«Gazelle !»
Bon sang, mais c’est bien sûr : la «Gazelle» en question ce n’est pas moi, mais mon complice de toujours, mon Jolly Jumper en tubes d’acier, mon Bucéphale à la robe laquée de noir, mon bon vieux vélo, percuté-je enfin, un quart de seconde plus tard. Puisque j’ai bien une minute à perdre, je décide d’interrompre ma course. Je descends de mon noble pur-sang et retrace en sens inverse, à pied, la distance parcourue pendant mes 75 centièmes de seconde de réflexion, afin d’aller informer l’inconnu de son erreur et mettre les points sur les i quant à la véritable identité de mon Holland-Rad, sujet d’importance. D’ailleurs, l’inconnu n’est pas seul : deux messieurs d’un certain âge m’observent, goguenards, un gobelet de vin chaud à la main. L’un d’eux, probablement l’auteur du cri, s’avance déjà à ma rencontre.
Pendant un quart de seconde, le mot résonne dans mes oreilles comme un écho lointain, un appel silencieux, un murmure assourdissant. Mais non, je ne rêve pas, quelqu’un m’a effectivement interpellé en disant «Gazelle !». Un autre quart de seconde passe, durant lequel mon cerveau ultra-rapide produit le raisonnement suivant :
1. Je ne suis pas sur une allée bruyante et parfumée du souk de Marrakech mais sur un trottoir enneigé et presque désert du Boxhagener Platz, par un triste après-midi d’hiver. Cet arôme qui flotte dans l’air, ce n’est pas du cumin ni du safran, mais les vapeurs épicées du Glühwein.
2. Jusqu’à preuve du contraire, je n’ai pas le profil-type des touristes blondes à forte poitrine à qui cette gracieuse épithète est habituellement lancée par des vendeurs de narguilés en djellaba ou par d’aspirants Casanovas wesh-wesh adossés oisivement à un mur de la médina. Même affublé d’un lapin mort en guise de couvre-chef et engoncé dans un épais manteau, malgré la lumière déclinante, il n’est pas possible de me prendre pour une Anne-Camille en goguette en Musulmanie.
3. En fait, quand on y pense bien, l’inconnu a distinctement prononcé «gatselleuh», à l’allemande, bien comme il faut (ou pas) (enfin, je me comprends).
Le marché au fruits et légumes de Boxhagener Platz au début de la vague de froid |
«Hallo. Vous faites erreur, cher Monsieur, ce n’est pas un Gazelle.
– Ah bon ? Ça alors, on dirait vraiment un Gazelle pourtant.
– Ce n’est pas faux, il y ressemble, mais en réalité c’est une autre marque.
– Ah oui ? Laquelle ?»
Ne jamais sous-estimer la curiosité sans gêne d’un Allemand désœuvré, surtout quand il a quelques litres de vinasse dans le pif après quelques gorgées de remontant.
«Eh bien c’est un Green’s Westminster si vous voulez tout savoir. On dirait pas comme ça, mais en fait c’est une marque allemande qui se la joue anglaise style dandy British. Mais chuuuut, n’allez pas divulguer leur petit secret.
– Intéressant tout ça. Il a dû coûter très cher alors !»
Dans la patrie d’Aldi et de Lidl, c’est une question cruciale. Ou comme le proclame sans état d’âme cette société qui vend de l’électronique grand public : «Plus radin, plus malin». La classe teutonne résumée en quatre mots. Et en plus ça rime. (Le slogan original, comme l’a expliqué ma prof d’allemand, c’est “Geiz ist geil”, qui se traduit en fait par «L’avarice, c’est sexy». Rrrrr, viens là que je te pogne, mon doux Harpagon. Vous avez vu comme je vous aide à vous constituer un savoir encyclopédique grâce auquel vous pourrez impressionner tous vos amis).
«En fait, c’était deux fois moins cher qu’un Gazelle. Du coup il n’y avait pas photo ! De vous à moi, j’aurais volontiers jeté mon dévolu sur un Gazelle. Mais les chouettes Fahrräder à 800€, c’est pas encore mon truc.
