Jusqu’à ce dimanche, 15 janvier, vous pourrez admirer une vingtaine de grosses bulles faites de plastique, de métal et de matériaux organiques qui sont exposées dans la nef centrale du Hamburger Bahnhof. Leur créateur, Tomás Saraceno, est un Argentin de 39 ans formé à Buenos Aires et à Francfort où il vit et travaille encore (tiens, un artiste qui ne vit pas à Berlin, étonnant ça), et qui a déjà fait parler de lui un peu partout dans le monde, pour résumer son CV.
Tomás Saraceno, un artiste dans sa bulle |
“LES installations de Tomás Saraceno ont pour objectif de briser les conceptions traditionnelles d’espace, de temps, de gravité, ainsi que les idées traditionnelles concernant l’architecture. Ses œuvres invitent le spectateur à jouer un rôle dans leur impact sur les espaces qu’elles dominent. Elles s’élèvent vers le ciel ou plongent vers le sol. Certaines sont des jardins suspendus dans les airs et permettent aux visiteurs d’y entrer et d’y réaliser leur rêve de s’envoler. Saraceno tire son inspiration des bulles de savon et de la flexibilité et de l’incroyable résistance des toiles d’araignée.”
Effectivement, c’est une expo intéressante sur la redécouverte de l’espace, que les parents de progéniture nombreuse peuvent visiter en famille. Il faut faire la queue pour pénétrer dans les bulles qui se visitent de l’intérieur, celles-là où vous pourrez réaliser votre «rêve d’envol», en fait en bondissant sur un film plastique transparent maintenu plus ou moins à l’horizontale par la structure de la bulle et par injection d’air à pression suffisamment élevée sous le film plastique... Mais bizarrement, à aucun moment cela ne m’a traversé l’esprit d’aller moi aussi rebondir sur les matelas d’air. Je me suis contenté de déambuler entre les structures, les observer sous toutes leurs coutures, et de prendre une bonne centaine de photos.
Mais si j’avais lu le résumé de l’expo avant de passer l’après-midi au musée, j’aurais certainement attendu patiemment mon tour pour visiter ces bulles, et «voler» de mes propres ailes sur la surface de plastique transparent. Quand on y repense, cela valait peut-être le coup d’essayer.
Au fond de la salle, une énorme bulle se visite sur deux niveaux. Elle est couverte de matériaux végétaux qui ne lui donnent pas un aspect follement appétissant : ce sont des filaments de mousse espagnole, un végétal commun au sud des États-Unis, et qui pendouille langoureusement des branches de chênes dans les bayous louisianais. En fait, un ami originaire de la Caroline du Sud qui visitait l’exposition avec nous, ravi de retrouver ainsi à l’improviste face une plante typique de sa région d’origine, m’a appris que ce curieux végétal n’est pas une mousse sur le plan biologique, et est en réalité apparenté à la famille des... ananas. Vous l’auriez sûrement deviné, perspicaces comme vous l’êtes.
Au niveau supérieur de la grosse bulle velue, les visiteurs qui ont bien voulu faire la queue peuvent s’ébattre joyeusement dans une apesanteur simulée. Ils avait l’air de bien s’amuser les petits coquins.
Resté au niveau inférieur, j’ai éprouvé une étrange sensation de bien-être dans cet environnement sombre et inhabituel. L’atmosphère était étrangement relaxante, invitant à faire le vide dans sa tête, à oublier le temps et à se contenter d’observer ce qui se passe. Tout comme les autres visiteurs, je bien amusé à observer les figures formées par ceux qui bondissaient dans les airs au-dessus de ma tête.
Un autre élément surprenant de ce séjour sous cette cloche à fromage, c’est qu’il fallait se déchausser pour entrer, mais malgré tout, à aucun moment je n’ai été incommodé par une odeur de chaussettes. Pourtant les visiteurs étaent nombreux lors de mon passage... C’est tout de même bien fichu ce truc. Attention cependant : si vous voulez visiter cette expo, pensez à vérifier l’état de vos chaussettes, ça ne pardonne pas !
Oups, énorme fail sur la chaussette ! |
Pour finir, je vous gratifie de quelques infos sur le Hamburger Bahnhof (attention, paragraphes à haute teneur en plagiat de la page Wikipedia allemande) :
Le bâtiment connu de tous, Berlinois comme visiteurs, sous le nom de Hamburger Bahnhof, abrite depuis 1996 le Museum für Gegenwart, soit en langage chrétien le «Musée du Présent» (un rien prétentieux ce nom, je trouve...) consacré à l’art contemporain, et, comme tout bâtiment d’importance à Berlin, a connu son lot de rebondissements au cours de son histoire pourtant pas excessivement longue.
Le bâtiment connu de tous, Berlinois comme visiteurs, sous le nom de Hamburger Bahnhof, abrite depuis 1996 le Museum für Gegenwart, soit en langage chrétien le «Musée du Présent» (un rien prétentieux ce nom, je trouve...) consacré à l’art contemporain, et, comme tout bâtiment d’importance à Berlin, a connu son lot de rebondissements au cours de son histoire pourtant pas excessivement longue.
