Et pendant ce temps, dans la région d’Innsbruck, une capitale régionale autrichienne habituellement paisible, où seul le doux tintement des clochettes des vaches laitières et accessoirement le bruit de bottes battant le pavé trouble le sommeil des habitants, la campagne électorale en vue du prochain scrutin municipal fait rage, et les candidats ne font pas dans la dentelle :
August Penz : "Mon projet pour Innsbruck : L'amour de la Patrie plutôt que les voleurs marocains" |
Voici donc un petit slogan sympathique et décapant, tout en rimes, proposé par le candidat populiste de la FPÖ, un parti dirigé pendant près de trois décennies par un certain Jörg Haider avant que ce dernier n’en claque la porte pour fonder, en 2005, un mouvement concurrent, le BZÖ.
Petite parenthèse : c’est à l’invitation de Heinz-Christian Strache, l’actuel dirigeant de la FPÖ, que Marine Le Pen est allée guincher jusqu’à l’aube lors de la 59ème – et dernière – édition du Korporations-Ball, un bal annuel où se réunit le gratin nationaliste, pangermaniste, révisionniste, etc., de l’extrême-droite autrichienne et allemande, au palais de la Hofburg, en janvier dernier. Au douzième coup de minuit, la princesse blonde vêtue de bleu marine se serait enfuie précipitamment pour pouvoir revêtir ses habits de respectabilité et poursuivre inlassablement sa mission de «dédiabolisation» du parti. Malheureusement, dans sa précipitation, elle a laissé derrière elle un soulier de verre et on a donc retrouvé sa trace. Non pas «de vair», le soulier, mais bien de verre. Comme l’œil de papa. Fin de la digression.
Revenons à notre affiche. Évidemment, elle a créé le buzz, ce qui était sûrement le but recherché. Le parquet d’Innsbruck a ouvert une enquête, le roi du Maroc a convoqué l’ambassadeur autrichien pour explications. Cette énième provocation sera sans doute bien vite oubliée, et avec raison, car, comme l’a précisé un ami berlinois à qui j’ai montré l’affiche : “das ist aber sehr schlechte Dichtung!”
Eh oui, le slogan a beau être rigolo et tout en vers, sa qualité poétique est en réalité très médiocre : de même que l’habit ne fait pas le moine, la rime seule ne suffit pas à faire le poème, surtout en langue allemande. Ici, c’est le rythme des vers qui coince : il n’y a pas d’équilibre rythmique entre les deux, et par conséquent le message tombe complètement à plat. Herr Penz eût considérablement frappé les esprits avec un mètre plus travaillé, comme par exemple : “Heimatliebe statt Türken-Diebe”. Voyez-vous où je veux en venir ? Entendez-vous la fluidité du vers ? Une métrique si harmonieuse, c’est comme du Nutella dans mes oreilles. Une trouvaille de ce genre suffirait pour que je me ruasse sur vers le bureau de vote le plus proche et donnasse illico ma voix à la FPÖ. Mais là, non. Quel gâchis. J’entends Heinrich Heine et Thomas Mann se retourner dans leur tombe. Le candidat de la FPÖ aurait mieux fait de s’en tenir à la prose, comme Monsieur Jourdain.
Revenons à notre affiche. Évidemment, elle a créé le buzz, ce qui était sûrement le but recherché. Le parquet d’Innsbruck a ouvert une enquête, le roi du Maroc a convoqué l’ambassadeur autrichien pour explications. Cette énième provocation sera sans doute bien vite oubliée, et avec raison, car, comme l’a précisé un ami berlinois à qui j’ai montré l’affiche : “das ist aber sehr schlechte Dichtung!”
Eh oui, le slogan a beau être rigolo et tout en vers, sa qualité poétique est en réalité très médiocre : de même que l’habit ne fait pas le moine, la rime seule ne suffit pas à faire le poème, surtout en langue allemande. Ici, c’est le rythme des vers qui coince : il n’y a pas d’équilibre rythmique entre les deux, et par conséquent le message tombe complètement à plat. Herr Penz eût considérablement frappé les esprits avec un mètre plus travaillé, comme par exemple : “Heimatliebe statt Türken-Diebe”. Voyez-vous où je veux en venir ? Entendez-vous la fluidité du vers ? Une métrique si harmonieuse, c’est comme du Nutella dans mes oreilles. Une trouvaille de ce genre suffirait pour que je me ruasse sur vers le bureau de vote le plus proche et donnasse illico ma voix à la FPÖ. Mais là, non. Quel gâchis. J’entends Heinrich Heine et Thomas Mann se retourner dans leur tombe. Le candidat de la FPÖ aurait mieux fait de s’en tenir à la prose, comme Monsieur Jourdain.
La xénophobie, oui. La mauvaise poésie, non.
Ruasse et donnasse, tu sors l'artillerie lourde ?
RépondreSupprimerIl a bien raison de nous dire que Kompetenz heißt August Penz. Il a le sens de la formule l'August.
Pour le sens de la formule il l'a . Il venir le 1 mai á Heilbronn ,grande manif de ses gens lá (NDP) sur le thème du travail .
RépondreSupprimerbonne journée .
jean luc 1
Tiens, un commentaire que je n'avais pas vu. Merci pour cette intervention Jean-Luc. Ah bon donc il viendra vous rendre visite à Heilbronn ? Ça promet ! Bon courage !
Supprimer@ Jackie Brown - Tiens c'est fou ça, j'avais lu le "Kompetenz heißt August Penz" mais je ne l'ai même pas relevé, hypnotisé que j'étais par le "Marokkaner-Diebe". En effet, c'est un fada de la rime !! :-)
RépondreSupprimerJe suis pour la réhabilitation de l'imparfait du subjonctif. Pour sauver "quoi qu'on die", c'est fichu, mais je suis sûr qu'une grosse mobilisation des blogueurs pourrait sauver nos subjonctifs imparfaits moribonds !
Je trouve que ce Penz ressemble à Derrick jeune......ça me trouble :-)
RépondreSupprimerEn Allemagne le clown avec le gros nez rouge s'appelle 'der dumme August"
Très bonne semaine!
Il a été jeune, Horst Tappert ???? allez tu charries ! :-)
SupprimerMarrant en effet, maintenant que tu le dis... pauvre Derrick ! :-)
Bonne semaine à toi aussi et frohe Ostern, Sonja !