– Marrant ça. Mais votre vélo n’est pas trop mal quand même.
– Merci.
– Mais dites-moi, je remarque que vous avez un accent : d’où venez-vous ?»
– Merci.
– Mais dites-moi, je remarque que vous avez un accent : d’où venez-vous ?»
Ah ben voilà ! On y arrive enfin ! Je commençais presque à espérer qu’il s’abstiendrait de me poser the question. Quelle naïveté confondante, tout de même, après tout ce temps.
«De France.
– Ach so? De France ?»
Dans l’obscurité qui s’épaissit, je devine aisément l’étonnement sur les traits de mon interlocuteur, et je vois venir, de très loin, un long interrogatoire indiscret. Pensez-vous, en trois ans et demi, j’en ai déjà vu d’autres.
«Eh oui, de France, ne vous déplaise. N’entendez-vous donc pas ces intonations particulières, cet accent de lover qui donne à toute Allemande normalement constituée l’envie irrépressible d’ôter tous ses habits séance tenante ?
– Si, bien sûr, j’entends bien, mais, ho, hein, vous voyez ce que je veux dire n’est-ce pas : vous êtes “français”, j’en conviens, mais... des colonies alors, si je ne m’abuse ?»
Oh, le salaud ! Les «colonies»... Celle-là, on ne me l’avait jamais sortie. Une telle nouveauté m’en bouche un coin. Ce sont sûrement les épices dans le Glühwein qui inspirent à ce brave gugusse de si bonnes idées. Et me voilà tout de suite bien plus enclin à mettre un terme à la conversation, mais avec ma manière habituelle de ne jamais contredire ni dérouter mon interlocuteur avec des notions aussi compliquées que le statut des DOM-TOM et tout ça.
«Michel Sardou, ça vous dit quelque chose ?
Oh, le salaud ! Les «colonies»... Celle-là, on ne me l’avait jamais sortie. Une telle nouveauté m’en bouche un coin. Ce sont sûrement les épices dans le Glühwein qui inspirent à ce brave gugusse de si bonnes idées. Et me voilà tout de suite bien plus enclin à mettre un terme à la conversation, mais avec ma manière habituelle de ne jamais contredire ni dérouter mon interlocuteur avec des notions aussi compliquées que le statut des DOM-TOM et tout ça.
Les Français des DOM-TOM en 2012 (vus par les Allemands) |
– Quoiça ?
– Non, rien, laissez tomber. Oui, je viens des... je viens des “colonies”, en gros. Si vous voulez.
– Ach! Mais c’est super ça ! So exotisch! Et comment donc se nomme votre pays d’origine ?
– La Martinique, vous connaissez ?
– De la Martinique ? Wunderbar! Bernd, hé, Bernd ! Tu entends ça ? En v’là un qui vient de la Martinique ! Complètement dingue.»
Bernd, c’est l’autre comparse, resté en retrait tout ce temps. Un timide sans doute. La nouvelle qu’un Martiniquais en liberté rôde sur son vélo dans les rues de Friedrichshain n’a pas l’air de l’émouvoir outre mesure. «Schön», l’entends-je quand même répondre avec bonne volonté, avant de replonger pensivement le nez dans les effluves cannelés de son gobelet de vin chaud.
– Non, rien, laissez tomber. Oui, je viens des... je viens des “colonies”, en gros. Si vous voulez.
– Ach! Mais c’est super ça ! So exotisch! Et comment donc se nomme votre pays d’origine ?
– La Martinique, vous connaissez ?
– De la Martinique ? Wunderbar! Bernd, hé, Bernd ! Tu entends ça ? En v’là un qui vient de la Martinique ! Complètement dingue.»
Bernd, c’est l’autre comparse, resté en retrait tout ce temps. Un timide sans doute. La nouvelle qu’un Martiniquais en liberté rôde sur son vélo dans les rues de Friedrichshain n’a pas l’air de l’émouvoir outre mesure. «Schön», l’entends-je quand même répondre avec bonne volonté, avant de replonger pensivement le nez dans les effluves cannelés de son gobelet de vin chaud.
