Chronique martiniquaise (6) : Hors les murs

J’aurais bien voulu causer avec vous plus longuement, chers amis, mais vous savez ce que c’est, avec les vacances et tout ça, on n’a jamais le temps de se poser et de faires les choses bien comme on voudrait. Alors, histoire de vous faire patienter d’ici au prochain billet rédigé avec soin (car je sais que vous n’avez que ça comme souci un soir du 31 décembre...), après notre visite des marchés de Fort-de-France de ce début de semaine, voici en vrac quelques photos de scènes de rue typiquement martiniquaises, le genre d’images avec lesquelles j’ai grandi.

Fort-de-France, le 27 décembre : sur un transformateur EDF, un graffiti exhorte les «Français» à aller «dehors». J’ai bien peur qu’il ne s’agisse pas là d’une invitation à aller profiter de leur jardin ou de sortir se promener dans les rues, mais d’un slogan indépendantiste qui exige le départ des Français métropolitains. Il y a une vingtaine d’années, pendant mon enfance, les murs des villes étaient couverts de ces tags. Ils se sont faits plus rares ces dernières années. Le sigle PKLS signifie «Parti kominis pou lendépandans èk sosyalizm», ou encore le parti communiste pour l’indépendance et le socialisme, un mouvement marxiste-léniniste visionnaire de chez nous.

Au bourg du Vauclin, le 19 décembre : une dame d’un certain âge s’abrite du chaud soleil de Noël sous son parapluie. Eh oui, pour les Antillaises, un parapluie fait double emploi ! Attention toutefois, cette technique ingénieuse est réservée aux femmes ayant dépassé la quarantaine. Désolé pour le reflet sur le pare-brise, j’ai pris cette photo tout en conduisant... ooops ! J’allais très lentement dans cette petite rue étroite, bien entendu.

Fort-de-France encore, quartier des Terres-Sainville, le 15 décembre : tiens, à propos d’infractions routières, l’indiscipline sur les routes est une plaie en Martinique. Lentement, les comportements s’améliorent, mais il n’est toujours pas inhabituel de voir des motards sans casque, voire des attelages précaires comme celui-ci. Dans mon enfance, de telles scènes étaient monnaie courante.

Et pour finir, deux photos de la mairie de la commune du Saint-Esprit (environ 8000 habitants et plus quelques centaines de têtes de bétail), prises le 20 décembre. L’immeuble est un bâtiment colonial au charme désuet, comme il y en a des milliers partout sur l’île. Je préfère l’ambiance du cliché en noir et blanc, qui donne l’impression que la photo a été prise il y a plusieurs décennies, mais j’ai pensé que ce serait intéressant de vous montrer à quoi ressemble cette petite mairie en vrai tout de même, juste pour votre culture générale...



À très bientôt pour la suite des Chroniques et, comme le disent les Allemands dans les jours qui précèdent le changement d’année jusqu’au douzième coup de minuit : bonne glissade et bonne gamelle dans la nouvelle année (guten Rutsch ins neue Jahr) !