Votre dévoué chroniqueur a fait une découverte intéressante ce dimanche : le concept de massochisme. C'est une notion fort simple : le massochisme, c'est le masochisme des masses, le plaisir pervers de communier dans la souffrance sur 21 kilomètres de bitume avec 28.000 parfaits inconnus, dont une bonne majorité d'Allemands, mais aussi de forts contingents de Danois et de massochistes d'obédiences diverses ayant parcouru des centaines de kilomètres, voire des milliers, pour converger vers leur lieu du supplice sur les rives de la Spree, et répéter tout au long du parcours, extatiques entre deux foulées endolories, "je souffre donc je suis".
Km 3 : les massochistes passent la Porte de Brandebourg |
Départ de course ou manif anti-nucléaire ? |
Pfff ! Bientôt la fin du supplice ! |
Dites-moi, Herr Superman, la Kryptonite, c'est pas un peu radioactif ? |
Dès lors, tout est bon pour crier sa colère. Les petits soleils souriants, entourés du slogan "Atomkraft? Nein Danke!" avaient donc la cote, surtout dans les premiers kilomètres de course. Étrangement, j'ai vu bien peu de coureurs pousser le fanatisme jusqu'à se trimballer leur petit fanion jusqu'à la ligne d'arrivée. C'est que ces quelques grammes finissent par peser lourd, à la longue. Massochistes, certes, mais ils n'en perdent pas pour autant leur caractère pragmatique, nos Berlinois. Nombreux étaient les petits malins qui portaient aussi de faux dossards trop drôles parodiant Vattenfall à toutes les sauces, la version Zwischenfall ("l'incident") étant de loin la plus répandue. Ça c'est la version "massochiste qui a de l'humour". Vattenfall en a vraiment pris pour son grade, à un point inconcevable quand on imagine les sommes conséquentes que l'entreprise a dû débourser pour être associée à l'événement. Ce semi-marathon deviendra peut-être un cas d'école du plus gros fiasco de toute l'histoire du sponsoring, analysé et étudié sous tous ses aspects dans les Business schools à travers le monde.
Bref, les Berlinois peuvent être fiers, leur semi-marathon est anti-nucléaire, donc é-co-lo, qu'on se le dise ! Écolo comme ça par exemple :
Bon, quelques tonnes de déchets en plastiques et quelques mètres cubes d'eau gaspillés, c'est peu de chose pour soutenir une noble cause et faire un grand barrage de gentils verts contre le nucléaire...
À la fin de la course, les valeureux participants, vrais sportifs ou simples manifestants en goguette, ont pu reprendre des forces en s'offrant une saucisse grillée ou une grande rasade de bière sans alcool. Ach, ce sont ces petites choses qui font le charme de l'Allemagne ! Allez, à la vôtre les massochistes ! On finira bien par avoir leur peau, à ces salauds de Vattenfall !
Les Chroniques Berliniquaises remercient d'avance les sociétés Areva, Westinghourse et TepCo pour leur généreux soutien financier.
J'ai envie de dire "respect". Quand tu penses que mon plus grand exploit sportif à moi c'est "la Parisienne" (6km)...
RépondreSupprimerHéhé, merci ! La Parisienne c'est déjà un bon début, quand tu peux faire 6 km tu peux te lancer le défi des 21... ou pas !
RépondreSupprimer:-)
Oué non je vais déjà tenter de refaire la Parisienne cette année, ptêt en essayant d'améliorer mon temps... :)
RépondreSupprimerDire qu'au moment même où on parle, 30.000 Golden Massochistes courent les 42 km du Marathon de Paris... tu aurais presque pu te joindre à eux :-)
RépondreSupprimerAllez, la Parisienne c'est déjà très bien. Comme je disais dans le billet, c'est suffisamment de souffrance comme ça pour se l'imposer sans le vouloir. J'ai jamais compris pourquoi je m'inflige ça... sans doute un résidu d'instinct masculin primaire qui me pousse à me poser des défis débiles et à me mesurer aux autres. :-)
C'était drôle hier dans le métro j'ai vu une marathonienne soutenue par ses parents: impossible de plier les genoux!
RépondreSupprimer(et très bon titre du Spiegel online sur l'enfer du Nord: "Die Tortur de France")
Je garde l'espoir d'accomplir le même exploit, un jour...
RépondreSupprimer