«Mais comment se fait-il que vous parliez si bien l’allemand ?
– “Si bien” ? Z’êtes gentil, vous. J’habite ici alors il faut bien se faire violence apprendre la langue vernaculaire.
– Ah vraiment ? Vous vivez à Berlin ?
– Puisqu’on vous le dit.
– Mais pourquoi voudrait-on quitter un beau pays, pardon, une belle colonie ensoleillée telle que la vôtre pour vivre ici, dans le nord de l’Allemagne ? Il faut être un peu fou non ?
– Je me le demande parfois...Genre, maintenant, là, tout de suite par exemple.
– Mais encore ?»
Mais pourquoi diable n’ai-je pas ce talent naturel pour couper court à ces interrogatoires en règle ?
– Ah vraiment ? Vous vivez à Berlin ?
– Puisqu’on vous le dit.
– Mais pourquoi voudrait-on quitter un beau pays, pardon, une belle colonie ensoleillée telle que la vôtre pour vivre ici, dans le nord de l’Allemagne ? Il faut être un peu fou non ?
– Je me le demande parfois...
– Mais encore ?»
Mais pourquoi diable n’ai-je pas ce talent naturel pour couper court à ces interrogatoires en règle ?
«Eh bien, j’avais envie de connaître le vaste monde, et j’ai atterri ici.
– Vous êtes étudiant ?
– Nan, je travaille.
– Super ça !
– ...
– En tout cas je vous vois bien équipé contre le froid. Vous êtes jeune, ouvert, souriant. C’est un plaisir de rencontrer des gens comme vous.
– Merci, c’était un plaisirpresque partagé. Bonne soirée !
– Tschüssi!»
Une poignée de mains, et voilà que nos chemins se séparent. Un instant j’ai craint qu’il ne me pince affectueusement la joue, mais manifestement, il n’avait pas encore bu assez de Glühwein pour s’enhardir à ce point... Les pans de ma coiffe en lapin mort, rabattus sur mes oreilles, constituaient d’ailleurs un obstacle providentiel contre ce genre d’effusions.
Bien sûr, j’exagère un peu mon agacement face à ces indiscrets, leur manie de mettre les pieds dans le plat et leur entêtement à ne pas ne pas se contenter de la réponse «je suis français». En réalité, je les trouve plutôt amusantes, ces rencontres fortuites avec des inconnus généralement curieux et bienveillants. Le Berlinois a mauvaise presse : on lui prête volontiers un sale caractère et un naturel renfrogné. Peut-être est-ce une question de karma, mais j’ai tendance à croiser sur ma route une majorité de ces gens polis, bavards, ouverts et intéressants. Et les autres, je préfère les oublier, c’est tout ce qu’ils méritent.
– Super ça !
– ...
– En tout cas je vous vois bien équipé contre le froid. Vous êtes jeune, ouvert, souriant. C’est un plaisir de rencontrer des gens comme vous.
– Merci, c’était un plaisir
– Tschüssi!»
Une poignée de mains, et voilà que nos chemins se séparent. Un instant j’ai craint qu’il ne me pince affectueusement la joue, mais manifestement, il n’avait pas encore bu assez de Glühwein pour s’enhardir à ce point... Les pans de ma coiffe en lapin mort, rabattus sur mes oreilles, constituaient d’ailleurs un obstacle providentiel contre ce genre d’effusions.
Bien sûr, j’exagère un peu mon agacement face à ces indiscrets, leur manie de mettre les pieds dans le plat et leur entêtement à ne pas ne pas se contenter de la réponse «je suis français». En réalité, je les trouve plutôt amusantes, ces rencontres fortuites avec des inconnus généralement curieux et bienveillants. Le Berlinois a mauvaise presse : on lui prête volontiers un sale caractère et un naturel renfrogné. Peut-être est-ce une question de karma, mais j’ai tendance à croiser sur ma route une majorité de ces gens polis, bavards, ouverts et intéressants. Et les autres, je préfère les oublier, c’est tout ce qu’ils méritent.
