Les noctambules impénitentes que vous êtes, chères Lectrices, n’ont pas manqué de remarquer, ces derniers mois, qu’il y a de la nouveauté en matière de choix de bières dans vos bars préférés. En effet, depuis 2009, une nouvelle venue made in Berlin s’est discrètement ajoutée à la longue liste des quelques 5.000 bières produites outre-Rhin (vu de France hein), dans le pays aux 1.300 brasseries. Des chiffres qui donnent un peu le tournis, même à jeun. La petite dernière, à la distribution initialement confidentielle, est maintenant difficile à louper dans les frigos de vos Spätis favoris (l’équivalent berlinois de «l’Arabe du coin» parisien) et aux comptoirs des bars qui se veulent «alternatifs» dans les quartiers qui ont fait de la surenchère de non-conformisme, apparent ou authentique, un art, comme Friedrichshain, Kreuzberg ou Neukölln.
Das Bier servie à Boxhagener Straße, à Friedrichshain |
Je vous parle bien sûr de l’énigmatique bière fort justement nommée «Bier», en toute simplicité. Une bouteille brune toute bête à la forme on ne peut plus classique, une étiquette blanche où figure, pour seul texte, «BIER – 0,33L», une autre étiquette, toute simple et noire, qui nous dit: «Le goût se passe de nom», et bien sûr l’indispensable mention «Brassée selon les règles de Pureté de la race» en-dehors desquelles, point de salut. Bref, vous l’aurez compris, la bière berlinoise Bier se positionne dans l’anti-marketing et en fait tout un foin.
Un petit tour sur le site BierBier.org le confirme. Les deux brasseurs installés dans la Hauptstadt, Stephan et Johannes, proclament sans ambages leurs nobles objectifs, bombant fièrement leur torse de justiciers houblonnés:
“L’objectif de ce projet est d’agir contre la pollution visuelle à laquelle les citadins sont soumis en permanence dans leur environnement urbain. Les villes dans lesquelles nous vivons nous bombardent de publicité [...]. Notre réponse: nous nous concentrons sur l’essentiel: le contenu. Et pour cette raison, notre produit n’a ni nom, ni logo.”
À bonne Bier, point de nom |
D’ailleurs, quand on y pense, ces étiquettes toutes blanches entièrement dénuées de logo attirent énormément le regard de l’ivrogne potentiel au milieu des bouteilles bariolées qui disparaissent sous le poids du marketing au comptoir du bar. Par conséquent, l’absence volontaire de nom de marque et de toute forme de réclame sur les bouteilles est en fait une forme redoutablement efficace de «publicité sur le lieu de vente» (pour parler comme un marketeur chevronné), par simple effet de différentiation. Votre dévoué chroniqueur, tout penaud de l’avouer, tombe systématiquement dans le panneau, victime de ce coup de marketing perfide, et un peu de l’effet de nouveauté tout de même. Quelle sournoiserie !
Cela dit, faux derches ou pas, nos deux pourfendeurs de «la pollution visuelle» n’ont pas entièrement tort. Un petit tour à la grande station de U-Bahn d’Alexanderplatz, en ce moment même, illustre à merveille la justesse de leur propos sur l’invasion de la publicité, pour la bière très précisément. Le phénomène n’a rien de nouveau, mais là on atteint des sommets. Sur tous les murs de la station, sur les quais de la ligne U5 et de la U8, trois grandes marques de bière sont passées à l’offensive et soumettent le passager assoiffé à un matraquage plutôt lourdingue. La Berliner Pilsner lui vante à l’envi son côté «Prenzlauer Berg Rafraîchissant», comprenne qui pourra; la Berliner Kindl, quant à elle, réitère sa promesse de désaltérer le voyageur au «Goût de Berlin», ce qui, quand on y pense, n’est pas forcément une perspective si alléchante que ça... Enfin, la tchèque Pilsner Urquell, ne voulant pas être en reste, exalte fièrement ses origines. Dans le fond, oui, ce n’est pas plus mal que la bière «Bier» ne vienne pas rajouter sa partition perso à cette cacophonie !
Revenons à Herr Schmidt, notre voyageur qui attend son métro: s’il veut débarrasser son champ visuel de ces affiches alcoolisées, il lui faut aller vers le milieu du quai. Là, hourra! Pas de bouteille en vue, juste une pub pour des clopes et une autre qui lui rappelle de se munir de préservatifs pour forniquer dans les fourrés de l’été berlinois...
