Au cœur de la capitale prussienne, il est une profonde balafre urbaine à l'architecture étonnante et à l'histoire tragique. Longue de 2,4 km entre Alexanderplatz et Frankfurter Tor, la Karl-Marx-Allee distance largement Unter den Linden par ses majestueuses dimensions, mais est loin d'être la plus longue avenue de Berlin, puisque la Straße des 17. Juni, dans Berlin-Ouest, la surpasse de plus d'un kilomètre. Toutefois, aucune artère berlinoise ne peut se vanter d'avoir été appelée Stalinallee pendant douze ans (et d'avoir été honorée de la statue qui va avec), d'abriter la plus belle collection d'architecture stalinienne de prestige en-dehors de l'ex-Union soviétique, d'offrir une splendide perspective aboutissant sur le symbole phallique le plus connu d'Allemagne, et d'être un terrain privilégié pour admirer de spectaculaires couchers de soleil à l'automne et au printemps. Les jours où l'astre solaire s'aligne parfaitement dans l'axe de l'avenue, le spectacle évoque ces sanctuaires païens du néolithique ou de l'Antiquité, et il est permis de se demander si les cerveaux soviétiques et est-allemands qui ont planifié la reconstruction de l'ancienne avenue de Francfort, ravagée par la guerre, n'appartenaient pas à quelque société secrète d'adorateurs du soleil. Le reste en images.
Le 5 septembre 2010, vers 19h40
Le 23 mars 2011, à 18h45
Le 28 mars 2011, à 19h14
Le 17 avril 2011, vers 19h34
Strausberger Platz, le 20 avril 2011 à 19h41. Ornée de son buste de Karl Marx, c'est la dernière portion monumentale de l'avenue, avant une série d'immeubles d'habitation purement fonctionnels qui, conformément au style "DDR" le plus classique, se moquent bien de nos critères esthétiques petits-bourgeois, avec leurs mornes façades rectilignes et leurs formes géométriques. On les voit déjà à l'arrière-plan, vers Alexanderplatz. C'est aussi ici que l'on quitte Friedrichshain et l'on entre dans Berlin-Mitte.
Le 25 décembre 2010 à 8h18... sans soleil. Ah, tout de suite c'est moins chaleureux.
"(...)Je voudrais être de plus en plus humble et plus bas
RépondreSupprimerToujours plus grave sans vertige ni vestige
Jusqu’à me perdre tomber
Dans la vivante semoule d’une terre bien ouverte
Dehors, une belle brume au lieu d’atmosphère serait point sale
Chaque goutte d’eau y faisant un soleil
Dont le nom le même pour toutes choses
Serait RENCONTRE BIEN TOTALE
Si bien que l’on ne saurait plus qui passe
Ou d’une étoile ou d’un espoir
Ou d’un pétale de l’arbre flamboyant
Ou d’une retraite sous marine
Courue par les flambeaux des Méduses-Aurélies
Alors la vie j’imagine me baignerait tout entier
Mieux je la sentirais qui me palpe ou me mord
Couche, je verrais venir à moi les odeurs enfin libres
Comme des mains secourables
Qui se feraient passage en moi
Pour y balancer de longs cheveux
Plus longs que ce passé que je ne peux atteindre"
A.Césaire, Corps Perdu, extraits.
Merci pour ces photos inspirantes!
tchuss
C'est marrant, moi aussi j'ai plein de photos du coucher du soleil dans la Karl-Marx Allee. En fait, malgré ses proportions imposantes, je l'aime bien, cette allée, avec ses larges pistes cyclables et ses arbres.
RépondreSupprimerMerci pour ce beau poème Andrea, oui cela me rappelle que nous avons du boulot en souffrance :-)
RépondreSupprimerJvH, je suis bien d'accord avec toi, j'ai hâte de voir le bout de ces travaux interminables sur Karl-Marx-Allee afin que de bout en bout elle redevienne aussi verte et agréable qu'avant. J'aime bien m'y balader à vélo, mais pas à pied car c'est long et assez froid comme endroit.
Bon weekend de Pâques à vous !