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L'entrée de l'expo Kubus |
Une expo dans une disco, voilà qui en soi n’a pas grand chose de surprenant à Berlin, cette métropole à l’histoire tourmentée qui adore détourner les bâtiments de leur fonction initiale ou habituelle: par exemple, on a bien métamorphosé une gare ferroviaire, le Hamburger Bahnhof, en galerie d’art, et une station de métro, Schlesisches Tor, en
discothèque (quoiqu’éphémère), alors pour que la boucle soit bouclée, il ne manquait plus que la transformation d’une boîte de nuit en galerie d’art!
L’intérêt de l’exposition, si l’on peut dire, c’est que les œuvres exposées sont le produit du génie artistique torturé des employés du Berghain. Et oui! Car, qu’on se le dise, de la redoutable équipe de videurs au vendeur de glaces (je n’ai pas halluciné, dites, j’ai bien vu un marchand de glaces là dedans?!), des barmen aux préposés aux vestiaires, des responsables de la technique aux valeureux nettoyeurs des toilettes et des back-rooms qui doivent vraiment en voir de toutes les couleurs, c’est en fait toute une armada d’artistes méconnus qui s’affaire autour de nous, danseurs éperdus, trop hagards pour prêter attention à tout ce talent artistique (autre que musical bien sûr) qui prospère devant nos yeux hallucinés.
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Allez, venez dire bonjour à tonton Sven les enfants |
L’expo Alle Workers’ Pearls répare donc enfin cette injustice et révèle au public ignorant ce qu’il aurait dû savoir depuis des lustres. Que par exemple Sven Marquardt, le fameux videur au visage reptilien à force d’être tatoué, sans doute l’homme le plus haï de Berlin (bien plus encore que Thilo Sarrazin), est aussi photographe. Une de ses œuvres est exposée en grand format dans la grande salle Kubus. Des satyres, tiens donc. Une quarantaine d’«artistes» exposent dans ce grand espace aux volumes d’usine. Le résultat: une collection souvent bizarre, parfois intéressante, drôle par moments, parfois franchement mauvaise, et souvent provocante, se laisse donc admirer cette semaine jusqu’à vendredi soir, pour la modique somme de zéro euro TTC. C’est touchant tous ces artistes en herbe. Mais reconnaissons que certains d’entre eux ont vraiment du talent, sinon, ils se contenteraient d’écrire un blog!
Si vous avez de la chance, vous vous retrouverez au milieu d’une faune interlope et débraillée, presque aussi intéressante à admirer que les œ
uvres exposées!
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Tonton Sven fait de la photo, vous avez vu?
Sven Marquardt, sans titre, 2010 |
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Sarah Schönfeld, "Walk The Line", 2011
Ecstasy sur négatif photographique (et pourquoi pas, hein???) |
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Les hauts volumes du Kubus sont vraiment difficiles à photographier... |
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Sympa: une série de diapos dont je n'ai pas noté le nom. |
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Deux badauds au style qui déchire sa mère admirent les deux oeuvres sans titre de Gunnar Neumann.
Là, sur le mur, c'est un cercle à la peinture marronnasse sur de la toile, et au sol, c'est un autre cercle, filmé cette fois, avec des cloportes grouillants qui en sortent. Sans doute une allégorie symbolisant les fêtards que Sven Marquardt refoule à l'entrée du Berghain, ou quelque chose comme ça... |
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Cette sculpture de Peter Knoch, représentant des babouins faisant de l'aviron dans une espèce de jungle, s'intitule fort justement "Afrika". C'est sûr que ce nom est plus seyant que "Spreewald" pour une scène de ce type. |
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Denise Palma Ferrante, "Audio Installation Performance", 2009
Certains intrépides se sont hasardés à se mettre les écouteurs.
La haute pile de chaussettes sales sur le sol m'en a malheureusement dissuadé. |
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Bondy Boy, "Arbeit Macht Frau", 2005
LOL, Bondy Boy, LOL. |
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Adel Zabel, détail de la sculpture "Des Berghains Haus - Meister Mischkes Waschplatz", 2008.
("La maison Berghain, le lavoir de Maître Mischke"). Sur le miroir: "les basses, ça rend heureux".
Il n'y a pas que les basses, serais-je tenté de dire!! |
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Sarah Schönfeld, "Walk The Line", 2011
Héroïne sur négatif photographique. Non mais et alors, bande de bourgeois bien-pensants? |
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J'ai oublié de noter le nom de l'oeuvre, mais je crois que ça se passe de commentaires... |
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Martina Minette Dreier, "Messages from the Gods", 2011, "In der Löwengrube", 2008 |
Voilà, voilà. Une expo à voir si vous avez du temps d’ici à vendredi et vous trouvez du côté de Friedrichshain. Sinon, rendez-vous sur la piste de danse un de ces quatre, comme d’habitude!
Dommage que l'expo dure si peu de temps ! Encore une fois les propriétaires du Berghain savent susciter l'envie... et le frustration !
RépondreSupprimerEh oui chère Élodie, ça dure peu de temps, mais j'ai envie de dire: aux expos biens tournées, la valeur n'attend pas le nombre des journées...
RépondreSupprimerCeci dit, c'est pas non plus l'expo la plus inratable de l'année donc console-toi :-)