dimanche 27 novembre 2011

T’as de beaux œufs tu sais ?

Vous en aviez rêvé (ou pas), les Allemands l’ont fait. Avec leur manie de tout prendre au pied de la lettre, il fallait bien que cela arrive un jour. C’est donc chose faite : désormais, quand vous choisissez des œufs bios dits «verts» au supermarché bio du coin, pour la modique somme de 1,99€ la boîte de quatre, vous achetez réellement des œufs... bah verts, tiens. Je suis peut-être naïf mais je ne connaissais pas cette nouveauté.

Grüne EierOeufs verts


Passé un premier moment d’incrédulité, pendant lequel je me suis demandé si mon épicerie habituelle ne célébrait pas Pâques un peu avant l’heure, la curiosité a été la plus forte. Ne voulant pas mourir idiot, j’ai bien évidemment décidé de tester ces produits révolutionnaires certifiés aus ökologischem Landbau («issus de l’agriculture biologique») et pondus, dixit l’emballage, par quelque race de poule méridionale exotique. Je me suis donc délesté de deux euros, soit encore 13,12 francs français, ou plus exactement 1.311,91 anciens francs, pour quatre œufs verts en boîte. À ce prix-là, ils ont été sûrement pondus par la demi-sœur par alliance de la Poule aux œufs d’or herself, pensai-je alors, considérablement appauvri en capital, certes, mais satisfait de mon acquisition de prestige.

Pendant les jours qui ont suivi, j’étais en proie à un grand trouble, ne sachant que faire de ces quatre ellipsoïdes à la couleur de jade qui me dévisageaient avec le dédain qui sied à la noblesse et à leur rang à chaque fois que j’ouvrais mon frigo : allais-je vraiment me risquer à les consommer ? Ne serait-il pas plus sage de m’en servir comme projectiles lors de la prochaine manif’ contre les abus des banques par exemple ? Mais tout de même, à 327,98 anciens francs le missile, il faudrait que je bombarde le président de Goldman Sachs en personne, et sans me louper hein... J’ai abandonné l’idée, et me suis renseigné fébrilement sur le Net : non, les œufs verts ne viennent pas de la région de Tchernobyl, non il n’y a pas de nouvelle épidémie d’œufs contaminés à la dioxine comme en début d’année. En fait, les œufs verts semblent avoir été pondus le plus naturellement du monde par une race de poule toute bête mais peu connue, l’«Araucana» chilienne, qui a donc cette particularité de laisser échapper de son derrière des œufs verts ou bleus. Rassuré, je suis donc passé à l’action, un samedi matin, pour mon brunch maison du weekend.

La fameuse recette des œufs verts au plat à la mode berliniquaise

Vous l’attendiez tous, la voilà enfin. Ingrédients pour une personne :

- un oignon bio frais ;
- un petit poivron jaune bio frais ;
- une tomate bio bien rouge ;
- trois ou quatre abricots secs bios ;
- trois à cinq champignons de Paris bios, selon la taille ;
- deux tranches de bacon, bio évidemment ;
- quelques cl d’huile d’olive bio ;
- du poivre et du sel d’Ibiza (¡Atención! si vous achetez votre sel directement à Ibiza, assurez-vous que c’est bien du sel. Un indice : le sel ne se vend pas en boîte de nuit en règle générale) ;
- de la coriandre, du piment de Cayenne moulu ;
- des herbes et épices fraîches récoltées avec soin sur votre balcon : thym, romarin, basilic, ciboulette, selon saison, sinon, les condiments séchés feront l’affaire.

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Et bien entendu, deux ou trois œufs verts !


Il vous faut deux poêles : une pour les champignons, et l’autre pour les œufs. Chauffez un mince filet d’huile d’olive bio dans les deux poêles à feu doux, faites-y revenir, dans chacune, un demi oignon bio coupé en petits dés.

Les champignons : coupez-les en fines lamelles transversales, et versez le tout dans la poêle lorsque les oignons ont commencé à changer de couleur. Assaisonnez avec du poivre, du sel d’Ibiza, un soupçon de coriandre moulue et une pincée de persil. Laissez dorer le tout en remuant de temps en temps.