Cher collègue,
RépondreSupprimerJe tiens à vous faire part de ma profonde gratitude pour cette bonne tranche de marrade. Les vieux Ossis sont savoureux, et l'affiche brun-noir-jaune m'a littéralement achevée (non mais ce slogan!!).
Avec mes respectueux hommages, je vous prie d'agréer, Monsieur le Blogueur, l'expression de ma très-haute dévotion (oui, parfaitement, dévotion).
Morille
Bonjour chère collègue, quel honneur d'avoir un mot de votre part sur cette page !
SupprimerJe suis bien d'accord avec vous que le credo "black-jaune-beur" version 1950, ça avait de la gueule... et un slogan comme "UN EMPIRE" ça déchire sa mère bien plus que des niaiseries gnan-gnan genre "pacte républicain" et tout le toutim :-)
Tout le toutin ou tout le boutin?
RépondreSupprimerBref, moi j'ai souvent droit "vous êtes étudiants?" qui vient après le "que faites vous ici" ah non non je travail pour de vrai.
Deux choses l'une : soit on a encore vraiment des têtes de jeunots, soit les Allemands sont très à l'aise avec le concept d'étudiants trentenaires...
SupprimerAllez pour le plaisir j'opte pour le 1° :-)
Tu as cité "le temps des colonies"...cher chroniqueur, j'aurai pas mieux fait! Moi on m'a demandé si j'étais marocaine une fois...l'accent français? j'sais pas...enfin tu verras par toi même hein!
RépondreSupprimerOh l'accent français, l'accent marocain, c'est tout pareil non ?
SupprimerCependant ça m'est déjà arrivé de demander à une Allemande bon teint, mais brune, si elle était marocaine... je me suis senti très bête, mais elle m'a dit qu'on la prend souvent pour une Espagnole ou une Arabe... comme quoi, en chaque brune sommeille une Marocaine :-)
J'ai bien ri, bien entendu. Comment on ne t'avait pas encore fait le coup des colonies ? (On voit que tu es plus jeune que moi.) L'affiche me fait penser à ce magnifique manuel scolaire Le tour de la France par deux enfants et son chapitre consacré aux colonies. (Depuis le temps que je dois en mettre quelques pages sur mon blog.)
RépondreSupprimerQuant au fait que tu parles aussi bien allemand, j'ai remarqué que certains Allemands avaient l'air de croire que les Noirs étaient incapables (physiquement ? intellectuellement ?) de parler leur langue. Allez, ça m'est arrivé peut-être cinq fois, mais j'avais trouvé ça incroyable.
Hey, Jackie, content de te retrouver, tu as fais un long et bon séjour en Martinique j'espère.
SupprimerEh bien on ne m'avait jamais fait le coup, mais je suppose que ça tient aussi de l'âge de l'«interrogateur» de parler de colonies. Je ne sais pas si les Allemands croient instinctivement les gens pas blancs de peau intellectuellement pas à la hauteur pour maîtriser les subtilités de la langue de Goethe, je crois surtout qu'ils sont plus indulgents que les Français envers les efforts des autres pour parler leur langue... mais peut-être que tu as raison après tout, surtout si c'est du vécu (ça ne m'était jamais venu à l'esprit) : après tout, c'était bien Yves Leterme, l'ancien premier ministre belge (et flamand) qui avait déclaré haut et fort que les Wallons n'avaient pas les capacités intellectuelles pour apprendre à bien parler le néerlandais, un propos resté célèbre... classe !
Il faisait un froid en Martinique ! 26 à 28°, mais avec un vent, le ressenti était au moins de 24°. Imagine l'horreur...
RépondreSupprimer"Je ne sais pas si les Allemands croient instinctivement les gens pas blancs de peau intellectuellement pas à la hauteur pour maîtriser les subtilités de la langue de Goethe."