Le Hamburger Bahnhof en janvier 2012 |
Construit selon un style néoclassique et inauguré en 1847, c’était alors, comme son nom l’indique tout bêtement, la gare d’où partaient les trains pour Hambourg depuis l’année précédente, car comme chacun sait, en Allemagne, on ne dit pas «mettre la charrue avant les bœufs» mais «mettre la gare avant les trains», enfin, du moins, on pourrait. Sa destinée ferroviaire n’a été que de courte durée puisque, à peine 37 ans à peine, la ligne Berlin-Hambourg adopta pour terminus le Lehrter Bahnhof (devenu Hauptbahnhof) à 500 mètres de là. Voilà qui n’est pas sans nous rappeler l’histoire du Musée d’Orsay, qui n’a été en service en tant que gare que pendant 39 ans. Le bâtiment désaffecté en plein cœur de Berlin connut alors une deuxième jeunesse en tant que Musée Royal pour la Construction et les Transports, le précuseur du Technikmuseum actuel. Devant le succès fulgurant du nouveau musée (bah oui quoi, c’est passionnant les locos non ?), deux ailes furent ajoutées au bâtiment entre 1909 et 1916. Ils sont comme ça les Allemands : ils s’amusent à envahir la France et à massacrer nos poilus au gaz moutarde, et simultanément, ils trouvent le temps et les ressources pour embellir leurs musées de geeks comme si de rien n’était. Et après, ils s’étonnent d’être vaincus et sont les premiers à chouiner, «diktat» ceci, «coup de poignard» cela, et patati et patata. Ils feraient mieux de balayer devant leur porte, tiens... Moi j’dis ça j’dis rien. Mais bref, reprenons.
La deuxième guerre mondiale, en revanche, fut nettement moins favorable au musée des dingos de locos : le bâtiment, lourdement endommagé par les bombardements, se retrouva enlisé dans une sorte de flou juridique maximal après la guerre car, quoique située côté ouest de la ville, la gare appartenait encore à l’autorité ferroviaire est-allemande (qui avait hérité du nom douteux de Reichsbahn) en vertu des traités d’occupation de Berlin. Or, les autorités de la RDA n’avaient bien sûr aucun intérêt à s’occuper de rénover un bâtiment situé hors de leur zone de souveraineté territoriale, et par conséquent la gare fut simplement interdite au public et périclita pendant 40 ans, jusqu’en 1984 où elle fut rendue à Berlin-Ouest. Des expositions et événements culturels divers y furent à nouveau organisés dès 1987, et l’ouverture de l’institution définitive suivit peu après.
Hamburger Bahnhof le 1er mai 2011, pendant le fameux Gallery Weekend. Tiens, le vent soufflait dans l'autre direction ce jour-là. Marrant ça. |
Trop facile pour toi la photo du mois... ;-)
RépondreSupprimerLes bulles sont très belles, mais le commentaire (entre guillemets), quel charabia !
RépondreSupprimer@ E. - Chuuuuuuuuuuuuuuttttttt !!!! Mais comment t'as deviné ??? T'es vachement forte toi :-)
RépondreSupprimer@ Alain - Je crois que parler d'art est un art en soi... c'est de l'art dans l'art. Une forme de mise en abyme esthético-intellectuelle. J'ai bon ? En tout cas l'expo était très chouette !
Wow!
RépondreSupprimerIncroyable. Merci pour les photos.
Victoria
@ Victoria - c'est vrai qu'elles sont impressionnantes ces bulles. On se sent tout petit à côté.
RépondreSupprimerMerci pour le Tipp! L'expo a eu tellement de succès qu'elle sera prolongée jusqu'au 19 février et je vais sûrement aller y faire un tour. L'année dernière à la même époque, j'étais allé voir "Soma" de Carsten Höller au même endroit. Une expo complétement fantasque où l'artiste avait décidé de mettre en scène la fabrication de la boisson divine, en invitant au musée rennes, souris, canaris, mouches et amanites. Comme tout le monde le sait (!?), le soma, boisson du bonheur, est fabriqué à l'aide d'urine de rennes ayant consommé des amanites. Et oui, le bonheur est à ce prix... On pouvait observer le comportement des souris, canaris et mouches abreuvés de ce délicat élixir...
RépondreSupprimer@ Fab - désolé pour ma réponse tardive, le weekend a été bien rempli et j'avais une obligation de billet pour aujourd'hui midi pile...
RépondreSupprimerDis donc en tout cas j'étais loin d'imaginer que l'expo Soma était aussi bien. Je me rappelle très bien les affiches l'an dernier, un renne et une amanite. Je me suis demandé ce que c'était mais ne suis jamais allé voir, ça me semblait pas vraiment "spannend". Comme quoi, j'aurais dû. Mais moi je marche plutôt au coup de coeur si je n'en entends pas parler par le bouche à oreille... Qui sait, peut-être un jour aurai-je la chance de voir cette expo ailleurs ?
En tout cas viel Spaß à Cloud Cities et bonne semaine !
Cela vaut carrément le coup de grimper dans la bulle, crois-moi. Assez proche d'une sensation de trip au LSD, les effets secondaires en moins.
RépondreSupprimerJe dis n'importe quoi, ne m'écoutez pas.
Sinon, j'adore ton nouveau système de notation des articles.
Et puis une agence à noter les richesses qui s'appelle Standard & Poor m'est presque sympathique à force d'ironie.
@ Manon - dis donc tu sais vendre l'expérience toi ! Du coup je me dis qu'à 8€ ça vaut ptêt le coup de revisiter l'expo pour un trip au LSD entièrement safe :-)
RépondreSupprimerMerci d'avoir remarqué le nouveau système de notation, ou plutôt, de "rétingue" (pour causer moderne)... Ca ne date pas tout à fait d'hier mais effectivement c'est pas ce que j'avais au début. Effectivement Standard & Poor's c'est prometteur comme nom, mais que penses tu de "Moody's", sachant que "moody" veut dire "lunatique", "maussade", "morose"... je trouve ça pas mal non plus :-)
Je voudrais pas casser le mythe, hein, mais moi aussi j'ai plongé dans une des bulles, et ça m'a plutôt fait penser aux châteaux gonflables de notre enfance... un tout autre genre de trip en somme...
RépondreSupprimerSinon, moi aussi j'aime beaucoup ton système de notation des articles.