Dresde aussi est anti-nucléaire |
Et si nous parlions nucléaire ? Aïe. En voilà un sujet épineux, explosif même, de ce côté-ci du Rhin. Pour faire simple, dans un débat qui ne devrait pas l'être, le nucléaire, les Allemands n'aiment pas et n'en veulent pas, un point c'est tout. Tant pis si cela implique de recourir massivement aux énergies fossiles. Tant pis si l'arrêt soudain des centrales fait courir au pays le risque de coupures d'électricité massives. Tant pis si l'Allemagne est cernée de puissances nucléarisées jusqu'à la moelle, et qu'en cas de nouvelle catastrophe dans un pays proche, les chances que le nuage radioactif s'arrête aux frontières et épargne miraculeusement l'Allemagne, comme cela a été le cas en France avec Tchernobyl bien entendu, sont quasi-nulles. Toute une nation a une réaction épidermique qui se résume en trois mots omniprésents : Atomkraft? Nein Danke!
La question est extrêmement sérieuse, et des carrières politiques sont en train de se construire, ou de se briser, sous nos yeux ébahis. La CDU d'Angela Merkel enchaîne les revers électoraux dans tous les scrutins régionaux car, malgré sa spectaculaire volte-face anti-nucléaire consécutive à la catastrophe de Fukushima, les électeurs ne lui accordent plus la moindre crédibilité en la matière, et je dirais qu'ils ont raison. Elle s'est complètement grillée, Angela. Alors, plus que jamais, la théorie du chaos se vérifie : un tsunami dans le nord du Japon met brutalement fin à 58 ans de règne de la CDU en Bade-Wurtemberg, dans le sud de l'Allemagne. Même Les Simpsons en font les frais : la chaîne allemande Pro7 a décidé de censurer les épisodes où l'usine de Mr. Burns connaît quelques pépins. Oui, l'heure est grave.
Alors, comment y voir clair dans l'hystérie ambiante ? Qui croire ? Doit-on se coller un autocollant "Atomkraft? Nein Danke!" sur le front ou sur son profil Facebook parce que c'est in ? Doit-on se rabibocher avec tous les tyrans pétroliers pour s'assurer un répit de quelques décennies de tout-pétrole ? Ou doit-on plutôt écouter les arguments biaisés du lobby pro-nucléaire, qui nous promet une énergie "propre", des centrales quasi-indestructibles, des déchets faciles à balayer sous le tapis et des nuages radioactifs respectueux des frontières ?
Hélas, ce n'est pas aux Chroniques Berliniquaises qu'on obtiendra la réponse à toutes ces questions angoissantes. En revanche, je veux bien pointer du doigt un gros mensonge, encore un, du lobby du nucléaire :
Avec Vattenfall, je carbure au charbon, au nucléaire et je me shoote aux semis-marathons |
Dimanche prochain, Berlin se met à l'heure de son semi-marathon. Le géant énergétique Vattenfall, synonyme en Allemagne d'énergies "sales" (charbon, gaz ET nucléaire, belle performance), en est le principal sponsor, car l'argent n'a pas d'odeur après tout. Et que nous promet Vattenfall ici ? "21,0975 km d'exaltation", d'euphorie, de délice... C'est écrit, là. Alors, cher monsieur Vattenfall, je ne sais pas si tu as participé à beaucoup de semis-marathons dans ta vie, mais j'ai fait un sondage rapide autour de moi, et 100% des trois personnes interrogées sont catégoriques : la course à pied en ville est un passe-temps mortellement ennuyeux, et un semi-marathon, c'est 21 kilomètres de souffrance sur le bitume, deux heures de pur masochisme partagé avec 20.000 inconnus, pour quelques minutes de bonheur lorsque le cauchemar est fini. Je parle en connaissance de cause : je suis un multi-récidiviste, et mes amis aussi. Étrangement, aucun de nous n'est particulièrement "exalté" par la course, et n'arbore de larges sourires à la "Nach Paris, août 1914". Ce baratin est aussi éloigné de la vérité que de dire que le plutonium détecté autour de Fukushima ne pose pas de risque pour la santé. C'est beaucoup moins grave, certes, mais c'est faux. Et lorsque le mensonge est de mise même sur un sujet aussi trivial, on est en droit de se méfier de l'argumentaire de ces entreprises sur des questions plus délicates, dès lors que la santé de millions de personnes est en jeu.
Voilà, c'était ma maigre contribution au débat. J'ai juste dit "bouh, Vattenfall est un fieffé menteur", en quelque sorte. Vous êtes bien avancés. Et je vais maintenant me coucher, car ce n'est pas en me privant de sommeil que j'augmenterai mes chances pour les 21 kilomètres de Hochgefühl dimanche matin.
Yeah!
RépondreSupprimerbon courage!
Tu le fais avec les habituels?
à bientôt à Paris ou Berlin ou ailleurs
Eh non, pas avec les habituels qui courent à Paris ! À Berlin, je le fais avec des participants locaux...
RépondreSupprimerÀ très bientôt à Paris !