Comme je l'ai dit, ça m'est arrivé peut-être cinq fois (j'ai aussi dit que ça pouvait être physique). Dans la plupart des cas, les Allemands que j'ai rencontrés étaient juste contents qu'une étrangère ait appris leur langue. Mais je parle de ceux qui, alors que je leur ai sorti une belle phrase bien construite, verbe conjugué, verbe à la fin, déclinaisons assurées, essayaient de trouver dans quelle langue ils pouvaient me répondre. Comme si ce qui sortait de ma bouche ne pouvait pas être de l'allemand. Comme j'étais la seule noire du groupe et que mes collègues ne recevaient pas ce genre de réaction, j'en ai déduit que c'était à cause de ma couleur. (Sans me vanter parce que ce n'est pas mon genre, je sais que mon allemand n'était pas lamentable après 10 ans d'étude et d'après mes profs allemands.) C'est arrivé à d'autres copines noires passionnées par l'allemand comme moi.
Et pour parler de la Belgique : j'ai vécu près de trois ans à Bruxelles. Mes collègues flamands parlaient tous français, mais je crois qu'un seul de mes collègues wallons parlaient flamand. Les autres m'avaient carrément dit qu'ils n'en avaient rien à faire. Peut-être Yves Leterme regrettait-il ce genre d'attitude ?
Je suis un peu bête, ou alors c'est l'heure tardive à laquelle je t'ai répondu (il était 1h du mat) et ma volonté d'aller vite au dodo qui m'ont fait répondre à ce point à côté de la plaque... je sais pas... bref. Je suis à 100% d'accord avec toi ! En fait, ça m'arrive TOUT LE TEMPS. Bon, contrairement à toi je n'ai pas étudié la langue pendant 10 ans, et si mes déclinaisons sont assurées, c'est plus probablement grâce au hasard et/ou à une intervention divine, mais genre je me défends bien quand même quoi... et bam, la réponse de l'autre en face qui tombe, en anglais. M'énervent, m'énervent !
SupprimerAch so tu as aussi vécu en Belgique ? Bah dis donc j'en savais rien. Je connais un peu la Belgique aussi et je trouve l'attitude des Wallons inexcusable. Ils veulent bien sauver leur pays mais : apprendre le néerlandais ? Ça, jamais de la vie ! En revanche une déclaration comme celle d'Y. Leterme était insultante, et d'autant plus idiote que son père wallon avait parfaitement réussi à apprendre la langue...
Ah oui l'éternelle dispute entre les Wallons et les Flamands... C'est dommage À l'heure de l'Europe. En tout cas ton billet m'a fait exploser de rire!!!! Ca m'ennerve aussi quand je parle en allemand et qu'on me répond en anglais o_O Vexée comme un pou que je suis! Alors moi c'est pas les colonies, par contre en Russie sur les stands (où je parlais anglais) tous les commerçants me demandaient si j'étais allemande o_O MDR par contre, ici, pas de doute, je suis bien Française avec mon accent... et comme je ne suis pas brune, pas de Marocaine qui sommeille en moi lol ahaha (La réplique m'a bien fait marrer aussi !!)
RépondreSupprimerAh bah tu me rassures, Little Cat, car je suppose que tu es blanche, ce qui veut dire que les Allemands qui répondent en anglais à des gens leur parlant dans un allemand moyennement correct, ce n'est pas une expérience réservée aux "basanés" :-)
SupprimerBah tu sais vu de Russie la France et l'Allemagne, c'est proche, alors pour les Russes tu avais peut-être le "type" teuton, surtout si tu n'es pas brune !!!
Bref, tout ceci pour dire que finalement on s'énerve avec ces gens qui comprennent rien à rien à nos origines mais en fait à chacun son tour d'être complètement à la ramasse, à un moment ou à un autre :-)
Moi aussi j'ai droit aux réponses en anglais, alors qu'on m'appelait mozzarella quand j'habitais en Italie! Donc je ne pense pas que ça soit une question de couleur de peau. Les conversations absurdes où je parle allemand et mon interlocuteur allemand me répond en anglais me font bien marrer.
RépondreSupprimerEt Yves n'avait pas totalement tort: j'ai travaillé dans un laboratoire de psycholinguistique où le chef avait démontré que les Français sont intrinsèquement incapables d'apprendre correctement une langue étrangère. Les autres francophones ont moins de difficultés, parce que l'accent tonique n'est pas toujours sur la dernière syllabe (par exemple en Suisse on dit "éléééééphant").
