dimanche 31 juillet 2011

Das große Kompliment – ou pas

Bäckerin: “Hallöchen.”
Ich: “Hallo, ich möchte bitte ein Weltmeisterbrötchen und ein Kürbiskernbrötchen.”
Bäckerin: “Das war aber sehr schön gesagt!”
Ich: “Echt? Danke!”
Bäckerin: “Bitteschön.”

Weltmeisterbrötchen et Kurbiskernbrötchen
Traduction de ce petit dialogue, au bénéfice de mes Lectrices qui luttent encore avec la langue de Goethe, malgré leur QI que je sais phénoménal.

La Boulangère: «Bonjour.»
Moi: «Bonjour, je voudrais s’il vous plaît un Weltmeisterbrötchen et un Kürbiskernbrötchen.»
La Boulangère: «Mais c’était très bien prononcé tout ça!»
Moi: «Vraiment? Merci alors.»
La Boulangère: «Mais je vous en prie.»

Et un service avec le sourire, en prime.

YES!!! Trois ans, il a fallu trois ans pour que ce moment béni arrive. Entre-temps, que d’échecs et de moments de solitude et de découragement, de moqueries sadiques et de malentendus débiles. Et il est vrai que la tâche n’est pas aisée à la boulangerie, les redoutables Bäckerinnen étant d’expérience les commerçantes les plus enclines à se gausser méchamment de ma chancelante diction. Il faut dire que, vu les noms tordus qu’elles donnent en général à leur marchandise, il y a de quoi suer à grosses gouttes avant de se risquer à prononcer ces vocables torturés qui s’écrivent toujours en quatorze lettres minimum. Et là, ne voilà-t-il pas que je me présente tranquillement, complètement enrhubé à cause de ce temps pourri qui sévit sans trêve depuis des semaines, et je me fais encenser...


Affreuses contrefaçons de bière - l'Allemand est formel:
en Belgique, on ne boit que du jus de houblon.
En fait, c’est un précepte tout particulier auquel obéit la confrérie des Boulangers Teutons: «À ton pain un nom à coucher dehors tu donneras, et le client français impitoyablement tu humilieras», une règle d’or que respectent scrupuleusement des générations de Bäcker. Le commandement est tout aussi imprescriptible que le fameux «Édit de Pureté de la race bière», ce Reinheitsgebot avec lequel les Allemands nous rebattent copieusement les oreilles depuis 1516 et qui a gravé dans le marbre les règles invariables de la brasserie germanique. Pour les Teutons, en-dehors du Reinheitsgebot, point de salut. Ainsi, la bière belge, par exemple, ne mérite même pas ce nom, car elle contient des trucs interdits comme, juste Ciel... du blé ou du sucre, ou de la levure ajoutée. Bah! La petite histoire continue ainsi: un an après la promulgation de ce fameux Édit de pureté de la race, un “indignado du nom de Martin Luther, courroucé contre la bière de contrebande et contre la mauvaise gouvernance (pour causer moderne) dans l’Église catholique, lançait la Réforme protestante. Un petit détail méconnu de ce grand chamboulement politico-religieux est que le fourbe hérétique, emporté dans son zèle, est allé rajouter en douce une ligne à la prière de Notre Père dans la nouvelle version traduite par ses soins dans la langue du peuple. La manœuvre fut fort subtile, et personne n’y a vu que du feu pendant un long moment. Ainsi, depuis près dun demi-millénaire, les Allemands protestants prient ainsi:


«Notre Père, qui es aux Cieux
[...]
Donne nous aujourdhui notre pain de ce jour
Et aux papistes, donne-leur des pains dans la gueule,
[...]
Amen.»

Les boulangers prussiens ont donc toujours été en première ligne pour démoraliser les ouailles papistes subversives, et en particulier parmi celles-ci, les blogueurs français. Voilà tout le contexte historique et culturel de l’histoire. Fin de la petite digression historique.

Sitôt rentré, je suis allé mander mon voisin Marco (*) pour lui conter, triomphal, l’heureuse nouvelle qui me transportait véritablement d’allégresse.

