lundi 26 août 2013

Le défi tomates à Friedrichshain

Des Balkontomaten à Friedrichshain, le 2 août 2013
“When life gives you lemons, préconise sans ambages un dicton étatsunien que j’affectionne, make lemonade”.
Bon sang, mais c’est bien sûr ! Il suffisait d’y penser. Ils sont vraiment trop forts ces Ricains. Et puis, quel inimitable sens de la formule. Une phrase brève, incisive même, simple et merveilleusement imagée : j’adore. Cette courte maxime frappée de bon sens révèle d’ailleurs des vertus ma foi typiquement américaines : un brin de pragmatisme 100% anglo-saxon, un soupçon d’opportunisme definitely yankee, un chouïa d’ingéniosité, une touche de volontarisme gringo, et pour finir, une exhortation façon “just do it”... ce n’est pas un hasard si une nation d’un tel calibre en est arrivée à dominer le monde. Pas seulement dominer le monde, d’ailleurs, mais plutôt le conquérir par l’épée, l’arroser de déluges de napalm, noyer des peuples entiers dans un bain de sang pour assouvir son instinct impérialiste, sacrifier la planète entière sur l’autel du dollar, accabler l’humanité de souffrances sous son joug tyrannique, massacrer, torturer, piller, asservir... DEATHHHH TO AMERICAAAA!!!!!!

Un instant s’il vous plaît, permettez une seconde que j’éponge les gouttes de sueur qui ruissellent sur mon front et l’amas de bave qui s’est formé à la commissure de mes lèvres, ça commence à dégouliner de partout dans ma barbe et c’est pas joli-joli... Allons, allons, deux secondes et je suis à vous. Voilà, c’est déjà mieux.

Et puis, euh... bon, hum... ne versons pas dans l’anti-américanisme primaire pour si peu. Maintenant je dois être complètement grillé dans les fichiers de la NSA en plus. Bref. Où en étions-nous déjà ? Ah oui, lemons, lemonade. Revenons à nos citrons. D’autant plus dans le fond, c’est un conseil de bon sens que nous donnent là les maudits Américains, alors il vaut mieux leur en être reconnaissant (chères grandes oreilles de la NSA, j’espère que vous lisez encore). C’est vrai quoi : imaginez que vous vous retrouviez avec trois kilos de citrons sur les bras, et que vous ayez absolument envie, à partir des ingrédients dont vous disposez, de faire un clafoutis à la rhubarbe ou de mitonner un civet de chevreuil sauce grand veneur. Disons-le tout de suite : c’est plutôt mal barré. L’Oncle Sam a raison dans le fond. Le salut, chers amis, est dans la citronnade. La ci-tron-nade, que diantre.

Et c’est précisément l’expérience que j’ai faite en ce mois d’août à Berlin, sur mon balcon baigné de soleil et envahi de nuées bourdonnantes guêpes affamées. Mais avec des tomates au lieu de citrons. Des tomates bio. Une quantité de tomates. Des tomates par quintaux kilos. Une vraie plaie de tomates (et de guêpes tigrées, mais ça c’est une autre histoire). Qui aurait cru qu’un seul plant de tomates-cerises, planté sur mon balcon berlinois juste à la fin de l’hiver, autour du 28 avril, un frêle pied de Balkontomaten qui a bien failli ne pas survivre aux gelées tardives, qui a bien failli périr noyé sous le grand déluge de la fin du printemps, aurait porté autant de fruit à peine trois mois plus tard?

« Tu voulais des tomates, eh bien, tu en auras mon gars », semble me dire d’un air narquois la plante rebelle au développement anarchique et tentaculaire, débordant allègrement de part et d’autre de son étroite jardinière de chez Hellweg et menaçant de tout engloutir sur son passage, basilic rouge, romarin, persil et origan, un peu comme les tsunamis de zombies partent à l’assaut des plus hautes murailles défensives dans World War Z (vous avez vu ce navet ? moi oui). À mon retour de Martinique, je découvre mon plant de tomates gros comme un buisson de ronces et constellé de délicates petites sphères à la teinte vermillon, dont l’appétissant fumet me somme de passer aussitôt à l’action.

J’enfile donc vaillamment mon costume d’apiculteur pour déjouer les attaques des guêpes, m’arme de courage et de récipients propres, et commence le long travail de récolte des tomates. Sans oublier de me contorsionner pour atteindre l’extrémité des branches qui pendent à l’extérieur du balcon, évidemment. Je répète l’opération deux ou trois fois par semaine, pendant presque un mois.

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Le 6 août
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Le 9 août
C’est bien joli de récolter des tomates. Mais il faut bien en faire quelque chose. J’ai songé à un paint-ball à la tomate sur mon balcon, une sorte de Tomatina valenciana privée, peut-être doublée d’une soirée mousse, mais je crois que certaines clauses de mon contrat de bail interdisent ce genre de petites sauteries un brin bruyantes et salissantes. J’ai donc dû opter pour la solution classique : les manger, ces satanées tomates. D’ailleurs, comme le dit le proverbe bien d’chez nous, lui aussi tout aussi révélateur du génie français que lemons-lemonade est symptomatique de la psyché yankee : «Quand le vin est tiré, il faut le boire». Il n’y a pas à dire, ce ne sont pas les Américains qui pourraient inventer un proverbe de ce tonneau. Santé !