Alors là je serais bien curieux de voir la "démonstration" en question !!! Et puis "parler correctement une langue étrangère", c'est plutôt vague comme appréciation...
SupprimerC'est sûr que les francophones ne sont pas avantagés pour ce qui est de la sensibilité à l'accent tonique des langues étrangères, mais comme pour tout, ça s'apprend ! Il y a des Français qui ont "l'oreille musicale" pour commencer, et qui se débrouillent bien avec la prononciation des langues étrangères. Et les autres, même s'ils galèrent avec l'accent, peuvent avec un minimum d'effort arriver à se faire comprendre même avec un accent "de lover" à couper au couteau !
Et puis il y aurait beaucoup à dire sur l'enseignement des langues à l'école de la République d'ailleurs... j'ai eu de très bonnes notes au bac sans avoir à prononcer un seul mot d'anglais, tout se passait à l'écrit ! Bref, nous n'avons pas toutes les chances de notre côté, mais parler d'une "incapacité intrinsèque" me laisse quelque peu sceptique.
Merci Little Cat et JvH, vous me "rassurez". Moi aussi, je croyais que c'était réservé aux basanés, puisque nous étions six dans le groupe (j'étais donc la seule noire) et les autres n'avaient pas eu ce "problème". Mon allemand était peut-être trop bon, ça les a déstabilisés !
RépondreSupprimerPour la Belgique, tous les Wallons avaient bien étudié le flamand/néerlandais, mais c'était tout. Je dois quand même que le meilleur traducteur (oui, je suis traductrice) était un Flamand, qui avait fait sa scolarité dans le système francophone. Un détail qui m'avait marquée : quand tu étudies dans un système, tu ne peux pas en changer. Donc, les profs de français étaient flamands, et les profs de flamand/néerlandais, francophones. Ca a peut-être changé depuis (c'était dans les années nonante). Apparemment, être un pays bilingue, ça ne veut pas dire grand chose.
Je crois que cela n'a pas changé depuis. C'est précisément cela le problème, justement : la Belgique, à l'exception de la région de Bruxelles (et de la petite communauté germanophone qu'on oublie souvent), n'est pas vraiment un pays bilingue. C'est la juxtaposition de deux régions complètement monolingues avec au milieu une capitale officiellement bilingue mais dans la pratique francophone à 90% ("nonante pour cent" bien sûr !). Quand tu prends le train entre Liège et Bruxelles, comme je l'ai fait, les annonces se font exclusivement en français pendant la traversée de la Wallonie, puis exclusivement en flamand quand on s'arrête dans des villes flamandes (Louvain/Leuven était sur le trajet), puis dans les deux langues uniquement aux gares bruxelloises. C'est juste complètement crétin comme système... imagines que tu prends l'Eurostar entre Paris et Londres et que tant qu'on est sur le territoire français (Paris et Calais), tout se passe exclusivement en français, puis une fois qu'on a traversé la Manche la langue de Molière devient indésirable..
SupprimerJ'aime bien la Belgique mais si nos amis belges ne changent pas certaines choses, je ne donne pas cher de l'avenir de leur pays. Mais là encore, c'est la vie.
J'avais juste après l'article pris le temps d'un long commentaire sur le rapport aux colonies et son usage du temps du nazisme. C'est un passage assez méconnu, mais qui vaut le coup d'oeil...
RépondreSupprimerhttp://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/arabes.htm
ou
http://rvrsn.wordpress.com/2012/01/24/ (attention blog pourri !, mais citations intéressantes)
ou
http://lhistgeobox.blogspot.de/2010/05/208-camp-hosties-noires.html
(J'avais même trouvé un meilleur site, mais pas moyen de retrouver...)
Merci pour ces lectures captivantes, même si elles ne sont pas vraiment de nature particulièrement légère et distrayante. J'avais déjà vu des documentaires à la télé (suite à la sortie du film Indigènes) sur la participation des Maghrébins et des Africains aux opérations de la deuxième guerre mondiale et le traitement que leur réservaient les nazis. Toujours aussi révoltant...
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