Les œufs : lorsque les oignons ont commencé à s’opacifier sous l’action de la chaleur, mettez dans la poêle quelques feuilles de romarin frais que vous aurez coupées ou déchirées avec vos doigts. Si vous n’avez pas de romarin sur votre balcon, sautez cette étape, mais sachez que c’est bien dommage, car vous vous éloignez de la recette originale. Puis cassez les œufs et laissez-les cuire à feu doux, non sans avoir rapidement ajouté le sel d’Ibiza (attention hein...), le poivre, la ciboulette fraîche si vous en avez (à défaut, le bouquet d’herbes de Provence) et une pincée de piment de Cayenne.

Coupez le poivron. Au bout de plus ou moins cinq minutes (selon votre préférence, si vous le préférez encore craquant ou plutôt cuit), ajoutez-le, soit dans la poêle aux champignons, soit à côté des œufs, s’il y a de la place. À ce moment-là, vous pouvez rajouter les abricots secs, pour donner une délicieuse saveur sucrée-salée.

Pendant les deux dernières minutes de cuisson, coupez la tomate et mettez les morceaux dans la poêle de votre choix. L’idée est qu’elle soit chaude et très légèrement cuite, mais pas complètement. Juste au moment où vous pensez avoir fini, c’est alors que vous vous apercevez que vous avez oublié le bacon. Pas de panique : vous pouvez d’ores et déjà enlever du feu les champignons bien dorés, et dans la poêle ainsi libérée, griller le bacon à feu vif pendant deux minutes.

Ta-daaa ! Et voilà ! Bon appétit bien sûr.

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Fin de l’atelier cuisine pour aujourd’hui.

Vous avez réussi magistralement à préparer votre brunch d’œufs verts au plat, façon berliniquaise. Et le goût alors ? Bah c’est pas mauvais, mais franchement la différence avec nos bons vieux œufs au plat tout banals, bruns ou blancs, ne saute pas vraiment aux papilles. Sérieux, Roxana la poule chilienne aurait pu se fouler l’anus un peu plus et nous pondre des œufs verts, carrés et au goût de fraise tagada ou de hareng saur, là on en aurait pris plein la bouche. Mais non, juste une coquille verte, et c’est tout ; à part ça, tout est pareil : un œuf au goût d’œuf lambda. Scandaleux. C’est vraiment nous prendre pour des niaiseux, et je pèse mes mots. Dans ces conditions, il est bien difficile de justifier la différence de prix. Floué, indigné, révulsé, j’étais à deux doigts de peindre une banderole rageuse et d’aller occuper mon supermarché bio, puisque c’est la mode. Mais je me suis ravisé in extremis, me consolant à l’idée de me venger dans un billet de blog assassin.

Verdict : Les œufs verts, on a testé mais on ne recommande pas forcément, sauf pour le délire rigolo, haha, hihi, héhé, huhu, hoho, voilà c’est fait on a bien ri.

PS : oui, je suis un cuisinier hors pair. La prochaine fois, nous verrons ensemble ma recette de Penne Rigate bios au parmesan bio, avec des morceaux de tomate bio. C’est un plat bio et végétarien de haute volée.

4 commentaires:

  1. Dommage que l'intérieur ne soit pas bleu, cela ferait des omelettes originales.

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  2. Enfin un qui comprend ma déception ! En effet hein, finalement, à quoi ça sert que la coquille soit verte ! on la mange pas donc on s'en tape complètement qu'elle soit verte ou rouge à rayures bleues...

    ;:-)

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  3. Hahaha Encore un article fandard!!!!!! Bravo! Ne t'etonne pas de me voir dimanche prochain débarquer, ton brunch est fort alléchant!

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  4. Merci pour ton enthousiasme et pour ton indulgence quant à mes talents de cuisinier. Ceci dit, je te fais remarquer que si tu te pointes un dimanche matin, tu risques de rester sur ta faim car le brunch maison, c'est le SAMEDI, car j'ai le marché aux fruits et légumes bios juste à côté. Le dimanche, c'est brunch dehors... c'est qu'on commence à avoir ses habitudes de vieux garçon, mine de rien :-)

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Un petit bonjour ?

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