus favorisés de ce point de vue, la Bavière détenant le record national de 13 jours fériés par an, suivie de la Sarre et du Bade-Württemberg avec 12 jours chacun, tandis que les États majoritairement protestants du centre et de l’est du pays, 10 ou 11 jours (eh ben la voilà, la preuve irréfutable que Dieu préfère les Catholiques). Quant aux habitants des régions sacrilèges et autres villes-États sataniques que sont Berlin, Hambourg, Brême ou le Schleswig-Holstein, ils doivent se contenter du minimum absolu de 9 petits jours fériés par an – en plus d’une éternité de tourments infernaux dans l’au-delà.

Illuminations au cimetière à la Toussaint en Martinique
Photo prise ici

À titre de comparaison, en France, il y a onze jours fériés à l’échelle nationale, fêtes civiles ou religieuses, auxquels s’ajoutent quelques rares fêtes locales, comme la Saint-Éloi dans le Nord, la Saint-Étienne en Alsace (le lendemain de Noël), ou en Martinique, Mardi-Gras, Mercredi des Cendres, Vendredi Saint et le «22 mé» où l’on commémore l’abolition de l’esclavage dépi an tan nanni nannan (ou en fait depuis 1983) : soit tout de même un total de quinze belles journées de fête ou de recueillement par an au soleil des Antilles. Et pourquoi pas après tout : au moins, toutes ces fêtes religieuses ont encore un sens chez nous. Le fait que la France ait réussi à se ranger in extremis du côté des vainqueurs des deux guerres mondiales n’est pas pour rien dans cette remarquable inégalité entre les deux rives du Rhin. Loin de moi l’idée de déplorer la défaite allemande de 1945, bien au contraire, mais chaque année, je me désole du manque de bonne volonté de nos amis Teutons, qui pourraient faire du 8 mai un jour férié et nous accorder un jour de congé de plus s’associer au reste de l’humanité dans une digne commémoration de la fin de la barbarie nazie. Je peux toujours courir.

Encore la Toussaint en Martinique - et quelques explications intéressantes ici

Cette semaine, le contraste entre Berlin l’impie et le reste du pays se fait cruellement sentir : lundi, comme chaque 31 octobre, c’était la fête de la Réforme, et toutes les régions historiquement protestantes, qui correspondent en fait aux cinq Länder de l’ex-RDA qui encerclent Berlin, commémorent un geste symbolique de protestation de Martin Luther contre les abus de l’Église catholique. Tout l’est de l’Allemagne était en vacances, sauf nous vaillants Berlinois bien sûr. Et aujourd’hui, 1er novembre, c’est la Toussaint, jour férié dans cinq États catholiques allemands, les plus grands et les plus peuplés, comme la Bavière et la Rhénanie et tout le toutim. Bref, il n’y a pas grand monde pour faire tourner l’économie allemande cette semaine, à part nous aut’ pauv’ Berlinois exploités par le grand Kapital.

Et pour finir avec les fêtes traditionnelles de cette fin octobre / début novembre, vendredi dernier, j’ai eu l’occasion d’assister à un festival traditionnel qui a encore moins de chances de donner lieu à un jour férié en Allemagne que le 8 mai : la fête indienne de Divali. Quasiment un an jour pour jour après ma visite de l’exposition Vodou à l’Ethnologisches Museum, je remettais les pieds dans le même édifice du quartier très excentré de Dahlem pour un festival organisé par la communauté indienne de Berlin.

Une jeune participante exécute une danse traditionnelle. Dommage, la vidéo n'est pas passée. 
Divali ou Diwali ou Divâlî ou Dîpâvalî, ou plus exactement दीपावली, est, à ce que j’ai appris, l’une des fêtes religieuses les plus importantes en Inde, célébrée tant par les hindous que par les sikhs. Le nom sanskrit de cette fête signifie «fête des Lumières» ou «fête des Lampes», et ces festivités coïncident, dans certaines communautés hindoues, avec le Nouvel An, encore que tout le monde ne semble pas être de cet avis dans les divers courants hindouistes car sinon ce serait bien trop simple. Après tout, avec 33 millions de divinités dans le panthéon hindou, ce n’est pas si étonnant que les ouailles n’aient pas pu s’entendre sur un calendrier unifié. Tu parles d’une cacophonie... Pour le reste, je ne saurais trop vous conseiller de vous adresser à mon pote Wicky Pedia qui sait tout sur tout.

Aux grands mots les grands remèdes : je commence à mettre des vidéos sur YouTube pour pouvoir les intégrer à mon blog... L’ennui c’est qu’il faut vraiment être patient.