Alors voilà, tout est dit. De la tomate, j’en bouffe depuis des semaines. Passionnant hein ? Quand la vie vous donne des tomates, dit le proverbe berliniquais, faites-en donc :
  • Des spaghetti bio aux tomates, accompagnées d’un pavé de rumpsteak bio.


  • Du pan con tomate à l’espagnole pour andalousifier votre petit-déjeuner d’œufs brouillés bio.


  • Une ratatouille bio parbleu !



  • Des tomates-cerises gratinées au four, avec un accompagnement d’aubergines bio (les restes de la ratatouille), de champignons bio et une escalope de poulet bio aux herbes.


  • Des gambas bio aux tomates sauce curry et gingembre.


  • De la salade de tomates. Mais là je n’ai pas pris de photo...

D’autres suggestions de recettes pas trop compliquées à base de tomates pour le dîner ?

Oui, c’était un billet qui volait très haut en ce lundi, mais pourquoi pas, une fois de temps en temps ?

16 commentaires:

  1. Très cher,
    Je serais prêt à renoncer à mon anonymat pour déguster ces "gambas bio aux tomates sauce curry et gingembre". Tu m'invites quand ?

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    1. C'est vrai que je suis pas peu fier de cette recette que j'ai improvisée pour l'occasion. C'est un motif de fierté supplémentaire que le grand Gonzague Loumintope y réagisse :-)

      Bah ma fois je suis encore deux semaines à Berlin, après ça va être très compliqué... Donc là il va falloir être réactif, proactif, radioactif (rayer la mention inutile).

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    2. Merci, c’est à mon tour d‘être flatté, chacun son tour tu me diras, ce qu’il se passe quand on va au charbon, et tu n’auras pas tort, comme disait Louis (AH AH AH, charbon, Louis Pastort, quel humour, je devrais lentement me lancer dans cette discipline).

      Je serai absent dans les prochaines semaines, du fait d’un retour dans ces pénates nourricières qui eurent la chance, et le privilège (le mot n’est pas trop fort), de me voir dire bonjour à la vie qui chante les louanges du Seigneur, que Dieu ait son âme et que la terre soit légère sur son front fiévreux.

      Quand tu dis que tu ne restes que deux semaines, sous-entends tu un départ définitif de cette bien belle ville ? Ce serait ma foi fort triste.

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    3. Je vais faire semblant de ne pas avoir vu que Môssieur Loumintrope est prêt à ôter sa cape d'invisibilité pour aller bouffer des tomates alors qu'il fait la fine bouche pour recevoir de mes augustes mains un dessin qu'il avait lui-même réclamé. Je n'ai rien vu, je n'ai rien vu. Tout va bien. Je ne suis pas mortellement vexée.

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    4. @ Gonzague: Dommage alors, ça veut dire qu'on va se louper. C'est triste mais on en a vu d'autres. Comme disent nos Teutons adorés, la vie n'est pas une ferme à poneys.

      Ce départ n'est pas définitif mais je dois être en France pour plusieurs mois tout de même, alors bon... enfin d'ici à mon retour en plein hiver je tâcherai d'améliorer ma recettes de curry.

      Bonnes vacances!

      @ Morille... ouais c'est clair, t'es pas vexée. D'ailleurs Gonzague Loumintope s'est prudemment éloigné de Berlin pour quelques semaines, l'air de rien, t'as vu... Enfin, c'est une simple coïncidence, j'en suis sûr!

      :-)

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    5. Dès qu'il revient, je retrouve sa trace et le lui pète les dents.

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  2. D'accord avec Gonzague Loumintope: On a envie de deguster ces plats appetissants. Et (tomate) cerise sur le gateau: tout est bio! Miam!

    Valerie

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    1. Vous allez me faire rougir (comme mes tomates) avec tous ces compliments.

      Merci pour votre visite, Valérie!

      :-)

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  3. Non content de nous narguer avec ton balcon, tu te plains d'y récolter "trop" de tomates! BOURGEOIS!!

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    1. Je m'y plains d'y récolter trop de tomates et de ne pas pouvoir en profiter à cause des guêpes. Oui, la vie est dure.

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  4. Eh, si t'en as vraiment trop, des tomates, tu peux en faire profiter les familles bientôt nombreuses de ton entourage! :) Nous on adore ça et on se ruine le samedi au marché pour en acheter des bonnes, vu que notre balcon ne reçoit pas autant de soleil que le tiens.

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    1. Non, ça va, je m'y suis fait à cette petite cure de tomates. Et puis en ce moment le rendement s'est un peu calmé... :-)

      Il paraît que c'est bon contre la dépression. Dommage que je ne puisse pas récolter de tomates en hiver!

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  5. pfff, mon commentaire a disparu! Je recommence:
    je disais donc que si tu as vraiment trop de tomates, tu peux en faire profiter les familles bientôt nombreuses de ton voisinage, on adore ça et notre balcon n'est pas aussi ensoleillé que le tiens, donc chez nous on n'a pas ces résultats!

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    1. En fait je valide les commentaires avant publication. J'ai par moments des attaques de spams, et c'était la solution pour y faire face.

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  6. Réponses
    1. C'est ce weekend. À la pendaison de crémaillère de Fräulein Kartoffel. OK?

      :-)

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Un petit bonjour ?

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