«Elle ne t’a pas dit “très bien prononcé”, elle a dit très joliment prononcé”! rétorque-t-il d’un ton neutre, l’air de dire cut the crap, man.
– Comment ça?
– Oui, très joli, très mignon, elle a trouvé que ton accent français est très süß, normal quoi.
– Non, tu rigoles?
– Tu crois vraiment que la boulangère t’a félicité pour ta prononciation correcte de Weltmeisterbrötchen? Non mais n’importe quoi. Tu fumes un peu, non?
– Mais, mais... [trémolos] elle a dit... elle a dit... sehr schön, c’est pas rien!
– Attends, redis Weltmeisterbrötchen et Kürbiskernbrötchen pour voir?
Ich möchte bitte ein Weltmeisterbrötchen und ein Kürbiskernbrötchen.
– LOL! Non, t’inquiète, t’es encore très mauvais.
– Cette langue de marde, diantrefoutre!!!»

Bon, au moins j’y aurai cru pendant une petite heure...

(*) Prénom modifié

5 commentaires:

  1. Voilà! Moi j'avais compris que ça voulait dire "très joliment prononcé"! Si tu as besoin de leçons d'allemand... ^^

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  2. Ne stresse pas. Je suis sûre que tu prononces tout ça très bien et qu'il y a du progrès. Sinon elle t'aurait dit ça il y a des siècles, non?
    Moi non seulement je ne peux pas prononcer ça correctement - victime du "lispenproblem" de tout Frenchy qui se respecte, mais en plus je suis infoutue de retenir leurs noms à coucher dehors et donc de les dire spontanément. Je stresse dans la queue en cherchant désespérément le nom de la sorte que je veux. Parce que bien entendu, je ne veux jamais de kuerbis ou de mueslibroetchen hein. Et comme je porte rarement mes lunettes (...), j'en suis réduite à dire misérablement: "einmal ein broetchen". Super. Avec des grands signes approximatifs. Moi la vendeuse ne me félicite jamais: elle a même l'air vaguement véner quand je rentre dans sa boutique aux moments des mouvements de foule. Faudrait leur dire de mettre un vendeur d'ailleurs, qu'est-ce que c'est que ce sexisme qui a pour conséquence de me laisser toujours face à la gente féminine ennemie. Pff. Souris de toutes tes dents la prochaine fois, hein?!

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  3. Oui, Zénobie, après coup il n'y avait bien sûr aucun doute! La différence est sans appel entre "sehr schön gesagt" et "sehr gut gesagt"! Je crois que j'ai tout simplement compris ce que j'ai voulu comprendre...

    Pauline, tu crois que je les retiens par coeur les noms des Brötchen? je les lis juste avant de passer commande :-) Il faut que tu portes tes lunettes, dans la vie il faut faire des concessions :-) Et sinon c'était une nouvelle boulangère, d'où la remarque et tout ça. Dans ma rue il y a une boulangerie où c'est parfois un mec qui sert, je te donnerai le tuyau si t'en as marre des gonzesses hostiles :-)

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  4. ça m'a rappelé un sujet de philo qui m'avait passionnée jadis; il fallait commenter cette citation de Nerval:

    "Les illusions tombent l'une après l'autre, comme les écorces d'un fruit, et le fruit, c'est l'expérience. Sa saveur est amère. ; elle a pourtant quelque chose d'âcre qui fortifie"

    Comprendre ce que l'on veut comprendre...imagination et/ou espérance?
    désolée pour ce gros virage, mais ton billet m'y a fait penser.
    Quoiqu'il en soit cette expérience n'enlève rien à ta maîtrise parfaite de la langue de Balzac....et de Goethe aussi (si, si!)
    Je crois qu'il y a une lectrice vahiné qui attend une invitation à un voyage, je ne sais pas lequel... je ne fais que transmettre le message (non pas qu'elle se lasse du pain , des transports et de la météo..enfin si peut-être).

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  5. Oui, gros virage, chère Anonyme, mais en tout cas merci pour cette belle citation! Oui la saveur de l'expérience est parfois amère, mais oui globalement je suis plutôt d'accorde avec Monsieur de Nerval!
    Eh bien cette invitation au voyage viendra tôt ou tard :-)

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Un petit bonjour ?

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