Au menu des festivités à l’Ethnologisches Museum : des spectacles de danse indienne, mais alors vraiment beaucoup de danse dans une ambiance Bollywood, puis un vrai dîner indien à l’œil offert par l’ambassade.

Une autre magnifique chorégraphie dont je n'arrive à télécharger qu'un tout petit bout de film...

Certaines danses étaient d’une beauté et d’une exécution à couper le souffle, mais pas toutes, loin s’en faut : de nombreux enfants et adolescents sont aussi montés sur scène et se sont trémoussés piteusement devant un public indulgent. Mais en matière de danses sérieuses, nous avons tout de même été gâtés. Hélas, mes meilleures vidéos sont trop lourdes et ne passent pas sur le blog... Il faudra que j’essaie autre chose.




Bien entendu, la fête se déroulant à Berlin, il était important que la communauté indienne donne des gages d’intégration. Elle s’en est fort bien tirée en invitant un groupe de pom-pom girls locales dont la prestation nous a fait l’effet d’un cheveu sur la soupe au milieu de toutes ces danses bollywoodiennes.


La fête n’aurait pas été authentique sans un petit autel païen hindou avec des offrandes. En Martinique, lorsque les «Indiens» (aussi martiniquais que nous vu qu’ils sont là depuis des générations) organisent des festivals culturels, il y a toujours au moins un agneau ou quelques coqs de basse-cour qui se font trucider en guise d’offrande. Ça pisse le sang de partout. Malheureusement, à Berlin, nous n’avons pas eu droit à ce spectacle. Ça aurait pourtant pimenté l’événement !



Voilà, c’était ma fête de Divali vendredi dernier au Musée Ethnologique de Dahlem. Vraiment, quoi qu’en disent Sarrazin et les autres, elle est plus belle la vie en Multi-Kulti, vous ne trouvez pas ?  

5 commentaires:

  1. Ben non quand je compte sur mes petits doigts, on n'a que 6 jours off ici à Berlin:
    1er janv
    Lundi de Pâques
    Vatertag
    3. Okt
    25 et 26 dec
    31 dec
    oula 7 !!!!! J'en oublie certainement :-)

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  2. Bah alors ??? et vendredi saint (Karfreitag)? On a tout de même la chance d'avoir 4 jours de we de Pâques, ne l'oublie pas !! Et le 1er mai, pour faire mumuse dans les rues ? Il y a aussi le jeudi de l'Ascension ainsi que le lundi de Pentecôte (Pfingstmontag). J'espère que personne ne te lit parmi les gens qui ont le pouvoir de nous sucrer des jours de congé !!!!!!
    :-)
    En revanche, Vatertag ce serait bien mais comme c'est un dimanche, ça changerait pas grand chose que ce soit férié :-)
    Le plus étonnant (ou scandaleux si on est émotif) à mon avis, c'est que le 9 novembre ne soit pas un jour férié ne serait-ce qu'à Berlin... pourtant la signification de cette date est ÉNORME... c'est dommage.
    Schönen Mittwoch!

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  3. Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938 a eu lieu en Allemagne la Reichspogromnacht (nuit de cristal). Je crois savoir que c'est pour cette raison que ce jour n'est pas férié.
    Et puis quoi, il ne faut pas oublier que Berlin ist arm ....aber sexy!!
    Est-ce que les Bavarois peuvent dire la même chose? :-)

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  4. Mais c'est bien sûr ! il est vrai que le 9 novembre est cette fameuse "date magique" de l'histoire allemande... mettre trop l'accent sur le 9 novembre 1989 risquerait d'éclipser les autres événements historiques ayant eu lieu à la même date.

    Merci pour le rappel Sonja :-)

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  5. Tiens bizarrement j'avais zappé la 2ème moitié de ton commentaire Sonja... Pour les Bravarois (contraction de "braves Bavarois"), je ne pourrais pas t'en dire plus : je suis allé seulement une fois en Bavière, à Reit im Winkl sur la frontière autrichienne. J'en parle là et là:
    http://chronique-berliniquaise.blogspot.com/2011/01/hibernation.html
    http://chronique-berliniquaise.blogspot.com/2011/02/big-brozzer-in-dschermany.html

    Honnêtement, j'ai trouvé les montagnes affreusement sexy. C'était magnifique. La bouffe, excellente (et pour moi avec la bouffe allemande, c'est pas gagné d'avance, héhé), les gens, gentil, le ski, génial, même le policier bavarois, super sympa... L'accent des autochtones, pittoresque et incompréhensible à souhait. Un excellent souvenir. Après, ça reste juste un weekend, donc c'est peut-être juste pour se faire une opinion vraiment valable :-)

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