mercredi 17 novembre 2010

Charlie

La Syrie, c'est fini :-(
C'est un bien beau pays.
Je m'y suis fait plein d'amis,
Et me suis mis à la poésie.

Malheureusement, il faudra encore attendre avant  d'avoir un article tout en vers dans votre Chronique préférée, les amis. Je voudrais clore le chapitre Liban et Syrie en repensant à tous mes nouveaux amis dans cette région fascinante :

Anna* l'expat danoise à Beyrouth,
Ali le guide bénévole et providentiel à Tripoli,
Khaled, Fater et Mohamed, les trois mousquetaires de Lattaquié,
Adnan le futur prof d'arabe bavard d'Alep,
Moayad mon meilleur pote à Hama,
Sophie* la Française la plus cool de Homs, de Palmyre et au-delà,
Hasan le serveur kurde à Damas,
Deux gentlemen voyageurs londoniens, James et Gareth,

Et surtout, surtout, Charlie.

Charlie, c'est mon meilleur ami syrien entre tous, en tout cas le plus fidèle, ou le plus collant, si vous voulez. C'est le meilleur ami de tous, d'ailleurs, à l'intérieur des frontières de la République arabe syrienne. Charlie est absolument partout. Où que vous soyez, il est tout près et veille sur vous. Parfois avec son père Charlot. Toute la Syrie est une immense terrain où l'on joue à trouver Charlie.


Charlie vous souhaite la bienvenue à l'aéroport de Damas


Charlie vous scrute du regard à l'arrière d'une Hyundai
et sur depuis une façade d'immeuble lambda




Charlie et Charlot dans une galerie commerciale
  
Le jeu devient vite franchement ennuyeux car en fait on n'a aucun mal à trouver Charlie. Il est partout ! Charlie le poing levé façon "¡Viva la revolución! ¡No pasarán!", Charlie portant des Ray-Ban (tiens, tiens, ça rappelle quelqu'un), Charlie l'air grave et visionnaire, Charlie souriant sur un arrière-plan en forme de cœur, Charlie en écusson brodé sur les uniformes des garde-frontière... C'est l'indigestion de Charlie. Et de Charlot, car, bien qu'il ait cassé sa pipe il y a maintenant dix ans, le vieux Charlot n'a pas évacué un mètre carré de surface d'affichage ! Le concept vraiment intéressant et nettement plus corsé serait plutôt de ne pas trouver Charlie où que l'on dirige son regard. C'est quasiment impossible. Même dans le désert, il surgit au détour d'un temple en ruine, sur une affiche couleur ocre censée se fondre dans le paysage. Charlie vous observe. Charlie vous poursuit. Vous pressez le pas, vous n'osez plus regarder autour de vous, vous sentez son souffle sur votre nuque, vous êtes traqués, vous êtes faits. La tête vous tourne. Vous accélérez mais il vous rattrape. Nooooooon ! Vous vous réveillez en sueur, le cœur palpitant, dans votre auberge de jeunesse miteuse. C'était un cauchemar.

Les seuls endroits publics où on peut échapper un temps à son omniprésence obsédante, ce sont les mosquées et les églises... Ouuuuuffff, ça fait du bien !


 
Le muezzin appelle à la prière à la mosquée omeyyade
de Damas


Charlie a une belle épouse. Asma est élégante, intelligente, glamour, raffinée, résolument moderne. Elle était banquière à Londres avant d'épouser Charlie. Mais d'elle, on ne voit jamais le portrait. Toujours Charlie et Charlot. Il y a quelque chose de pourri en République arabe syrienne.


https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1p7Up45MyhmuDSpG8VXLjK2oDgtTSZvPQ7H5BX4Xb9TVgmykZamXkpZK2kSVkloD8Bq7Vy7bNjR-IZXqFvRFBZ-bIwfSHkQpCD2nQXRWCA-0do8N6UDxI-NeEgnX5ELyKvDArN2GXf7cf/s400/27904383.jpg


Les Syriens aiment et respectent Charlie. Ainsi, Moayad m'a par exemple dit : "Notre président nous demande de ne pas fumer dans les espaces fermés, alors j'évite de le faire."  J'ai trouvé ce raisonnement assez surprenant. Néanmoins, si la cote d'amour de Charlie se mesure à l'aune du nombre de Syriens qui ne fument pas dans des lieux clos, alors en réalité Charlie n'est pas si aimé que ça...

Sinon, absolument rien à voir, mais puisque je finis avec la série sur la Syrie et le Liban, une dernière petite chose amusante.

Au Liban, si vous voulez faire de la pub pour des friandises, il faut absolument montrer des gens qui ont l'air heureux, souriant, et surtout, qui se sont étalé la moitié de leur part de gâteau sur la figure, tellement c'est bon ! Ces pubs étaient absolument partout, mais principalement sur les routes, donc pas faciles à photographier, vu la conduite sportive des chauffeurs libanais. La preuve en images :




Je n'ai rien vu de tel en Syrie. Les pubs pour les gâteaux étaient on ne peut plus normales, et le fait de voir de temps en temps un visage bien proportionné qui n'appartenait ni à Charlie, ni à Charlot, avait des vertus thérapeutiques.


Charlot et la croqueuse de gâteau

* Noms modifiés

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