Cela dit, faux derches ou pas, nos deux pourfendeurs de «la pollution visuelle» n’ont pas entièrement tort. Un petit tour à la grande station de U-Bahn d’Alexanderplatz, en ce moment même, illustre à merveille la justesse de leur propos sur l’invasion de la publicité, pour la bière très précisément. Le phénomène n’a rien de nouveau, mais là on atteint des sommets. Sur tous les murs de la station, sur les quais de la ligne U5 et de la U8, trois grandes marques de bière sont passées à l’offensive et soumettent le passager assoiffé à un matraquage plutôt lourdingue. La Berliner Pilsner lui vante à l’envi son côté «Prenzlauer Berg Rafraîchissant», comprenne qui pourra; la Berliner Kindl, quant à elle, réitère sa promesse de désaltérer le voyageur au «Goût de Berlin», ce qui, quand on y pense, n’est pas forcément une perspective si alléchante que ça... Enfin, la tchèque Pilsner Urquell, ne voulant pas être en reste, exalte fièrement ses origines. Dans le fond, oui, ce n’est pas plus mal que la bière «Bier» ne vienne pas rajouter sa partition perso à cette cacophonie !
Berliner Pilsner: la bière des gens cools qui jouent du tambourin et de la guitare en regardant l'horizon |
Revenons à Herr Schmidt, notre voyageur qui attend son métro: s’il veut débarrasser son champ visuel de ces affiches alcoolisées, il lui faut aller vers le milieu du quai. Là, hourra! Pas de bouteille en vue, juste une pub pour des clopes et une autre qui lui rappelle de se munir de préservatifs pour forniquer dans les fourrés de l’été berlinois...
J’ai envie de dire: «La pub allemande, das ist nicht mein Bier». C’est ainsi qu’on dit «ce n’est pas ma tasse de thé» dans la langue de Goethe, surtout quand ledit Goethe a un verre ou dix dans le nez...
Buvez (avec modération), fumez (attention, ça tue), forniquez prudemment... Vive l'été de la pub! |
Au menudes trucs pas alléchant, j'ai toujours un gros doute en voyant les pubs pour l'eau Spreequell. ça me rappelle toujours la Seinoise...
RépondreSupprimerEt il y a un brasseur installé dans Samariter Viertel, les mecs sont très mignons, je suis sûre que tes lectrices adoreraient un reportage in situ!
Hahah, je sais où tu l'as dégustée, ta Bierbier! Etonnant qu'on ne se soit pas encore rencontrés, c'est un lieu que je fréquente régulièrement (j'adore leurs frites, et ma poulette aussi).
RépondreSupprimer@ Caroline - quelle pub Spreequell? les affiches toutes pourries qui disent "100% Natur, und doch Berlin?"... en effet ça aussi c'est moyennement crédible!! En tout cas merci de m'avoir rappelé l'existence du sketch "La Seinoise", ca fait du bien de revoir Les Inconnus! Bon effectivement je pourrais aller trouver ces brasseurs et mettre quelques photos pour faire plaisir à mes fidèles Lectrices :-)
RépondreSupprimer@ JvH - Tu as un bon œil, la photo es assez floue! Mais ta mention des frites m'incite à croire que tu ne bluffes pas... moi aussi je vais souvent me gaver de burgers bio dans cet établissement :-)
Arrêtez, je viens de dîner et de m'envoyer une Paulaner (hourra!) mais vous me donner faim!
RépondreSupprimerJ'ai des dates de retour, on se retrouve là bas pour engloutir un burger tous les trois?
Héhé... déjà ??? allez, viens profiter de la pluie avec nous !
RépondreSupprimerEn tout cas, DEAL ;-)
Et je savais pas qu'on pouvait trouver de la Paulaner à Paris dis donc... bien joué ça !
RépondreSupprimer:-)
Ouaip, deal pour moi aussi! Pour moi ce sera un cheese-burger menu mit pommes, ketchup, ohne Senf und ohne Gurke (enfin, ça dépend de leur carte hebdomadaire, mais je dois dire que je n'ai jamais osé essayer leurs burgers au chutney de fraise). J'ai FAIM!!!
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